LES ARCHIVES DU REGARD QUI BAT 2016 - 2019

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Novembre 2019

Cinéma Beau Regard

Dimanche 1 décembre 2019

PROJECTION SUIVIE D'UN DÉBAT

MARTIN EDEN

réalisé par Pietro Marcello - Italie / France 2019

La projection suivie d'un débat animé par :

Jean-Jacques Moscovitz, Fred Siksou, Vannina Micheli-Rechtman, Simone Wiener, Laura Koffler...

synopsis : À Naples, au cours du 20ème siècle, le parcours initiatique de Martin Eden, un jeune marin prolétaire, individualiste dans une époque traversée par la montée des grands mouvements politiques. Alors qu’il conquiert l’amour et le monde d’une jeune et belle bourgeoise grâce à la philosophie, la littérature et la culture, il est rongé par le sentiment d’avoir trahi ses origines.

l’avant-propos de Jean-Jacques Moscovitz : « Enfant vorace Martin Eden avale et resuce la sauce de son assiette goulûment. Lui le roturier invité enfin dans la famille bourgeoise d’Elena sa fiancée, où sans aucune gêne, il prend son plaisir à pleines dents et, souriant, il le chante à qui veut l’entendre. Elena et Martin sont intensément amoureux. Sauront-ils s’aimer jusqu’au bout ? toute la vie comme le savant si bien les amours débutantes ? Lui l’inculte sachant à peine lire et qui désire dire le monde, l’amour, le désir, la jouissance des puissants mais aussi des miséreux d’où il vient. Être écrivain est son ancre dans sa vie. La chance est enfin son lot, il a vaincu le destin funeste qui le serrait vers le néant. Le succès advenu, rien d’un addicte au temps des vaches grasses obtenu après tant de retours à l’envoyeur de ses manuscrits si choyés pourtant par sa « famille d’accueil » avec une Maria si maternelle avec lui. L’amour pour Elena si belle et si belle sa culture aussi, lui révèlent la puissance sans limites de l’écrit et du poème pour jeter à travers les mers et le ciel, des mots qui vont changer la Terre entière. Il s’inspire de la nature…Tel Mencius, dirai-je, ce grand lettré chinois du 4ème siècle avant notre ère qui avait déjà dit que la nature de l’homme est d’être parlant et écrivant . Jack London, auteur du roman Martin Eden le proclame par sa vie même et sa mort aussi. Ni dieu ni maître ni étiquette, le peu de fois où Martin sera dépassé par son succès, c'est sur les femmes qu’il se vengera, toutes ces femmes si belles que le metteur en scène sait mettre en valeur et qui rendent ce film d'une très grande beauté avec leur visage et les paysages qui les accueillent. Point important aussi, la mise en scène de Pietro Marcello place la littérature en d’objet acteur, où le discours-image mène le spectateur dans des séquences poignantes de la vérité de vivre , de survivre à la misère à Naples où des enfants estropiés, des gens en guenilles sont mis en images très rapides témoignant en surbrillance d’un passé politique toujours actuel. Celui d’avant la guerre de 1914-18 et le socialisme soviétique en voie de révolution. Le film évoque ce conflit de notre héros, artiste pour qui l’individualisme doit persister pour que l’art ne sombre pas dans un collectivisme harassant. Selon Martin Eden, Il faut préserver la littérature avec violence s’il le faut car son ampleur peut secouer les forces des classes dominantes… André Malraux, rappelons-le, ne s'est pas privé de l’annoncer à sa façon en disant en 1975 combien juste avant sa mort, le vacarme du monde commençait enfin à ressembler à ses livres et Sa condition humaine. La réalité est sous-tendue par un réel dont le code doit être percé pour faire acte d’émanciper le temps qui passe de ses entraves compactes. L’art littéraire, le cinéma, la psychanalyse ne sont pas de trop pour soutenir mutuellement une telle contre violence nécessaire pour la continuation de notre civilisation. Marin toujours marin jusqu’à la fin, tel un Œdipe repentant, Martin disparaît vers l’Ouest au soleil couchant, dans les vagues de son désespoir d’avoir tant vécu, tant reçu, tant aimé… »

Novembre 2019

Cinéma Beau Regard

Dimanche 1 décembre 2019

PROJECTION SUIVIE D'UN DÉBAT

JOKER

réalisé par Todd Phillips - USA 2019

synopsis : Dans les années 1980, à Gotham City, Arthur Fleck, un comédien de stand-up raté est poursuivi et agressé dans la rue alors qu'il est habillé en clown. Méprisé de tous et bafoué, il bascule peu à peu dans la folie pour devenir le Joker, un dangereux tueur psychotique.

La projection sera suivie d'un débat animé par : Jean-Jacques Moscovitz, Fred Siksou, Laura Koffler, Daniel Friedmann, Olivia Lutsman...

Ecouter le débat

l’avant-propos de Jean-Jacques Moscovitz : ... «... Rendall, le coach de notre héros, lui donne un revolver et beaucoup de chargeurs pour se défendre s’il est encore insulté dans la rue en tant que one-man-show quand, habillé en clown, il se promène avec un panneau bien jaune où est écrit ...c’est son programme « tout doit disparaître ». One-man-show en quête de destruction du monde entier. Exister en groupe, ou être dans sa solitude est une question éternelle qu’Arthur Fleck incarne sans atermoiement et malgré lui. Ici pas d’internet ni de smartphone. Pas la peine. La communication est coupée entre le dedans, l’intime, et le dehors d’Arthur, le social. C’est au spectateur de réunir ce qui fait gouffre au dedans et destruction apocalyptique au dehors dans la cité, à New York... Le cinéma opère un pur coup de génie en mettant en place d’acteur un rire-gouffre où il est seul face à l’au-delà du clown lui-même, dès lors qu’Arthur est totalement dés-habité du sens . Où tout est « none-sense » pour lui. À la recherche qu’il est d’une filiation qui lui reste introuvable. L’amour d’un père lui manque sans fin ni début. Son rire est un cri immense alliant une joie forcée et une terreur sans nom, un « CRI-RE », rire en place d’objet acteur et la mise en acte de son gouffre intime face aux autres . CRI-RE, disons-nous, un bout de son corps, un bout de sa voix dans sa bouche grande ouverte, sa dentition à travers tout l’écran. Ça va nous avaler et surtout lui avec...Arthur ne peut rien faire d’autre que d’être ainsi pour cadrer en vain ses excitations corporelles, pour qu’elles deviennent quelque peu psychiques. Ce cri-ré est un cri d’horreur et de désarroi devant l’absence d’un autre à qui s’adresser, et à qui appartenir en place de ce qui conviendrait à cet Autre, à une mère, du père, un adulte accueillant. Du coup, pour Arthur, chez lui, en lui, les excitations ne tiennent pas au dedans de lui-même. Et elles hurlent en-dehors où elles se commuent en destructivité. Par le cinéma, son psychisme est placé au cœur du dehors dans la cité. La psychanalyse, cinéma, et politique sont en un lien qui nous tient. Très remarquable ce film en effet, pour nous montrer en images de cinéma, le fond du fond d’où vient l’origine du dedans, au fond du fond de l’être naissant. C’est à peu près impossible pour Arthur. Il ne peut que détruire le sens quel qu’ il soit, et qui en dehors de lui produit du pas de sens, et ôte toute chance qu’il y en ait. Ça détruit, détruit, détruit... Destructivité immense venue du tréfonds vers nous. Venu d’une âme, celle d’Arthur. Son psychisme est en désarroi, sans recours à aucun autre, autre définitivement absent. Où voisinent trop vie et mort. La vie qui va naître est toute proche de sa destruction d’emblée... Rendall, son coach au revolver, tout comme Murray, celui qui l’invite à la TV pour son one-man-show macabre, doivent être supprimés. Les gens se clownent et se masquent en masse. Tout est en train d’être dans le mal humain qui nous assaillent où les gens se marchent follement les uns sur les autres, gigantesque masse de futurs cadavres. Aller bien dans le mal est la définition que nous donne Freud du masochisme du point de vue psychanalytique comme source d’excitations, de plaisir, et de déplaisir aussi. Il est conduit à cette nécessité pour comprendre la détresse dans la civilisation qui déjà dans les années 1920/30 pointe de partout . La psychiatre dans l’ombre au début du film apparaît en pleine lumière à la fin où elle lui dit un possible sens ...de la vie, elle (en)est tuée. Ne restent que les empreintes de pas sanglantes de traces signes d’une filiation impossible. Danger…»...

Octobre 2019

Cinéma Beau Regard

Dimanche 20 octobre 2019

PROJECTION SUIVIE D'UN DÉBAT

WANDA

réalisé par Barbara Loden - USA 1970

La projection sera suivie d'un débat animé par : Christine Laurent, Jean-Jacques Moscovitz, Fred Siksou, Vannina Micheli-Rechtman, Simone Wiener, Françoise Moscovitz...

synopsis : Mariée à un mineur de Pennsylvanie et mère de deux enfants, Wanda ne s’occupe ni d’eux ni de sa maison, et passe la majeure partie de ses journées affalée sur le canapé du salon, en peignoir et bigoudis. Sans personnalité ni volonté, elle se laisse "divorcer". Seule, sans domicile ni moyens de subsistance, elle erre sans but précis, et fait la connaissance d’un voleur, Dennis, dont elle devient la maîtresse et complice.

l’avant-propos de Christine Laurent : "Je ne voudrais jamais rien..." C’est Wanda qui dit ça. Cette femme semble fuir éperdument vers sa liberté. Mais c’est dans la servitude d’une étrange liaison qu’elle trouvera un semblant de protection. C’est l’histoire d’une femme aux prises avec des désirs inconciliables. Se rebeller. S’affranchir. Trouver refuge. Tomber. Se relever. Barbara Loden. Elle a réalisé ce film. Elle interprète le rôle de Wanda. Son visage, son corps, son jeu atonal illuminent le récit. L’héroïne de cette histoire traverse la nuit et l’espace telle une comète, entraînant dans son sillage un essaim de particules lumineuses.

l’avant-propos de Jean-Jacques Moscovitz : ... " Là, la féminité prend une allure que seul le cinéma peut rendre d’une façon aussi évidente et captivante, pour un homme comme pour une femme. Le laisser aller décisif de Wanda voire l’abandon actif de sa position de mère de trois enfants, dans les années 70 aux États-Unis, fait choc pour quiconque oserait prétendre alors comme aujourd’hui que la famille est le centre de la société. Wanda va au-delà, vers l’au-delà. C’est là sa séduction, certes, même choyée par la nature, elle est séductrice car la mort du désir la guette. Et ça captive. Sa féminité passée en pertes et profits, est au-delà d’elle. Elle ne le sait pas, et sa caméra joue le jeu de cette ignorance. Ignorance vitale, subreptice sous le regard de l’homme faible qui ne perçoit pas l’immensité du désarroi de Wanda de désirer enfin. Sans robe saillante ni enrobement social. Danger... Fin de partie en miroir d’un social où elle se noie quasiment « normalement », dans sa propre image qui lui est tendue. Le psychanalyste, s’il avait été convoqué, et il l’est par ce film, aurait-il eu la position juste pour faire percevoir que le désir inconscient, un temps aussi dénudé soit-il pour être enfin en acte, se doit de retrouver un Moi qui l’habille pour osciller entre son surgissement et sa clôture ? Ici cinéma, féminité et psychanalyse s’ouvrent à un débat qui reste actuel comme jamais"...

Wanda vu par Isabelle Regnier dans Le Monde : Femme chiffon, Bartleby féminin, anti-héroïne absolue, qui avait fait hurler les féministes en 1970 et enflammé Marguerite Duras dix ans plus tard, Wanda est une bombe humaine, un concentré de dynamite lancé contre la marche du monde comme il va. Le film auquel elle donne son nom, premier et dernier que réalisera Barbara Loden, la femme d’Elia Kazan, décédée en 1980 des suites d’un cancer, ressort en salles aujourd’hui. Il n’a pas pris une ride. Cette créature fluette aux bras ballants, flanquée de sa queue-de-cheval blonde mal peignée, l’actrice et cinéaste l’interprète elle-même, avec un abandon inouï. Elle se traîne, sans autre but que trouver un abri pour dormir, ou quelque chose à manger, à travers les terrils de Pennsylvanie, sur les trottoirs des villes… Elle s’échoue dans des bars glauques, s’avachit sur la moindre banquette, suit dans la nuit le moindre type qui lui paye un verre, encaissant les insultes, prenant claque sur claque sans une once d’amour-propre. Ne tient bon que sur une chose : le refus de faire quoi que ce soit d’utile, de constructif, de prouver un semblant de valeur. Filmée avec une âpreté inouïe, à peine adoucie par l’onctuosité des couleurs, proches de la peinture, qui semblent passées sous de légers filtres, vert bouteille ou bleu selon les séquences, cette dérive hallucinante commence chez la sœur de Wanda, dont la mine défaite, les cris d’un bébé, l’apparente pauvreté du foyer traduisent une certaine idée de l’enfer domestique. Elle se poursuit au tribunal, où doit être prononcé son divorce. D’elle-même, Wanda propose de laisser les enfants à son mari. « Je n’ai jamais rien voulu ; et je ne voudrais jamais rien », confie-t-elle au type auquel elle va s’accrocher. Peut-on faire plus subversif ?

