ARCHIVES DES SEMINAIRES DE PSYCHANALYSE ACTUELLE

PRESENTATIONS DES TRAVAUX DE L’ANNEE 2023/2024


Séance d'ouverture, le mercredi 18 octobre 2023

Elsa Godart 

TITRE :

Métamorphose du sujet à l’ère du virtuel

 

ARGUMENT :

Ses recherches portent sur « Les métamorphoses du sujet à l’ère du virtuel », du sujet de la conscience au sujet de l’inconscient confrontés aux nouveaux comportements induits par la virtualité. Sous ce terme générique, elle publie en 2020 aux éditions Hermann une trilogie qui rassemblent ses deux thèses et son habilitation universitaire soit plus dix-huit ans de recherche (https://www.lemonde.fr/livres/article/2020/12/04/metamorphose-du-sujet-d-elsa-godart-la-chronique-philosophie-de-roger-pol-droit_6062139_3260.html) et qui représente les trois moments de la métamorphose des subjectivités (la Formation, la Déformation et la Transformation). Attentive à l’émergence de nouveaux éthoï produits par le contemporain, elle met en place une « psychopathologie de la vie hyper et  cybermoderne » (Lire ici) proposant une nosographie originale des malaises contemporains impactant les enjeux de la subjectivité.

 

Enfin, son engagement pour préserver un libre arbitre contre des logiques de domination la conduit à explorer les enjeux éthiques liés à une « décision libre ». Ainsi, elle développe une « éthique de la sincérité » (Armand Colin, 2020) qu’elle poursuit jusque dans la question de ce qu’elle appelle les « choix contraints » (En finir avec la culpabilisation sociale, Albin Michel, 2021) retranchés aux confins de l’amoralité. Elle est l’auteur de plus d’une vingtaine de livres dont Je selfie donc je suis, les métamorphoses du moi à l’ère du virtuel (Albin Michel 2016) ou encore Les vies vides, notre besoin de reconnaissance est impossible à rassasier (Armand Colin, 2023). Elle est récipiendaire du Prix des Savoirs 2020 et a reçu le Trophée de la recherche 2022 pour l’Éthique de la sincérité. 

 

En novembre 2023, elle fait paraitre un ouvrage grand public sur la psychanalyse : 3 minutes pour comprendre les 50 plus grandes théories de la psychanalyses (Le Courrier du Livre) dont l’enjeu, au-delà de la transmission, est de défendre la position du sujet dans un contre-discours à large audience.

 

PRÉSENTATION D’ELSA GODART: 

Elsa Godart dirige des recherches à l’université Gustave Eiffel, elle est chercheuse permanente au Laboratoire Interdisciplinaire d’Études du Politique Hannah Arendt (LIPHA-EA 7373 https://lipha.u-pec.fr/membres/membres-permanents/godart-elsa) et chercheuse associée au LAP (HESS-CNRS) ; elle est également chercheuse associée à l’Observatoire du Sida et des Sexualités (https://www.observatoire-sidasexualites.be/?s=elsa+godart) de la Faculté des Sciences psychologiques et de l’Éducation de l’Université Libre de Bruxelles (ULB) et membre de l’1nstitut du Virtuel Seine Ouest  http://1vs0.org/?page_id=461).

Depuis 2021, elle a créé et dirige le D.U. « Éthique et Numérique » à la faculté de Santé de l’UPEC (https://www.u-pec.fr/fr/formation/du-ethique-et-numerique), Elsa Godart est docteure en philosophie, docteure en psychologie, habilitée à diriger des recherches en philosophie et en psychologie. Elle enseigne l’éthique médicale et hospitalière au sein de l’École d’Éthique de la Salpêtrière depuis 2003 (https://www.ecoleethiquedelasalpetriere.fr/les-enseignants/) pour les masters et les doctorants. Elle exerce la psychanalyse en cabinet depuis une vingtaine d’années, membre de la Fédération Européenne de Psychanalyse (FEP). Très engagée dans une réflexion qui vise à saisir ce qui se joue dans les transformations contemporaines et dans la diffusion des idées au plus grand nombre, elle est l’auteure de plus d’une vingtaine de livres. 


MERCREDI 22 NOVEMBRE 2023  

Simone WIENER

TITRE :

Une psychanalyste en quête d’auteurs1

 

ARGUMENT :

Sigmund Freud écrivait en 1907 dans son essai « le délire et les rêves dans la « Gradiva » de W. Jensen »:   les poètes et les romanciers sont de précieux alliés , et leurs témoignages, doit être estimé très haut , car ils connaissent entre ciel et terre, bien des choses que notre sagesse scolaire ne saurait encore rêver. Ils sont, dans la connaissance de l’âme, nos maîtres à nous, hommes vulgaires, car ils s’abreuvent à des sources que nous n’avons pas encore rendues accessibles la science ». Simone Wiener reprend cette geste freudienne pour mieux nous accompagner vers Lacan dans la spécificité du travail sur le désir. Il s’agit pour elle, grâce à des auteurs, mis en place de témoins, de passeurs choisis minutieusement non pas seulement, comme le faisait Freud, de débusquer derrière le discours conscient les désirs refoulés et d’utiliser les personnages de fiction comme des cas cliniques, mais par analogie de travailler les textes comme on travaille dans une cure à travers le rythme de la voix, les scansions, l’utilisation du langage à la recherche d’un passé traumatique personnel et historique. Elle effectue ce cheminement, cet acte jusqu’au retournement vers des femmes analystes contemporaines de Freud mais méconnues, disparues pendant la Shoah et montre la spécificité de leur apport grâce à la position « pas-toute » qui ménage la place d’un manque et d’un désir différent, femmes remarquables du fait de leur étonnement inventif intensément vécu. Etonnement inventif qu’elle reprend à son compte pour explorer dans la troisième partie des voies autres de guérison par l’art, l’humour et la création. Ce livre est dominé par la recherche de s’approprier ses propres outils grâce à l’exploration d’un matériel culturel et créatif toujours renouvelé. Freud explorait avant tout les voies de la sublimation face aux problématiques œdipiennes, Simone Wiener nous montre de façon saisissante que le sujet actuel (après l’événement Shoah) se situe du côté de l’objet perdu, de la place vide, du langage qui tente de cerner l’absence pour la rendre supportable.

 

PRÉSENTATION DE SIMONE WIENER :

Simone Wiener exerce la psychanalyse à Paris. Elle est membre de l’association « Encore » et du « Regard qui Bat. » Elle anime un séminaire “Ouclipo” portant sur les liens entre psychanalyse et œuvre d’art, écriture, cinéma. De nombreux articles parus dans Essaim, La Clinique lacanienne et Champ psychosomatique et un livre.

 

1 Simone Wiener. Une psychanalyste en quête d’auteurs. ISBN : 978-2-37206-073-8 © Éditions Campagne Première, 2023. Direction éditoriale : Patrick Guyomard Responsable éditoriale : Stéphanie Lemerer. 23, rue Campagne-Première – 75014 Paris

MERCREDI 20 Décembre 2023  

Lysiane LAMANTOWICZ

TITRE :

Mélancolie, de la littérature à la psychanalyse

 

ARGUMENT :

Poursuivant modestement le chemin ouvert par Simone Wiener dans son ouvrage « Une psychanalyste en quête d’auteurs » qu’elle nous a présenté le mois dernier et qui est le fil conducteur du séminaire de cette année portant sur les rapports entre psychanalyse, littérature et politique, je me propose de parler de quelques ouvrages littéraires qui selon moi précèdent et éclairent la psychanalyse sur le thème de la mélancolie.


Définir la mélancolie demanderait de longs prolongements d’autant que l’utilisation du terme par les écrivains, les médecins ou les psychanalystes recouvre une polysémie de sens. Pourtant, il me semble possible de faire dialoguer ces différents champs pour faire émerger des narrations qui éclairent le psychanalyste sur une clinique sur le fil, à la charnière entre les différentes structures habituellement identifiées. De « Belle de jour » à « Anna Karenine » je propose quelques lectures éclairantes selon moi mais qui n’épuisent pas ce sujet très vaste.

 

PRÉSENTATION DE LYSIANE LAMANTOWICZ :

Psychiatre, psychanalyste, thérapeute familiale, membre de psychanalyse actuelle. Intérêt constant et ancien pour le lien entre individuel et collectif, faits psychiques singuliers et faits culturels. Interventions à Shibboleth, au CRiVA et récemment dans un colloque au collège de France.


MERCREDI 24 JANVIER 2024  

Bertrand LECLAIR 

TITRE :

La connaissance est au principe de l’art - et s’invite ici toute la problématique ancrée dans l’existence matérielle de « la vraie vie » qu’est la littérature, selon Marcel Proust.

 

ARGUMENT :

Dans un univers contemporain livré à l’anxiété davantage qu’à l’angoisse, le geste artistique (écrire, lire aussi bien) se confronte à une léthargie collective envahissante dont l’un des marqueurs les plus insistants, aujourd’hui, est l’absence cruelle de réaction face à la tragédie des migrants mourant par milliers en Méditerranée, tragédie dont on sait bien, pourtant, qu’elle nourrira les divertissements tire-larmes de demain.


Ecrire est tenter de sortir de la léthargie individuelle et collective, léthargie qui trouve sa source étymologique dans le mot grec « léthé » désignant l’oubli, d’où le fleuve des Enfers. Précédé du « a- » privatif, le même signifiant grec sert à nommer la vérité, « a-lètheia », faisant de la vérité une forme de dés-oubli.


L’art est le lieu de ce dés-oubli. C’est pourquoi l’ignorance collective (celle qui touche à l’origine comme à la fin, nimbant tous les savoirs constitués) est le terrain de jeu de l’artiste, quand bien même la mécanique sociale aurait pour mot d’ordre d’ignorer l’ignorance, dans les ruines des religions occidentales qui lui donnèrent longtemps « l’asile » (Spinoza) : antonyme exact de l’ignorance, la connaissanceest au principe de l’art - et s’invite ici toute la problématique ancrée dans l’existence matérielle de « la vraie vie » qu’est la littérature, selon Marcel Proust.

 

PRÉSENTATION DE BERTRAND LECLAIR :

Romancier, essayiste et dramaturge, Bertrand Leclair est né à Lille en décembre 1961.


Il a publié une vingtaine de livres depuis L’industrie de la consolation, paru chez Verticales en 1998, parmi lesquels L’invraisemblable histoire de Georges Pessant (Flammarion, 2010), Malentendus (Actes Sud, 2013) ou Perdre la tête (Mercure de France, 2017). Il a reçu la Bourse Cioran du CNL en 2009 pour l’essai Dans les rouleaux du temps (Flammarion). Également l’auteur d’une trentaine de fictions radiophoniques (France Culture et France Inter), il a exercé la critique littéraire dans de nombreux périodiques (La Quinzaine littéraire, Les Inrockuptibles, Le Monde des livres…), et contribue régulièrement au quotidien numérique AOC.

Dernier titre paru : Le Train de Proust, Fayard, 2022.

À paraître en mars 2024 : Puissances de l’art ou la Lance de Télèphe (Éditions MF).

MERCREDI 27 MARS 2024  

Laurie LAUFER

TITRE :

MURMURES de l’ART A LA PSYCHANALYSE. Impressions analytiques.

‘Traversée du réel’ par Laurie Laufer. Ed Herman Paris juin 2021

 

ARGUMENT :

Les impressions analytiques que propose ici Laurie Laufer, à partir de différentes œuvres, parlent des épreuves de la vie : le deuil, la mélancolie, la mort. Ces œuvres ouvrent des traversées dans notre rapport à l’image et au corps. Elles peuvent nous soulever, nous offrir des formes d’émancipation. Si la cure analytique déplace le sujet, défait les certitudes, déconstruit les identités et les identifications, lire Mallarmé, Gary, Perec, Van Gogh, Chloé Delaume et Simone de Beauvoir permet aussi d’emprunter des chemins de traverse. Les œuvres d’art et les livres sont ici des amis qui murmurent à l’oreille de la psychanalyse. Jean Genet avait bien compris que ´ Les impressions analytiques que propose ici Laurie Laufer, à partir de différentes œuvres, parlent des épreuves de la vie : le deuil, la mélancolie, la mort. Ces œuvres ouvrent des traversées dans notre rapport à l’image et au corps. Elles peuvent nous soulever, nous offrir des formes d’émancipation. Si la cure analytique déplace le sujet, défait les certitudes, déconstruit les identités et les identifications, lire Mallarmé, Gary, Perec, Van Gogh, Chloé Delaume et Simone de Beauvoir permet aussi d’emprunter des chemins de traverse. Les œuvres d’art et les livres sont ici des amis qui murmurent à l’oreille de la psychanalyse. Jean Genet avait bien compris que « l’avenir est à Freud.

 

PRÉSENTATION DE LAURIE LAUFER :

Laurie Laufer est psychanalyste et professeure au département d’Études psychanalytiques de l’UFR Institut des Humanités Sciences et Sociétés (IHSS) à l’Université Paris Cité. Elle est directrice de l’UFR Institut des Humanités Sciences et Sociétés. Elle a codirigé avec Amos Squverer l’ouvrage Foucault et la psychanalyse (Hermann, 2015) et avec Florence Rochefort Qu’est-ce que le genre ? chez Payot en 2014, (traduit en espagnol, italien), et avec Sandra Boehringer Après les aveux de la chair. Généalogie du sujet chez Michel Foucault, EPEL 2020. Elle est l’auteur de Murmures de l’art à la psychanalyse, Hermann 2021 Vers une psychanalyse émancipée. Renouer avec la subversion est paru aux Editions la Découverte en 2022 et son dernier ouvrage avec Serge Hefez, Questions de genre est paru chez Ithaque en 2022.

PRESENTATIONS DES TRAVAUX DE L’ANNEE

 DE NOVEMBRE 2022 à AVRIL 2023


AVEC :

Muriel APTEKIER  -  Hervé BENTATA  -  Ahmed BOUHLAL - Patrick CHEMLA - Guy DANA - Nicolas DISSEZ - Michel DUREL - Nizar HATEM - Lysiane LAMANTOWICZ - Maria LANDAU - Patrick LANDMAN - Daniel LEMLER - Albert MAITRE - Françoise MOSCOVITZ - Eugene PERLA - David POIROT GOZLAN - Martin ROTH - Louis SCIARA - Marie SELIN - Annie STARICKY - Sarah STERN - Dominique TOURRES LANDMAN - Jean-Jacques TYSZLER - Marc Weitzmann

SÉMINAIRE DE PSYCHANALYSE ACTUELLE 

PSYCHIATRIE, PSYCHANALYSE, QUELS ACTUELS ?


Psychanalyse actuelle, association fondée 1987, propose de faire cette année les mercredis troisièmes du mois à L’ENS, 45 rue d’ULM des soirées sur les thèmes actuels entre psychiatrie et psychanalyse -dans les deux sens-. Que deviennent les liens entre psychiatrie et psychanalyse, comment forme-t-on les praticiens, comment soigne-t-on les malades « mentaux » adultes et enfants, quel est l’usage désormais du spectre autistique. Quelles places des soins dans le public et/ou dans le privé ? Que deviennent les hôpitaux psychiatriques ? Quelles proximités entre médecins et équipes du cadre et ceux des CHU ?


Guy Dana, Patrick Chemla, Hervé Bentata, Patrick Landman, Sarah Stern ont accepté pour les mercredis de novembre à mars… En Mai s’en suivra, inspiré par les débats des mercredis, un week-end pour apprécier nos pluralités, nos rapprochements, nos orientations face à une « modernité » politique qui passe de plus en plus comme prenant en mains l’Autorité Médicale au nom de la Santé mentale où la psychanalyse est « engagée » bon gré mal gré. Psychiatrie/neuropsychiatrie et psychanalyse sont-elles encore articulées historiquement du fait de la folie ? Les Institutions tiennent -elles suffisamment sur le plan éthique ? Quelles novations, quels deuils, quelles vocations sont-ils en cours, sont-ils à l’œuvre, en échecs ?



Séance d'ouverture, le mercredi 19 octobre 2022

Marc Weitzmann,

Écrivain, essayiste et journaliste

La crise du cosmopolitisme et de l'universalisme, notamment à travers le récit de son amitié avec Philip Roth et d’autres écrivains comme Aharon Appelfeld


En 2016, si vous cherchiez quelqu'un pour prononcer la notice nécrologique du libéralisme, Aharon Appelfeld était certainement dans le rôle. Né à Bucovine en 1932, parlant huit langues, ayant écrit 40 livres, il était l'un des derniers rejetons de ces familles juives européennes petites-bourgeoises urbaines et suréduquées que les Juifs appellent "assimilées" mais qui, en fait, étaient surtout cosmopolites. Ces juifs s'identifiaient aux aspects les plus idéalistes du monde occidental, jouaient un rôle central dans sa définition et ont été trahis par lui - tout en continuant à jouer un rôle crucial dans sa redéfinition, même après la Seconde Guerre mondiale, tant en France qu'en Amérique. « Les Juifs assimilés ont construit une structure de valeurs humanistes et ont regardé le monde à partir de celle-ci », a déclaré Appelfeld dans une interview avec Philip Roth en 1985. « Je les ai toujours aimés, car c'est là que le caractère juif, et aussi peut-être le destin juif, se concentrait avec le plus de force. »

 

Intitulé The Vanishing (La disparition), le texte de Marc Weitzmann dont est issu cet extrait a été publié dans la revue Tablet en 2021. Traduction française sur demande : benjamin.levy@outlook.fr


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Le mercredi 16 novembre 2022

Guy Dana

DISCUTANTS NICOLAS DISSEZ, DANIEL LEMLER

A LA RECHERCHE DE CONCEPTS. INNOVANTS POUR LA PSYCHIATRIE

Traduction, perspective, langage des lieux.

