LES ARCHIVES DU REGARD QUI BAT DEPUIS 2020
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2025
16 MARS
Cinéma Les 3 Luxembourg
Spectateurs!
Un film d’Arnaud Desplechin
SYNOPSIS :
Qu’est-ce que c’est, aller au cinéma ?
Pourquoi y allons-nous depuis plus de 100 ans ?
Je voulais célébrer les salles de cinéma, leurs magies.
Aussi, j’ai suivi le chemin du jeune Paul Dédalus, comme le roman d’apprentissage d’un spectateur. Nous avons mêlé souvenirs, fiction, enquêtes…
Un torrent d’images qui nous emporte.
AVANT-PROPOS DE JEAN-JACQUES MOSCOVITZ :
Le temps comme acteur principal au cinéma, son entrée est sans cesse imminente avec le mouvement qui l’accompagne. Et force les images à bouger, il les crée instantanément. Le moment du jaillissement du temps est origine pour ces magnifiques adolescents, étudiants, lycéens qui nous représentent aujourd’hui tels que nous l’avons été il y a quelques décennies. Paris, les Cafés, ambiances que les visages recueillent, transmettent et nous font répondre présents, à l’appel des images en place de noms propres. Lanzmann et Simon Shrebnik, Truffaut et Antoine Doisnel. Ecart immense, bien plus qu’entre 1959 les 400 coups et 1985 Shoah. Écart gigantesque que des auteurs tels que Lanzmann et Truffaut rendent atteignable. Grâce à Arnaud Desplechin. Oui nous sommes tous des spectateurs-cinéastes, inventeurs du cinéma. Depuis les Frères Lumière à tellement d’autres aujourd’hui, dont Arnaud Desplechin qui nous donne la joie de nous retrouver et témoins actifs dans la solennité de la salle obscure, pleine de désirs d’accepter la vérité du cinéma et ses fictions qui lui sont nécessaires pour contourner l’impossible que l’image seule ne peut nous transmettre. Il faut qu’elle se mette en séries, en séquences recouvertes et bordées par des mots qui deviennent nôtres.
2025
9 FEVRIER
Cinéma Les 3 Luxembourg
La plus précieuse des marchandises
Un film de Michel Hazanavicius
SYNOPSIS :
Il était une fois, dans un grand bois, un pauvre bûcheron et une pauvre bûcheronne. Le froid, la faim, la misère, et partout autour d´eux la guerre, leur rendaient la vie bien difficile.
Un jour, pauvre bûcheronne recueille un bébé. Un bébé jeté d’un des nombreux trains qui traversent sans cesse leur bois. Protégée quoi qu’il en coûte, ce bébé, cette petite marchandise va bouleverser la vie de cette femme, de son mari, et de tous ceux qui vont croiser son destin, jusqu’à l’homme qui l’a jeté du train.
Leur histoire va révéler le pire comme le meilleur du cœur des hommes.
AVANT-PROPOS DE JEAN-JACQUES MOSCOVITZ :
Conte, rêve, enfant, un enfant trouvé, un enfant béni par la Chance, une petite fille crée désir et amour parental chez de pauvres bûcherons au cœur d’une forêt de Pologne, au cœur de la « solution finale de la question juive » par l’outil qui transporte les déportés, le Train. Du train un miracle, elle est jetée, entourée du châle de prière paternel, brodé d’or et de pierres précieuses. Le sublime de la merveilleuse beauté de la vie côtoie la laideur de l’horreur voulue par des hommes, la Shoah. Nom nouveau pour dire ce qui est arrivé après le feu de l’enfer.
Le Conteur Jean-Claude Grumberg et le Réalisateur Michel Hazanavicius nous enchantent et nous donnent de la force en ces temps difficiles…
2024
SAMEDI 1er DECEMBRE
Cinéma Les 3 Luxembourg
Les Violons du bal
Un film de Michel Drach
SYNOPSIS :
Un cinéaste veut réaliser depuis 20 ans le même film, autobiographique. Parallèlement à sa vie actuelle, il tourne avec un opérateur en reportage et avec des petits moyens, une chronique du temps présent. Tous les éléments de sa vie d'enfant, vie rêvée, souvenirs transposés et irréalistes, viennent se confondre au présent. Médusé, un petit garçon de neuf ans, Michel, assiste à l'effondrement de ce qui était sa vie : meubles bousculés, tapis roulés, bibelots et livres disparus au fond des caisses, et des valises dans lesquelles sa famille entasse vêtements et objets.
C'est la guerre. Dans l’appartement plusieurs membres de la famille, dont Jean, ont mis des masques à gaz qui devaient s’y trouver et s’en amusent pour dédramatiser devant les yeux ébahis de Michel. Jean avec son masque à gaz lit un carnet "et maintenant voici les conseils du père le capitaine Cafoulis en cas d'évacuation, primo il est recommandé de laisser la clef à la concierge", Jean enlève son masque à la demande de sa mère et continue "tous les volets doivent être clos...". Puis la famille suit la route de l’Exode en voiture et réemménage en province. Plus tard la famille reviendra à Paris.