Juillet 2019

Cinéma Beau Regard

Jeudi 11 juillet 2019

PROJECTION SUIVIE D'UN DÉBAT

M

réalisé par Yolande Zauberman - France 2019

projection sera suivie d'un débat avec Yolande Zauberman,

Débat animé par : Jean-Jacques Moscovitz, Fred Siksou, Vannina Micheli-Rechtman, Simone Wiener, Laura Koffler, Françoise Moscovitz...

synopsis : «M» comme Menahem, enfant prodige à la voix d’or, abusé par des membres de sa communauté ultra-orthodoxe qui l’adulait. Quinze ans après il revient à la recherche des coupables, dans son quartier natal de Bnei Brak, capitale mondiale des Juifs ultra-orthodoxes. Mais c’est aussi le retour dans un monde qu’il a tant aimé, dans un chemin où la parole se libère… une réconciliation.

l’avant-propos de Jean-Jacques Moscovitz : « ...une nuit, une voix de chantre en hébreu, une langue, le yiddish, une... caméra sont en place d’acteurs. La geste cinématographique de Yolande Zauberman est magnifique. Elle nous place d’emblée en dehors de l’enthousiasme si fréquent où les médias tentent de nous séduire face à l’horreur du crime de pédophilie. À travers le monde. Ici un milieu ultra-orthodoxe juif très communautaire n’en est pas épargné. Chacun perçoit dès lors l’intime le plus subjectif dans les images, les mots, les visages de ceux qui témoignent de leur douleur d’avoir été objet sexuel de rabbins, adultes si gravement dévoyés et délinquants. Ils nous font entendre une parole apaisée pour eux et apaisante pour nous. Non sans danger aujourd’hui encore de commettre le pire pour certains, eux-mêmes pourtant sans pardon aucun pour ce qu’ils ont subi. Le texte, la torah, les rituels semblent intacts. Et nous rappellent combien il est très s difficile d’être à la hauteur du judaïsme. D’autant plus exacerbé dans ce genre sectaire puisqu’il s’agit de Naturei Kartéi à Bnei Brak au nord de Tel-Aviv. Où le yiddish est la langue vernaculaire pour que l’hébreu ne soit dévolu qu’à la lecture des textes sacrés et à rien d’autre. D’objet « de plaisir des adultes, ceux qui lui apprennent à lire et à écrire », comme « les filles pour les militaires », M. Lang se retrouve subjectivé, sujet face au collectif sadique, et c’est par la créativité de la réalisatrice que cela se produit. Freud est ici invoqué d’avoir enseigné à l’humanité l’émancipation de la sexualité humaine en la sublimant à des fins éducatives. À apprendre l’existence du surmoi pour sublimer nos excitations pulsionnelles. Car une lutte sans merci à lieu entre les motions sexuelles et leurs interdits. Les unes captant la force des autres alternativement. Et à un moment des actes pervers s’ensuivent, enlaidissent la vie psychique au quotidien... C’est irréparable sans la création d’une adresse de la parole, comme le cinéma, l’art, la psychanalyse » ..

Juin 2019

Cinéma Beau Regard

Vendredi 28 juin 2019

PROJECTION SUIVIE D'UN DÉBAT

LE JEUNE AHMED

réalisé par Jean-Pierre et Luc Dardenne - Belgique 2019


Prix de la mise en scène du 72ème Festival de Cannes


La projection, en présence de notre invité Luc Dardenne, sera suivie d'un débat


Débat animé par : Jean-Jacques Moscovitz, Fred Siksou, Vannina Micheli-Rechtman, Simone Wiener, Laura Koffler, Guillaume Moscovitz

synopsis : Marqués par les attentats, Jean-Pierre et Luc Dardenne s’intéressent dans ce nouveau long métrage au complexe personnage d’Ahmed, un garçon mystérieux de 13 ans qui, au nom de ses convictions religieuses, est déterminé à commettre un meurtre. Séduit par Youssouf, l’imam de la mosquée qu’il fréquente, l’adolescent va rapidement plonger dans le fanatisme religieux et refuser de « s’ouvrir à la vie » comme tous les adolescents de son âge. Aveuglé par ses idéaux de pureté, Ahmed devient inaccessible, et fermé à toute aide extérieure, y compris celle de sa famille et de ses proches. Centré sur ce personnage qui s’enfonce dans une folie meurtrière, le film évoque les tentatives vaines de son entourage de le ramener à la raison.

l’avant-propos de Jean-Jacques Moscovitz : ... « la jolie Louise taquine Ahmed amoureusement avec un brin d’herbe, lui n’en peut mais devant ce cadeau du ciel… Un magnifique élan d’amour adolescente leur arrive, regard à regard, où se profilent sourires… Promesse. La jeunesse triomphe. Mais il ne peut aller plus loin si elle ne veut pas devenir musulmane. Nous sommes dans un monde laïque, une laïcité postchrétienne qui, politiquement, est la nôtre. En France en Belgique et ailleurs. Peut-on parler de religion musulmane alors qu’il s’agit plutôt d’un mode de vie qui peut s’exacerber, se radicaliser. Dès lors ce mode d’être bouscule nos repères occidentaux. Ce n’est pas une religion avec une hiérarchie rigoureuse comme le christianisme acceptant un écart entre croyance et vie citoyenne. Le mode d’être musulman une fois exacerbé n’est plus seulement fondé par un texte, un tapis, un livre de prière, il cherche aussi l’apostat pour l’égorger. Nous sommes dès lors face à un impossible à traiter. Avec le style, la simplicité du film de Jean-Pierre et Luc Dardenne, « Le jeune Ahmed » nous met face à un tel impossible à résoudre, allant jusqu’à l’irréparable. Le héros se prépare en fixant ses lunettes, en fermant bien son blouson pour combattre sans recul Inès son professeur de français. Elle qui propose d’apprendre aux élèves l’arabe du quotidien à côté de celui du Coran. Mais notre loi commune ne convient pas à Ahmed, il fera la loi lui-même, il rendra justice en étant prêt à tuer l’apostat. C’est là une fracture avec son mode de vie dans une action quasiment de guerre. Le cinéma est-il mieux placé pour que chacun se laisse questionner par le radicalisme arabo-musulman chez certains ados ? Ahmed offre des mouchoirs à sa mère pleurant pour la consoler du fait du risque qu’il passe à l’acte meurtrier, comme s’il allait accepter enfin de reculer devant le pire qui le guette... En vain. Que se produit-il alors dans cette fracture où mort et vie s’équivalent ? et qui aboutit à cette captation d’Ahmed et d’autres

Mai 2019

Cinéma Beau Regard

Vendredi 31 mai 2019

PROJECTION SUIVIE D'UN DÉBAT
DEMAIN ? France 2012

Réalisé par Christine Laurent

La projection en présence de notre invitée Christine Laurent sera suivie d'un débat

Ecouter l'enregistrement du débat

Débat animé par : Vannina Micheli-Rechtman, Françoise Moscovitz, Maria Landau, Simone Wiener, Laura Koffler, Jean-Jacques Moscovitz, Fred Siksou

Synopsis : Bien que le film narre l’histoire vraie d’une écrivaine, il ne retrace pas une vie de son début et à sa fin, mais montre comment une jeune femme, Delmira Agustini, est suspendue au plaisir, à la transe et à la terreur d’écrire, à la liberté qu’écrire lui donne, à Montevideo, dans les premières années du XXe siècle, juste avant le déclenchement de la première guerre mondiale. Bonheurs, inspirations. Crises de vers, crises de vie. Étreintes et cérémonies. Rires et drames.

L'avant-propos de Jean-Jacques Moscovitz : « ...DEMAIN ? Elle écrit, on voit la plume, le papier, la main de Delmira, on entend le crissement du geste. Voilà des objets en place d’acteurs qui font traits, traces d’un rôle principal, l’écriture ... C’est l’une des héroïnes qui accompagne la vision du spectateur, témoin dès lors de la genèse du scénario. « DEMAIN ? » c’est le rendez-vous avec le réel, dont l’ère à chaque moment sollicite le désir et son présent. Où le mouvement des personnages est la chance de l’instant de leur amour. Instant après instant. C’est celui du féminin en cours et en butte ici à la parentalité conforme aux idéaux de réussite du conjungo bourgeois. Où surgit cependant le féminin du père. Delmira le sait, sa robe est alors rouge... L’écriture des images de Christine Laurent le disent ce génie du féminin. De l’actuel de sa radicalité. Qui ici nous offre quelque nouvelle de son allure élégante, distante, érotique. Jusqu’au cut final avec la pantomime à la Buster Keaton toujours bienvenu. Good luck ‘’To Morrow ? ‘’... »

Présentation par Christine Laurent : DEMAIN ? Cette histoire est contemporaine des premières séances magiques du cinématographe que les frères Lumière avaient organisé dans plusieurs grandes capitales d’Amérique Latine. Elle a pour cadre la petite capitale d’un minuscule pays, tellement désireuse d’être à la page, que par décret municipal, les habitants devaient faire décaper les façades multicolores de leurs maisons afin que Montevideo puisse ressembler un peu plus à Paris. Paris, la ville rêvée, par-delà l’océan. C’est en effet de la France plus particulièrement, mais aussi de l’Angleterre que l’Uruguay tirait l’ensemble de ses revenus grâce au commerce du bétail. Depuis peu, les paquebots réfrigérés permettaient de transporter la viande. C’est aussi de la culture française que les Uruguayens tiraient une part appréciable de leurs inspirations. Beaucoup d’entre eux, et pas seulement dans les classes aisées parlaient français couramment. Presque tous, à une ou deux générations près, venaient d’Europe. L’histoire de Delmira Agustini telle que je vous la présente est une fiction. J’ai inventé, j’ai interprété certains des instants qui bouleversent le cours de sa vie. J’ai voulu créer un monde lointain, où le passé, le présent et l’avenir pourraient s’articuler à l’écart des clichés. L’enquête sur sa vie brève, et sa fin tragique a été reconduite à peu près tous les vingt ans, et étrangement, les points de vue et les conclusions, selon les préjugés et les méthodes des générations qui se succédaient, n’ont jamais été les mêmes. J’ai voulu, à mon tour apporter mon point de vue. J’ai voulu mettre en lumière des documents ou des indices qui sautaient aux yeux et que d’autres semblaient avoir passé sous silence. Ce qui comptait pour moi c’est de débusquer la vérité romanesque de cette existence, au lieu de céder au mensonge romantique selon lequel il aurait été trop facile de l’interpréter. Delmira semble décalée, parmi les quelques personnages exceptionnels et baroques qui croisent, puis bouleversent son existence. Elle rêve d’une autre vie, elle s’interroge sur la façon de l’obtenir. Avant qu’elle ne rompe les amarres, elle traverse un monde de lenteur qu’elle tente parfois de brusquer par des élans encore enfantins. Elle est prise dans ses propres contradictions. Elle est amoureuse, mais le mariage la terrorise. Comment être plus libre ? Le paradoxe c’est qu’elle vit dans un pays qui se modernise à toute vitesse, par la volonté d’un gouvernement visionnaire, lequel impose une série de lois favorables à l’émancipation de tous, et des femmes en particulier. Ces réformes tentaient de chambouler de fond en comble les rapports des hommes et des femmes dans toute la société. Au moment de son divorce, Delmira profitera de ces nouvelles lois. Bien qu’enserrée dans carcan ultra provincial, bourgeois, nouveau riche, et bousculée par le bombardement de nouvelles libertés, l’histoire de Delmira telle que je la conçois n’est pas celle d’un destin, d’un fatum, qui l’aurait conduite inexorablement vers le fait-divers tragique. Car il y a quelque chose d’inébranlable, une force de vie capable de toutes les résistances, chez cette jeune fille en train de devenir une femme qui se révèle dans l’écriture. À partir du début, le temps incertain des fiançailles ponctué par les rencontres, les départs, le doute, la crise et le revirement, va accelerando jusqu’au mariage. On est alors au cœur d’un maelström. L’évènement crucial est tout à la fois : retour en arrière, changement de perspective et accélérateur irrépressible, jusqu’au précipité final. Dans la dernière partie, durant cette vie conjugale si brève, Delmira et Reyes s’engagent, chacun à sa façon, ils décident de leur propre mouvement. Et bien qu’ils agissent avec détermination, c’est sans aucune préméditation. J’ai cherché résolument à tourner le dos à toute forme de pathos qui aurait pu s’immiscer dans un récit dont le fil de trame est l’acte d’écrire, et le fil de chaîne est la relation amoureuse. Pourquoi cette histoire-là, à l’autre bout du monde, au début du XX siècle ? Pour l’étrangeté de ses paradoxes. Pour la force de son scandale. Parce que l’élan de Delmira, laisse dans son sillage des particules réfléchissantes qui scintillent encore avec une rare intensité. Elle disparaît quelques jours avant la déclaration de la première guerre mondiale, et pourtant, son histoire traversera le temps et l’espace avec l’éclat d’un météore. Les questions qu’elle s’est posées sont audibles aujourd’hui avec encore plus d’acuité qu’en 1914. Faire l’amour. Écrire. Être libre. Comment Delmira allait-elle résoudre cette moderne équation ? Il s’agissait pour moi d’y répondre par style puisqu’il s’agit d’un personnage qui invente des agencements de rythmes faits de silences et de mots. Face à son dilemme, Delmira n’est pas seule. Celui qui l’aime éperdument tranchera la question par un double crime d’amour. Ne dit-on pas qu’un scandale n’arrive jamais seul ?

Mars 2019

Cinéma Beau Regard

Vendredi 29 mars 2019

PROJECTION SUIVIE D'UN DÉBAT

UNE AFFAIRE DE FAMILLE

JAPON 2018

réalisé par Hirokazu Kore-Eda

Débat animé par : Jean-Jacques Moscovitz, Fred Siksou, Vannina Micheli-Rechtman, Maria Landau, Simone Wiener, Laura Koffler, Jean-Jacques Chapoutot, Lysiane Lamantowicz, Françoise Moscovitz...

synopsis : Au retour d’une nouvelle expédition de vol à l’étalage, Osamu et son fils recueillent dans la rue une petite fille qui semble livrée à elle-même. D’abord réticente à l’idée d’abriter l’enfant pour la nuit, la femme d’Osamu accepte de s’occuper d’elle lorsqu‘elle comprend que ses parents la maltraitent. En dépit de leur pauvreté, survivant de petites rapines qui complètent leurs maigres salaires, les membres de cette famille semblent vivre heureux – jusqu’à ce qu’un incident révèle brutalement leurs plus terribles secrets….

l'avant-propos de Jean-Jacques Moscovitz : ... « Rin , 5ans, de la tête dit calmement non, ses yeux en disent long sur ce qu’elle pense de sa vraie mère qui vient de la retrouver alors qu’elle l’avait abandonnée. Par négligence... Shôta, 12 ans, tourne la tête, regarde son père...en arrière. Comme William Burroughs l’écrit pour nous tous : « J’ai appris à parler et à penser en arrière à tous les niveaux ». Une séparation d’avec son père coopté/adopté vient d’avoir lieu. Son origine était d’avoir été trouvé dans une voiture, ailleurs, dans une autre ville. Les autres « membres » de cette famille-là se sont choisis spontanément. Tendresse, désir voulu d’être ensemble, générosité, vérité des échanges sont là en acte. Mise en scène au cinéma de notre quotidien en apparence mais ici il tourne au tragi-comique : droit de la famille et loi du désir jouent aux dés ! Dont on sait que le hasard n’en ressort pas pour autant aboli. Des rencontres immensément fortuites ont lieu à l’ombre de la loi. Ombre qui ici fait loi du langage, instaure une dimension du semblant inhérent à toute métaphore dans l’acte de parole. Où paroles et regards se conjuguent. Ici rien de normal, rien de pathologique. Ce sont d’anciens et de plus récents enfants toujours actuels au présent au passé et au futur. Surgit à chaque instant une sensation de loi dans la loi qui ne gère rien d’autre que le fonds de l’humain parlant. Qui est désir de savoir le désir et cela s’appelle l’amour. La remise en cage de Rin retrouvant son nom de Yuri fait écho au bonhomme de neige que Shôta construit en lieu et place de père pour une séparation effective où ni rupture ni fusion n’ont lieu. La justice évoquée dans le film exerce le droit en sachant écouter les visages pleins de silences… Des paroles vivantes qui nous enseignent que le biologique n’est pas le roi du temps où nous sommes. Ce film est anti-trans-humaniste, celui qui veut augmenter l’homme pour compléter ce que les dieux ont raté... « Une affaire de famille » de Hirokazu Kore-Eda est un film anti robot, anti marchandise humaine… La vérité de ce qui cloche en chacun de nous est ici l’acteur principal. C’est la vérité du désir ...Enfin » …

Février 2019

Cinéma Les 3 Luxembourg

Vendredi 1 février 2019

La Bête Humaine

alisé par Jean Renoir - FRANCE - 1938

Soirée organisée en écho avec l'exposition " Renoir père et fils " au musée d'Orsay

Rencontre avec notre invité : Marcos Uzal, critique de cinéma et responsable de la programmation cinéma à l'auditorium du Musée d'Orsay.