Peut-on s’inspirer du dispositif analytique pour l’adapter à l’exercice de la psychiatrie publique ?

 

Dans cette intention, retenons en le résumant à l’extrême, que ce dispositif associe l’accueil, un accueil inconditionnel au questionnement, ce qui dans le domaine des psychoses n’est pas réalisable immédiatement ; il faut donc essayer d’inventer des modalités de travail innovantes pour une sémantique elle-même renouvelée.


Aujourd’hui, la prescription est la règle et force est de constater que lorsqu’une personne va mal, le réflexe immédiat est de changer le traitement ; bref, les patients sont très peu entendus ; surtout, rien n’est engagé pour les aider à penser autrement, ce qui finalement conforte les interdits de penser.

 

Or à la condition première d’une pluralité de lieux (à l’intérieur d’un même espace comme le secteur), il est possible de mettre en acte de nouvelles avancées en particulier pour les psychoses : la traduction, la perspective et l’organisation langagière de l’ensemble traversé sont à retenir.

 

Pour la traduction, l’expérience que je relaterai prend appui sur la conception du philosophe allemand Schleiermacher pour qui traduire se situe en premier lieu dans la même langue ; voilà qui se rapproche de Freud qui lui-même utilise la notion, en particulier dans une de ses lettres à Fliess (lettre 112) pour préciser comment progresse l’acquisition du langage chez l’infans. Or la réflexion de Freud qui considère le refoulement comme un défaut de traduction peut à certaines conditions s’étendre aux psychoses.

 

La perspective, notre seconde proposition a donné lieu à des textes souvent décisifs, toujours chez Freud en particulier lorsqu’il évoque dans les Trois essais, la construction de l’objet.


Enfin l’organisation d’un ensemble de lieux sur le calque du langage tel que Lacan l’a théorisé pour le sujet apporte infiniment de possibilités pour penser un ensemble opérant avec les psychoses.


Ref : Guy Dana : La fortune des deux hasards, essai sur la méthode en psychanalyse (Ed. STILUS 2022)


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Le mercredi 14 décembre 2022

Hervé BENTATA

Psychiatre, Psychanalyste

GRANDEUR ET DÉCADENCE DE LA PÉDOPSYCHIATRIE FRANÇAISE

POUR UN RENOUVEAU DU SECTEUR DE PÉDOPSYCHIATRIE


Comment une telle sape de l’hôpital et de la psychiatrie hospitalière a-t-elle pu se poursuivre sur plus de 30 ans pour aboutir à l’état de marasme actuel ?

Avec la création du secteur de pédopsychiatrie en 1972 par une circulaire, la pédopsychiatrie française a bénéficié d’un développement important avec un décentrement de l’hospitalier vers l’ambulatoire et avec la constitution des CMP comme point central d’organisation des soins assurant leur continuité.

S’est ainsi développée une psychiatrie de l’enfant inspirée par la psychanalyse et dans la cité. Mais décade après décade les différentes réformes de l’hôpital suivants les modes idéologiques du moment, ont fini par mettre par terre le secteur comme l’hôpital en général.

 

Quelles hypothèses un psychanalyste peut-il faire sur la raison de cette déchéance ? Est-ce pure bêtise idéologique néolibérale et recherche aveugle de profit ? Cette ruine est-elle le résultat d’un vœu d’ouvrir un marché du soin au privé ? Mais n’y a-t-il pas d’autres motifs plus profonds, plus ou moins inconscients comme La haine des médecins ou la peur du malade psychiatrique, du fou qui pousse à en prendre « de loin », comme la médecine biologique et d’examens complémentaires le permet.

 

Cependant cette poussée destructive est si constante et dans une telle jouissance qu’on peut se demander si elle ne se trouve pas du côté de Thanatos. Il nous faut prendre en effet aussi en compte la mutation de l’homme post-moderne ; c’est là que pourrait se vérifier ce qu’en disait Charles Melman, récemment décédé : à savoir, un homme sans gravité, décidé à jouir sans entrave, à mort.

 

Je propose de reprendre et développer les causes ci-dessus, à charge pour nous collectivement d’ouvrir des voies pour y remédier. Ce sont des voies qui me paraissent passer, comme pour toute la médecine, par un retour à la clinique et la relation-malade, et cela, en deçà de toute relance de l’approche psychanalytique et d’une promotion de sa transmission pour que les « jeunes » collègues s’en saisissent.

 

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Le 18 janvier 2023

PATRICK LANDMAN

PSYCHIATRIE PSYCHANALYSE : DEUX DISPARITIONS ESSENTIELLES

Les entités nosographiques sont à la fois des productions scientifiques et des objets pouvant être appréhendés historiquement et culturellement. La construction de ces entités reflète des enjeux qui vont bien au-delà d’un progrès linéaire des connaissances.

Deux disparitions dans les classifications nosographiques internationales (DSM et CIM) ont marqué le relâchement du lien entre Psychiatrie et Psychanalyse

Il y a quatre décennies, nous assistions à la disparition de l’hystérie, puis, une décennie en arrière, à celle de la paranoïa.

Nous tenterons d’en expliquer les raisons et les conséquences. 


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Le 15 février 2023

PATRICK CHEMLA

DISCUTANTS : LYSIANE LAMENTOWICZ, EUGÈNE PERLA

PSYCHIATRIE : LA PSYCHANALYSE EN CONTREBANDE ?

Il fut une époque où la psychanalyse était mise en signifiant maître dans de nombreux services de psychiatrie. C’était aussi le cas dans l’enseignement de la psychologie clinique.

Nous éprouvons actuellement un véritable effondrement et un retournement de situation. L’abord psychanalytique se trouve discrédité quand il n’est pas carrément banni des formations et des pratiques. La psychothérapie institutionnelle connaît le même sort, même si elle avait théorisé dès sa fondation la double aliénation psychique et politique. Jean Oury évoquait la nécessité d’une analyse de l’analyse. Autrement dit de ses conditions de possibilité. Nous ne partons pas de rien pour affronter les résistances actuelles à la psychanalyse. Ce qui a profondément changé c’est l’époque, avec l’absence d’un horizon d’attente qui avait soutenu nos prédécesseurs.

Dès lors il s’agit dans la plupart des situations de soutenir la dimension analytique, celle de l’inconscient freudien et du transfert, dans une certaine discrétion. Faire passer l’analyse en contrebande peut s’avérer une politique nécessaire pour traverser la période de glaciation qui s’annonce.

J’évoquerai ces enjeux au travers de mon expérience au long cours depuis les années 1980. La construction d’un Collectif : le centre Antonin Artaud nous permet encore une praxis de thérapie des psychoses se réclamant de la psychanalyse. Mais il est bien possible que les années qui viennent nous obligent à plus de discrétion, voire de clandestinité.


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Le 15 mars 2023

SARAH STERN

DISCUTANTS : MURIELLE APTEKIER, FRANÇOISE MOSCOVITZ

L’ENFANT, SON DÉ VELOPPEMENT, LA NORME ET LE HANDICAP

DE L’INCIDENCE DE LA NOSOGRAPHIE EN PEDOPSYCHIATRIE

Avec l’arrivée du DSM 5 s’est opéré un changement profond de la nosographie en pédopsychiatrie, les anciennes catégories de TED dans lesquelles se rangeaient les psychoses infantiles et apparentés ont été dissoutes. Sont apparues d’autres entités, telles les troubles du spectre autistiques, le TDA H, les troubles oppositionnels avec provocation TOP. Les troubles des apprentissages, eux, ont donné lieu à divers « dys ».


Ces changements de représentation des troubles ne sont pas sans incidences sur la conception des soins. Quelle place peut dès lors prendre la psychanalyse, et même quelle place au soin psychique ?


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Le 29 mars 2023

AHMED BOUHLAL

DISCUTANTS : MICHEL DUREL, ALBERT MAITRE

UN DIVAN AUX URGENCES

Depuis deux ans les crises s’enchaînent, et font basculer dans une grande précarité les établissements psychiatriques, et par conséquent les patients vulnérables au premier rang desquels les psychotiques. Les pouvoirs publics ne semblent pas en capacité d’y répondre, n’ayant sans doute pas pris la mesure de cette réalité, s’accrochant irrésistiblement à leurs statistiques, qualifiées de « mensonge » par Marc Twain.

 

Posons-nous la question : qu’est-ce qui nous arrive ? Qu’est-ce qu’on n’a pas vu ? À quel récit l’homme doit s’accrocher, pour ne pas sombrer dans la perplexité ? Le récit libéral, qui a triomphé de tant d’autres, semble en fin de parcours, étouffé comme il est par l’intelligence artificielle, l’infotec et la biotech, ce qui augure, si on ne fait rien, une dictature algorithmique. Un algorithme qui fait la promotion de la tyrannie du présent.

 

Au plus près de nous, la pandémie de la COVID est venue sonner le glas, en figeant la temporalité et en en anonymisant plus d’un, notamment les adolescents, subitement devenus porteurs sains du virus, et les personnes vulnérables, dont les psychotiques, devenus presque infréquentables, car partageant subitement le même risque que nous autres… Ces derniers sont pour la plupart des « victimes » invisibles subissant une pandémie parallèle.

 

Que faire devant la comptabilité, la transparence, les statistiques, l’anonymisation, un monde augmenté où l’absence n’est plus le garant de la présence, où la fin est au bout du récit, mais peine à le traverser ? On nous a suggéré vivement d’aller consulter Mabrouk. Qui est-il ? non seulement on ne sait rien de lui, mais sa voix s’élève haut et fort d’un corps constitué de planches et de clous. Et oui ! Mabrouk est un divan : un divan qui parle ! Allons-y !

(« Le suicide ou le divan intrigué », Editions L'Harmattan, 8 mars 2022) 


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Le 19 avril 2023

TABLE RONDE

PRÉSIDÉE PAR BENJAMIN LEVY

AVEC MARIE-NOELLE GODET, ALI MAGOUDI

Ouvertures pour le colloque des 13 et 14 mai 2023.

Comment sont élaborés durant l’ensemble du séminaire désir de psychiatre, désir de psychanalyste, désir de psychothérapeute, désir d’institution face à l’autorité publique de Santé. Le thème se précisera au cours des réunions des mercredis.


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Les samedi 13 et dimanche 14 mai 2022

Colloque 

Samedi 13 et dimanche 14 mai 2023

Colloque 

Quelles suites aux réunions de l'année sur les Actuels entre psychanalyse et psychiatrie ?

 

Argument : L’OBJET PSYCHIQUE EXISTE-T-IL ?

Produit d'une réification, d'une marchandisation qui toutes deux riment avec fétichisation, l'objet psychique apparaît comme le corrélat de la santé mentale en psychiatrie, en addictologie, en criminologie…. Si la santé mentale consiste à prendre soin d’un tel objet psychique, en psychiatrie contemporaine, en pédopsychiatrie, prendre ce soin implique la consommation de psychotropes et l'ingestion de protocoles. Tandis que le psychisme de la psychanalyse est insaisissable, disparu aussitôt que manifesté, pris dans un mouvement d'après-coups, de retours et refoulements, en éclipse, la psychiatrie de nos jours paraît inciter à l'identité fixe, sinon même à l'identitarisme du malade. Il s'agit de se reconnaître dans un cerveau, un diagnostic, un trouble, une addiction, un passage à l’acte. Ainsi l'usager, puisqu'on ne dit plus le patient, pourra-t-il rentrer chez lui avec son objet psychique en poche : les vendeurs de santé se chargent de lui dire comment le maintenir à bonne température. Ils s'empressent également d'indiquer aux médecins quels formulaires il leur faudra remplir pour quémander le droit d'exercer.

Nous souhaitons poser à la psychiatrie, à la pédopsychiatrie, à l’addictologie, à la psychanalyse le temps de quatre tables rondes, des questions articulées aux quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, à commencer par le transfert.

En parle-t-on dans les institutions, et est-ce pour en tenir compte dans le dialogue singulier soignant-soigné ? Ses manifestations sont parfois repérées mais l’on peut s’interroger sur ce qui en est fait. Côté patient et côté clinicien, il n’est pas certain que le transfert joue un vrai rôle dès lors que le concept de « cure » est mis hors-jeu par des approches protocolaires.

L’inconscient apparaît quant à lui comme un gros mot devenu peut-être imprononçable, voire qualifiant ses praticiens d’inconscientologues. Ses manifestations en sont-elles pour autant devenues invisibles, inécoutables ? Le rêve, le lapsus, l'acte manqué surviennent, encore faut-il qu’un autre sujet soit là pour les entendre, et pour observer comment ils circulent à l'intérieur des collectifs et de l’entretien individuel.

En troisième lieu, la répétition agit discrètement, se répercutant dans l'institution comme dans l’échange avec le patient, le risque étant que cette dernière ne soit plus rythmée que par elle. À l'heure de la protocolisation impliquant une mise à l’écart du verbe, qu'y a-t-il pour faire coupure et permettre autre chose que la réitération de l'identique ?

Enfin la pulsion est aujourd’hui considérée comme synonyme de dangerosité, l'expression de passage à l'acte ayant réussi son entrée dans la vulgate criminologique. Pourtant la pulsion n'est pas que cela. Peut-elle dans la psychiatrie contemporaine rester l'objet d'une attention qui ne relève pas uniquement de l'addictologie ou de la science du crime, et déjà dans la prescription sans parole ?

L’objet psychique : stigmatisé dans l’histoire de la psychiatrie du 20e siècle, des « fous », des malades mentaux, des « vies sans valeurs de vie » exterminés par le nazisme dans l’Aktion T4, dans des crimes médicaux par injection de phénol et de morphine intracardiaque, leurs cendres dispersées. L’impact de ces crimes est refoulé, forclos, et pourtant, non sans effet sur les enjeux de nos journées. 

Quatre tables rondes où ces concepts seront abordés à partir de l’actualité des réseaux, des structures de soins, des institutions et des rencontres entre praticiens et patients, leur famille, leurs proches.

 

Programme :

 

Samedi 13 mai, de 15 à 19h

15h-17h : SANTE MENTALE ET CLINIQUE ? QUELS LIAISONS-DELIAISONS AUJOURD’HUI POUR LES ENFANTS, LES ADOLESCENTS, LES ADULTES ?

Participants : Patrick Landman, Albert Maitre, Dominique Tourres-Landman, Annie Staricky, Jean-Jacques Tyszler, Présidente de séance : Sarah Stern

 

17h-19h : LE SECTEUR : QUELLE RELATION ENTRE LE SOIGNANT-UTILE ET LE MALADE-USAGER ? QUELS RÖLES ET QUELLES PRESCRIPTIONS ?

Participants : Guy Dana, Martin Roth, Ahmed Boulhal

Présidente de séance : Muriel Aptekier


 

Dimanche 14 mai, de 15 à 19h

15h-17h : MISE EN RÉSEAUX PRIVÉS ENTRE PRATICIENS EN LIEU ET PLACE DE L’HOPITAL ? QUELLE INSTITUTION « PSY » NON QUELCONQUE EST-ELLE A ENVISAGER ? EN ACCORD AVEC LES FONDEMENTS DE NOS PRATIQUES ?

Participants : Hervé Bentata, Nicolas Dissez, David Poirot-Gozelan.

Président de séance : Michel Durel

 

17h-19h : QUELLE TRANSMISSION ENTRE PSYCHIATRIE, PEDOPSYCHAITRIE, ADDICTOLOGIE, PSYCHANALYSE : entre désir psychiatrique, désir d’institution, désir psychanalytique en dehors, et /ou en dedans des lieux d’accueil, de crise, de soins, de prescriptions.

Participants : Eugène Perla, Nazim Hatem, Daniel Lemler, Marie Selin

Présidentes de séance : Françoise Moscovitz 



Mercredi 19 avril 2023

Dominique TOURRÉS LANDMAN

DISCUTANTS, Annie STARICKY, Louis SCIARA

 

PRÉSENTATION D. TOURRÉS-LANDMAN :

Psychiatre, pédopsychiatre psychanalyste. Médecin directeur d'un hôpital de jour pour adolescents et du CMPP de Ville d'Avray, du CSAPA Chimène-Baudelaire à Issy les Moulineaux et Clamart

TITRE :

Désinstitutionalisation, inclusion en pédopsychiatrie 

ARGUMENT :

A travers les différentes politiques concernant la pédopsychiatrie, nous voulons interroger les raisons qui ont transformé la pédopsychiatrie. Au départ, les praticiens, inspirés par la psychanalyse, montraient une passion certaine pour leur travail. Actuellement la passion n’est plus au rendez- vous. Les praticiens sont de moins en moins nombreux. Quelles sont les raisons de cette métamorphose ? 

 

DISCUTANTS :

 

ANNIE STARICKY

PRESENTATION :

Psychanalyste, Paris.

Auteure d’articles dans Cahiers du Collège clinique de Paris, Carnets de l’Ecole de psychanalyse Sigmund Freud ….

Le Coq Héron, 1997, « A quelles conditions un collectif peut-il être soignant ? », qui transmet mon expérience dans la psychothérapie institutionnelle.

Les démentis du réel, Lysimaque, 1991, « L’expérience de la passe à L’école de la cause freudienne ».

Livre : La pratique de Lacan, Stilus, 2022 : « Retour sur la pratique de Lacan ».

Manuscrit inédit :  Annie Staricky et quelques autres…La lettre du désir, essai sur la transmission, 2020-2021.

Après avoir été enseignée par plusieurs expériences d’écoles, où j’ai aussi rencontré les limites institutionnelles (ECF, EPSF, Encore, IL), je tiens depuis janvier 2020 un séminaire extime aux institutions pour tenter de réfléchir à la transmission de la psychanalyse et à ses ratés : « Du désir de l’analyste au discours de l’analyste ». Ce séminaire est inscrit comme invité à Psychanalyse actuelle.

ARGUMENT :

L’argument de Dominique Tourrès Landman me donne à penser qu’il serait bien d’aborder aussi la « désinstitutionalisation en pédopsychiatrie, par l’angle du désir de l’analyste : l’absence, aujourd’hui, de « passion » chez les praticiens, serait-elle la figure d’une panne du désir de l’analyste ?

Bien sûr il y a des contraintes extérieures (politiques, idéologiques, sociales) qui surdéterminent la situation, mais, comme le dit Lacan, l’analyste ne peut que contrer le réel qui vient du malaise dans la civilisation …. (La troisième, 1er novembre 1974).

Quant à la singularité de la cure d’enfant, je proposerai à la discussion ce repère, énoncé aussi par Lacan (La logique du fantasme 1967), à savoir que l’enfant est d’abord l’objet petit a de la mère et du couple parental, avant que d’être le sujet divisé par son désir. 

Quelles conséquences, ce repère, a-t-il pour la pratique de la cure d’un enfant, encore en construction de sa position subjective : il est encore « pris" dans le fantasme et la jouissance de l’Autre (la parenté) et n’a pas encore rencontré le réel du partenaire sexuel.

 

LOUIS SCIARA

PRESENTATION :

Psychiatre, psychanalyste, membre de l'ALi, de Stop Dsm et de la FDCMPP, ancien responsable de CMP adulte puis de CMPP. Auteur d'articles, de deux ouvrages "Banlieues, pointe avancée de la clinique contemporaine" (2011), "Retour sur la fonction paternelle" (2016). 

Livre à paraître le 24/08/23, toujours chez érès : " Entendre la parole des enfants et des adolescents - Une pratique clinique en Centre Médico-Psycho-Pédagogique".

ARGUMENT :

Un trépied dogmatique oriente actuellement les politiques de soins psychiques en pédopsychiatrie : 

-"Troubles du neurodéveloppement" catégorie diagnostique entérinée par le DSM 5 et la CIM 11, de plus en plus tentaculaire, accréditée comme scientifiquement prouvée et entérinée par la HAS, dont les fondements idéologiques reposent sur la seule causalité biologique. La psychopathologie, si complexe, est devenue une compilation de "troubles" et nous en sommes au sujet humain réduit à son cerveau, à la communication qui "pervertit" les lois de la parole et du langage" etc.

- Inclusion scolaire : le tout inclusif d'apparence généreuse masque les carences et les incohérences qui concernent les missions de l'Education Nationale et du soin.

- Le Handicap a pris le pas sur la maladie.

 

Quelles idéologies sous-jacentes ? Pourquoi en sommes-nous arrivés à un démantèlement progressif de la pédopsychiatrie, à un discrédit de la clinique du transfert, à une politique de désinstitutionalisation ? Quelle responsabilité incombe aux cliniciens, aux psychanalystes et comment tenter de modifier la donne ? Comment transmettre la clinique en redorant les blasons de la psychanalyse, de la psychiatrie, de la psychothérapie institutionnelle ? 

Pourquoi les psychanalystes doivent résister et ne pas déserter les institutions? 





Mercredi 29 MARS 2023

AHMED BOUHLAL

DISCUTANTS : ALBERT MAITRE, MICHEL DUREL

 

PRESENTATION :

Psychiatre, Psychanalyste, chef de service de psychiatrie (91606), directeur d’un psychodrame psychanalytique individuel et responsable de VigilanS (dispositif de prévention du suicide) pour l’Essonne et la Seine-et-Marne.

TITRE :

UN DIVAN AUX URGENCES ! (« Le suicide ou le divan intrigué », Editions L'Harmattan, 8 mars 2022) 

ARGUMENT : 

Depuis deux ans les crises s’enchaînent, et font basculer dans une grande précarité les établissements psychiatriques, et par conséquent les patients vulnérables au premier rang desquels les psychotiques. Les pouvoirs publics ne semblent pas en capacité d’y répondre, n’ayant sans doute pas pris la mesure de cette réalité, s’accrochant irrésistiblement à leurs statistiques, qualifiées de « mensonge » par Marc Twain.

 

Posons-nous la question : qu’est-ce qui nous arrive ? Qu’est-ce qu’on n’a pas vu ? À quel récit l’homme doit s’accrocher, pour ne pas sombrer dans la perplexité ? Le récit libéral, qui a triomphé de tant d’autres, semble en fin de parcours, étouffé comme il est par l’intelligence artificielle, l’infotec et la biotech, ce qui augure, si on ne fait rien, une dictature algorithmique. Un algorithme qui fait la promotion de la tyrannie du présent.

 

Au plus près de nous, la pandémie de la COVID est venue sonner le glas, en figeant la temporalité et en en anonymisant plus d’un, notamment les adolescents, subitement devenus porteurs sains du virus, et les personnes vulnérables, dont les psychotiques, devenus presque infréquentables, car partageant subitement le même risque que nous autres… Ces derniers sont pour la plupart des « victimes » invisibles subissant une pandémie parallèle.

 

Que faire devant la comptabilité, la transparence, les statistiques, l’anonymisation, un monde augmenté où l’absence n’est plus le garant de la présence, où la fin est au bout du récit, mais peine à le traverser ? On nous a suggéré vivement d’aller consulter Mabrouk. Qui est-il ?, non seulement on ne sait rien de lui, mais sa voix s’élève haut et fort d’un corps constitué de planches et de clous. Et oui ! Mabrouk est un divan : un divan qui parle ! Allons-y !

 

DISCUTANTS :

 

ALBERT MAITRE

PRESENTATION :

Ancien Chef de clinique, ex-Psychiatre des Hôpitaux et de secteur, ex-Chargé de cours à l’Université Joseph Fourier de Grenoble

Psychanalyste, Membre fondateur du Groupe psychanalytique de Grenoble, le GEPG, association membre de L’inter-associatif européen de psychanalyse.

TITRE :

L’URGENCE D’ENTENDRE

ARGUMENT : 

Les situations d’urgence en psychiatrie se caractérisent, le plus souvent, par une clinique du passage à l’acte qui requiert de la part des soignants une aptitude à l’écoute et le temps qui doit lui être consacré. Faute de quoi, se produit une exacerbation de la violence dans les lieux de soins comme en témoigne le quotidien des pratiques psychiatriques.

Ainsi, l’urgence est d’abord celle d’un primat accordé à l’écoute de la parole des sujets en souffrance, ce qui a été oublié ces dernières décennies par une conception pseudo-scientifique et managériale de la psychiatrie.

 

MICHEL DUREL

Psychanalyste à Paris,

Membre de Psychanalyse Actuelle





Mercredi 15 MARS 2023

SARAH STERN

DISCUTANTS : MURIEL APTEKIER, FRANÇOISE MOSCOVITZ 

 

PRESENTATION : Psychiatre Psychanalyste, travaille au CMPP Etienne-Marcel à Paris 


TITRE : L’enfant, son développement, la norme et le handicap. De l’incidence de la nosographie en pédopsychiatrie


ARGUMENT : Avec l’arrivée du DSM 5 s’est opéré un changement profond de la nosographie en pédopsychiatrie, les anciennes catégories de TED dans lesquelles se rangeaient les psychoses infantiles et apparentés ont été dissoutes. Sont apparues d’autres entités, telles les troubles du spectre autistiques, le TDA H, les troubles oppositionnels avec provocation TOP. Les troubles des apprentissages, eux, ont donné lieu à divers « dys ».

Ces changements de représentation des troubles ne sont pas sans incidences sur la conception des soins. Quelle place peut dès lors prendre la psychanalyse, et même quelle place au soin psychique ?


DISCUTANTS :

MURIEL APTEKIER 

PRESENTATION :

Psychanalyste, psychothérapeute.

ARGUMENT :

Mon propos est d’interroger a place de la psychanalyse au sens de l’accueil de la parole, du silence, et cela depuis la question du transfert. Qu’en est-il lorsque les demandes arrivent sur le versant « dys » ou « spectre autistique ».

Quelle place le thérapeute peut-il tenir face à ces demandes. Place différente du pédopsychiatre ou du psychologue ?

Les orientations de travail ont beaucoup changé, il est demandé de « trier » les demandes, les vraies des « pas vraies » … La notion même de demande est dévoyée…

 

FRANCOISE MOSCOVITZ 

PRESENTATION :

Psychanalyste, psychothérapeute

ARGUMENT :

Comment la psychanalyse avec les enfants éclaire-t-elle celle de l’adulte et aussi éclaire-t-elle l’acte psychiatrique ou non? 






Mercredi 15 février 2023, à 21h

PATRICK CHEMLA

DISCUTANTS : LYSIANE LAMENTOWICZ, EUGÈNE PERLA


PRESENTATION

Psychiatre et psychanalyste, auteur de plusieurs ouvrages collectifs de la Criée publiés aux éditions Eres, portant sur ces enjeux cliniques et politiques. Dernier ouvrage paru: « L’imaginaire dans la clinique ».

 

TITRE : Psychiatrie : la psychanalyse en contrebande ?


ARGUMENT : Il fut une époque où la psychanalyse était mise en signifiant maître dans de nombreux services de psychiatrie. C’était aussi le cas dans l’enseignement de la psychologie clinique.

Nous éprouvons actuellement un véritable effondrement et un retournement de situation. L’abord psychanalytique se trouve discrédité quand il n’est pas carrément banni des formations et des pratiques. La psychothérapie institutionnelle connaît le même sort, même si elle avait théorisé dès sa fondation la double aliénation psychique et politique. Jean Oury évoquait la nécessité d’une analyse de l’analyse. Autrement dit de ses conditions de possibilité. Nous ne partons pas de rien pour affronter les résistances actuelles à la psychanalyse. Ce qui a profondément changé c’est l’époque, avec l’absence d’un horizon d’attente qui avait soutenu nos prédécesseurs.

Dès lors il s’agit dans la plupart des situations de soutenir la dimension analytique, celle de l’inconscient freudien et du transfert, dans une certaine discrétion. Faire passer l’analyse en contrebande peut s’avérer une politique nécessaire pour traverser la période de glaciation qui s’annonce.

J’évoquerai ces enjeux au travers de mon expérience au long cours depuis les années 1980. La construction d’un Collectif : le centre Antonin Artaud nous permet encore une praxis de thérapie des psychoses se réclamant de la psychanalyse. Mais il est bien possible que les années qui viennent nous obligent à plus de discrétion, voire de clandestinité.


LYSIANE LAMANTOWICZ

Psychiatrie psychanalyste thérapeute familial formée à l’hôpital Paul Guiraud (Villejuif). J’ai travaillé 25 ans en secteur psychiatrique adulte, jusqu’en 2000. J’ai participé à la grande aventure de la mutation de la psychiatrie de cette époque pour le meilleur et pour le pire puis, j’ai quitté le navire.

 

QUESTIONS

1 A QUOI sert la psychanalyse en psychiatrie ?

2 N'y a-t-il- pas antinomie entre le pouvoir du psychiatre qu'il se doit d 'exercer et l'interdit d'agir du psychanalyste ?

3 Pourquoi oppose-t-on biologie, neurosciences d'un côté et psychanalyse de l’autre ? Ce que se gardait de faire Freud qui croyait au progrès de la connaissance. Cette opposition idéologique n'est- elle pas un frein à une meilleure prise en charge ?

4 Comment luttez-vous contre la force destructrice de la psychose et de l'institution conjuguées ? La psychanalyse vous est-elle utile ? Et comment ?

5 La psychanalyse semble avoir été reléguée au second plan au fil du temps, en ce qui concerne la pratique psychiatrique, et pas seulement pour des raisons de rationalité budgétaire ou d'imposture scientiste du neurocognitivisme ? Qu'en pensez-vous, quelles en sont les causes selon vous ?

6 Patrick Landman nous parlait ici il y a un mois du remaniement de la nosographie via le DSM qui a démantelé les classifications classiques notamment psychanalytiques. Qu'en pensez-vous ? Quelle est l'effet sur votre pratique ?

7 Il évoquait aussi le fait que les patients et leurs familles s'organisent en groupes d'usagers et se veulent des interlocuteurs à part entière des psychiatres dans les processus de décision concernant leurs protocoles de soins. N'est-ce pas une façon de devenir des sujets désirants ?

 

EUGENE PERLA

PRÉSENTATION

Psychanalyste, Psychothérapeute, Médecin Psychiatre. Ancien praticien hospitalier des hôpitaux d’Ile-de-France, Installé en cabinet libéral à Paris depuis 1998. Membre de Psychanalyse Actuelle. Délégué de Psychanalyse Actuelle à l’Inter-Associatif Européen de Psychanalyse

 

ARGUMENT

Freud découvre l’inconscient avec l’hystérie. Cette rencontre est clinique. Il est de formation neurologique et non psychiatrique. Ce sont les histoires de malades dont il nous fait part dans les

« Etudes sur l’hystérie ». « L’attente croyante » des patients, le transfert et le « Ne dites rien..laissez- moi raconter » d’Emmy von N... (Voir article de Jacques Sédat de 2014, « L’hystérique invente la psychanalyse »). Freud a rendez-vous avec le sujet et ses histoires. Ce sont les névroses de transfert. Il nomme psychonévrose narcissique les psychoses où il y a une perte de la relation d’objet avec retrait de la libido sur le moi. Là, le transfert ne va pas de soi. En 1911, Freud reprend les Mémoires de D.P. Schrébert et écrit « Le Président Schrébert. Un cas de paranoia ». Il avance ses réflexions sur la Paranoia. Cela marque son entrée dans le champ de la psychiatrie.1915, dans « Métapsychologie », a la fin de son article sur « L’inconscient », il écrit attendre quelque lumière sur l’Ics énigmatique de l’analyse des névroses narcissiques à partir des travaux de ses compagnons et élèves (Abraham) et des observations cliniques psychiatriques de Tausk sur la démence précoce (Schizophrénie). Il en reprend quelques-uns, les soumettant à l'analyse.

Lacan, psychiatre, quelque temps après l’écriture de sa thèse « De la psychose paranoïaque dans ces rapports avec la personnalité "(le cas Aimée) commence sa psychanalyse (Frantz Kaltenbeck, « Sur quelques écrits d'un jeune psychiatre », Jacques Lacan. 2011). Cela fera de lui un psychanalyste et fera entrer selon moi la psychanalyse dans la psychiatrie.

La psychanalyse apporte à la psychiatrie ce qui apparaît comme découverte que les patients sont sujet de leur parole fut-elle délirante, que les symptômes dont ils souffrent témoignent de l’inconscient et n’est pas insensé.

La psychanalyse apporte aussi au Collectif, c’est la psychothérapie institutionnelle. Ces apports sont l’objet de ce que nous amène Patrick Chemla dans son argument.

On aurait pu penser comme le dit Denys Ribas (« L'apport de la psychanalyse à la psychiatrie », 2019)que celui-ci est irréversible. IL n’en est rien. Pourtant la psychanalyse a provoqué une révolution épistémologique par sa découverte de l’inconscient, par la place qu’il occupe chez le « parlêtre » (Lacan). Lacan, reprenant Freud, a amené la centralité du signifiant comme effecteur d'un possible dans le travail thérapeutique avec les patients. Son adresse radicale au sujet a permis à la psychiatrie de sortir de l'encadrement des lois liberticide régissant l'internement en promouvant la demande du patient. De même, elle a eu probablement comme effet d'élargir le champ d'action de la psychiatrie aux névroses.