Débat animé par : Jean-Jacques Moscovitz, Fred Siksou, Simone Wiener, Vannina Micheli-Rechtman, Pascal Kané, Françoise Moscovitz, Christine Laurent, Catherine Erman...

synopsis : Témoin d’un meurtre commis par Roubaud, chef de gare au Havre, Jacques Lantier, mécanicien de locomotive, devient l’amant de Séverine, la femme de l’assassin. Ce secret les rapproche et Séverine incite Lantier à tuer Roubaud qu’elle déteste. Mais Lantier souffre d’un terrible mal qui l’empêche de vivre ses passions amoureuses...

l'avant-propos de Jean-Jacques Moscovitz : ... « À certaines heures, il la sentait bien cette fêlure héréditaire. Il en venait à penser qu’il payait pour les autres, les pères, les grands-pères qui avaient bu... Les générations d’ivrognes dont il était le sang gâté. Son crâne éclatait sous l’effort, dans cette angoisse d’un homme poussé à des actes où sa volonté n’était pour rien, et dont la cause en lui avait disparu », extrait de l’ouvrage La Bête humaine d’Émile Zola publié en 1890 et mis en exergue du film par Jean Renoir en 1938. Au cœur d’une magnifique histoire d’amour inoubliable entre Séverine (Simone Simon, et Jacques Lantier (Jean Gabin), les pulsions d’amour sont liées à celles de destruction . Qui s’expriment à l’instar d’une fameuse actrice, Lison, la locomotive et son immense puissance. Le cinéma de Renoir sait amplifier nos aspirations d’amour et aussi de violence générée dans des processus de transmission entre générations. Là où les fautes des pères se répètent dans les crimes des fils. Là l’interdit au meurtre est levé. Dégâts assurés. Et pour le restaurer se nouent la littérature et son art de la narration, le cinéma et son discours-images, ses gros plans sur les visages, la psychanalyse et son rôle émancipateur du lien psycho-sexuel à autrui. La politique au quotidien de nos jours peut alors s’en retrouver allégée de la violence qui nous assaille. »...

Renoir père et fils : Peinture et cinéma - Exposition au Musée d'Orsay du 6 novembre 2018 au 27 janvier 2019. L'exposition veut explorer le dialogue fécond et parfois paradoxal entre un père, Pierre-Auguste Renoir, et un fils, Jean Renoir, entre deux artistes, entre peinture et cinéma. Les points de contact entre l'oeuvre du cinéaste et du peintre vont au-delà d'un jeu d'influence et de transposition...

Décembre 2018

Cinéma Les 3 Luxembourg

Vendredi 31 décembre 2018

PROJECTION SUIVIE D'UN DÉBAT

VERTIGO

réalisé par Alfred Hitchcock - USA 1958

Débat avec notre invité Vincent Calais. Qui nous propose une réflexion sur la représentation cinématographique du transfert : "Le vertige de l'amour"

Débat modéré par : Jean-Jacques Moscovitz, psychanalyste et Benjamin Lévy, psychanalyste, enseignant, ancien élève de l’ENS. Animé par : Fred Siksou, Simone Wiener, Pascal Kané, Vannina Micheli-Rechtman, Laura Koffler... En présence de : Christine Laurent...

Synopsis : Scottie est sujet au vertige, ce qui lui porte préjudice dans son métier de policier. Rendu responsable de la mort d'un de ses collègues, il décide de quitter la police. Une ancienne relation le contacte afin qu'il suive sa femme, possédée selon lui par l'esprit de son aïeule. Scottie s'éprend de la jeune femme et se trouve ballotté par des événements qu'il ne peut contrôler.

L'avant-propos de Jean-Jacques Moscovitz : « L’amour face à notre vertige du vide intérieur se filme, se vit, les racines infantiles d’habitude incriminées dès lors qu’il y a douleur, rupture, échec, ici le cinéaste fait un acte de génie, il inverse cette donne, c’est la peur la plus archaïque qui unit magnifiquement les passions de nos deux immenses acteurs Kim Novak et James Stewart… »

L'avant-propos de Vincent Calais : Le cinéma est un espace de représentation du transfert : c'est à partir de cette thèse que Vincent Calais proposera une lecture de « Vertigo » d'Alfred Hitchcock. Présenté parfois comme l'un des dix meilleurs, voir le meilleur film de l'histoire, « Vertigo » met en scène un ancien enquêteur de police, que la culpabilité a isolé de la scène sociale, et qu'un ami manipule pour maquiller un meurtre en suicide. L'amour s'invite dans l'histoire, confirmant qu'avec lui on ne badine pas

Novembre 2018

Cinéma Les 3 Luxembourg

Vendredi 30 novembre 2018

PROJECTION SUIVIE D'UN DÉBAT

ON L'APPELAIT RODA - réalisé par Charlotte Silvera - France, 2018

débat animé par : Jean-Jacques Moscovitz, Fred Siksou, Françoise Moscovitz, Simone Wiener, Laura Koffler

Projection et débat en présence de notre invitée : Léa Deman (artiste chanteuse)

Synopsis : Qu’ont en commun des artistes devenus mondialement connus, emportant la langue française sur des tempos et des rythmes allant du rock à la musique médiévale en passant par le mambo ou des mélodies entêtantes sur lesquelles nous dansons toujours ? Julien Clerc, Claude François, Pascal Obispo, Sophie Marceau, Johnny Hallyday, Juliette Gréco, Vanessa Paradis, Barbara, Mort Schuman, Julio Iglesias, France Gall, Angelo Branduardi, Alain Chamfort, Françoise Hardy, Christophe, Catherine Lara, Louis Bertignac… ou encore Roger Waters ! Qu’ont-ils donc en commun ? Une plume qui écrivait pour chacun d’eux : celle d’Etienne Roda-Gil. Le documentaire rend hommage à la créativité de ce « poète industriel » comme il aimait à se nommer et à l’incroyable visionnaire et témoin de son temps grâce aux entretiens menés par Charlotte Silvera, brutalement interrompus par la disparition de Roda-Gil le 28 mai 2004. Mais d’autres ont pris le relais : compositeurs, interprètes et proches de Roda pour évoquer la place considérable qu’il a tenue dans la chanson française et le chemin lumineux qu’ils ont parcouru ensemble.« Il y a des chansons qui aident à vivre et des chansons qui aident à mourir » E. Roda-Gil

L’avant-propos chanté de Jean-Jacques Moscovitz :

le nom le chant le texte

adresse de la parole.

les visages les propos

les échanges

un quartier de paris

ô Montparnasse

patrie des métèques

des bavards troublions

fuyant le bruit

ni virgules

ni majuscules

scansions chansons

la quarte la quinte

la mineure descend

la majeure monte

le demi ton règne

la noire a toujours raison

musique du désir

du vin

des femmes

les artistes sont parmi nous

lui il écrit les paroles et le monde

il s’appelle

Etienne Roda-Gil

c’est le thème du film

elle elle tourne les images

elle s’appelle Charlotte Silvera

Octobre 2018

Cinéma Le Saint-André des Arts

Mardi 23 octobre 2018 & Mercredi 24 octobre 2018

Hommage à Claude Lanzmann

DEUX PROJECTIONS SUIVIES DE DÉBATS

LES QUATRE SŒURS - réalisé par Claude Lanzmann - France, 2017

le débat sera animé par : Jean-Jacques Moscovitz, Fulvia Castellano, Françoise Moscovitz - Projections et débats en présence de : Paul Zawadzki (professeur en Sciences Politiques Paris 1), Christine Laurent (réalisatrice), Martine Dugowson (réalisatrice)

Claude Lanzmann revient sur le destin de Ruth Elias, Ada Lichtman, Paula Biren, Hanna Marton : quatre femmes ayant vécu l'horreur des camps. Il les avait interviewées en préparant Shoah et consacre aujourd'hui un film à chacune d'elle. Comme dans Sobibor, 14 octobre 1943, 16 heures ou Le Dernier des Injustes, il met en perspective ces récits filmés il y a trente ans afin de comprendre les processus mis en place par le régime nazi pour exterminer les Juifs d'Europe.

Le Serment d’Hippocrate (90 min) - Ruth Elias a 17 ans en mars 1939, quand les nazis occupent la Tchécoslovaquie. Sa famille se cache durant trois ans dans une ferme, avant d'être dénoncée et déportée au camp de Theresienstadt en avril 1942. Pendant l’hiver 1943, Ruth découvre qu’elle est enceinte. Elle est envoyée à Auschwitz. En juin 1944, enceinte de 8 mois, elle réussit à entrer dans un groupe de 1000 femmes envoyées à Hambourg pour dégager les gravats d’une raffinerie bombardée.

La Puce joyeuse (52 min) - Le jour de l’invasion allemande de la Pologne, tous les hommes de Wieliczka, près de Cracovie, sont rassemblés par les Allemands dans une forêt voisine, et exécutés. Les corps couverts de sang sont disposés par leurs bourreaux en demi-cercle, pieds joints et têtes vers l’extérieur, comme une représentation artistique. Dès lors, Ada n’a plus qu’une question en tête : non pas "vais-je survivre ?" mais "quelle sera ma mort ?". Envoyée à Sobibor, où plus de 250 000 Juifs furent exterminés dans les chambres à gaz, elle joue un rôle décisif dans la révolte du 14 octobre 1943. Elle fait partie des 50 survivants.

Baluty (64min) - Il existe encore nombre d’archives, de journaux intimes et même quelques photos du ghetto de Lodz, mais très peu de témoignages de survivants. Celui de Paula Biren est d’autant plus exceptionnel qu’elle fit partie de la force de police féminine du ghetto. Des centaines de ghettos qui parsèment la campagne polonaise, celui de Lodz fut le plus pérenne. Il était dirigé d’une main de fer par le président du conseil des anciens, Chaim Mordechai Rumkowski, appelé le "Roi Chaim", un homme convaincu qu’il pouvait sauver une partie de la communauté en les transformant en main d’œuvre au service des Allemands.

L’Arche de Noé (68 min) - En 1944, quand les nazis commencèrent à déporter les Juifs de Hongrie, Rudolf Kastner, qui présidait le comité de sauvetage, tenta de négocier avec Eichmann. Il proposa deux mille dollars par Juif, montant les prix jusqu’à ce que Eichmann préfère l’argent à la mort. Il fut conclu qu’un transport spécial quitterait Budapest pour Bergen-Belsen, puis continuerait vers la Suisse. Hanna Marton en fit partie.1684 Juifs échappèrent ainsi à la mort. Au même moment, 450 000 Juifs hongrois mouraient dans les chambres à gaz de Birkenau.

L'avant-propos de Jean-Jacques Moscovitz : ... « "Les Quatre Sœurs", ce film est composé pour chacune d’elles respectivement de quatre chapitres : Le Serment d’Hippocrate, La Puce joyeuse, Baluty, L’Arche de Noé. Claude Lanzmann est mort ce 5.7.2018. Ce dernier film tourné pendant la préparation de ce qui sera Shoah en 1985, est comme le legs que ce réalisateur nous laisse en filmant le visage et les paroles de ces femmes. Elles sont « d’une trempe exceptionnelle », dans leur lutte de la vie contre la mort qui les guettait à chaque instant. Elles nous invitent sans atermoiement à marquer le pas devant le vacarme du monde actuel où la parole est atteinte de plus en plus. Cette parole, la haine d’État du 3e Reich voulait l’anéantir. En vain. Le film nous présente ces femmes comme sœurs car elles sont liées par leur destin de SURVIVANTES. Le spectateur les rencontre au point qu’elles deviendraient comme des amies tant l’auteur montre ici son immense talent d’un « miracle photographique » des visages de ces femmes (Despléchin) et aussi de mettre en scène leurs propos magnifiques de vérité en une belle leçon pour un psychanalyste d’écoute dans les silences et leurs mots au bord du néant. Il le fait dans Shoah lorsqu’il nous « présente » Philipp Muller, Rudolph Virba, Simon Srebnick , Richard Glazar, Abraham Bomba, ces témoins du pire et ainsi « héros de la vie », car tous membres des Sonderkommandos dans l’extermination de millions de juifs.Mais ici malgré tout, grâce au cinéma de Lanzmann, s’évoque le triomphe du vivant en l’homme contre l’effroi... ». (De l'oeuvre filmique de Claude Lanzmann et de sa réception par des psychanalystes)

Septembre 2018

Cinéma Le Balzac

VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2018

PROJECTION SUIVIE D'UN DÉBAT

PETIT PAYSAN

réalisé par Hubert Charuel

La rencontre avec Hubert Charuel, réalisateur du film, sera animée par :

Jean-Jacques Moscovitz, Françoise Moscovitz…

Le synopsis : Pierre, la trentaine, est éleveur de vaches laitières. Sa vie s’organise autour de sa ferme, sa sœur vétérinaire et ses parents dont il a repris l’exploitation. Alors que les premiers cas d’une épidémie se déclarent en France, Pierre découvre que l’une de ses bêtes est infectée. Il ne peut se résoudre à perdre ses vaches. Il n’a rien d’autre et ira jusqu’au bout pour les sauver.