Une résistance incroyable est à l’œuvre. Elle vise à la disparition de cette discipline quand cela n’est pas celle des psychanalystes en tant que praticien de l’inconscient. C’est ce retournement en toile de fond qui est évoqué par P. Chemla. Il nous faut analyser les ressorts de l’Actuel de cette résistance. Nous y repérons le politique (avec une politique du moi-sujet), l’économique (avec une politique de l’objet palliant au manque dans les registres de l’avoir et de l’être, l’homme augmenté), la promotion sociale des jouissances et l'horreur de l'inconscient devant la déliaison pulsion/signifiant. Notre interrogation porte sur la soumission apparente de nos contemporains à la contrainte et à la désubjectivation. Nous repérons également à partir ce que Freud a pu écrire dans Totem et Tabou et dans L'homme Moise et la religion monothéiste le « ils préférèrent répéter que se remémorer », (L’homme Moise..).

P. Chemla répond d’une part en reprenant avec Jean Oury la nécessité d’une politique institutionnelle, celle de la psychothérapie institutionnelle, c’est à dire l’analyse de l’institution en tant que déterminant de l’aliénation du sujet l’empêchant d’advenir. Mais il est évoqué aussi ici « une analyse de l’analyse. Autrement dit de ses conditions de possibilité ». Nous le questionnerons sur ces conditions. Plus largement, il faut restaurer la dimension politique à la psychiatrie. D’autre part, Chemla prône une politique de la discrétion permettant de faire passer la psychanalyse en contrebande. Le risque dit-il, en fonction de la situation, est qu’elle devienne clandestine. Pas sûr que cela soit possible. L’Ics actuel est

clandestin mais le psychanalyste ne peut l’être sauf à s’identifier à son objet, ce qui entraine la disparition de sa praxis. Psychanalyser a une dimension politique.

Compte tenu de la demande des médecins et des patients pour qu'il y ait de la parole, il est possible que le retour de la psychanalyse se fasse du côté du corps qui ne peut plus n'être que médical. Retour en quelque sorte de l'hystérie.


Mercredi 18 janvier 2023 

PATRICK LANDMAN

DISCUTANTS : JEAN-JACQUES TYSZLER, DAVID POIROT-GOZLAN


PRÉSENTATION :

Psychanalyste Psychiatre Pédopsychiatre Juriste Président de Stop Dsm.

Auteur de « Tous Hyperactifs » Albin Michel2015 , « Ce que les psychanalystes apportent à la société »Érès 2018, « Ce que les psychanalystes apportent aux personnes autistes » Érès 2020

TITRE :

Psychiatrie – Psychanalyse, deux disparitions essentielles.

ARGUMENT :

Les entités nosographiques sont à la fois des productions scientifiques et des objets pouvant être appréhendés historiquement et culturellement. La construction de ces entités reflète des enjeux qui vont bien au-delà d’un progrès linéaire des connaissances.

Deux disparitions dans les classifications nosographiques internationales (DSM et CIM) ont marqué le relâchement du lien entre Psychiatrie et Psychanalyse

Il y a quatre décennies, nous assistions à la disparition de l’hystérie, puis, une décennie en arrière, à celle de la paranoïa.

Nous tenterons d’en expliquer les raisons et les conséquences.

 

DISCUTANTS : JEAN-JACQUES TYSZLER, DAVID POIROT-GOZLAN

Tyszler Jean-Jacques :

Psychiatre et psychanalyste, médecin directeur du CMPP de la MGEN à Paris, membre de la SPF, société de psychanalyse freudienne et de l'école psychanalytique de St Anne.

Fidèle à l'enseignement de Marcel Czermak, je continue à transmettre les fils noués du trésor de la clinique psychiatrique classique et de la découverte freudienne.

Face au scientisme ambiant, il nous faut mieux illustrer notre pratique, mais aussi interroger sans cesse les axiomes de la psychopathologie générale.

Il y a encore et toujours des " trous noirs " dans la casuistique et la nosographie. C’est très net quand on passe de la psychiatrie adulte à la pédopsychiatrie.

Des dogmes sont désormais à interroger : la psychose maniacodépressive, aujourd'hui bipolarité, est-elle réductible à la forclusion du Nom du père ? Ce n'est qu'un exemple ...

Et puis l'époque n'est plus celle de la Vienne de Freud, ni même celle de Lacan, et cela nous oblige à " transformer " notre discipline selon une terminologie plus " anglaise ".

Nommer les changements en cours est crucial pour ne pas disparaître dans le sac du neurodéveloppement.  


David Poirot Gozlan :

Après une carrière dans la production cinématographique, j’ai repris mes études, il y a quelques années, au sein de l’EPHEP dont M. Patrick Landman est actuellement l’un des incontournables intervenants. Aujourd’hui titulaire d’un Master 2 de Psychanalyse, j’ai la chance de travailler au sein du secteur G06 de l’Essonne, secteur fondé par Guy Dana et dirigé actuellement par Ahmed Bouhlal qui interviendra lors de ce séminaire. J’y reçois des patients au CMP et au CIAC (Centre de crise) après des expériences enrichissantes en Intra, au CATTP et aux urgences psychiatriques du secteur. Je participe également en tant que co-thérapeute au psychodrame mené par le Docteur Bouhlal. Je reçois par ailleurs des patients dans mon cabinet sis à Paris dans le 8e arrondissement.

 

Je m’intéresse particulièrement à la pratique de l'analyste en institution et aux tensions qui s’y exercent aujourd'hui. Ces enjeux ont motivé mon mémoire de M2 intitulé « L’Institution psychiatrique aujourd’hui : l’analyste en résistance ». J’ai souhaité y questionner notamment l’avenir des thérapies institutionnelles prises dans un mouvement de fonds qui bouleverse la psychiatrie, ainsi que le rapport à l’espace, au temps, la prise en charge collective de la psychose, la perception de ce qu’est la folie aujourd’hui et l’institution psychiatrique dans son ensemble, les conséquences du DSM et de l’avènement des neurosciences. Et par voie de conséquence la place et l’éthique de l’analyste dans ce contexte.

2022 - 2023

SÉMINAIRE DE PSYCHANALYSE ACTUELLE 


LES INCIDENCES DU CONTEMPORAIN DANS LES PROCESSUS DE SUBJECTIVATION

 

OUVERT À TOUS

 

Le mercredi 14 décembre 2022 de 21h à 23h

En salle Beckett, à l’École Normale Supérieure, 45 rue d’Ulm 75005 Paris

Le lien Zoom peut être obtenu en écrivant à mrhizlaine@gmail.com

 

Hervé BENTATA

Psychiatre, Psychanalyste

GRANDEUR ET DÉCADENCE DE LA PÉDOPSYCHIATRIE FRANÇAISE

PRÉSENTATION

Membre de l’Ali, ancien chef du service de pédopsychiatrie de Saint Denis. Co-auteur de livres sur le traumatisme psychique, le bébé, la pulsion et l'autisme."

 

TITRE

Pure bêtise idéologique néolibérale et / ou effet de Thanatos ?

 

ARGUMENT

Avec la création du secteur de pédopsychiatrie, en 1972 par une circulaire, la pédopsychiatrie française a bénéficié d’un développement important avec un décentrement de l’hospitalier vers l’ambulatoire et avec la constitution des CMP comme point central d’organisation des soins assurant leur continuité.

S’est ainsi développée une psychiatrie de l’enfant inspirée par la psychanalyse et dans la cité. Lui a succédé, dès la fin des années 80, une politique de santé restrictive dans ses moyens, dite comptable, où le chiffre a pris le pas sur la lettre et l’esprit. Puis la vague néolibérale a amené une marchandisation du soin où il s’agissait de gagner des parts de marché, en multipliant les actes tout en diminuant les dépenses… Alors que parallèlement se développait une bureaucratie normative et de contrôle asservissant des soignants progressivement de plus en plus plongés dans l'administratif.

Comment une telle sape a-t-elle pu se poursuivre sur plus de 20 ans pour aboutir à l’état de marasme actuel ? Idéologie néolibérale, haine des médecins, jouissance de destruction ?

Psychanalyste engagé dans cette aventure pour le meilleur et puis dans le pire, je me propose d’essayer d’analyser les causes de ce démantèlement et d’explorer les moyens d’y remédier.

 

DISCUTANTS :

-MARIA LANDAU

« Enfant cachée », je découvre l’existence de l’extermination dans les camps nazis et je décide de faire médecine pour sauver les enfants. Après les 11.000 enfants juifs déportés de France dans les camps je veux les empêcher de mourir et les soigner, donc la

pédiatrie.                     

Dans un des services de l’Hôpital des Enfants Malades où je suis Interne, la Patronne est le Dr Jenny Aubry.  Elle est psychiatre et décide, comme son rang le lui permet, de devenir chef du service de Pédiatrie au grand scandale de tout l’hôpital (qui pense que les enfants vont y mourir), car ce qui l’intéresse c’est une nouvelle pratique qui vient De Vienne et d'Angleterre, la Psychanalyse des enfants. Elle a auprès d’elle des psychanalystes dont l’une est Anne Lyse Stern rescapée des camps. Jenny Aubry est une amie de Jacques Lacan qui vient faire des présentations dans le service. Voilà comment, suivant un chemin qui fut celui de Françoise Dolto et de quelques autres, je devins médecin, pédiatre psychiatre et Psychanalyste des Enfants. II s’agit, dans les années 80, des premières expériences enthousiasmantes du rôle de la parole et de l’inconscient dans les maladies et les symptômes des enfants et dans l'Histoire des parents. Comment la Psychanalyse est entrée dans les Hôpitaux parisiens.

Dr Maria Landau (15 rue des Ursulines Paris 5ème)


-FRANÇOISE MOSCOVITZ

PSYCHANALYSTE 

Assistante sociale dans plusieurs lieux successivement et majoritairement en pédopsychiatrie. Externat médico-psychologique et inter secteur de pédopsychiatrie à St- Denis. Fonction d’interface entre l’intérieur et l’extérieur : entre les écoles, les lieux d’hospitalisations, les lieux de vacances spécialisés. Propositions d’aides aux familles.

 

- NIZAR HATEM

PRÉSENTATION

Psychanalyste installé à Grenoble depuis 2005, je suis psychiatre de formation, et j'ai exercé dans plusieurs contextes institutionnels, notamment en hôpital psychiatrique, CMP, CMPP, et service d'hospitalisation de crise pour adolescents et jeunes adultes ou j'ai occupé la fonction de chef de service.


ARGUMENT :

A la dégradation de l'institution psychiatrique répond une altération rapide de la demande et de sa traduction clinique- résonance, version singulière du  phénomène collectif. Apparaît d'emblée une qualification diagnostique du type TSA, TDAH, HPI, ou autre acronyme médical dérivé du DSM et répandu de façon virale dans l’univers virtuel et les médias, l’école et jusqu’à la sphère familiale. Ces qualifications médico-comportementales d'un dysfonctionnement ne permettent pas encore de nommer une souffrance et parfois font obstacle à une  telle nomination. Elles renvoient systématiquement aux algorithmes évaluatifs et thérapeutiques proposés par les centres experts ou les laboratoires pharmaceutiques. Dès lors, recevoir aujourd'hui un sujet mineur et ses parents confronte brutalement à une urgente et nécessaire révision du lieu du savoir, révision indispensable pour ouvrir un espace de parole. Présentation : Psychanalyste installé à Grenoble depuis 2005, je suis psychiatre de formation, et j'ai exercé dans plusieurs contextes institutionnels, notamment en hôpital psychiatrique, CMP, CMPP, et service d'hospitalisation de crise pour adolescents et jeunes adultes ou j'ai occupé la fonction de chef de service.


2022 - 2023

SÉMINAIRE DE PSYCHANALYSE ACTUELLE 

LES INCIDENCES DU CONTEMPORAIN DANS LES PROCESSUS DE SUBJECTIVATION


OUVERT À TOUS


16 NOVEMBRE 21/23h

GUY DANA

DISCUTANTS NICOLAS DISSEZ, DANIEL LEMLER

 

TITRE : A LA RECHERCHE DE CONCEPTS. INNOVANTS POUR LA PSYCHIATRIE

 

ARGUMENT : Traduction, perspective, langage des lieux.

Peut-on s’inspirer du dispositif analytique pour l’adapter à l’exercice de la psychiatrie publique ?

 

Dans cette intention, retenons en le résumant à l’extrême, que ce dispositif associe l’accueil, un accueil inconditionnel au questionnement, ce qui dans le domaine des psychoses n’est pas réalisable immédiatement ; il faut donc essayer d’inventer des modalités de travail innovantes pour une sémantique elle-même renouvelée.

Aujourd’hui, la prescription est la règle et force est de constater que lorsqu’une personne va mal, le réflexe immédiat est de changer le traitement ; bref, les patients sont très peu entendus ; surtout, rien n’est engagé pour les aider à penser autrement, ce qui finalement conforte les interdits de penser.

 

Or à la condition première d’une pluralité de lieux (à l’intérieur d’un même espace comme le secteur), il est possible de mettre en acte de nouvelles avancées en particulier pour les psychoses : la traduction, la perspective et l’organisation langagière de l’ensemble traversé sont à retenir.

 

Pour la traduction, l’expérience que je relaterai prend appui sur la conception du philosophe allemand Schleiermacher pour qui traduire se situe en premier lieu dans la même langue ; voilà qui se rapproche de Freud qui lui-même utilise la notion, en particulier dans une de ses lettres à Fliess (lettre 112) pour préciser comment progresse l’acquisition du langage chez l’infans. Or la réflexion de Freud qui considère le refoulement comme un défaut de traduction peut à certaines conditions s’étendre aux psychoses.

 

La perspective, notre seconde proposition a donné lieu à des textes souvent décisifs, toujours chez Freud en particulier lorsqu’il évoque dans les Trois essais, la construction de l’objet.

 

Enfin l’organisation d’un ensemble de lieux sur le calque du langage tel que Lacan l’a théorisé pour le sujet apporte infiniment de possibilités pour penser un ensemble opérant avec les psychoses.

 

Ref : Guy Dana : La fortune des deux hasards, essai sur la méthode en psychanalyse (Ed.STILUS 2022)


Discutants : Nicolas Dissez et Daniel Lemler

Daniel Lemler : Psychanalyste, psychiatre, ancien chargé de cours à l'UDS, ancien praticien attaché aux HUS, anime depuis 40 ans un séminaire de psychanalyse à la Clinique Psychiatrique de Strasbourg, a assuré durant une quinzaine d'années une présentation de malade à la policlinique psychiatrique, et continue à rencontrer régulièrement, dans ce cadre, les psychiatres en formation, pour discuter de questions cliniques.

Nicolas Dissez : Psychiatre, psychanalyste. Travaille à la Maison de santé d'Épinay et à Paris

Membre de l'école psychanalytique de Sainte-Anne et de l'ALI. Membre du comité de rédaction et du bureau de L'Évolution Psychiatrique

Parution recente : Les apologues de Jacques Lacan au PUF. 



2022 - 2023

SÉMINAIRE DE PSYCHANALYSE ACTUELLE 

LES INCIDENCES DU CONTEMPORAIN DANS LES PROCESSUS DE SUBJECTIVATION


OUVERT À TOUS


Séance d'ouverture le mercredi 19 octobre 2022 de 21h à 23h

En salle Cavaillès, à l’École Normale Supérieure, 45 rue d’Ulm 75005 Paris


Marc Weitzmann,

Écrivain, essayiste et journaliste 

Marc Weitzmann nous parlera ce 19 octobre de la crise du cosmopolitisme et de l'universalisme, notamment à travers le récit de son amitié avec Philip Roth et d’autres écrivains comme Aharon Appelfeld :


En 2016, si vous cherchiez quelqu'un pour prononcer la notice nécrologique du libéralisme, Aharon Appelfeld était certainement dans le rôle. Né à Bucovine en 1932, parlant huit langues, ayant écrit 40 livres, il était l'un des derniers rejetons de ces familles juives européennes petites-bourgeoises urbaines et suréduquées que les Juifs appellent "assimilées" mais qui, en fait, étaient surtout cosmopolites. Ces juifs s'identifiaient aux aspects les plus idéalistes du monde occidental, jouaient un rôle central dans sa définition et ont été trahis par lui - tout en continuant à jouer un rôle crucial dans sa redéfinition, même après la Seconde Guerre mondiale, tant en France qu'en Amérique. « Les Juifs assimilés ont construit une structure de valeurs humanistes et ont regardé le monde à partir de celle-ci », a déclaré Appelfeld dans une interview avec Philip Roth en 1985. « Je les ai toujours aimés, car c'est là que le caractère juif, et aussi peut-être le destin juif, se concentrait avec le plus de force. »


Intitulé The Vanishing (La disparition), le texte de Marc Weitzmann dont est issu cet extrait a été publié dans la revue Tablet en 2021. Traduction française sur demande : benjamin.levy@outlook.fr


DISCUTANTS :

Jean-Jacques Moscovitz, psychanalyste (psychiatre),

Benjamin Lévy, enseignant, psychanalyste (psychologue)

Margaux Merand, enseignante, docteure en psychopathologie et psychanalyse, ancienne élève de l’ENS 


2021 - 2022

SÉMINAIRE DE PSYCHANALYSE ACTUELLE 

LES INCIDENCES DU CONTEMPORAIN DANS LES PROCESSUS DE SUBJECTIVATION


EN VISIOCONFÉRENCE PAR ZOOM

Suivre ce lien - ID de réunion : 867 0752 9631 - Code : 619221


OUVERT A TOUS

*contribution libre* : détails à lire ci-dessous


mercredi 15 JUIN 2022 de 21h à 23h


Benjamin Lévy 

Enseignant à l’École des Psychologues praticiens de Paris, psychologue et psychanalyste


autour de son livre 

L’Ère de la revendication 

Manifester et débattre en démocratie

(paru en  2022 aux éditions Flammarion)


Le ressentiment, l’indignation, la colère, la défiance et l’anxiété semblent omniprésents dans l’espace public, mais certaines voix s’élèvent pour réclamer le droit à un avenir meilleur. Se mettre à l’écoute des revendications collectives, aussi hétérogènes qu’elles puissent sembler (féministes, antiracistes, écologistes, etc.), c’est devenir sensible à des trajectoires de vie, à des désirs singuliers qui incitent des femmes et des hommes à se montrer inventifs pour transformer la société. D’un autre côté, la frustration prend parfois un chemin mortifère, s’inscrivant dans une dynamique complotiste ou dans une radicalisation des pensées. Comment la revendication reste-t‐elle porteuse d’avenir, et en vertu de quels mécanismes risque-t-elle au contraire de se retrouver du côté de la haine, de la destructivité voire du meurtre ?


CE MERCREDI 15 JUIN

OUVERTURE DU DÉBAT ET DISCUSSION 

PAR HELENE GODEFROY, JEAN-JACQUES MOSCOVITZ…

*contribution libre* : Une cagnotte en ligne, permet de contribuer aux divers frais d’organisation - montant suggéré 10€ par personne et par séance - cliquer ici. Merci !

PROGRAMME DES MERCREDIS DU SÉMINAIRE MENSUEL À PSYCHANALYSE ACTUELLE

chaque troisième mercredi du mois d'octobre 2021 à juin 2022 de 21h - 23h

Séminaire animé par

Jean-Jacques Moscovitz (psychanalyste, psychiatre) - 06 16 29 51 89 - jjmoscovitz@gmail.com

Benjamin Lévy (enseignant, psychanalyste, psychologue) - 06 47 52 80 10 - benjamin.levy@outlook.fr


POUR PROPOSER UNE INTERVENTION VEUILLEZ NOUS CONTACTER

Les intervenants pressentis : Dimitri LORRAIN, Valérie MARCHAND, Luis Eduardo PRADO DE OLIVEIRA, Jérémie CLEMENT, Nathalie MOSHNYAGER (Genève), Lysiane LAMANTOWICZ, David ALLEN, Zhao MIN (Chengdu)…

* * *

Pour les nouveaux groupes de travail, on s'adresse à Muriel Aptekier : muriel.aptekier@orange.fr

* * *

PARTICIPATION et INSCRIPTION À L’ASSOCIATION

PRATICIENS : 200€ -- CORRESPONDANT : 70€ -- AUDITEUR LIBRE (étudiant ou autre) : 35€

Règlement par virement bancaire à l'ordre de Psychanalyse actuelle

IBAN FR76 1751 5900 0008 5671 0607 835  -  BIC : CEPAFRPP751

Ou bien, veuillez envoyer votre chèque libellé à l’ordre de PSYCHANALYE ACTUELLE

En indiquant vos nom, prénom, adresse postale, numéro de mobile et votre e-mail

À adresser à PSYCHANALYSE ACTUELLE : 77 rue Monge 75005 Paris


mercredi 20 octobre 2021 de 21h à 23h

ouverture du séminaire de l'année par

Maria LANDAU 

psychiatre psychanalyste

L’accès à la rupture de l’Histoire : le nazisme - ou comment la psychanalyse des enfants introduit la parole sur la Shoah dans les cures.

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mercredi 17 novembre 2021 de 21h à 23h

Nathalie MOSHNYAGER 

psychanalyste et sinisante nous présentera son dernier ouvrage

Lacan, le chinois et le moulin

La lecture minutieuse des passages concernant l’écriture chinoise et la calligraphie dans les séances du 6 décembre 1961 et du 24 janvier 1962 du séminaire l’Identification de Lacan nous a fait découvrir un lien spécifique entre les caractères chinois choisis par Lacan dans ce séminaire et la métaphore du moulin qu’il évoque dans le même temps et qui semble en découler. L’étude approfondie de chacun des caractères chinois nous mène à entendre de façon très concrète cette métaphore du moulin de la parole, son nouage à l’inconscient, et le rapport de la lettre au langage.

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mercredi 15 décembre 2021 de 21h à 23h

Maria Eunice SANTOS

psychanalyste à Salvador de Bahia


La communauté de la petite différence

Le narcissisme de la petite différence est un concept freudien plein d'amertume et d'ironie : il parle de la haine du prochain. Au contraire de la vision chrétienne du partage, humilité et compassion face au visage qui me voit, s'érige l'arrogance qu'on dégage par un trait, un petit trait ! Un trait suffit pour soutenir mon orgueil contre l'autre qui est mon voisin, trop proche, dangereusement, ce qui me permet voir les taches de ses dents, ses pauvres souliers, l'accent de sa langue qui peut me faire me confondre avec lui et me faire découvrir comme cet imposteur,  Moi !, qui  me prétends unique et in-confondable !

Au contraire aussi de l´idée de la haine pour l'étranger, le barbare, c'est mon collègue, mon frère, la nuance de la couleur de sa peau, de ses yeux, le modèle d'une nouvelle version de mon auto, cet arrondissement où j'habite, et la catégorie de ma place dans l´avion, qui incarnent cette proximité du circuit de la reconnaissance comme un lieu infâme où je risque de glisser, oh le pauvre ! Société de la reconnaissance dans l´ordre du mépris dirait le philosophe Axel Honneth à ce sujet.

Mais je veux vous amener à un autre ordre de choses, qui en ce moment se construit ici à Bahia, ville noire du Brésil, où je suis née. Construction lente, on peut en rechercher les commencements en remontant dans les siècles passés, jusqu'à l'invasion des terres du peuple indigène, leur ravage, qu'on appellerait leur "découverte", l'hybridation obligée des origines, entre corps qui se mêlent en se tuant, en jouissant des enfants, de notre futur.  La cruauté sans fin, des navires emplis de personnes, des femmes, des enfants, des hommes arrachés de leur terre, de leur langue, de leurs lieux de partage et de lutte quotidienne, torturés, jetés dans l'océan cet énorme tombeau d'azur, de flammes et de sang. Vous savez déjà ce qu'est la servitude.

Tout en ce moment renaît entre les communautés des villes les plus pauvres, des quartiers hantés, avec leur population qui appartient à cette diaspora africaine. Par hasard, de façon insolite, je suis devenue une témoin de la construction d'un réseau énorme qui valorise les petits, la culture locale, les artisans, les musiciens, l´information donnée sur la tradition, la cuisine, les fruits, et les herbes, et les feuilles qui ont été découverts dans cette recherche continue, et qui a sauvé la mémoire et ses pratiques qui indiquent des siècles de vie et de faire ensemble. Faire ensemble, parce que tout seul il n'y a pas de grâce. Ce n'est pas seulement la face de l'autre qui m'interroge, mais son au-delà qui s´inscrit dans l'ordre de l´invention du temps commun construit par des actes.

Comme me l'a enseigné le compositeur ghanéen Nketia, quand il parlait à mes côtés lors d'un congrès, ici à Bahia, au sujet de la création, tandis que moi je mettais l'accent sur la douleur et le désarroi de la création, complètement enveloppée dans ce Zeitgeist des Occidentaux avec sa solitude qui guette la génialité, ainsi que Blanchot l’avoue : « J'écris avec la guillotine descendant sur mon cou. »  Hélas on le dirait tellement français ! Par contraste Nketia, nous dit avec son beau sourire, « Dans notre lointain village, nous avons un groupe de créateurs musiciens : et si quelqu'un a envie d'inventer une musique, il convoque ce groupe, et ils la font ensemble. »

Combien des fantômes narcissiques sont chassés par ce dispositif ? Quelle épargne de vie ! Ici, en ce moment, ce sont les villages les plus pauvres qui utilisent l´internet et les rencontres dans des lieux publiques, par exemple une lagune sauvée pour la population, un « terreiro de macumba », sont en train de redécouvrir une communauté où on respecte les petites différences. Ce n'est pas la culture universitaire qui est l´unique référence de valeur des gens, mais les bienfaits dans la communauté. La langue est estropiée, mais personne n'est traité comme un abruti s'il est capable de partager sa maison et son pain, avec amitié, danse et samba.

Ainsi, nous sommes sous l´égide de l'amour, ce fruit de la ruse de la pauvreté, de sa hardiesse, et de la décision de l'acte, comme nous l'a appris le Banquet de Platon, dans le discours prononcé par l´absente Diotime, elle si inconnue, peut-être noir.

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mercredi 19 janvier 2022 de 21h à 23h


Robert William Higgins

psychanalyste à Paris

(Société de psychanalyse freudienne)ancien enseignant en Soins Palliatifs dans les Facultés de Médecine de Paris 13-Bobigny, de Brest et de l’Université Pierre et Marie Curie Sorbonne . Animateur de groupes de parole avec des équipes d'éducateurs et des équipes hospitalières, notamment en soins palliatifs.

Nous, la mort, le soin

Freud, en 1915 dans les deux parties des Considérations sur la guerre et sur la mort ( La désillusion causée par la guerre, Notre relation à la mort ), déconstruisant cette désillusion à l’égard des développements de la civilisation et des acquis moraux, se montre très pessimiste. Il y maintient pourtant l’espoir qu’un remaniement pulsionnel continu pourra permettre la venue d’un nouveau rapport à la mort. Il n’y fait aucune allusion à ce qu’il avait pu écrire 20 ans plus tôt dans l’Esquisse (1895) du Nebenmensch, de l’être proche dont l’indispensable secours permet au nourrisson de trouver une issue aux tensions extrêmes entraînées par les excitations tant d’origine externe qu’interne qui l’assaillent. Et y formule une conception de l’origine de l’Éthique qu’il ne cessera de réaffirmer, la concevant comme une réaction à nos désirs meurtriers, prenant naissance auprès de cadavre de la personne aimée… une des racines  de la culpabilité qu’ils suscitent, mais sans même donner le moindre argument pour réfuter– il ne la cite même pas ! –  celle, totalement différente, qu’il affirmait en 1895, voyant dans L’impuissance originelle de l’être humain – son Hilflosigkeit que le Nebenmensch vient secourir, la source première de tous les motifs moraux. Freud répudiera l’Esquisse, en interdira la publication, alors même paradoxalement, que nous apparaît aujourdhui – et particulièrement avec ce que nous apporte le mouvement du Care, du Soin, qu’il aurait pu trouver dans ses premières intuitions de 1895 de quoi étayer, soutenir son espoir d’un nouveau rapport entre « Nous et la Mort ».  Lire ce texte intégralement ici 

Lire également le texte : "L'attente croyante" Freud médecin de J-J Moscovitz

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mercredi 16 février 2022 de 21h à 23h


Hélène Godefroy

psychanalyste à Paris, psychologue clinicienne, enseignante de psychanalyse et chercheur associée à l’Université de Paris


Malaise dans le genre

Quand la libération du « Féminin » révèle quelques erreurs d’interprétation


La notion de genre met notre monde contemporain sens dessus dessous, en faisant de la binarité sexuelle un modèle peu à peu obsolète. Or, il semble que les femmes n’y soient pas pour rien.

Un trouble flagrant est en effet devenu particulièrement perceptible aussi bien dans le rapport entre les sexes, qu’à l’endroit de l’identité de genre. Et tout a commencé avec la libération du féminin, lorsque les femmes en ont imposé la légitimité au côté du masculin… Dès lors, la bisexualité de structure psychique, depuis toujours puissamment réprimée dans l’inconscient, a fait un retour fracassant vers la lumière de la conscience, bousculant la scène sociale et ses traditions, réformant la vie conjugale et ses réflexes de domination, mais réinterrogeant également l’intime du sujet, qui en peu de temps s’est mis à penser autrement sa sexualité et son identité sexuelle.

Le phénomène mérite qu’on s’y arrête sérieusement. Il suscite aujourd'hui des oppositions et des débats inédits dans le champ même de notre discipline. La nécessité de remettre en chantier certains dictats psychanalytiques figés dans leur prescription théorique, prend parfois aussi le risque d’en négliger le sujet de l’inconscient et sa réalité clinique.

Le temps est donc venu de faire le point sur la question et de saisir par quelle voie clinico-théorique la pensée psychanalytique peut sereinement aborder cette notion de genre.

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mercredi 16 mars 2022 de 21h à 23h

Céline Masson

Professeure à l'Université de Picardie Jules Verne, Centre d’Histoire des Sociétés des Sciences et des Conflits, 

Psychanalyste à l'OSE (l'Œuvre de Secours aux Enfants)


Interviendra en visioconférence ZOOM

autour de son livre co-écrit avec Caroline Eliatcheff

La fabrique de l'enfant-transgenre


Aux États-Unis, mais aussi en Europe, les demandes de changement de sexe chez les enfants et surtout les adolescents augmentent depuis plusieurs années. Les psychanalystes Caroline Eliacheff et Céline Masson alertent sur les dérives du « transgenrisme » chez les mineurs. Le poids de la culture LGBTQI et l’influence des réseaux sociaux ont donné une visibilité nouvelle à la « dysphorie de genre », ou sentiment d’être né dans le « mauvais corps ». Émancipation progressiste ou phénomène d’embrigadement idéologique ? Outre que les traitements hormonaux et chirurgicaux feraient d’un enfant sain un patient à vie, la réponse affirmative trop rapide à ce désir de changement de sexe risque aussi de porter atteinte à sa construction psychique. Nombreuses sont les voix (trop souvent étouffées) qui avouent regretter cette transition tandis que plusieurs pays reviennent sur la prescription précoce de bloqueurs de puberté et d’hormones antagonistes. Au nom de la protection de l’enfant, Caroline Eliacheff et Céline Masson dénoncent un prétendu « droit à l’autodétermination » qui occulte et instrumentalise les souffrances des adolescents.

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samedi 12 avril 2022  de 15h à 19h


Après-midi en compagnie de Luis Izcovich et des auteurs de la maison d'édition Stilus autour du thème 

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mercredi 18 mai 2022 de 21h à 23h

François ARDEVEN

 Psychanalyste, enseignant de lettres classiques,

attaché culturel et président de la commission culture au centre Medem – Arbeter Ring 

Auteur de Pour un midrash laïque : Job, Jonas, Esther, Joseph (Imago, 2021)

 

Sur le principe filioque de la théologie orthodoxe

et du meurtre paternel impossible  

À l'origine du grand schisme qui a séparé catholicisme et orthodoxie un point de traduction par Saint Augustin de l'Évangile selon Saint-Jean (15, 26). « Fiolioque » ou « per filium » déterminent deux destins et deux Œdipe théologiques. La Russie choisit le premier et l'occident romain le second. On se propose de regarder ces destin, les nôtres encore.

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SÉMINAIRE À PSYCHANALYSE ACTUELLE 2020 - 2021

FREUD LACAN ET…NOUS

LES INCIDENCES DU CONTEMPORAIN

DANS LES PROCESSUS DE SUBJECTIVATION

OUVERT À TOUS

par ZOOM 

PROGRAMME DES MERCREDIS DU SÉMINAIRE MENSUEL À PSYCHANALYSE ACTUELLE 2020-2021

À l’École Normale Supérieure

45, rue d’Ulm 75005 Paris

EN 2020 LES MERCREDIS DE 21H à 23H  - 14 OCTOBRE -18 NOVEMBRE-16 DÉCEMBRE 

EN 2021 LES MERCREDIS DE 21H à 23H - 20 JANVIER -10 FÉVRIER -17 MARS -14 AVRIL - 19 MAI …

Séminaire animé par

Jean-Jacques Moscovitz, psychanalyste (psychiatre)

Benjamin Lévy, enseignant, psychanalyste (psychologue)

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Mercredi 16 décembre 2020 de 21h à 23h

Florence FREDOUILLE

Gynécologue, docteure en psychopathologie, psychanalyste

Lectures de Charles LASÈGUE, des anorexies au délire à deux

A la demande de JJ Moscovitz et de Benjamin Levy, je vais vous parler de Ernest-Charles Lasegue aujourd’hui. Pourquoi la personnalité de Charles Henri Lasègue, comme médecin, m’a-elle autant plue ?

C’est la lecture introductive à un essai mettant en scène des personnalités connues de l’histoire pour évoquer un symptôme d’anorexie féminine, essai écrit en 1989 par Ginette Raimbault et Caroline Eliacheff, LES INDOMPTABLES, que j’ai été séduite par la personnalité médicale de Charles Ernest Lasegue, telle qu’elle est décrite par Ginette Raimbault et Caroline Eliacheff.

A propos de l’anorexie, toutes les deux décrivent le travail clinique de Lasègue dans son étude de la prise en charge de l’hystérie anorexique, en avril 1873, et en soulignent la modernité. De Charles Henri Lasègue, elles font l’éloge de son travail de médecin, de clinicien mais aussi de fin connaisseur des noeuds et des connexions du psychisme humain dans la névrose, dont l’hystérie névrotique est un modèle, le symptôme hystérique tenant lieu de mode d’existence du sujet , venant dire sa vérité .