L'avant-propos de Jean-Jacques Moscovitz : « ...il rêve, elles sont dans sa cuisine. Le désir le tient, jusqu’au bout quoiqu’il en soit. Son désir le laisse seul comme il l’a toujours été. Seul, avec son éthique où il se sait en proie à la vérité de son objet d’amour de sa vie. Il en est rempli de cette nécessite immense. C’est son idéal posé dans le réel. La caméra suit de près l’objet à filmer. Pierre le héros croit sans doute aucun. D’où les images si près que se distinguent bien les contours des parties du corps des vaches, de son Idéal. Sa sœur est véto, véto qu’elle lui oppose, elle est vétérinaire... ! Les vaches, elles, elles sont magnifiques. Un virus mortel a surgi. L’idéal de notre magnifique héros moderne subit l’adversité du monde : à une époque où le lait devient, depuis le cajou dit-on, végétal ... pour toujours ? Le Végan arrive... Mais pour notre Pierrot du film, l’adversité c’est sa sœur. Images de près pour être avec eux comme spectateur suivant le réel dans ces Images caméra si près du désir fou de faire bien. Frère et sœur : lui pour sauver et elle pour agir le principe de précaution suractivité. Chacun son désir, son idéal ... chaque spectateur est renvoyé face à son propre désir dont il ne peut que s’autoriser que de lui-même, que ce soit les personnages, le cinéaste, les actées, les psychanalystes… »

Mai 2018

Cinéma Étoile Saint-Germain-des-Près

Dimanche 27 mai 2018

PROJECTION SUIVIE D'UN DÉBAT

FOXTROT

Réalisé par Samuel Maoz - France - Israël - Allemagne 2018

Débat a vec notre invitée Hélène Schoumann présidente du festival du film israélien à Paris

Débat animé par : Jean-Jacques Moscovitz, Fred Siksou, Vannina Micheli-Rechtman, Simone Wiener...

Le synopsis : Michael et Dafna, mariés depuis 30 ans, mènent une vie heureuse à Tel Aviv. Leur fils aîné Yonatan effectue son service militaire sur un poste frontière, en plein désert. Un matin, des soldats sonnent à la porte du foyer familial. Le choc de l’annonce va réveiller chez Michael une blessure profonde, enfouie depuis toujours. Le couple est bouleversé. Les masques tombent.

L'avant-propos de Jean-Jacques Moscovitz : Le dromadaire passe le barrage, il est le temps dans sa durée. il est...l’acteur principal, neutre et dérisoire devant l’intensité des séquences dramatiques où sont pris les personnages un par un dans le bain signifiant de leurs mots, leurs visages, leurs dessins, leurs enjeux de vie et de mort comme soldats de Tsahal, comme père, comme mère, femme, fils. Amis. Une gestuelle, celle des pas pour débutants du fox-trot réapparaît en fin de partie où se dénoue la vérité. Entre temps, la fausse annonce de la mort du fils nous montre comment un soldat tombé au combat met l’institution de l’armée dans sa forme la plus généreuse certes mais aussi la plus systématisée voire ridicule. Mais cette gestuelle révèle le sens terrible du refoulé du père dans son secret mis à jour lors de l’annonce de l’accident de voiture mortel cette fois causé par notre dromadaire toujours bien présent, où se trouve le fils. Mort reliée symboliquement à l’attitude malheureuse du père lorsqu'il était officier. Il a fait passer avant lui le convoi dont il avait la tête. Et une mine à tué à sa place ceux qu’il commandait. Répétition du temps scandé ici par la violence d’actes des guerres que doivent livrer sans cesse les israéliens depuis la naissance de leur Etat. La caméra de Samuel Maoz nous place dans ce temps qui passe, inéluctable. Où l’humour et le rires en sont les petits grains de vie en plus, il met le spectateur en face d’une réalité, celle du témoin actif des violences du monde... »

Avril 2018

Cinéma Étoile Saint-Germain-des-Près

Dimanche 8 avril 2018

PROJECTION SUIVIE D'UN DÉBAT

LA DOULEUR

Réalisé par Emmanuel Finkiel - France 2017

rencontre - débat avec Emmanuel Finkiel

Débat animé par : Jean-Jacques Moscovitz, Fred Siksou, Vannina Micheli-Rechtman, Barbara Hazan-Didier, Laura Koffler, Lysiane Lamantowicz, Simone Wiener, Françoise Moscovitz…

Le synopsis : "La Douleur", adapté de l’œuvre de Marguerite Duras. En 1944, dans une France sous Occupation allemande, Robert Antelme, grand Résistant, est arrêté et déporté. Pour son épouse, la jeune écrivain Marguerite Duras, c’est le début d’une insoutenable attente.

L'avant-propos de Jean-Jacques Moscovitz : « …Un corps, absent, la douleur le rend présent à celle qui attend. Corps déporté, mis en mots, fantasmé, en images intimes, acceptées, repoussées. Est-il dans l’escalier, déjà là ? dans le restaurant quand, elle, Marguerite est avec l’inspecteur collabo, un amant (?) « nécessaire » pour savoir si son mari est vivant ? presque ? encore un peu ? Mises en scène de l’absence, du négatif de la présence. Comment ici le cinéma d’Emmanuel Finkiel sait la filmer : le spectateur saisit que le discours en images, du fait des images, représente ce qui, presque comme les mots, disent l’absence. L’actrice Mélanie Thierry sait la jouer. L’art du cinéma ici dit ce qu’il s’est passé avec l’Occupation, la déportation, le camp, le retour. Dès lors au fil des films depuis plus de 70 ans, des créations de plus en plus « cinégénes » sont nées, source d’images qui transmettent, nous font témoins actifs. Nous politisons contre le langage de l’ennemi du genre humain.

...Robert Antelme : 1èrephrase de son livre : « je suis allé pisser. Il faisait encore nuit », des lieux du corps sont ceux d’une intériorité ressentie en images de mots qui sont déjà comme un film. La douleur de Duras est déjà un scénario : mots écrits, mots parlés, mots images. La douleur et L’espèce humaine sont… mariés. Un cinéaste les filme.

Se nouent ici corps, mémoire, parole. La psychanalyse touche à ce corps de la présence psychique, intime qui sollicite chacun. Le psychanalyste est ici convié comme passeur entre littérature et cinéma. Mémoire : oui, puisque c’est après les faits que ces deux livres sont écrits, les auteurs en ont vécu la fin, alors que le spectateur du film de Finkiel est en 1944 dans le temps où l’action a lieu.

Mémoire, la mienne, quand avec toute la famille nous sommes à la gare dans l’attente et la croyance que mon oncle revienne, vivant …. Corps, présence, absence de parole, un vague sourire sourd d’une maigreur sans nom dans des bottes bien trop grandes trouvées sur un cadavre d’un soldat allemand ….

Marguerite (Duras) sait la fin, veut écrire l’absence, ce trait structurant son texte, et qui ici dans le film, devient un objet en place d’acteur dirigé par un cinéaste. L’absent, lui Robert (Antelme), est présent partout ; elle, elle vit dans l’actuel des mois d’attente invoquant l’autre qui va venir, toute trouée de blancs d’angoisse de mort…

Disparition …. Mme Katz, dans le film attend, implore, sourit, pleure que sa fille raflée au Vel d’Hiv revienne… Elle a été gazée. Dans Voyages (1999), E. Finkiel filme Vera, celle qui rescapée d’Auschwitz attend à Tel-Aviv son bus sur un banc, elle y monte, elle part, la caméra fixe le banc vide…. Raflée ? … Effacement de l’absence elle-même. Le spectateur la sent en son intime… L’absence, depuis les camps, a changé de statut, de contours, de nature, de profondeur de champ... »

Février 2018

Cinéma Étoile Saint-Germain-des-Près

Dimanche 4 février 2018

PROJECTION SUIVIE D'UN DÉBAT

AU REVOIR LÀ-HAUT

Réalisé par Albert Dupontel - France 2017

Le débat avec notre invité François Margolin* sera animée par : Jean-Jacques Moscovitz, Fred Siksou, Vannina Micheli-Rechtman, Simone Wiener, ...

Le synopsis : Novembre 1919. Deux rescapés des tranchées, l'un dessinateur de génie, l'autre modeste comptable, décident de monter une arnaque aux monuments aux morts. Dans la France des années folles, l'entreprise va se révéler aussi dangereuse que spectaculaire…

L'avant-propos de Jean-Jacques Moscovitz : « …liker la vie, liker la mort. L’image de cinéma ici dit oui, dit non. Dans ce geste d’Edouard le héros, une gueule cassée et depuis lors masqué à l’infini. Se cacher son vrai visage à lui-même et face au regard de ses semblables et surtout de son père ... De son doigt il lève ou rabaisse ce qui, dessiné, représente et image désormais sa bouche. D’où sort une voix d’outre-tombe que seule Louise, son double en fille, comprend et traduit dans l’adresse à autrui... Depuis ce visage malgré tout jaillit la parole et la négation grammaticale... que l’image de cinéma ici supporte. Film de fiction adapté du roman de Pierre Lemaitre et qui obéit magnifiquement au narratif du livre une fois mis en scène. L’extrême de la laideur des guerres, de l’atteinte de la vie, de l’attirance de la mort est soutenu par la levée de l’interdit au meurtre. Interdit si enfoui en nous au point de l’accepter sans même s’en apercevoir sinon toujours trop tard. L’ouvrage de Pierre Lemaître nous le montre avec cet épisode d’après-guerre. Auteur de roman policier son écriture s’incarne dans la mise en acte d’une arnaque de sépultures des soldats morts au combat. Au nom des fils tués à la guerre, et ceux meurtris à jamais, se répète la faute des pères comme dans toute l’Histoire qui suivra. Mai 68 le montrera. Avec les violences des luttes armées : Bande à Baader en Allemagne, L’armée rouge japonaise, Action directe en France, Brigades rouges en Italie, tous groupes violents issus des pays de l’axe nazi… Avec Au revoir là-haut, de la littérature passe au cinéma non sans l’Histoire et le politique en France, celle de sa victoire là mettant au tout 1er rang des grandes puissances d’alors. La Société des Nations siège à Paris... Freud et Einstein en 1938 sont appelés à poser la question : Warum Krieg, Pourquoi la guerre ? Ils y répondront en disant que devant le danger le pacifisme des intellectuels. Des artistes, des psychanalystes, des savants, des citoyens, est à lever. Dépacifier le lien à l’autre ... La question se pose : après les guerres, après le pourquoi, alors surgit le comment la paix. On sait que leur pessimisme était justifié, Auschwitz n’est pas loin, après la mort donnée ou reçue des fils de 14-18, deux décennies après le temps de l’action du film d’Albert Dupontel. Le Cinéma c’est filmer les visages, il le sait, il nous les montre. Avec ces si beaux visages, ceux des femmes et leur sourire, leur joie de vivre. Mais surtout ici se voit l’horreur, celle des hommes. L’Actuel nous montre les violences d’État de Daesh, que le film Salafistes de François Margolin nous donne à connaître en images de ces hommes, ceux-là et leurs visages absents à eux-mêmes où se perçoivent les Violences en Cours. « 14-18 » d’Au revoir là-haut est la forme policière autant que guerrière accompagnée d’une forme de dérision et d’ironie nécessaires pour nous faire entendre qu’après les violences, d’autres ont toujours cours. Le gouffre dans lequel se trouve notre héros évoque celui du clown se jetant dans le vide de Paris tout illuminé, c’est la fin du film. Où le héros masqué continue ainsi à cacher les crimes des pères. Ceux de la Patrie triomphale, (quels mots !). Pour ignorer toujours plus le traumatisme présent entre les générations jusqu’à aujourd’hui, le transgénérationnel, où le psychanalyste se sait convoqué, témoin... assis sur un strapontin... »

Novembre 2017

Cinéma Étoile Saint-Germain-des-Près

Dimanche 26 novembre 2017 à 10H30

PROJECTION SUIVIE D'UN DÉBAT

Demain et tous les autres jours

De Noémie Lvovsky - France 2017

Projection suivie d'une rencontre débat avec Noémie Lvovsky

Débat animé par : Vannina Micheli-Rechtman, Jean-Jacques Moscovitz, Fred Siksou, Simone Wiener, ...

Le synopsis : Mathilde a 9 ans. Ses parents sont séparés. Elle vit seule avec sa mère, une personne fragile à la frontière de la folie. C'est l'histoire d'un amour unique entre une fille et sa mère que le film nous raconte.

L'avant-propos de Jean-Jacques Moscovitz : « ...des voix que personne d’autres n’entend que l’héroïne, dans le hurlement du vent, la nuit, dans la forêt. Qui hantent celle qui les écoute, mère, femme, fille, ici Mathilde 9 ans. Héroïne du temps des origines, héroïne de toujours, celle des contes pour enfants qui unissent les humains et orientent leur destin. Et ici c’est une enfant se heurtant à une présence du matriciel du corps, celui de l’originaire. Cette présence d’un féminin maternel reste très aquatique, d’où un enfant naît mais aussi peut dé-naître, où la vie peut retourner à la non-vie. Tourbillons du début des corps se faisant mots, voix, images. Freud nomme cette poétique « bouillie des origines ». Poésie et film ici se jouxtent au fil de l’eau, aussi bien ...baignoire qu’étang de frayeur, que la mer où séjourne l’oubli des souvenirs d’enfance, et aussi danse de la pluie, orage de fusion et dé-fusion des corps en fin du conte. Car ce film est un conte entre fille et mère. Où vient quand même un peu de père, un peu d’abri auprès de lui, pour ne pas sombrer dans le néant. Et voilà un oiseau de légende qui sait où est le réel, qui dit la loi. Aux eaux de la gestation sans limites, une chouette telle un dieu grec, exige qu’Oscar, son squelette de père mort, ait sa sépulture dans la terre ferme. Cette conjonction donne aux dialogues un effet réaliste, s’opposant aux images qui restent d’autant plus dans l’ordre du fantastique. Au risque de placer le spectateur face à la folie et à l’entame grave de la personnalité à tout instant, mais l’humour, la tendresse, l’amour entre nos héroïnes évitent le pire... »

Octobre 2017

Cinéma Étoile Saint-Germain-des-Près

Jeudi 26 octobre 2017 à 20H15

PROJECTION SUIVIE D'UN DÉBAT

Tous les rêves du monde

De Laurence Ferreira Barbosa - France 2017

Projection suivie d'une rencontre débat avec Laurence Ferreira Barbosa

Débat animé par : Jean-Jacques Moscovitz, Fred Siksou, Vannina Micheli-Rechtman, Simone Wiener, ...

Le synopsis : Pamela est une jeune portugaise de la deuxième génération née ici, en France. Empêtrée dans ses contradictions, ses échecs et l’amour absolu pour sa famille, elle se sent perdue et paraît incapable d’imaginer comment elle pourrait vivre sa vie… Surtout qu’elle n’aime que jouer du piano et patiner sur la glace. Elle va pourtant trouver son propre chemin entre France et Portugal.

L'avant-propos de Jean-Jacques Moscovitz : « ...Pamela et Claudia se tournent autour entre intérieur et extérieur d’un refuge de montagne pour enfin se trouver et se parler. Très belle image de cinéma. Voilà mise en scène l’émancipation d’adolescentes vis-à-vis de leurs familles. Ici en un milieu portugais vivant en France et bien intégré à la société française. Il nous est montré combien l’identitaire une fois levé découvre ce qu’il faut cacher tout en les protégeant, les coutumes des liens enfants parents sous le coup d’interdits séculaires. Ici il s’agit du lien entre père et fille, où la fille affronte son père car il en va de sa féminité. L’obéissance à des lois jusque-là consenties se modifie comme chacun le sait aujourd’hui sans pour autant être détruite mais être rendue plus symbolique, plus maniable et donc plus adaptée à la libération sexuelle en cours dans notre monde occidental. Pamela et Claudia nous font revisiter la fonction père sans la mépriser ni la détruire. Les analystes appellent ça « le signifiant du nom du père » qui ici se nomme Lisbonne. En effet aucun des protagonistes d’un groupe de jeunes portugais n’y est allé jusqu’à maintenant comme pour protéger le rythme culturel. Ne pas y être allé permet le rêve certes, mais qui maintenant s’interprète et donc dévoile son refoulé : lepoint origine Lisbonne, pourtant attirant mais méconnu devient réel est donc moins actif pour nourrir l’interdit de libération au niveau psychique. La façon dont la réalisatrice nous montre ce qu’elle filme : comment le père accepte l’émancipation de sa fille nous fait entrevoir qu’il est en tant que père et en tant qu’homme sujet lui-même d’une féminité qui le civilise. Œuvre de transmission dans l’actuel entre les générations... ».

Juillet 2017

Cinéma Étoile Saint-Germain-des-Près

Dimanche 1 octobre 2017 à 11H

PROJECTION SUIVIE D'UN DÉBAT

VILLEPERDUE

De Julien Gaspar-Oliveri - France 2016

PROJECTION SUIVIE D'UN DÉBAT AVEC LE RÉALISATEUR ET LES ACTEURS DU FILM

Débat animé par : Jean-Jacques Moscovitz, Vannina Micheli-Rechtman, Françoise Moscovitz, Simone Wiener, ...

Le synopsis : Sandrine et Vincent reviennent dans la ville qui les a vus grandir pour fêter l'anniversaire de leur mère. C'est la première fois que la famille se retrouve depuis la mort du père. Un week-end mouvementé qui démontre que la vie a repris ses droits et qu'il va falloir l'accepter.

L'avant-propos de Jean-Jacques Moscovitz : "...que tu es beau Vincent (Benjamin Siksou), que tu es belle Sandrine (Lucie Debay) dit l'immense sourire plein d'amour de leur mère Gaév (Carole Franck), ça ne lâche pas sur les mouvements de la vie. Spectateur et cinéaste donnent naissance à des acteurs comme un Père donne la vie. Nous serions dans une banale histoire de famille si les images de cinéma ne le "disaient" pas aussi. Et la face image des paroles, le visage, l'expérience de cinéma en "disent" plus : la caméra de Julien Gaspar Oliveri filme un trait d'union absent. Car le titre du film s'écrit "Villeperdue". Pas d'espace entre ces deux mots pour faire Nom. Trait et espace manquent dans le Lieu où ça a lieu, où ça se passe. La caméra tourne, filme le trou incomblable d’un sans doute "plus-là". Un effacement du manque commence à faire deuil… Les images parlent, sourient, chantent, la grande musique, le font entendre, Le rendent visible, l'effacement devient trace de ce qui a eu lieu pour que la vie existe malgré tout..."

Juillet 2017

Cinéma Étoile Saint-Germain-des-Près

Dimanche 2 juillet 2017 à 10H30

PROJECTION SUIVIE D'UN DÉBAT

LOU ANDREAS-SALOMÉ

De Cordula Kablitz-Post - Allemagne / Suisse 2016

Débat animé par : Jean-Jacques Moscovitz, Fred Siksou, Vannina Micheli-Rechtman, Maria Landau, Simone Wiener, Laura Koffler...

Le synopsis : Esprit rebelle, l'intellectuelle d'origine russe Lou Andreas-Salomé ne peut que déplaire au régime nazi. C'est dans ce contexte qu'elle entreprend de rédiger ses mémoires. Quand elle était plus jeune, elle rencontre Nietzsche qui tombe immédiatement sous le charme de cette femme avant-gardiste. Paul Rée, un riche philosophe allemand, demande en vain Lou en mariage. Il va s'organiser un étrange ménage à trois platonique. Rilke, de quatorze ans son cadet, se meurt d'amour pour elle. De son côté, la jeune femme refuse de renoncer à sa liberté en se mariant. Elle rencontre Freud : l'admiration est réciproque...

L'avant-propos de Jean-Jacques Moscovitz : Göttingen… Visage triste et désemparé, Ernst Piffer demande à Lou de faire une analyse avec elle, elle a 72 ans, toujours belle et souriante. Elle lui propose qu’il sot son scribe, de taper à la machine sa biographie et son œuvre sous l’œil avisé et bienveillant de notre héroïne... Nous voyons le scénario s’écrire devant nous. Nous sommes en 1933, les nazis la menacent, elle est en passe de détruire son œuvre, Ernst P. sauve les textes… et ce sera surtout son dernier compagnon. Ils se le disent, « si tu crois en la vie, lui dit-elle alors je suis d’accord ». St Pétersbourg, Lilya a 16 ans, elle est sur les genoux de Her Pastor, son précepteur fou amoureux d’elle, c’est Henryk Guillot, le premier homme de sa vie, son Dieu, il veut l'épouser, quitte à transgresser tous les codes de son temps, les visages des protagonistes en sont pantois de honte. Et c'est parti. Des hommes arrivent dans sa vie et non des moindres, Paul Rée, Nietzsche, Rilke. Arrêt sur image de la charrette où elle les mène au fouet. Elle crée autour d’elle passions, désirs de complétude, ils la voient en La femme fatale enfin arrivée bien qu’elle n’en soit pas dupe. (Cf. le texte de Robert Maggiori). Un orientaliste, Mr Andréas lui donne son nom qu’elle met avant celui de son père, Von Salomé, elle a 26ans, c’est un mariage blanc uniquement pour des raisons pratiques d'évidence. Pendant ce temps-là, des disputes sans fin surgissent dans l’union érotique avec Rilke. Son parcours beaucoup la connaissent et pourtant elle sait protéger son intime. C’est montré dans le film. Au niveau politique, elle ne reste pas muette face à la libération des femmes de la fin du 19e siècle. Freud lui ne succombe pas bien qu’amoureux. Il est sous le charme, dit-il, de cette « compreneuse », de la comprendre de façon heureuse…dirons-nous. Il s’est comme par hasard prévenu lui-même dès 1908 quand il écrit Création littéraire et rêve éveillé alors qu’il n’a pas encore vu Lou... La première rencontre a lieu en 1911. Elle va habiter deux mois chez les Freud fin 1921. Elle y rencontre Anna la fille du père. Un père qu'elle vénère et adore comme si c’était le sien, et Anna a 26 ans est comme sa sœur, Lou 60…Leurs échanges sont intenses sur le choix sexuel. Sur la question du féminin Lou récuse en séance chez Freud, la question du meurtre du père présent pour le garçon, pour la fille ce n’est pas ce qui est au centre du complexe d’Œdipe. Au contraire le Père est un abri, « un port » pour sortir de la tourmente du lien à la mère. (Cf. le texte de Claude Noële Pickmann). Les personnages défilent devant nous en images magnifiques, bien que connues, documentées elles sont novatrices. La mise en en scène des correspondances pose les lettres en place d’acteurs où les images prennent le relais des deux personnages qui nous donnent le sentiment très fort qu'ils savent de quoi il retourne, de ce virage qui est pris ici aussi bien au niveau politique qu’intime. L'émancipation des femmes les sort du dressage masculin pour arriver à une vie intime et libre où le désir féminin apparaît. La pratique de Lou ne cesse de nous montrer combien le désir de l’analyste et le féminin sont liés à l’existence de l’inconscient, quel que soit le sexe dans la vie fantasmatique ou réelle. Dans la vie sexuelle, pensées érotiques, passion et amour et paroles qui sont articulées en ce que ce n'est pas la différence des sexes qui domine les humains mais bien le féminin, Affaire à suivre pour les années qui viennent pour la civilisation de l’homme pour le singulier de l'intime contre le Un toujours trop Un….

Lire ici l'argument du cycle sur Le Féminin

Juin 2017

Cinéma Étoile Saint-Germain-des-Près

Vendredi 16 juin 2017 à 20H30

PROJECTION SUIVIE D'UN DÉBAT

L'AMANT D'UN JOUR

De Philippe Garrel - France 2017 - 1H16mn

Débat animé par : Jean-Jacques Moscovitz, Fred Siksou, Vannina Micheli-Rechtman, Maria Landau, Simone Wiener...

Le synopsis : C’est l’histoire d’un père et de sa fille de 23 ans qui rentre un jour à la maison parce qu’elle vient d’être quittée, et de la nouvelle femme de ce père qui a elle aussi 23 ans et vit avec lui.

L'avant-propos de Jean-Jacques Moscovitz : Les si jolies taches de rousseur d'Ariane colorent le noir et blanc du film, son visage comme celui de Jeanne sont les acteurs, ils "sont" le film. Est-ce le signe de l'intense séduction exercée envers l'homme telle Ariane et son fil, telle notre Lilith Biblique, celle qui en sait long sur la jouissance des hommes, Adam The first ! Alors que Jeanne est notre Eve bien aimante, celle qui accepte l'attente depuis l'autre. La perte. Les effets sur les gestes et les visages sont ceux des mille mots entendus, ceux d'une rencontre entre les corps et les chagrins immenses où l'homme, lui, ni ne se rompt ni se défait, mais tient bon sans plier. Sans lâcher prise sur la dimension phallique pour que le féminin dont les énigmes ici sont presque dévoilées, nous humanisent au un par un de chaque spectateur. Le grand Freud attend au checkpoint de l'Œdipe chez la fille ...

Lire ici l'argument du cycle sur Le Féminin

Mai 2017

Cinéma Sept Parnassiens

Vendredi 12 mai 2017 à 20H15

PROJECTION SUIVIE D'UN DÉBAT

JE DANSERAI SI JE VEUX

De Maysaloun Hamoud Israël France 2017 - 1H42mn

Débat animé par : Jean-Jacques Moscovitz, Fred Siksou, Vannina Micheli-Rechtman, Maria Landau, Simone Wiener...

Le synopsis : Layla, Salma et Nour, 3 jeunes femmes palestiniennes, partagent un appartement à Tel Aviv, loin du carcan de leurs villes d'origine et à l'abri des regards réprobateurs. Mais le chemin vers la liberté est jalonné d'épreuves…

L'avant-propos de Jean-Jacques Moscovitz : « …une belle lumière des visages remplit une ville, Tel Aviv qui à son tour inonde de mille feux de la nuit les gestes de vie des personnages de femmes. Boire, danser, rire, fumer, parler, regarder. Sur-brillance de l’Occident qui n’efface pas la culture musulmane et palestinienne des trois jeunes femmes israélo-arabes, parlant l’hébreu, et en quête de liberté, d’émancipation des excès de la religion de leurs familles et cela sans rien renier de leur identitaire. Elles veulent vivre leurs sentiments et leurs émotions sexuelles. À ces images et ces paroles magnifiques de la jeunesse s’ouvrant à une sexualité enfin possible qui dit je, qui dit non, qui dit je veux, s’oppose une intense exigence des mœurs et coutumes. Où la place du père, tout autant celle de la mère, nous font spectateurs témoins d’une police… des désirs. Violence tragique rejetant tout compromis entre l’avant et l’après de cette libération de femmes. Et des hommes aussi. Pour elles, les femmes, une telle liberté vaut très cher. Contre la soumission au masculin, elles ont à accepter leur choix intime à reconquérir au niveau social, professionnel. Le modèle israélien leur est appui. Mais un tel affranchissement est aussi combattu par des israéliens comme par des citoyens d’autres pays, ne serait-ce qu’en France avec « le mariage pour tous » tant décrié. Là le psychanalyste est invité. Si le choix socio-politique est ouvert, ce qui lui résiste c’est un certain refus souterrain, inconscient du féminin, chez l’homme comme chez la femme, chez la fille comme chez le garçon …. L’engagement socio-sexuel reste à reconquérir sans cesse, et l’accepter ouvre à la découverte d’une hétérogénéité entre ce qui se sait et ce qui ne se sait pas encore. C’est ce qui fonde notre subjectivité. D’où l’angoisse, d’où le rejet violent de tout changement socio-sexuel dans ce combat des femmes dans la culture musulmane où elles vivent. Mais là le film ouvre en même temps sur le fait que leur choix entre les sexes dépasse cet enjeu pour chacune des trois femmes, ce choix met à coté le risque hyper-identitaire qui effacerait tout de leur délivrance en cours. Le film laisse supposer que devient actif dans l’intime un conflit psychique entre leur féminité muselée en révolte contre le familial, et l’approche du féminin moins masqué, plus reconnu. Ce féminin ce n’est plus avoir tel ou tel avantage s’ajoutant à la présence d’une femme, mais c’est la reconnaissance d’une faille intime inhérente à l’être. Être femme et non pas en avoir le titre …. Les images de lumières dans le film nous font entrevoir cet intime s’affrontant à l’acceptation ou le rejet de ce conflit. C’est cela qui est cause des violences, et même d’un viol de Nour par son « fiancé ». Mais le père de Nour, au moment de la rupture avec son fiancé, reconnaît le féminin qui lui fait signe chez sa fille. Et par là même il nous fait signe de la sa propre féminité de père, d’homme. Ces trois femmes savent rencontrer leur intime. C’est le génie du discours filmique de Maysaloun Hamoud où l’angoisse est index de la présence de l’intime. Ainsi Leyla désire être trouvée par un homme qui sache y faire avec le féminin. Nour refuse la négation de son désir ; Salma fuit ses parents car elle est en avance sur leur émancipation à venir. Le féminin et son refus mettent en relation l’intime de chacun et le politique. Peut-être éviter les guerres propres aux décisions du masculin. Je danserai si je veux est index que le psychosexuel n’est pas une frontière… »

Lire ici l'argument du cycle sur Le Féminin

Mars 2017

Cinéma Sept Parnassiens

Jeudi 23 mars 2017 à 20H15

PROJECTION SUIVIE D'UN DÉBAT

PATERSON

De Jim Jarmusch USA 2017 - 1H58mn

Débat animé par : Jean-Jacques Moscovitz, Fred Siksou, Vannina Micheli-Rechtman, Maria Landau, Simone Wiener...