La personnalité de Lasègue comme médecin m’a immédiatement rappelée celle de ce médecin espéré par Lacan pour tout médecin, décrit dans son allocution au Collège de médecine en 1966, ce médecin qui, pour Lacan, ne pourrait maintenir sa place de médecin qu’à la condition, non seulement qu’il ait suivi l’enseignement de Freud, mais surtout qu’il se soit approprié cet enseignement, pour en faire ressortir un médecin nouveau qui aurait compris, comme Lasègue lui

même, un siècle auparavant, , la faille qui existe immanquablement entre la demande et le désir du sujet qui s’adresse au médecin tout en formulant une demande, demande de guérison, mais au fond, qui, dans le cas de la névrose, demande qui ne vise qu’à mettre le médecin à l’épreuve de le sortir de sa condition de malade. Un médecin qui aurait repéré , comme Lasègue lui-même, l’alacrité qui anime l’anorexique, au stade où la place le summum du forçage exercé sur son corps et de l’épreuve qu’elle fait éprouver à son corps. Il avait donc saisi la jouissante inhérente au symptôme. Lasègue avait perçu que la vraie faute médicale aurait été de se comporter en médecin justement. Faute impardonnable, disait-il, qui aurait tout fichu par terre.

Ce qui n’ empêchait pas Lasègue de redevenir un médecin scientifique s’il devait percevoir que sa patiente anorexique arrivait au stade 3, c’était à dire ce stade à partir duquel sa vie était menacée. Lasègue savait donc passer d’un discours à un autre, et ça, c’est terriblement moderne, modernité au sens de ce qu’espérait Lacan pour tout médecin.

Lasègue avait enfin compris que dans le domaine du psychisme, le savoir est du côté du patient, tout en ayant besoin, pour le patient, du médecin pour exprimer ce savoir : c’est là qu’intervient la place du transfert, qui permet au sujet de s’adresser à cet Autre, auquel est supposé un savoir sur son propre symptôme.

Lasègue avait enfin saisi ce qui fait la spécificité du symptôme névrotique, c’est à dire que chaque symptôme vient particulariser le sujet, et qu’il n’est pas possible de faire d’un cas général, un cas particulier.

Au fond, si pour Lacan un siècle plus tard, la psychanalyse devenait nécessaire à la médecine, la psychanalyse est la queue de la médecine lui est-il arrivé de dire, c’était parce que, pour le médecin, la chance de survie de la position proprement médicale, est d’être un médecin qui s’est approprié la science, le savoir, de ce que la psychanalyse a appris du sujet. Il semblerait que Lasègue ait totalement illustré , à la fin du XIXème siècle, cette figure-là d’un médecin résolument moderne.

 FlorenceFredouille 

mercredi 20 janvier 2021 de 21h à 23h

LES FEMMES, LE NOM, FREUD 

Eduardo PRADO DE OLIVEIRA

Psychanalyste, professeur de psychopathologie

éditeur international de la Revista Brasileira de Psicanálise

Discutante sollicitée

par l’invité, Lina Mellul-Cohen

Lacan avance ceci : « Freud, dans la vie courante, je le vois très peu père. Il n’a vécu le drame œdipien, je crois, que sur le plan de la horde analytique. Il était, comme dit quelque part Dante, la Mère Intelligence. » Lacan n’a pas été le premier à penser que Freud était plutôt une mère et, pour tout vous dire, une mère juive, comme dans les comédies de Woody Allen. Lors de ses premières vacances loin de la famille, Martin Freud envoie à son père une carte postale adressée à « Chère Maman… ». Comme Freud se refusait à lui admettre son côté maternel, Groddeck lui envoyait des lettres adressées à « Chère Amie… » en lui priant de les conserver. C’était le Livre du Ça. Freud s’en est beaucoup amusé, cela lui plaisir énormément. « Chère amie, vous souhaitez que je vous écrive, rien de personnel, pas de potins, pas de phrases, mais des choses sérieuses, instructives, voire scientifiques. C’est grave », commence la première lettre. Comme Walter Benjamin écrivait que Lénine était une véritable grand-mère qui prodiguait ses textes au peuple russe, nous devons dire autant de Freud, fondatrice, grand-mère de la psychanalyse, qui abreuvait les enfants de la psychanalyse des friandises de ses écrits ?  Eduardo Prado de Oliveira


mercredi 10 février 2021

Jean-Jacques MOSCOVITZ 

Psychanalyste

« HYPOTHÈSE AMOUR » VINGT ANS APRÈS  (2001-2021)

Hypothèse amour, la nouvelle…, l’autre *

Je fredonne Aragon, Brassens, puis je hurle, sur ma mobylette, ma rupture amoureuse du moment : « …la vie est un étrange divorce entre l’amour et la force d’inertie qui le guette », lui l’amour. Ça m’arrête net et, aussitôt, j’accorde confiance à ce genre d’intuition pour rejaillir au cœur de la défaite sentimentale en émettant l’idée, l’hypothèse, oui, qu’une inertie tourne où elle veut, vers ou contre soi, l’amour, la haine, le corps, l’autre. Ah oui, l’autre !

Oui, intuition, mais de quoi ? Et désirer et aimer et jouir sont des fils sans cesse qui se retordrent, se détordrent, se forgent toujours nouvellement. Comme sans faire exprès. Contre la mort. Tous ces liens dont nous sommes responsables font naître ce genre d’hypothèse, Hypothèse Amour où séjournent ces forces qui filent si vite vers le mal d’aimer, et si facilement s’éteignent.

Cela a trait à la transmission entre les générations et au risque de subir la défaite de la culture. L’Hypothèse Amour est ici à soutenir dans une nécessité historique, vitale, d’aller vers la vie…Rencontres de paroles et de corps entre force de l'amour, sa folie, et l’inertie et le silence du temps qui passe, et ça nous pose toujours présents à l’hypothèse amour…

*Ouvrage de J.-J. Moscovitz publié aux Editions Calmann-Lévy, le 1ER janvier 2001... 1ER jour du 3e millénaire…. Une nouvelle édition est en cours.

de façon exceptionnelle

dimanche 14 mars 2021

Luis Eduardo PRADO DE OLIVEIRA

psychanalyste 

proposera

une suite aux discussions initiées le 20 janvier dernier sur le thème

LES FEMMES, LE NOM, FREUD

(>le texte de Prado de Oliveira est à découvrir ici<


mercredi 17 mars 2021

de 21h à 23h

CLAUDE-NOËLE PICKMANN

psychanalyste, membre d'Espace Analytique

présentera

DE L’ESSENTIEL À L’INESSENTIEL 

LES PARADOXES DU SUJET

mercredi 14 avril 2021

Michel-Gad WOLKOWICZ

psychanalyste, professeur de psychopathologie

« ET TU CHOISIRAS LA VIE … ! » UNE APPROCHE PSYCHANALYTIQUE

mercredi 19 mai 2021 de 21h à 23h

Éric Marty

essayiste, écrivain, professeur des universités 

À partir de son dernier ouvrage, publié aux éditions du Seuil :

LE SEXE DES MODERNES

PENSÉE DU NEUTRE ET THÉORIE DU GENRE

Disjoindre le sexe et le genre est un geste éminemment moderne, théoriser cette dissociation l’est plus encore. Ce livre est d’une certaine manière l’histoire de ce geste. Il nous mène des grandes entreprises déconstructrices de la Modernité des années 1960-1980 jusqu’au triomphe contemporain de la théorie du genre. Il s’agit ici non seulement d’éclairer des doctrines récentes que la confusion des temps travaille à obscurcir, mais d’explorer ce qui s’est déplacé au tournant des XXe et XXIe siècles entre le continent européen et le continent américain. Transmission ou au contraire fracture ? Car le moment est venu d’interroger le partage du sexe et du genre sous l’angle de son histoire puisque cette histoire est la nôtre, et sans doute plus que jamais.

Avec comme co-discutants pressentis

Emmanuel Brassat, Vincent Calais, Laurence Croix, Pascal Laethier, Dimitri Lorrain, Simone Wiener.

mercredi 16 juin 2021 de 21h à 23h

André ABOULKHEIR

thérapeute, psychosomaticien, anesthésiste-réanimateur, spécialiste en évaluation et traitement de la douleur

Pour une intervention intitulée : 

« L'ennemi intérieur ? Réflexions sur les maladies auto-immunes » 

La question de l'ennemi intérieur se pose au sujet confronté à la maladie et d'autant plus lorsque qu'il s'agit d'une maladie auto-immune, où il peut se ressentir comme trahi par lui-même, attaqué par son propre système immunitaire. Le vécu de la maladie dans sa subjectivité, animé d’idées de perte, de culpabilité, nourri par l’incompréhension de ce qui se passe, va agir sur son évolution et à fortiori sur les effets des traitements proposés. Donner au sujet malade des éléments d’explication, d’éclaircissement, des phénomènes organiques mais aussi psychiques à l’œuvre, questionner l’histoire de sa vie, depuis et avant même sa naissance, dans le cadre globalisant de l'analyse de l'unité somatopsychique, et pas seulement l’histoire de la maladie comme cela se fait en médecine, se servir du signifiant des symptômes, et faire en sorte de renforcer ses défenses psychiques, sont des éléments qui font partie d’une démarche dont on peut démontrer la valeur thérapeutique. 


14 octobre 2020 de 21h à 23h

  FRANÇOIS ARDEVEN

PSYCHANALYSTE, LECTEUR DU MIDRASH LAÏQUE AU CENTRE MEDEM

VARIATIONS CYBERNÉTIQUES

L’homme est un animal technique depuis que, dans le Jardin d’Eden, Adam a découvert sa nudité. L’habillement (et la pudeur) coordonne la technique, comme l’expérimente Jacques Derrida dans L’animal que donc je suis. L’habillement - la couverture - numérique croît depuis trente ans pour atteindre aujourd’hui, avec la crise sanitaire de la Covid, une dimension nouvelle. On examinera quelques aspects de la « vie » numérique. On s’appuiera entre autres sur sa « loi des robots » d’Isaac Asimov.


18 novembre 2020 de 21h à 23h

PASCAL LAETHIER 

 

PYCHANALYSTE, RÉALISATEUR

 

PSYCHANALYSE ET PSYCHANALYSTES AU TEMPS DU CONFINEMENT

 

Un débat sera proposé à partir du film documentaire réalisé par Pascal LAETHIER et Clovis STOCCHETTI sur la pratique analytique en période de confinement.


SÉMINAIRE À PSYCHANALYSE ACTUELLE 2019 - 2020

FREUD LACAN ET… NOUS

LES INCIDENCES DU CONTEMPORAIN DANS LES PROCESSUS DE SUBJECTIVATION

Séminaire animé par

Jean-Jacques Moscovitz, psychanalyste (psychiatre)

Benjamin Lévy, psychanalyste, enseignant, ancien élève de l’ENS

Nous vous proposons donc de vous joindre à nous lundi prochain, 18 mai, de 20h30 à 22h30

pour une réunion virtuelle par visioconférence Zoom:

Bruno VINCENT

psychanalyste et enseignant, 

 

présentera son livre "Lacan, Style des écrits " et discutera avec nous,

Lire des extraits du livre de Bruno Vincent

 

ainsi qu'avec :

Jean-Yves SAMACHER

chercheur en lettres (Le Mans Université)

qui présentera l'avancée de ses travaux sur l’œuvre d’Antonin Artaud


SÉMINAIRE À PSYCHANALYSE ACTUELLE 2019 - 2020

FREUD LACAN ET… NOUS

LES INCIDENCES DU CONTEMPORAIN DANS LES PROCESSUS DE SUBJECTIVATION

Séminaire animé par

Jean-Jacques Moscovitz, psychanalyste (psychiatre)

Benjamin Lévy, psychanalyste, enseignant, ancien élève de l’ENS

À L’École Normale Supérieure

45, rue d’Ulm 75005 PARIS - Salle Samuel Beckett au rez-de-chaussée


PROGRAMME 2019 - 2020

Les mercredis à 21h jusqu’à 23h

MERCREDIS EN 2019 : 23 OCTOBRE - 20 NOVEMBRE - 18 DÉCEMBRE

MERCREDIS EN 2020 : 15 JANVIER - 26 FÉVRIER 


Mercredi 23 octobre 2019 de 21h jusqu’à 23h

Bernard TOBOUL

Psychanalyste, membre de l’association Espaceanalytique et des Forums du champ lacanien

PEUT-ON PARLER D’ASPERGER….

Il est désormais connu qu’Hans Asperger a étéun des participants au programme national-socialiste d’assassinat de masse desenfants souffrant d’une affection psychique.

Il est important pour nousaujourd’hui de retracer la genèse du syndrome d’Asperger et de sa mise enpratique dans la psychiatrie ; en un mot de saisir les présupposésthéoriques et pratiques de cette notion.


Mercredi 20 novembre 2019 de 21h jusqu’à 23h

Miguel SIERRA RUBIO

psychologue, psychanalyste, chercheur associéà l'université de Rennes viendra nous parler de son ouvrage

LES STRUCTURES CLINIQUES

publié aux Presses universitaires de Rennes(2019)


Mercredi 18 décembre2019 de 21h jusqu’à 23h

FlorenceFREDOUILLE

Gynécologue, psychanalyste, docteure en psychanalyse etpsychopathologie abordera

La Procréationmédicalement assistée

et les enjeux de passageentre médecine et psychanalyse


Mercredi 15 janvier 2020 de 21h jusqu’à 23h

LUIS IZCOVICH

psychiatre psychanalyste, membre de l'Internationale des Forums du Champ lacanien, nous présentera son dernier livre

L’Identité, choix ou destin ?


Mercredi 26 février 2020 de 21h jusqu’à 23h

PATRICK LANDMAN

psychiatre psychanalyste, membre d'Espace Analytique 

Logique scientifique, logique de la psychanalyse

À l’heure de l’imagerie cérébrale triomphante et de la neuromania, quels sont les risques et les enjeux d’un décloisonnement entre neurosciences et psychanalyse ?


MERCREDI 29 MAI 2019 À 21H

À L’École Normale Supérieure

45, rue d’Ulm 75005 Paris

OUVERT À TOUS 

CONFÉRENCE DÉBAT DE MARIA EUNICE SANTOS

Psychanalyste et psychologue à Salvador de Bahia

SUR L’ACTUEL AU BRÉSIL 

Argument de l’auteure

« Je veux parler sur l'attente… » 

« Le Brésil dans son moment actuel m’a fait arrêter. Mes patients ont arrêté, de même ma famille, mes amis. C'est une grossesse sans issue, avec le danger de l' engendrement d'un monstre. Nous sommes figés, aux aguets.Alors il faut faire avec. le risque majeur, c’est trouver un bouc émissaire, d’un ennemi. Une guerre a besoin d'un ennemi. Pour arracher de lui la solution dans la destruction. Pour se calmer et jouir des ‘ramassements ‘ des corps. Pour arrêter l'attente insupportable et foncer un chemin avec les pieds tachés du sang qui nous rappelle à la vie.Je veux parler sur l'attente, cette figure du temps tellement nié dans notre société où les actes en toute hâte sont accélérés pour la promesse et la dette avec l'accomplissement à tout prix. L’idée d’un temps précis, le meilleur temps - KAYRÒS pour les grecs- le conseil et les avis pour la meilleure attente, dans le taoïsme, dans notre vie actuelle est suspendu et nié par la voie encombrée de la paralisation, voire par la multiplication insensée des actes et des paroles. Dans la littérature nous pouvons lire cette question chez Kafka - L'homme devant la loi. La bête dans la jungle de Henry James, dans les Cantiques de Salomon, dans les Mille et une nuits, seulement pour commencer. Dans la lettre de Freud à Romain Rolland en guise de célébration d’un anniversaire, d’une vie d'un destin. On fait face à l’attente, on la dénie, on creuse sur elle. Et pourtant elle est le tissu du temps, de la création, de l'amour et la mort. Le hasard la déchire et nous bouleverse. Nous l'attendons - le HASARD. »


MARDI 21 MAI 2019 À 21H

David Allen

Maître de conférences à l'Université Rennes 2

Pour un exposé

William & William : Naissance et mort de la subjectivité à partir des œuvres de William Shakespeare et William S. Burroughs

Dans Hamlet et Macbeth déjà, on trouve une vision du sujet divisé, de l’espace entre lui et lui-même. Macbeth est possédé par les prophéties des trois sorcières. Macbeth et Hamlet font des choix raisonnés à partir d’une subjectivité assumée et affirmée. Chez Burroughs, on ne trouve que des fragments d’hommes. Le besoin et l’idéologie du besoin se sont combinés pour façonner un monde bâti sur le signe du miroir comme limite du sujet. La fausse conscience généralisé (stalinisme, nazisme, capitalisme moderne) coexiste avec une série de situations micro-totalitaires devenues « normalité ».


septième réunion

MARDI 16 AVRIL 2019 À 21H

Nous recevons : Jean-Jacques Rassial

Psychanalyste - Professeur des universités

autour de son livre : Manifeste déiste d'un psychanalyste juif 

L’influence des religions, en particulier sous une forme intégriste voire sectaire, et les limites des athéismes associés à des sociétés totalitaires relancent la question de Dieu dans le monde contemporain. Depuis Freud, « juif infidèle », comme il se définit, jusqu’à Lacan, pour qui la « religion vraie », c’est la catholique, la question de la religion, de la religiosité mais aussi de la fonction psychique et sociale de Dieu traverse la psychanalyse à partir du fondement de la relation à l’Autre, qu’il soit représenté par la Mère, le Père ou le Maître. Jean-Jacques Rassial associe cette figure de l’Autre, restée énigmatique chez Lacan, au Dieu paradoxal des juifs, conçu comme irrémédiablement à la fois immanent et retiré du monde. Dieu serait alors le nom de l’Autre en tant qu’il n’a pas besoin d’existence ni de présence et sans incarnation possible.


sixième réunion

MARDI 26 MARS 2019 À 21H

NOUS RECEVONS : MICHEL ARDITI

Informaticien (Expert en sécurisation des systèmes d'information)

Qui fera un exposé critique sur l’enjeu actuel de l’intelligence artificielle en posant la question suivante : « LES GROSSESSES PROLONGEES DONNENT - ELLES NAISSANCE À DES ADULTES ? »

 (déjà avancée, récemment, par notre invité lors de son exposé à Schibboleth/Actualités freudiennes)

Soit le constat critique suivant : que dire des « 20 ans de latence entre les découvertes d’Alan Kay**, et le développement grand public de l'Intelligence Artificielle, au carrefour des enjeux philosophiques, industrielles, et politiques ». Et psychanalytiques ajoutons-nous... Par quoi l’impact entre le parlable et le visualisable ont assez tardé à ne pas se confronter l’un l’autre face au terme de semblant de tout discours: comment ce terme avancé en psychanalyse mérite-t-il ici de prendre place...