Le synopsis : Paterson vit à Paterson, New Jersey, cette ville des poètes, de William Carlos Williams à Allen Ginsberg, aujourd’hui en décrépitude. Chauffeur de bus d’une trentaine d’années, il mène une vie réglée aux côtés de Laura, qui multiplie projets et expériences avec enthousiasme et de Marvin, bouledogue anglais. Chaque jour, Paterson écrit des poèmes sur un carnet secret qui ne le quitte pas…

L'avant-propos de Jean-Jacques Moscovitz : " …Film pour enfants, presque... Les enfants revoient le même film jusqu’à plus soif, des dizaines de fois... ! Pourquoi ? C’est comme pour s'endormir quand les parents redisent à leurs enfants chaque soir la même histoire ? Pourquoi cette répétition à l'intonation près, strictement la même que la veille ? Pour instaurer le temps, la durée, la permanence de traces qui construisent son intériorité, qui tiennent l'enfant face à ce qui va être son inconscient. Et l'inconscient fait peur. Alors autant l'apprivoiser ... Lui parler. Créer peut-être. Comme Jim Jarmusch. Son Paterson lui Il a trouvé : Il produit, écrit, il poétise ses propres mots et les objets quotidiens. Poèmes ? Sans doute, en tous cas création sur fond de répétition pour cadrer ce lieu de soi en soi-même, qui est silence et ardoise sur quoi jaillira l'étincelle, d'où le départ du film : « Nous avons, écrit-il, plein d'allumettes à la maison/Nous les gardons à portée de main/Actuellement notre marque préférée est l'Ohio Blue Tip ». Paterson, c'est la ville et le nom du conducteur de bus... dont le nom d'acteur est ... Driver. C’est un hasard ! Pas autant qu'en français car chacun entendra dans pater-son " et père et fils…". De la filiation plein tubes : vvvououm vvvououm, tut-tut, le bus est l'objet phallique de papa envié par son fils... Pour chaque garçon et sans doute pour des filles cet objet est bien plus qu'un jouet.. Et rouge-rouge si possible. Qui s'arrête qui repart, ouvre ses portes... C'est l'objet filmique créé par le réalisateur, son objet-acteur quotidien, poétisé lui aussi. Vu, il est caméra qui nous regarde. .Et nous crée spectateur. . . En opposition au pas commode chien de la maison, ce moyen de transport traînant Paterson autour de chez lui. Loin de là Ville en bruits. Il ramène son maître sur le lieu des amours de tous les deux , la belle Laura qui les attend: . Elle les humanise ... en noir et blanc comme au ciné d'avant, mais c’est encore là le monde des objets quotidiens dont elle jouit. Ainsi le veut le réalisateur ..., Qui ici sollicite le psychanalyste et ses enjeux de faire surgit le désir ..."

Février 2017

Cinéma Sept Parnassiens

Mercredi 22 février 2017 à 20H15

PROJECTION SUIVIE D'UN DÉBAT

NERUDA

de Pablo Larraín Chili, France - 2017 - 1H48mn

Débat animé par : Jean-Jacques Moscovitz, Fred Siksou, Vannina Micheli-Rechtman, Maria Landau ...

Le synopsis : 1948, la Guerre Froide s’est propagée jusqu’au Chili. Au Congrès, le sénateur Pablo Neruda critique ouvertement le gouvernement. Le président Videla demande alors sa destitution et confie au redoutable inspecteur Óscar Peluchonneau le soin de procéder à l’arrestation du poète. Neruda et son épouse, la peintre Delia del Carril, échouent à quitter le pays et sont alors dans l’obligation de se cacher. Il joue avec l’inspecteur, laisse volontairement des indices pour rendre cette traque encore plus dangereuse et plus intime. Dans ce jeu du chat et de la souris, Neruda voit l’occasion de se réinventer et de devenir à la fois un symbole pour la liberté et une légende littéraire.

L'avant-propos de Jean-Jacques Moscovitz : « …fiction qui sait elle-même nous en extraire, nous sommes au bord de l'histoire singulière de Pablo Neruda et de l'histoire du Chili des années 1945-55 en proie à un communisme international à vocation subversive… C'était le bon temps…. Ici le temps n'est ni durée ni époque, c'est le temps subjectif, celui de l'acte poétique subversif à sa façon, éternel. La fiction filmique crée la fiction entre personnages où le personnage Neruda est créé lui-même par le créateur du film Pablo Larrain. Qui crée aussi un policier qui veut aussi créer le poète, être artiste, pourquoi pas ? Tous deux se cherchent sans cesse mais le sujet du récit c’est le Néruda du scénario, du fantasme: « Où la persécution manque de terreur » dit Neruda…. C'est bien une fiction à quoi nous avons à faire où l'écriture est l’acteur principal, celui qui écrit la fiction. C'est un film de cinéma où le Neruda du film est aussi le policier qui cherche un Néruda insaisissable puisqu'il en est le policier de Batista, le tyran. Mais le justicier de l'Etat chilien s'éteint, il meurt, il se fait réel par sa mort, « il se fait sang », qui de fiction devient corps et dépouille. Entre-temps c'est la lutte désir à désir, où le policier veut. Il veut vraiment trouver l'Autre concret qui serait en dehors de lui alors qu'il est dans son dedans, puisque c'est Neruda qui le crée. La trahison ainsi guette à tous moments comme dans tout bon film, où le réel peut prendre le dessus avant la fin du film. Et pendant ce temps-là les Images de Cinéma nous attendent, pour

Janvier 2017

Cinéma Sept Parnassiens

Mercredi 25 janvier 2017 à 20H15

PROJECTION SUIVIE D'UN DÉBAT

ET LES MISTRALS GAGNANTS

De Anne-Dauphine Julliand France 2017 - 1H19mn

à l'invitation de Jean-François Merle

Projection suivie d'une rencontre débat avec Anne-Dauphine Julliand

Débat animé par : Jean-Jacques Moscovitz, Fred Siksou, Maria Landau, Vannina Micheli-Rechtman ....

Le synopsis : Ambre, Camille, Charles, Imad et Tugdual ont entre six et neuf ans. Ils vivent dans l’instant. Avec humour et surtout l’énergie optimiste de l’enfance, ils nous prennent par la main, nous entraînent dans leur monde et nous font partager leurs jeux, leurs joies, leurs rires, leurs rêves, leur maladie. Avec beaucoup de sérénité et d’amour ces cinq petits bouts d’Homme nous montrent le chemin du bonheur. Un film à hauteur d’enfant, sur la vie tout simplement.

L'avant-propos de Jean-Jacques Moscovitz : ... « Vivre assez longtemps dit l’un des enfants pour oublier ce moment de malheur quand un ami est mort… ». Le cinéma nous fait témoins des regards et des paroles, des visages de chacun de ces enfants-là : ils savent, ils nous enseignent comment chacun a à faire le chemin toujours à ouvrir pour être artiste de sa vie. Chaque enfant ici connaît le nom et de sa maladie, très grave, et du traitement, très douloureux, et du pronostic d’une fin de vie imminente, mais où la parole vive est bien là, en chair en os, en cours. Que la nature de l’humain soit d’être un parlant et un corps, c’est dit ici par les images, où l’enfant acteur à l’écran, est le metteur en scène, il tient la caméra, la réalisatrice tout comme les parents eux-mêmes « sont dans les pas de l’enfant ». Désir de filmer partager entre l’équipe du film et ces enfants, ces minots dit Renaud. De filmer ce film-là. Le spectateur l’entend et tout précisément le psychanalyste et son désir d’écoute. Chacun est enseigné sur le cadre, sur comment donner un cadre au réel, celui des corps en soins palliatifs, qui risque de nous faire lâcher sur la pudeur des mots, des visages ; obstacle qu’Anne-Dauphine Julliand dépasse pour s’y appuyer dans sa création. Oui une éthique de la vie est là au présent mise en images de cinéma … ».

Décembre 2016

Cinéma Sept Parnassiens

Jeudi 8 décembre 2016 à 20H15

PROJECTION SUIVIE D'UN DÉBAT

LA FILLE INCONNUE

De Jean-Pierre et Luc Dardenne - Belgique France 2016 - 1H46m

Projection suivie d'une rencontre débat avec Luc Dardenne

Débat animé par : Guillaume Moscovitz, Jean-Jacques Moscovitz, Fred Siksou, Vannina Micheli-Rechtman ...

Le synopsis : Jenny, jeune médecin généraliste, se sent coupable de ne pas avoir ouvert la porte de son cabinet à une jeune fille retrouvée morte peu de temps après. Apprenant par la police que rien ne permet de l'identifier, Jenny n'a plus qu'un seul but : trouver le nom de la jeune fille pour qu'elle ne soit pas enterrée anonymement, qu'elle ne disparaisse pas comme si elle n'avait jamais existé.

L'avant propos de Jean-Jacques Moscovitz : "...film des frères Dardenne La fille inconnue : coup de sonnette à la porte, détournement de l’attention, silence. Remords. De ne pas avoir ouvert sa porte, la faute surgit, inlassable. Repli et dépliage de la parole se nouent dans un récit de l'acte, d'où découle la faute à mesurer, grandissante. Elle détermine la place de chacune de chacun. Éthique de l'acte, philosophie de l'action : comment chacun se situe en son âme et conscience. Revient en force le "tu ne tueras point ", si enfoui en nous que nous ne pouvons plus savoir même sa présence. Son retour convoque le Moi qui se nourrit de silences et d'aveux avec en son intérieur un point d'attraction irrépressible qui empêche le sommeil, "remplit la tête". Les visages des femmes, celui de l'héroïne, leur lumière offerte à la caméra illuminent, responsabilisent le spectateur, civilisent le drame. La mort donnée dans un meurtre presque involontaire réclame sans cesse sa filiation, plutôt que les faits que la police retrouve. Mise en scène de la filiation de cette fille inconnue pour que son nom signe son destin, que sa mort soit la sienne. De ce fait divers s'évoque le mensonge européen pendant la guerre et le nazisme. Et aussi le film Le labyrinthe du silence de Giulio Ricciarelli, de 2014 qui montre les chemins effrayants des meurtriers nazis pour nier le crime. Ici et là, de nos jours, il s'agit de la saloperie moyenne au quotidien de chacun : d'un père, d'un fils, d'une sœur, d'un ami... Comment chacun construit sI facilement une ignorance qui se voile elle-même, et qui, pourtant voulue, active, se heurte un beau matin à l'impossible de l'accepter plus loin. Car sinon se génère l'irréparable, relayé par le politique, et notre actuel n'en est pas épargné..." Lire ici, la 4ème de couverture du livre "Au dos de nos images II" de Luc Dardenne publié au Seuil

Novembre 2016

Cinéma Etoile Saint-Germain-des Près

Dimanche 27 novembre 2016 à 10H30

PROJECTION SUIVIE D'UN DÉBAT

LE CIEL ATTENDRA

De Marie-Castille Mention-Schaar - France 2016 - 1H44mn

Projection suivie d'un débat avec Emilie Frèche coscénariste du film

Débat animé par : Jean-Jacques Moscovitz, Fred Siksou, Vannina Micheli-Rechtman, Lysiane Lamantowicz, Françoise Moscovitz....

Le synopsis : Sonia, 17 ans, a failli commettre l'irréparable pour "garantir" à sa famille une place au paradis. Mélanie, 16 ans, vit avec sa mère, aime l'école et ses copines, joue du violoncelle et veut changer le monde. Elle tombe amoureuse d'un "prince" sur internet. Elles pourraient s'appeler Anaïs, Manon, Leila ou Clara, et comme elles, croiser un jour la route de l'embrigadement… Pourraient-elles en revenir ?

L'avant propos de Lysiane Lamantowicz : Ce film nous propose une clinique de l'adolescence et ce, en parcourant pas à pas le trajet de deux adolescentes qui va du mal être, de la révolte à l'endoctrinement et à la mort probable sinon certaine pour l'une d’elle. Loin des discours théoriques, nous plongeons au cœur du banal qui se transforme peu à peu en horreur. Banalité du mal, non pour atténuer, édulcorer le risque et l'horreur de la radicalisation. Mais plutôt pour nous rappeler que cette possibilité git en chacun si on n'y prend garde. Clinique de l’emprise, que certains ont appelé pulsion d'emprise mais que l'on pourrait rapprocher de la pulsion d’agrippement. Quand l’adolescent, faute de moyens psychiques de faire autrement, reste agrippé à la mère dans un mouvement où l'ambivalence ne peut se résoudre (faute de tiers opérant) et se transforme en haine. Haine qui mène au passage à l’acte, tuer les autres et se tuer est « au cœur de son projet » au-delà de toute considération religieuse. Il ne s'agit alors pas de poser la question de la responsabilité de la religion musulmane dans cette histoire complexe, ni de s'aveugler sur la capacité de nuire de Daech dont « le génie est d'offrir aux jeunes volontaires la construction narrative où ils peuvent se réaliser ». Et ce, en sachant utiliser tous les moyens modernes de communication dont la capacité de nuire est difficilement mesurable tellement elle est importante. Mais de s'intéresser aux « radicalisés » en élaborant une clinique du sujet confronté aux enjeux de la modernité. Il s'agit alors paradoxalement moins d'endoctrinement religieux que de rechercher pour ces jeunes à combler le manque de spiritualité et la déculturation. On voit d'ailleurs dans le film, Dounia Bouzar essayer de montrer aux jeunes « récupérés » in extrémis et qu'elle soumet à un processus dit de « déradicalisation » (quel vilain mot !) que ce qu’ils ont cru être l'Islam n'était pas l'Islam ! Elle tente par-là me semble -t-il de créer chez ces jeunes « une greffe » de Symbolique pour pallier une carence profonde et du Symbolique et de l'Imaginaire entièrement envahi par les narrations complotistes sur le web. Cette « greffe » suffit-elle à suturer l'hémorragie narcissique de ces jeunes ne pouvant ni s'identifier à des figures parentales ni se construire un Idéal du moi ? Le film contribue ainsi à poser beaucoup de questions et à revisiter notre clinique de l’adolescent.

L'avant propos de Jean-Jacques Moscovitz : « …LE CIEL ATTENDRA, la religion aussi…. Et le cinéma ? Ici le cinéma de fiction produit du beau devant la laideur extrême des actes de tueries. Le débat se ranime entre documentaire et fiction. Entre respectivement le collectif au niveau politique, stratégique, et l’intime de chacun au niveau de son émotion et de son angoisse. Janvier 2016 en présence de François Margolin Salafistes est projeté au Regard Qui Bat…. La violence sanguinaire de la guerre de Daesh nous y est montrée et met le spectateur en position d’être responsable face à ce qu’il a à savoir et ce malgré le tout montrer et en excès effrayant des images de tueries. Daesch cherche cet effroi et il sait qu’il l’obtient. Son cinéma comme le dit Comolli (in « Daesh, la Mort et le Cinéma ») obéit aux « techniques filmiques inspirées de l'Occident honni, et donc disent la dépendance à cet Occident là aussi, la différence est que le cinéma occidental, qui montre sans cesse la mort, ne tue pas les acteurs. Le spectateur d'une fiction sait qu'il voit une fiction, même quand il frémit. On peut dire qu'il se permet de frémir parce que justement il sait que c'est une fiction » [[in blog d’un lecteur assiduhttp://mesmilleetunenuitsalire.over-blog.com/2016/09/tout-et-rien-d-autre-daesh-le-cinema-et-la-mort-jean-louis-commolli.html. ]] Le tout montrer au cinéma est ennemi du genre humain. Comolli présente un « tableau désespéré de la situation des images, porté à ses excès par Daesh. Et il craint la mort du cinéma dans sa fonction libératrice… ». Le Ciel Attendra use de formes qui sollicite le spectateur tout autrement, les visages filmés de près de belles jeunes filles nous lancent le défi de savoir à quel moment, sur quel mode surgit l’extrême de la violence meurtrière et suicidaire. C’est, pour chacune, chacun le niveau inconscient, individuel, intime qui ici nous amène à prendre position dans cette guerre au registre du réel, mais c’est aussi une guerre des images. Là règne l’épouvante. C’est celle d’une captation par la cruauté. Celle inhérente au crime de l’E.I. commis contre l’humain : non pas d’exercer le pouvoir et de le maintenir par la cruauté, pas seulement, mais bien d’user du pouvoir pour exercer la cruauté. L’hypothèse à oser ici est de dire que la captation de ces jeunes personnes les renverrait à l’informe tout premier où vie et mort se jouxtent au point que la naissance risque de retourner à la non vie. Et c’est ignoré par ces jeunes filles dans le film, voilà pourquoi c’est d’autant plus actif. Mais elles savent ce qui se passe en Syrie. La pulsion, l’énergie à tuer sont présentes dans les attentats qui leur sont montrés, où les tueurs débordent de leurs jouissances destructrices. Pulsion et jouissance à tuer s’incarnent dans la ceinture explosive du kamikaze. Elle fait corps avec le tueur, ça devient son corps tout autant que sa kalachnikov. Ou son couteau, ou son camion-bélier de 19 tonnes. Au cours de sa jouissance inhérente à la tuerie, il s’assassine dans la foule de ses victimes en s’y mêlant, dans une fusion incestueuse entre les morts et les vivants. En fusionnant mort et vie, meurtre et inceste avec la mort, il reviendrait au stade le plus archaïque d’indivision entre naissance de la vie et non vie, retournant, rembobinant le temps où allaient se discerner la mort de la vie, d’une vie à peine survenue. Dans ces attentats les criminels font fusionner bourreaux et victimes en s’y mêlant eux-mêmes dans la tuerie. La jouissance du retour à la non-vie se propulse par le retour vers ces temps de cruauté primordiale où c‘est la motricité inhérente aux pulsions de meurtres qui s’exercent sans cesse de plus en plus. La jouissance des meurtriers produit la jouissance des kamikazes qui vont agir à leur tour. Les effets collectifs dans le temps s’accomplissent dans des modèles de jouir s’auto-entretenant à l’infini. Si un acte de guerre ne les anéantit pas. Voilà où s’exerce cette captation. Certes existe la position de dire que c’est notre civilisation occidentale et la laïcité française tout particulièrement qui produiraient de telles horreurs commises par des jeunes gens franco-musulmans issus des banlieues défavorisées. Certes, mais dès lors que le djihadisme s’empare des idéaux de ces hommes, de ces femmes, la référence qui y apparaît est cette captation vers le retour à la non vie dont il nous faut tenir compte comme possibilités : - soit la prise en charge socio-psychique de ceux qui sont repérés comme djihadistes non encore en voie d’être des criminels, avant d’exercer la cruauté contre la vie d’autrui et d’eux-mêmes. Et ainsi arrêter si possible le surgissement de djihadistes criminels. - soit exercer la justice et les exclure de nos sociétés, de les condamner. Le Ciel Attendra par son titre est dans ce sens, la forme du film le démontre … »

Septembre 2016

Cinéma Etoile Saint-Germain-des Près

Lundi 12 septembre 2016 à 20H30

PROJECTION SUIVIE D'UN DÉBAT

Mr GAGA - SUR LES PAS D'OHAD NAHARIN

De To mer Heymann

Film Israélien, Suédois, Allemand, Néerlandais - 2015

Projection suivie d'un débat avec Sandra Basch, éditrice

Débat animé par : Jean-Jacques Moscovitz, Fred Siksou, Vannina Micheli-Rechtman, Anne-Marie Houdebine, Françoise Moscovitz....

Synopsis : L’histoire fascinante d'Ohad Naharin, célèbre chorégraphe de la Batsheva Dance Company, dont les performances dégagent une puissance et une beauté inégalées. Le film nous dévoile le processus créatif d'un chef de file incontesté de la danse contemporaine, l’invention d’un langage chorégraphique unique et d’une technique de danse hors-norme appelée "Gaga".

L'avant propos de Sandra Basch : « "Marcel devient écrivain", ainsi Gérard Genette résumait "La Recherche du temps perdu". Ainsi pourrait-on résumer "Mr Gaga. Dans les pas d'Ohad Naharin": "Ohad devient chorégraphe". Et comme Marcel, bien sûr, il n'y parvient pas… Car comme Marcel, comme nous tous, il ne peut devenir que ce qu'il ne sait pas qu'il est. "Mr Gaga", c'est donc l'histoire d'un enfant, puis d'un jeune homme, puis d'un homme qui cherche une ligne droite et n'emprunte que des chemins de traverses pour parvenir il ne sait où. C'est un film sur une formation qui fait la part belle aux échecs, aux doutes, aux ratages. Un film sur un homme qui trouve son langage corporel (le Gaga) après une blessure qui va non seulement lui interdire de danser, mais même de marcher. Un film sur la danse qui débute et finit par une chute. Pas un élégant mouvement vers le sol, le lâcher total des muscles et du corps. Le choc de la chair, des os contre le plancher. Un film sur un chorégraphe qui demande l'impossible à ses interprètes, et l'obtient d'une certaine façon. On peut arriver devant ce film parce qu'on a vu des spectacles de la Batsheva Dance Compagny. Parce qu'on s'est demandé devant cette énergie folle, ce mélange de grâce et d'horreur, de générosité et de violence, mais qui est le type qui fait ça? Mais on peut aussi y aller juste parce qu'autour de nous les gens les plus divers répètent qu'ils y sont allés deux fois, trois fois. Qu'ils ont l'impression que quelque chose dans ces images touche à la vérité. Et qu'ils voudraient comprendre quoi. On m'a dit: "c'est le plus beau film sur la danse que je n'ai jamais vu…" Peut-être parce que justement ce n'est pas tout à fait un film sur la danse ». - CF. lire ici l'interview de Ohad Naharin par S. Basch dans ELLE du 1er Juin 2016

L'avant propos de Jean-Jacques Moscovitz : « …Vous avez dit danseur .. ? où s’envoler dans les airs nous emporte bien au delà du geste qui nous porte plus loin, plus haut ? Mais ici du sol lui-même rejaillit le hors-corps ! Où chuter, cultiver l’effondrement dans la gravitation, notre poids si aliénant, nous font trouver cette force et cet apaisement qui ouvrent à de nouvelles émotions d’ordinaire si limitées. Mr Gaga, Ohad Naharin, roi du corps, roi des corps. Mots qui s'entendent contre l'empêchement du temps, ils s'écoutent en silence.. Vie d’homme, de femme, d’amour …Les danseurs nous transmettent, identifient l’espace, ils nous en donnent la magie….Celle de l’art…. »

Juin 2016

Cinéma Etoile Saint-Germain-des Près

Vendredi 17 mai 2016 à 20H30

PROJECTION SUIVIE D'UN DÉBAT

PESHMERGA

De Bernard-Henri Lévy - France 2016

Projection suivie d'une rencontre-débat avec Bernard-Henri Lévy

en présence de François Margolin, producteur du film

Regarder la vidéo du débat

Débat animé par : Jean-Jacques Moscovitz, Fred Siksou, Anne-Marie Houdebine

Synopsis : De juillet à décembre 2015, avec une équipe de cinéma, Bernard-Henri Lévy a remonté les 1000 kilomètres de la ligne de front qui sépare le Kurdistan irakien des troupes de Daech. De ce voyage est aussi un journal de bord en images qui offre un point de vue privilégié sur une guerre inachevée mais dont les enjeux concernent le monde entier. Au plus près des Peshmergas, ces combattants kurdes qui font preuve d’une détermination sans faille dans leur combat contre l’obscurantisme et le djihadisme, le film nous mène des hauteurs de Mossoul au cœur des Monts Sinjar en passant par les derniers monastères chrétiens menacés de destruction. Des personnages émergent du récit, des visages de femmes et d’hommes, qui nous sont rarement donnés à voir.

L'avant propos de Jean-Jacques Moscovitz : « …"guerre urbicide" est le terme du narrateur, de la bouche même de Bernard-Henri Lévy, le réalisateur, pour définir le crime contre l’humanité, contre les villes, ces lieux de naissance, lieux des mères, des femmes. Les images du film, nous qui sommes à l’arrière, nous qui n'avons pas l'audace d'aller sur le sol du combat, nous font témoins de ces guerriers redoutables par leur courage et le respect de la vie allant au devant de la mort pour vaincre Daesh. Ils se dressent contre la barbarie, ce sont les Peshmergas. S’appuyant sur un passé immémorial pour leur combat, pour leurs terres, leurs familles, les populations quelles que soient leur religion, des juifs aux Yésidis, des chrétiens du temps de Jésus-Christ, des musulmans, et d’autres encore, ce sont les Kurdes… Leur pays est le Kurdistan, leurs villes ont pour nom Erbil, Kirkouk, Mossoul…. Et depuis la tyrannie génocidaire de Saddam Hussein attentant à leur peuple par des attaques au gaz exterminateur, les voilà malgré la Syrie et la Turquie, leurs opposants de toujours, à défende la liberté de notre monde en face de la barbarie surgie en juin 2014 par Daesh et ses attentats kamikazes à travers la Planète. Film produit par François Margolin (réalisateur du film Salafistes, présenté au Regard Qui Bat en janvier 2016) Peshmerga nous fait vivre six mois de la guerre encore inachevée contre l’EI sur le front des combats de 1000 km où se déroule ce mouvement d’indépendance pour les Kurdes, une guerre quasi mondiale pour nous... Il est réalisé par un philosophe, auteur de L’Esprit du Judaïsme, son dernier livre qui évoque cette nécessité du combat pour l’émancipation et la responsabilité des gens. Le voilà narrateur, désireux de l’être, malgré l’ampleur d’une telle tâche et ses risques, physiques certes, mais aussi intellectuels. Le mouvement du récit évite l’écueil essentiel, celui de garder sa place de civil… il est en habits civils, les siens, chacun le sait. Mais la rencontre qu’il crée avec les autorités kurdes mérite un tel film. Chapeau… Ce film propose le soutien des démocraties à l'armée kurde, " la seule armée sur le terrain, dit-il, à avoir infligé à Daesh des revers décisifs ". Et " dont le projet politique, le goût et la pratique du pluralisme, la conception de l’islam, de la liberté de conscience et de foi, la place qu’ils reconnaissent aux femmes dans la société et dans l’armée sont sans exemple dans le monde musulman " et qu'ils " deviendraient, s’ils l’emportaient, un modèle pour la région." Un psychanalyste ne peut que souscrire et prendre part à un tel projet devant les turbulences du monde actuel…. Où le réel de la défaite des hommes devant l’horreur risque de devenir incontournable. Réel de la vie contre celui de la mort, de la dignité contre la honte… »

Mai 2016

Cinéma Etoile Saint-Germain-des Près

Lundi 30 mai 2016 à 20H15

PROJECTION SUIVIE D'UN DÉBAT

JULIETA

De Pedro Almodóvar Espagne 2016

Débat animé par : Jean-Jacques Moscovitz, Fred Siksou, Vannina Micheli-Rechtman, Anne-Marie Houdebine

L'avant propos de Jean-Jacques Moscovitz : "...Où la vie du désir convoque le trauma sur fonds de transmission elle-même traumatique du trauma entre enfants et parents . Où les hommes meurent violemment. Des femmes les pleurent infiniment. Tragédie grecque du destin où les dieux enchanteurs de la mer/ haute mer nous aspirent . Récit linéaire de transparentalités brisées qui coulent dans des lumières très proches de nous et qui scandent le temps, celui des corps et de leurs voix, et de leurs yeux, et de leurs peaux, et de leurs immenses douleurs .Et ils chantent le désir amplifié d'une érotique souveraine. Regard de femme si belle que la musique coupée de sanglots coupe le temps. Où L'amour se donne à ceux qui savent le recevoir. . Où l'absence de l'absent le capte à tout jamais et où son dedans se moule au dehors et nous dit en images de cinéma combien la Tempête est celle de l'intime de notre temps qui s'inscrit tout en lumière, tout en extérieur . Où notre intime est acteur en hautes couleurs. Et rouge et bleue et jaune et noire et blanche... ".

Avril 2016

Cinéma Etoile Saint-Germain-des Près

Dimanche 10 avril 2016 à 10H15

PROJECTION SUIVIE D'UN DÉBAT

TAJ MAHAL

De Nicolas Saada France 2015

Projection suivie d'une rencontre-débat avec Nicolas Saada

Débat animé par : Jean-Jacques Moscovitz, Fred Siksou, Vannina Micheli-Rechtman,Anne-Marie Houdebine...