**Alan Kay


cinquième réunion

MARDI 19 FÉVRIER 2019

NOUS RECEVONS : ELIE BUZYN

POUR SON LIVRE

"J'avais 15 ans, vivre, survivre, revivre" 

 « …Ce qui m’a sauvé, ce sontles paroles de sa mère » qui lui a dit : « Tu dois survivre, car toutle monde va mourir sauf toi, tu dois retrouver le reste de la famille enFrance.  Cette phrase m’a permis de survivre même dans les moments lesplus difficiles » … Nous évoquerons avec lui l'histoire, la médecine, le souvenir, le politique, avant pendant et après sa déportationau Ghetto de Lódz en Pologne puis à Auschwitz, la marche de la mort… Et après : « En juin 45, quand je suis revenu des camps, je neparlais pas encore français, j’avais mon numéro sur le bras, je couvrais mesbras car je sentais que les gens me regardaient avec pitié » ….

MARDI 15 JANVIER 2019 À 20H45

NOUS RECEVRONS : AGNÈS GRIVAUX

 philosophe, enseignante en philosophie à l'Université de Nantes

 

Dialogues et non-dialogues entre politique, philosophie et psychanalyse sur

 

Theodor Adorno et la vérité de la psychanalyse

 

AVEC COMME DISCUTANT EMMANUEL BRASSAT

 

ARGUMENT

Cette intervention présentera un nouage singulier qui s’est établi entre politique, philosophie et psychanalyse au début du XXe siècle, au moment où ont émergé divers dispositifs théoriques, hâtivement rassemblés et unifiés sous des étiquettes comme celle de psychologie sociale ou de freudo-marxisme.

Ce nouage singulier est celui qu’ont proposé les théoriciens de la première génération de ce qu’on a pu appeler par la suite l'École de Francfort (Theodor Adorno, Max Horkheimer, Erich Fromm, Herbert Marcuse) et il a revendiqué une double perspective : du point de vue politique, au moment de l’émergence de phénomènes sociaux et politiques nouveaux et notamment au moment de l’apparition du fascisme, il fallait soutenir que plusieurs aspects de ces phénomènes n’étaient intelligibles que si l’on convoquait la théorie psychanalytique freudienne. Inversement, la psychanalyse semblait être interpellée dans ses concepts par cette situation politique, susceptible de la conduire à transformer ses propres catégories. Nous nous intéresserons au fait que ce nouage singulier n’a pas simplement impliqué que certains penseurs de la Théorie critique, et notamment Adorno, ont défendu la nécessaire convocation de la psychanalyse à un moment donné de l’histoire politique et de sa théorisation. Au-delà de cet usage qui n’aurait pu être qu’instrumental ou local, Adorno s'est philosophiquement confronté à ce rapport entre psychanalyse et politique, jusqu’à rencontrer et thématiser ce qu'il considérait être la vérité de la psychanalyse.

Nous tenterons de reconstruire cette approche philosophique de la vérité de la psychanalyse, en étudiant comment elle reformule, en même temps qu’elle déplace voire force, le sens de certains concepts centraux de la pensée freudienne.


EXCEPTIONNELLEMENT LE VENDREDI 21 DÉCEMBRE 2018

 

À 20H15 AU CINÉMA LES 3 LUXEMBOURG 75006 PARIS

 

DÉBAT DANS LE CADRE DE PSYCHANALYSE ACTUELLE/LE REGARD QUI BAT

 

PROJECTION DE VERTIGO

FILM D'ALFRED HITCHCOCK (1958) 

Avant propos : « L’amour face à notre vertige du vide intérieur se filme, se vit, les racines infantiles d’habitude  incriminées dés lors qu’il y a douleur, rupture, échec, ici le cinéaste fait un acte de génie, il inverse cette donne , c’est la peur la plus archaïque qui unit magnifiquement les passions de nos deux immenses acteurs Kim Novak et James Stewart… » JJM

Modéré par Jean-Jacques Moscovitz, psychanalyste Benjamin Lévy, psychanalyste, enseignant, ancien élève de l’ENS

Animé par Fred Siksou, Simone Wiener,  Pascal Kané,Vannina Micheli-Rechtman Laura Kofler. 

En présence de Christine Laurent, cinéaste, Martine Dugowson, cinéaste,  Paul Zawadzki, philosophe..

NOUS RECEVONS VINCENT CALAIS

 Qui nous propose une réflexion sur la représentation cinématographique du transfert

 

Le vertige de l'amour

Le cinéma est un espace de représentation du transfert : c'est à partir de cette thèse que Vincent Calais proposera une lecture de « Vertigo » d'Alfred Hitchcock. Présenté parfois comme l'un des dix meilleurs, voir le meilleur film de l'histoire, « Vertigo » met en scène un ancien enquêteur de police, que la culpabilité a isolé de la scène sociale, et qu'un ami manipule pour maquiller un meurtre en suicide. L'amour s'invite dans l'histoire, confirmant qu'avec lui on ne badine pas.

Consultant, ancien juriste, Vincent Calais avait développé sur le même registre l'analyse d'un autre film, « Le discours d'un roi », dans un article publié en décembre 2011 dans la revue « La Célibataire »…


MARDI 20 NOVEMBRE 2018 

MOUSTAPHA SAFOUAN POUR SON OUVRAGE : Le puits de la vérité , La psychanalyse et la science

 

Moustapha Safouan est psychanalyste, il a été parmi les premiers à suivre l'enseignement de Lacan dès ses débuts en 1951

 

Argument : « En réalité nous ne savons rien, car la vérité est au fond du puits », rappelle Démocrite, qui souligne la nature mouvante et insaisissable de la vérité. Elle est pourtant ce que le sujet demande dès qu'il parle. En somme, la vérité est une passion infantile autant dire primordiale. La vérité ici ne désigne pas un objet. On en fait usage comme un attribut qui caractérise certains énoncés en les distinguant de leurs contraires, taxés de mensonges. Lacan a pourtant substantivé la vérité et lui a même prêté sa bouche : « moi, la vérité, je parle » ; mais son discours ne semble pas avoir contribué à faire revenir les analystes sur la conception qu'ils se font de leur tâche comme recherche de la vérité. Recherche de la vérité qui ne peut qu'être en même temps une délimitation du réel. C'est ce double mouvement que Moustapha Safouan suit ici, au travers des figures de la science et de la psychanalyse dans leur dialogue avec le lieu où la vérité s'étreint puis se dérobe sans cesse.

VOICI LES CHAPITRES QUE L’AUTEUR NOUS PROPOSE

-I- Einstein épistémologue / -II- La question de l’Un. La foi d’un rationalisme croyant  / -III- De Newton aux quanta / -IV- L’épistémologie de Niels Bohr   / -V- Théorie physique et philosophie du langage / -VI- Savoir et vérité   / -VII- La raison selon le freudisme 

MARDI 16 OCTOBRE 2018 À 21H

EMMANUEL BRASSAT 

SUR « RAPPORT(S) ET NON-RAPPORT(S) DE LA PSYCHANALYSE ET DU POLITIQUE

Emmanuel Brassat est docteur en philosophie, formateur et chercheur à l’Université de Cergy-Pontoise/ESPE de l’académie de Versailles, et membre de l’association Dimension de la psychanalyse.

Beaucoup a été dit et écrit sur les relations (ou pas) de la psychanalyse et de la politique ; voire à la fois trop peu et pas assez, quand cela n’a pas été en actes et en paroles la saturation de l’un par l’autre. Une telle question dépend à la fois de la définition globale que l’on se donne de la psychanalyse et des postions singulières prises par chacun des psychanalystes en la matière, ainsi que des pratiques sociales et professionnelles menées. De ce triple point de vue, les orientations sont très divergentes et la compréhension de ce que la psychanalyse apporte (ou pas) à la réflexion sur la chose politique très diversifiée dans les productions théoriques qui en sont issues.

Freud soutenait fermement que la psychanalyse n’était pas une conception du monde, et qu’en cela elle ne pouvait ni ne devait donner lieu à une philosophie politique, bien que son œuvre ait véhiculé et déployé des éléments d’analyse sociale et politique et aussi exprimé des positions. De ce point de vue, très souvent, les psychanalystes ne se sont pas tenus engagés sur le plan politique. Mais l’inverse est également vrai, certains auront toujours pensé leur pratique de psychanalyste comme des plus politique et auront participé à des actes politiques.

Au reste, la psychanalyse est une pratique professionnelle libérale qui ne se confond pas avec l’exercice de la citoyenneté, quelle que soit la façon dont chacun des psychanalystes met cette seconde en pratique personnellement et collectivement, indépendamment de son exercice de la psychanalyse. Néanmoins, il y a des associations d’analystes qui sont aussi en elles-mêmes des formes politiques. En tant que telles, elles ne se limitent pas à de simples corps professionnels – et s’y expriment des positionnements politiques.

De nombreux problèmes en découlent : le décalage de la pratique de la psychanalyse sur l’histoire politique collective, le fait que la psychanalyse subit plus le politique qu’elle ne l’influence, l’hétérogénéité de la psychanalyse à l’ordre social commun ou, au contraire, la participation active des psychanalystes à la gestion de la société dans les institutions politiques, scientifiques et médicales, au risque d’une dénaturation de leur pratique, sans oublier un certain traitement politique de la psychanalyse par les pouvoirs institués, favorable ou répressif.

Le problème du rapport (ou du non-rapport) se voit redoublé par celui de la définition même du politique, ou de la politique, non seulement en tant que tels, mais aussi du point de vue de la psychanalyse. En quelque sorte, on peut soutenir que la psychanalyse entraine une redéfinition originale du politique et des rapports sociaux depuis Freud, au moins en compréhension, prolongeant ici la philosophie et les sciences sociales dans leur critique des formes politiques traditionnelles et modernes. Mais si c’est le cas, quelles devraient en être les conséquences sociales et politiques ?

C’est autour et à travers un tel ensemble de thèmes et de questions que je présenterai mes réflexions sur le rapport et/ou le non-rapport de la psychanalyse et du politique, sans oubli de la distinction des quatre discours chez Lacan.

« HYPOTHÈSE AMOUR » VINGT ANS APRÈS  (2001-2021)

Hypothèse amour, la nouvelle…, l’autre *

Je fredonne Aragon, Brassens, puis je hurle, sur ma mobylette, ma rupture amoureuse du moment : « …la vie est un étrange divorce entre l’amour et la force d’inertie qui le guette », lui l’amour. Ça m’arrête net et, aussitôt, j’accorde confiance à ce genre d’intuition pour rejaillir au cœur de la défaite sentimentale en émettant l’idée, l’hypothèse, oui, qu’une inertie tourne où elle veut, vers ou contre soi, l’amour, la haine, le corps, l’autre. Ah oui, l’autre !

Oui, intuition, mais de quoi ? Et désirer et aimer et jouir sont des fils sans cesse qui se retordrent, se détordrent, se forgent toujours nouvellement. Comme sans faire exprès. Contre la mort. Tous ces liens dont nous sommes responsables font naître ce genre d’hypothèse, Hypothèse Amour où séjournent ces forces qui filent si vite vers le mal d’aimer, et si facilement s’éteignent.

Cela a trait à la transmission entre les générations et au risque de subir la défaite de la culture. L’Hypothèse Amour est ici à soutenir dans une nécessité historique, vitale, d’aller vers la vie…Rencontres de paroles et de corps entre force de l'amour, sa folie, et l’inertie et le silence du temps qui passe, et ça nous pose toujours présents à l’hypothèse amour…

*Ouvrage de J.-J. Moscovitz publié aux Editions Calmann-Lévy, le 1ER janvier 2001... 1ER jour du 3e millénaire…. Une nouvelle édition est en cours.

dimanche 14 mars 2021

Luis Eduardo PRADO DE OLIVEIRA

psychanalyste 

proposera

une suite aux discussions initiées le 20 janvier dernier sur le thème

LES FEMMES, LE NOM, FREUD

(>le texte de Prado de Oliveira est à découvrir ici<

mercredi 17 mars 2021

de 21h à 23h

CLAUDE-NOËLE PICKMANN

psychanalyste, membre d'Espace Analytique

présentera

DE L’ESSENTIEL À L’INESSENTIEL 

LES PARADOXES DU SUJET

mercredi 14 avril 2021

Michel-Gad WOLKOWICZ

psychanalyste, professeur de psychopathologie

« ET TU CHOISIRAS LA VIE … ! » UNE APPROCHE PSYCHANALYTIQUE

mercredi 19 mai 2021 de 21h à 23h

Éric Marty

essayiste, écrivain, professeur des universités

À partir de son dernier ouvrage, publié aux éditions du Seuil :

LE SEXE DES MODERNES PENSÉE DU NEUTRE ET THÉORIE DU GENRE

Disjoindre le sexe et le genre est un geste éminemment moderne, théoriser cette dissociation l’est plus encore. Ce livre est d’une certaine manière l’histoire de ce geste. Il nous mène des grandes entreprises déconstructrices de la Modernité des années 1960-1980 jusqu’au triomphe contemporain de la théorie du genre. Il s’agit ici non seulement d’éclairer des doctrines récentes que la confusion des temps travaille à obscurcir, mais d’explorer ce qui s’est déplacé au tournant des XXe et XXIe siècles entre le continent européen et le continent américain. Transmission ou au contraire fracture ? Car le moment est venu d’interroger le partage du sexe et du genre sous l’angle de son histoire puisque cette histoire est la nôtre, et sans doute plus que jamais.

Avec comme co-discutants pressentis

Emmanuel Brassat, Vincent Calais, Laurence Croix, Pascal Laethier, Dimitri Lorrain, Simone Wiener.

* * * * * * * * *

cagnotte en ligne, permettant aux non-adhérents, auditeurs irréguliers et à nos soutiens de contribuer aux frais d’organisation 

 

14 octobre 2020 de 21h à 23h

  FRANÇOIS ARDEVEN

PSYCHANALYSTE, LECTEUR DU MIDRASH LAÏQUE AU CENTRE MEDEM

VARIATIONS CYBERNÉTIQUES

L’homme est un animal technique depuis que, dans le Jardin d’Eden, Adam a découvert sa nudité. L’habillement (et la pudeur) coordonne la technique, comme l’expérimente Jacques Derrida dans L’animal que donc je suis. L’habillement - la couverture - numérique croît depuis trente ans pour atteindre aujourd’hui, avec la crise sanitaire de la Covid, une dimension nouvelle. On examinera quelques aspects de la « vie » numérique. On s’appuiera entre autres sur sa « loi des robots » d’Isaac Asimov.

***

18 novembre 2020 de 21h à 23h

PASCAL LAETHIER 

PYCHANALYSTE, RÉALISATEUR

PSYCHANALYSE ET PSYCHANALYSTES AU TEMPS DU CONFINEMENT 

Un débat sera proposé à partir du film documentaire réalisé par Pascal LAETHIER et Clovis STOCCHETTI sur la pratique analytique en période de confinement. Bruno VINCENT psychanalyste et enseignant, 

présentera son livre "Lacan, Style des écrits " et discutera avec nous,

Lire des extraits du livre de Bruno Vincent

ainsi qu'avec :Jean-Yves SAMACHER

chercheur en lettres (Le Mans Université)

qui présentera l'avancée de ses travaux sur l’œuvre d’Antonin Artaud


Mercredi 23 octobre 2019 de 21h à 23h

Bernard TOBOUL

Psychanalyste, membre de l’association Espace analytique et des Forums du champ lacanien

PEUT-ON PARLER D’ASPERGER….

Il est désormais connu qu’Hans Asperger a été un des participants au programme national-socialiste d’assassinat de masse des enfants souffrant d’une affection psychique.

Il est important pour nous aujourd’hui de retracer la genèse du syndrome d’Asperger et de sa mise en pratique dans la psychiatrie ; en un mot de saisir les présupposés théoriques et pratiques de cette notion.

Mercredi 20 novembre 2019 de 21h jusqu’à 23h

Miguel SIERRA RUBIO

psychologue, psychanalyste, chercheur associé à l'université de Rennes viendra nous parler de son ouvrage

LES STRUCTURES CLINIQUES

publié aux Presses universitaires de Rennes(2019)

Mercredi 18 décembre 2019 de 21h jusqu’à 23h

Florence FREDOUILLE

Gynécologue, psychanalyste, docteure en psychanalyse et psychopathologie abordera

La Procréation médicalement assistée et les enjeux de passage entre médecine et psychanalyse

Mercredi 15 janvier 2020 de 21h jusqu’à 23h

LUIS IZCOVICH

psychiatre psychanalyste, membre de l'Internationale des Forums du Champ lacanien, nous présentera son dernier livre

L’Identité, choix ou destin ?

Mercredi 26 février 2020 de 21h jusqu’à 23h

PATRICK LANDMAN

psychiatre psychanalyste, membre d'Espace Analytique 

Logique scientifique, logique de la psychanalyse

À l’heure de l’imagerie cérébrale triomphante et de la neuromania, quels sont les risques et les enjeux d’un décloisonnement entre neurosciences et psychanalyse ?

***

LE 24 JUIN 2020

CLAUDE-NOËLLE PICKMANN

***

MERCREDI 29 MAI 2019 À 21H

À L’École Normale Supérieure

45, rue d’Ulm 75005 Paris

OUVERT À TOUS 

CONFÉRENCE DÉBAT DE MARIA EUNICE SANTOS

Psychanalyste et psychologue à Salvador de Bahia

SUR L’ACTUEL AU BRÉSIL 

Argument de l’auteure

« Je veux parler sur l'attente… » 

« Le Brésil dans son moment actuel m’a fait arrêter. Mes patients ont arrêté, de même ma famille, mes amis. C'est une grossesse sans issue, avec le danger de l' engendrement d'un monstre. Nous sommes figés, aux aguets. Alors il faut faire avec. le risque majeur, c’est trouver un bouc émissaire, d’un ennemi. Une guerre a besoin d'un ennemi. Pour arracher de lui la solution dans la destruction. Pour se calmer et jouir des ‘ramassements ‘ des corps. Pour arrêter l'attente insupportable et foncer un chemin avec les pieds tachés du sang qui nous rappelle à la vie. Je veux parler sur l'attente, cette figure du temps tellement nié dans notre société où les actes en toute hâte sont accélérés pour la promesse et la dette avec l'accomplissement à tout prix. L’idée d’un temps précis, le meilleur temps - KAYRÒS pour les grecs- le conseil et les avis pour la meilleure attente, dans le taoïsme, dans notre vie actuelle est suspendu et nié par la voie encombrée de la paralisation, voire par la multiplication insensée des actes et des paroles. Dans la littérature nous pouvons lire cette question chez Kafka - L'homme devant la loi. La bête dans la jungle de Henry James, dans les Cantiques de Salomon, dans les Mille et une nuits, seulement pour commencer. Dans la lettre de Freud à Romain Rolland en guise de célébration d’un anniversaire, d’une vie d'un destin. On fait face à l’attente, on la dénie, on creuse sur elle. Et pourtant elle est le tissu du temps, de la création, de l'amour et la mort. Le hasard la déchire et nous bouleverse. Nous l'attendons - le HASARD. »SÉMINAIRE À PSYCHANALYSE ACTUELLE 2018 - 2019

SALLE DES RÉSISTANTS

OUVERT À TOUS

huitième réunion

MARDI 21 MAI 2019 À 21H

David Allen

Maître de conférences à l'Université Rennes 2

Pour un exposé

William & William : Naissance et mort de la subjectivité à partir des œuvres de William Shakespeare et William S. Burroughs

Dans Hamlet et Macbeth déjà, on trouve une vision du sujet divisé, de l’espace entre lui et lui-même. Macbeth est possédé par les prophéties des trois sorcières. Macbeth et Hamlet font des choix raisonnés à partir d’une subjectivité assumée et affirmée.

Chez Burroughs, on ne trouve que des fragments d’hommes. Le besoin et l’idéologie du besoin se sont combinés pour façonner un monde bâti sur le signe du miroir comme limite du sujet. La fausse conscience généralisé (stalinisme, nazisme, capitalisme moderne) coexiste avec une série de situations micro-totalitaires devenues « normalité ».

septième réunion

MARDI 16 AVRIL 2019 À 21H

Nous recevons : Jean-Jacques Rassial

Psychanalyste - Professeur des universités

autour de son livre : Manifeste déiste d'un psychanalyste juif 

L’influence des religions, en particulier sous une forme intégriste voire sectaire, et les limites des athéismes associés à des sociétés totalitaires relancent la question de Dieu dans le monde contemporain. Depuis Freud, « juif infidèle », comme il se définit, jusqu’à Lacan, pour qui la « religion vraie », c’est la catholique, la question de la religion, de la religiosité mais aussi de la fonction psychique et sociale de Dieu traverse la psychanalyse à partir du fondement de la relation à l’Autre, qu’il soit représenté par la Mère, le Père ou le Maître. Jean-Jacques Rassial associe cette figure de l’Autre, restée énigmatique chez Lacan, au Dieu paradoxal des juifs, conçu comme irrémédiablement à la fois immanent et retiré du monde. Dieu serait alors le nom de l’Autre en tant qu’il n’a pas besoin d’existence ni de présence et sans incarnation possible.

sixième réunion

MARDI 26 MARS 2019 À 21H

NOUS RECEVONS : MICHEL ARDITI

Informaticien (Expert en sécurisation des systèmes d'information)

Qui fera un exposé critique sur l’enjeu actuel de l’intelligence artificielle en posant la question suivante : 

« LES GROSSESSES PROLONGEES DONNENT - ELLES NAISSANCE À DES ADULTES ? »

 (déjà avancée, récemment, par notre invité lors de son exposé à Schibboleth/Actualités freudiennes)

Soit le constat critique suivant : que dire des « 20 ans de latence entre les découvertes d’Alan Kay**, et le développement grand public de l'Intelligence Artificielle, au carrefour des enjeux philosophiques, industrielles, et politiques ». Et psychanalytiques ajoutons-nous... Par quoi l’impact entre le parlable et le visualisable ont assez tardé à ne pas se confronter l’un l’autre face au terme de semblant de tout discours: comment ce terme avancé en psychanalyse mérite-t-il ici de prendre place...

**Alan Kay

cinquième réunion

MARDI 19 FÉVRIER 2019

NOUS RECEVONS : ELIE BUZYN

POUR SON LIVRE

"J'avais 15 ans, vivre, survivre, revivre" 

éditions Alisio, mars 2018 (lire des extraits du livre)

 « …Ce qui m’a sauvé, ce sont les paroles de sa mère » qui lui a dit : « Tu dois survivre, car tout le monde va mourir sauf toi, tu dois retrouver le reste de la famille en France.  Cette phrase m’a permis de survivre même dans les moments les plus difficiles » … Nous évoquerons avec lui l'histoire, la médecine, le souvenir, le politique, avant pendant et après sa déportation au Ghetto de Lódz en Pologne puis à Auschwitz, la marche de la mort… Et après : « En juin 45, quand je suis revenu des camps, je ne parlais pas encore français, j’avais mon numéro sur le bras, je couvrais mes bras car je sentais que les gens me regardaient avec pitié » ….

MARDI 15 JANVIER 2019 À 20H45

NOUS RECEVRONS : AGNÈS GRIVAUX

 philosophe, enseignante en philosophie à l'Université de Nantes

Dialogues et non-dialogues entre politique, philosophie et psychanalyse sur

Theodor Adorno et la vérité de la psychanalyse

AVEC COMME DISCUTANT EMMANUEL BRASSAT

ARGUMENT

Cette intervention présentera un nouage singulier qui s’est établi entre politique, philosophie et psychanalyse au début du XXe siècle, au moment où ont émergé divers dispositifs théoriques, hâtivement rassemblés et unifiés sous des étiquettes comme celle de psychologie sociale ou de freudo-marxisme.

Ce nouage singulier est celui qu’ont proposé les théoriciens de la première génération de ce qu’on a pu appeler par la suite l'École de Francfort (Theodor Adorno, Max Horkheimer, Erich Fromm, Herbert Marcuse) et il a revendiqué une double perspective : du point de vue politique, au moment de l’émergence de phénomènes sociaux et politiques nouveaux et notamment au moment de l’apparition du fascisme, il fallait soutenir que plusieurs aspects de ces phénomènes n’étaient intelligibles que si l’on convoquait la théorie psychanalytique freudienne. Inversement, la psychanalyse semblait être interpellée dans ses concepts par cette situation politique, susceptible de la conduire à transformer ses propres catégories. Nous nous intéresserons au fait que ce nouage singulier n’a pas simplement impliqué que certains penseurs de la Théorie critique, et notamment Adorno, ont défendu la nécessaire convocation de la psychanalyse à un moment donné de l’histoire politique et de sa théorisation. Au-delà de cet usage qui n’aurait pu être qu’instrumental ou local, Adorno s'est philosophiquement confronté à ce rapport entre psychanalyse et politique, jusqu’à rencontrer et thématiser ce qu'il considérait être la vérité de la psychanalyse.

Nous tenterons de reconstruire cette approche philosophique de la vérité de la psychanalyse, en étudiant comment elle reformule, en même temps qu’elle déplace voire force, le sens de certains concepts centraux de la pensée freudienne.

EXCEPTIONNELLEMENT LE VENDREDI 21 DÉCEMBRE 2018

À 20H15 AU CINÉMA LES 3 LUXEMBOURG 75006 PARIS

DÉBAT DANS LE CADRE DE PSYCHANALYSE ACTUELLE/LE REGARD QUI BAT

PROJECTION DE VERTIGO

FILM D'ALFRED HITCHCOCK (1958) 

Avant propos : « L’amour face à notre vertige du vide intérieur se filme, se vit, les racines infantiles d’habitude  incriminées dés lors qu’il y a douleur, rupture, échec, ici le cinéaste fait un acte de génie, il inverse cette donne , c’est la peur la plus archaïque qui unit magnifiquement les passions de nos deux immenses acteurs Kim Novak et James Stewart… » JJM

Modéré par Jean-Jacques Moscovitz, psychanalyste Benjamin Lévy, psychanalyste, enseignant, ancien élève de l’ENS

Animé par Fred Siksou, Simone Wiener,  Pascal Kané,Vannina Micheli-Rechtman Laura Kofler. 

En présence de Christine Laurent, cinéaste, Martine Dugowson, cinéaste,  Paul Zawadzki, philosophe..

NOUS RECEVONS VINCENT CALAIS

 Qui nous propose une réflexion sur la représentation cinématographique du transfert

Le vertige de l'amour

Le cinéma est un espace de représentation du transfert : c'est à partir de cette thèse que Vincent Calais proposera une lecture de « Vertigo » d'Alfred Hitchcock. Présenté parfois comme l'un des dix meilleurs, voir le meilleur film de l'histoire, « Vertigo » met en scène un ancien enquêteur de police, que la culpabilité a isolé de la scène sociale, et qu'un ami manipule pour maquiller un meurtre en suicide. L'amour s'invite dans l'histoire, confirmant qu'avec lui on ne badine pas.

Consultant, ancien juriste, Vincent Calais avait développé sur le même registre l'analyse d'un autre film, « Le discours d'un roi », dans un article publié en décembre 2011 dans la revue « La Célibataire »…

MARDI 20 NOVEMBRE 2018 

MOUSTAPHA SAFOUAN POUR SON OUVRAGE : 

Le puits de la vérité , La psychanalyse et la science 

Moustapha Safouan est psychanalyste, il a été parmi les premiers à suivre l'enseignement de Lacan dès ses débuts en 1951 

Argument : « En réalité nous ne savons rien, car la vérité est au fond du puits », rappelle Démocrite, qui souligne la nature mouvante et insaisissable de la vérité. Elle est pourtant ce que le sujet demande dès qu'il parle. En somme, la vérité est une passion infantile autant dire primordiale. La vérité ici ne désigne pas un objet. On en fait usage comme un attribut qui caractérise certains énoncés en les distinguant de leurs contraires, taxés de mensonges. Lacan a pourtant substantivé la vérité et lui a même prêté sa bouche : « moi, la vérité, je parle » ; mais son discours ne semble pas avoir contribué à faire revenir les analystes sur la conception qu'ils se font de leur tâche comme recherche de la vérité. Recherche de la vérité qui ne peut qu'être en même temps une délimitation du réel. C'est ce double mouvement que Moustapha Safouan suit ici, au travers des figures de la science et de la psychanalyse dans leur dialogue avec le lieu où la vérité s'étreint puis se dérobe sans cesse.

VOICI LES CHAPITRES QUE L’AUTEUR NOUS PROPOSE

-I- Einstein épistémologue / -II- La question de l’Un. La foi d’un rationalisme croyant  / -III- De Newton aux quanta / -IV- L’épistémologie de Niels Bohr   / -V- Théorie physique et philosophie du langage / -VI- Savoir et vérité   / -VII- La raison selon le freudisme 


MARDI 16 OCTOBRE 2018 À 21H

EMMANUEL BRASSAT - SUR « RAPPORT(S) ET NON-RAPPORT(S) DE LA PSYCHANALYSE ET DU POLITIQUE

Emmanuel Brassat est docteur en philosophie, formateur et chercheur à l’Université de Cergy-Pontoise/ESPE de l’académie de Versailles, et membre de l’association Dimension de la psychanalyse.

Beaucoup a été dit et écrit sur les relations (ou pas) de la psychanalyse et de la politique ; voire à la fois trop peu et pas assez, quand cela n’a pas été en actes et en paroles la saturation de l’un par l’autre. Une telle question dépend à la fois de la définition globale que l’on se donne de la psychanalyse et des postions singulières prises par chacun des psychanalystes en la matière, ainsi que des pratiques sociales et professionnelles menées. De ce triple point de vue, les orientations sont très divergentes et la compréhension de ce que la psychanalyse apporte (ou pas) à la réflexion sur la chose politique très diversifiée dans les productions théoriques qui en sont issues.

Freud soutenait fermement que la psychanalyse n’était pas une conception du monde, et qu’en cela elle ne pouvait ni ne devait donner lieu à une philosophie politique, bien que son œuvre ait véhiculé et déployé des éléments d’analyse sociale et politique et aussi exprimé des positions. De ce point de vue, très souvent, les psychanalystes ne se sont pas tenus engagés sur le plan politique. Mais l’inverse est également vrai, certains auront toujours pensé leur pratique de psychanalyste comme des plus politique et auront participé à des actes politiques.

Au reste, la psychanalyse est une pratique professionnelle libérale qui ne se confond pas avec l’exercice de la citoyenneté, quelle que soit la façon dont chacun des psychanalystes met cette seconde en pratique personnellement et collectivement, indépendamment de son exercice de la psychanalyse. Néanmoins, il y a des associations d’analystes qui sont aussi en elles-mêmes des formes politiques. En tant que telles, elles ne se limitent pas à de simples corps professionnels – et s’y expriment des positionnements politiques.

De nombreux problèmes en découlent : le décalage de la pratique de la psychanalyse sur l’histoire politique collective, le fait que la psychanalyse subit plus le politique qu’elle ne l’influence, l’hétérogénéité de la psychanalyse à l’ordre social commun ou, au contraire, la participation active des psychanalystes à la gestion de la société dans les institutions politiques, scientifiques et médicales, au risque d’une dénaturation de leur pratique, sans oublier un certain traitement politique de la psychanalyse par les pouvoirs institués, favorable ou répressif.

Le problème du rapport (ou du non-rapport) se voit redoublé par celui de la définition même du politique, ou de la politique, non seulement en tant que tels, mais aussi du point de vue de la psychanalyse. En quelque sorte, on peut soutenir que la psychanalyse entraine une redéfinition originale du politique et des rapports sociaux depuis Freud, au moins en compréhension, prolongeant ici la philosophie et les sciences sociales dans leur critique des formes politiques traditionnelles et modernes. Mais si c’est le cas, quelles devraient en être les conséquences sociales et politiques ?

C’est autour et à travers un tel ensemble de thèmes et de questions que je présenterai mes réflexions sur le rapport et/ou le non-rapport de la psychanalyse et du politique, sans oubli de la distinction des quatre discours chez Lacan.