L'avant propos de Jean-Jacques Moscovitz : «…Louise l'héroïne, personnage de la réalité, est mise à l'écran par Nicolas Saada dans ce film sur la violence du monde dont le réel nous attaque de partout. Réel si puissant que la présence du metteur en scène de tels films devient souhaitable lors de nos débats au « Regard Qui Bat…».Face à cela en effet l'image visuelle est ici aussi accompagnée par l'image sonore. La voix. Le son. Les bruits. La musique. Ils participent au scénario et au témoignage que le film transmet dans les attaques de notre Planète : Bombay, Paris, Bamako, Bruxelles…. Le visage, lieu de la présence de l’humain parlant, de la parole, de la singularité de chacun, le visage ici de Louise est dans la nuit, dans les ténèbres pour se protéger contre le collectif tueur, celui des attentats. L'intime risque de se laisser engloutir par le collectif, auquel il ne peut plus faire face, il détruit tout visage à visage présent dans une rencontre. Ce film tente de montrer comment se séparer psychiquement des actes et des bruits assassins de tueurs anonymes. Ils visent de plus en plus à une destruction apocalyptique de l'humanité sous prétexte de religion islamique dévoyée à l'extrême. Le traumatisme des attentats dans le réel que vit Louise et chaque spectateur, attaque le trauma singulier à l’origine du fondement de notre subjectivité. Ce trauma subjectif est celui qui constitue la différence de la vie d’avec la non-vie, avec la mort de la vie qui peut avoir lieu lors de la naissance d'un enfant. Dans ces attaques, l’infantile toujours en nous, l’infans, celui qui ne parle pas encore, est en danger. La captation de jeunes en voie de dissolution du Moi aboutit à ce que mort et vie se mettent en équivalence, et ne valent plus rien. Le Daesh joue sur ce point de mystère de l’origine d’un vivant , ce lieu informe, substance liant vie et non vie. Ce qui est entaché de la cruauté primordiale fondatrice d’une suite de vie possible mais immédiatement soumise aussi à la possibilité de sa disparition. Seul un léger décalage voit la vie prendre le pas sur la mort. La question se pose comment le politique entend l'enfant ou ne l'entend pas. Il s’agit ainsi de l'enfant en nous et en même temps de l'enfant dans son enfance. Le psychanalyste y est impliqué par la découverte qu'il y a un insoumis qui s'appelle l'inconscient, peut-être l'inconscient propre au refoulement originaire. Il s'agit aussi de l'objet interne ciblé par le sexuel depuis le Moi, et en même temps un objet en place de cause, qui fonde le sujet. Cela se retrouve dans le fantasme. Le fantasme est un espace/temps où prend place le trauma singulier structurant, espace/temps où le réel du sexuel et le réel de la mort peuvent ou non s'articuler.Voilà ce qu’évoque ce film. Il évoque aussi avec le disparition d’Imre Kertész ce 31 mars 2016, ce que son œuvre nous donne de façon magistrale avec ce terme d’Holocauste comme culture. Les violences d’aujourd’hui avec les attentats vont-elles se faire valoir comme notre culture ? C‘est ce contre quoi luttent Louise, (Stacy Martin), la jeunesse et chacun de nous. … »

Mars 2016

Cinéma Etoile Saint-Germain-des Près

Dimanche 13 mars 2016 à 10H15

PROJECTION SUIVIE D'UN DÉBAT

La Tête Haute

D'Emmanuelle Bercot - France 2015

Projection suivie d'une rencontre-débat avec Emmanuelle Bercot

Débat animé par : Lysiane Lamantowicz, Jean-Jacques Moscovitz, Fred Siksou, Anne-Marie Houdebine, Françoise Moscovitz...

L'avant propos de Lysiane Lamantowicz : Film puissant qui nous fait suivre le périple d'un enfant devenu adolescent . Nous le rencontrons à six ans quand sa mère le laisse dans le bureau du juge pour enfants. Puis nous le retrouvons à 16 ans et nous le suivons jusqu'à ses 18 ans. De l'atmosphère confinée du bureau du juge dans lequel s'entassent les protagonistes du drame et où le film nous ramène sans cesse pour ponctuer un parcours de prise en charge éducative qui va d'échec en échec, aux différentes structures dans lesquelles est accueilli Malory, enfant violent et touchant où notre espoir pour lui nait pour retomber à chaque fois. Film politique au sens fort qui montre sans fards les conséquences psychologiques sur le devenir d'un enfant d'une relation précoce délétère avec une mère immature trop et pas assez aimante, qui de la « petite histoire »de cet enfant sans père, sans repère et sans mots pour dire ;livré à la violence de son ressenti ne pouvant l'exprimer que par la violence à la grande histoire de ces adolescents que des intervenants sociaux, éducateurs et juges, tentent d'arracher à leur inéluctable marqué du sceau des carences affectives, sociales et donc symboliques. Film à la gloire de ces intervenants dont nous mesurons l'impuissance mais aussi le courage et la liberté au sens Harendtien : être là, rester bienveillants, croire que tout n'est pas déterminé, que l'imprévu et la contingence existent . Tenir son rôle coûte que coûte quelqu'en soit l'ingratitude ,au delà du découragement ne serait ce que pour montrer à ces « enfants » perdus que quelqu'un tient quelque chose du côté du symbolique mais aussi de l'imaginaire au delà du Réel traumatique qui obère leur avenir . Enfin un film non seulement réaliste mais aux accents lyriques . Un hymne à l'amour …. Des scènes où l'on voit Malory porter un regard énigmatique sur une nature apaisée à perte de vue , une musique classique qui porte le film.. Un amour plus fort que la haine que lui porte une jeune fille et qui ferme le film sur un événement qui devrait changer le cours de ce destin funeste nous laissant à la fois septiques et croyants , croyant à la rédemption par l'amour et plus généralement à la possibilité du surgissement d'un ailleurs ...

L'avant propos de Jean-Jacques Moscovitz : « …encapuchonnée, la tête garde sa pudeur, ravale sa honte chez cet adolescent dont on suit le parcours depuis qu'il a six ans. Échec partout mais un désir d'enfant, d'enfance se fait jour et guide le spectateur, accompagné par la musique de Franz Schubert[1] . Tête mise au centre du film . Ce mot de centre, le voila éducatif ouvert, fermé, de justice. Centre signifie l'exil de soi, de son intime par rapport à l'autre chez ce jeune bientôt adulte. Son nom Malony, chacun l’entend, évoque le mal-être dans son home, son chez lui . Nom porteur de la douleur dans sa famille : père mort, mère encore trop adolescente, incapable d'incarner l'autorité. Où le geste et l'acte moteur prennent le relais de la parole beaucoup trop souvent. Comment sortir de tels excès pulsionnels. Oui, comment en renaitre La tête haute.Nos institutions scolaires, éducatives, juridiques propres à la laïcité républicaine de nos jours sont à l'œuvre autant que faire malgré tous les obstacles à quoi s’affrontent pour exister l’intime du désir de Malony. Maîtresse d'école, éducateur, juge ne baissent pas les bras et s’ouvrent , acceptent, s’identifient à la douleur psychique inhérente à l’élaboration du conflit entre l'intime et le social chez ce fils et chez sa mère pour trouver une solution vers l’apaisement et le calme. Vers la vie contre le vide qui guette. C'est là où l'accès à notre jeunesse est possible malgré tout. Ce film nous met aussi devant les risques, les pires qui peuvent arriver : se laisser fasciner par du religieux qui voisine avec la barbarie, destructrice comme on l’a vu durant l'année 2015. Mise à mal de notre façon d’affronter comme le dit Freud, ces métiers impossibles que sont « éduquer gouverner, psychanalyser », pour citer Freud un instant… » [1] Franz Schubert : Danse n°1 en mi bémol majeur ; Trio pour piano et cordes no 2, op. 100 - 2e mouvement, insérée par Stanley Kubirck dans Barry Lyndon (1975) .

Février 2016

Cinéma Etoile Saint-Germain-des Près

Mardi 16 février 2016 à 20H

PROJECTION SUIVIE D'UN DÉBAT

CAROL

De Todd Haynes - UK & USA 2016

Projection suivie d'une débat animé par : Vannina Micheli-Rechtman, Jean-Jacques Moscovitz, Fred Siksou, Anne-Marie Houdebine...

Avec notre invitée Isabelle Regnier, critique de cinéma

L'avant propos de Vannina Micheli-Rechtman : Le film « Carol » de Todd Haynes, son 6ème long métrage, adapté du roman de Patricia Highsmith, a été un événement au dernier festival de Cannes. Todd Haynes est un cinéaste qui aime plonger dans l’Histoire, dans les coutumes, les musiques et les pratiques d’une époque. Considéré comme un cinéaste conceptuel, il produit des mises en scène qui expérimentent le langage cinématographique. Ainsi par exemple son film I’m Not There, est une tentative de représenter la personnalité de Bob Dylan avec à une pluralité de styles et d’acteurs comme déjà Cate Blanchett.Ce film met en scène, dans l’univers étriqué des Etats unis des années 1950, le désir, l’amour, le coup de foudre qui surgit comme « une déflagration silencieuse qui électrise la circulation des regards entre les actrices ». Il rencontre donc évidemment nos questionnements comme psychanalystes : Qu’est-ce que l’amour ? Qu’est-ce que le désir ? Qu’est-ce que le féminin ? En 1952, l’Association des psychiatres américains a ajouté l’homosexualité à la liste des maladies mentales. La même année, une jeune romancière, qui venait de connaître le succès grâce à l’adaptation, par Alfred Hitchcock, de son premier livre, L’Inconnu du Nord-Express, était contrainte de publier sous pseudonyme son deuxième livre, The Price of Salt, dans une collection quasi pornographique. Celui-ci racontait une histoire d’amour entre deux femmes et Carol est l’adaptation de ce livre de Patricia Highsmith qui porte le même titre que sa traduction française. L’histoire de Carol , racontée sous la forme d’un flash-back, est celle d’une remémoration déclenchée par la vision de chevelures blondes anonymes un soir de pluie, dans les rues sombres de Manhattan. Deux personnages se rencontrent et sont magnétiquement attirées l’une vers l’autre. Ces deux femmes sont néanmoins assez différentes. Thérèse (Rooney Mara), est une jeune fille brune à la peau diaphane, incarnant la modernité donnant le signal de l’émancipation à venir, qui tient un stand de jouets dans un magasin de luxe qui propose une promotion sur les chambres à coucher Ike and Mamie Eisenhower. Le vainqueur de 1945 vient d’être élu président des Etats-Unis et s’apprête à s’installer à la Maison Blanche. La nation tout entière est invitée à se conformer à ce modèle conjugal. C’est là qu’elle rencontre Carol (Cate Blanchett), une beauté blonde typiquement glamour et sophistiquée à la recherche d’un cadeau pour sa fille, et Thérèse, affublée d’un bonnet de Père Noël, lui conseille un train électrique. Comme le souligne si bien la critique de cinéma Isabelle Régnier, ce film se déroule « comme un flux de conscience qui s’exprime par la lumière, les couleurs, les matières, la splendide partition musicale de Carter Burwell – boucles de hautbois, de guitare, de piano, de violons qui gonflent et refluent comme des vagues successives, épousant les élans amoureux des personnages –, les apparitions de visages qui glissent depuis l’arrière de vitres embuées, striées par le ruissellement de la pluie, jusqu’à la lumière qui révèle l’émotion nue à la surface des peaux… » V M-R

L'avant propos de Jean-Jacques Moscovitz : Deux femmes s'éclairent l'une l'autre, l'amour les montre de plus en plus belles quoiqu'il en soit du drame qui les écarte et les rapproche jusqu'à l'apaisement . L'une et l'autre s'éprouvent aimer, désirer, et jouir de leurs corps habités par l'immense souhait qu'une fois ( de plus...) séparées, le bonheur les tienne chacune dans leur ailleurs ... Le maternel et la présence de l'enfance les rend enfin singulières aussi, bien qu'un temps "de la Mère" réduise le féminin à se plier à la loi du silence .. Et du masculin qui dans le conjugo. ne se prive pas d'en user mais qui malgré tout se découvre quelque peu divisé dans sa parole de pere aimant ..." JJM

Janvier 2016

Cinéma Etoile Saint-Germain-des Près

Dimanche 24 janvier 2016 à 11H

PROJECTION EN

AVANT-PREMIÈRE SUIVIE D'UN DÉBAT

SALAFISTES

De François Margolin et Lemine Ould Salem - France 2016

Projection suivie d'une rencontre-débat avec François Margolin

Débat animé par : Jean-Jacques Moscovitz, Fred Siksou ...

Synopsis : pour la première fois à l’écran, des responsables et des théoriciens salafistes expriment leur point-de-vue et leur vision du monde.

Avant propos : …le quotidien se déroule, un «magazine du salafiste moderne» détaille les 18 objets indispensables pour partir en Syrie, comment ne pas regarder les filles dans la rue, comment acquérir le tout dernier Smartphone. Des visages d’hommes jeunes. Leurs propos décrivent, parfois de façon savante, une foi infinie en leur religion, une religion de l’extrême dont la mort donnée/reçue , est l’arme, le « sabre » qui évoque le non encore humain , l’avant de l’homme, le retour à l’avant vie où Dieu reprendrait méthodiquement tout ce qu’il aurait donné. Un débat est-il possible dés lors que le spectateur est plaqué devant de telles images de jeunes hommes dont les mots s'érigent en certitude si intense que l'on ne perçoit aucun recul, aucune faille.

S’agira-t-il d’un...non débat...! Quelles images questionner ? Pour aborder cette matière filmique, sa mise en scène, qui, apparemment se veulent si neutres, si dé-saisies de tout doute, que la présence des réalisateurs est essentielle pour que de la parole, un écart, un …débat advienne. Nous avons à découvrir avec François Margolin l'enchaînement des plans, qui l’un après l’autre, montrent de la parole, certes des mots entendus, mais qui seraient lestés par l’imminence de l’acte moteur, qui collent leur corps à leur armes… Où détruire s’équivaut à punir… Cela s’entend au grand jour en affirmant, sans rien cacher, une violence où le dedans de leur psychisme se confond avec la « motricité » de leurs proférations. La violence qui serait originaire au-dedans du psychique, la voilà également au dehors non en pensée mais tout en acte moteur. «Affirmationnisme » dirons-nous, d’une parole motricisée, ordonnatrice du social... Avons nous à nous porter témoins du vacarme et des turbulences du monde ? Qu'est-ce qui nous y engage… J-J. M. lire le texte de JJ Moscovitz ici