MISSIVE DE DAVID DRACH d’OCTOBRE 2024:
Père agnostique et juif, mère catholique, grand-père algérien élevé dans la religion musulmane, je suis copain avec tout le monde. Et pourtant, comment ne pas remettre en question le silence quasi unanime des médias français lors de la sortie, la semaine dernière, de la version restaurée des Violons du Bal, le film autobiographique de mon père, Michel Drach.
Dans ce film, deux histoires s’entrechoquent : celle, en noir & blanc, où Jean-Louis Trintignant, dans le rôle d’un metteur-en-scène, est confronté aux refus catégoriques des producteurs et, en contrepoint, celle, en couleur : le film qu'il souhaite réaliser depuis toujours sur son enfance pendant la Seconde Guerre mondiale.
Très beau succès public et critique, en 1974, le film représente la France au Festival de Cannes, cette même année, et offre à ma mère, Marie-José Nat, le Prix d’Interprétation Féminine.
Un film, distribué dans le Monde entier, et toujours étudié, des décennies plus tard, dans certaines universités américaines, comme exemple de représentation de la Shoah au Cinéma.
Mais aujourd’hui, en France, silence radio.
Et pourtant, je crois entendre, en échos, certains dialogues des Violons du Bal où producteurs et distributeurs de l'époque, personnages récurrents dans les passages en noir & blanc, n’envisagent pas, une seule seconde, l’existence d’un tel projet : "Le film ne marchera pas. Juif, vous savez, c’est très peu commercial ! Juif mort... peut-être à la rigueur, mais juif vivant... impossible !"
L’histoire se répète. Comme quoi, le film n’est pas daté.
Le silence des médias actuels serait motivé, me dit-on, par la situation au Proche-Orient. Pourtant, dans Les Violons du bal, il n’est jamais question de conflit israélo-palestinien, de Sionisme, de la politique de Netanyahou ou du drame humanitaire à Gaza. Alors, pourquoi tout mélanger et "boycotter" ce film de la sorte ? Je ne demande pas aux médias d’encenser Les Violons du Bal, juste de rappeler que ce film existe.
Ne serait-il pas plus simple de zapper, tout simplement, l’existence de la Shoah, un détail de l’Histoire pour certains, ou de l'évoquer au collège, comme déjà dans bons nombres d'établissements scolaires, juste du bout des lèvres pour ne pas froisser la sensibilité de quelques uns ? C'est flirter avec le négationnisme ou du moins le révisionnisme. Résultat, les amalgames nauséabonds et les actes antisémites explosent depuis un an. Bien sûr, les médias le note à coup de pourcentages, mais les mêmes s’écrasent ou plutôt censurent toute représentation "positive" du peuple juif. En France et en 2024 ! Finalement, rien n’a changé et le film, malgré ses 50 ans, reste tristement d’actualité.
Mes parents étaient de gauche (une gauche humaniste et inclusive, si loin de la France Insoumise). Eux-mêmes, couple de la mixité - Marie-José Nat est née Benhalassa - ils se sont battus contre toutes formes de racisme, de discrimination et de communautarisme. Des artistes souvent à contre-courant et courageux, et pas seulement lors de manifestations publiques, mais aussi à travers leurs choix cinématographiques. Dès son premier long-métrage, On n’enterre pas le dimanche, mon père dénonce le racisme et célèbre l’histoire d’amour d’un Martiniquais et d’une jeune Suédoise. A l’époque, ce n’était pas à la mode ! De son côté, ma mère choisit d’incarner une femme médecin pour défendre le droit à l’avortement dans Le Journal d’une femme en blanc, un film tourné presque "clandestinement", en 1965, soit 10 ans avant la loi Veil. Suivra Elise ou la vraie vie. Mes parents hypothèquent - et perdent - leur appartement afin de donner vie à cette histoire d’amour entre Elise, une jeune française (ma mère) et un ouvrier algérien pendant la guerre d’Algérie - un autre film engagé contre le racisme. Puis, Les Violons du Bal pour lequel mes parents hypothèquent de nouveau leur maison. L’année suivante, en 1975, ma mère choisit d’interpréter le rôle d’Ethel dans Les Rosenberg ne doivent pas mourir de Stellio Lorenzi. Autre réquisitoire contre la peine de mort, Le Pull-over rouge, tourné sous un faux titre par mon père, en 1979, soit deux ans avant l’arrivée de la Gauche au pouvoir et Badinter. Lettres anonymes, menaces de mort, croix gammées taguées sur la maison, oui, mes parents étaient courageux ! Soyons courageux ! Il faudrait essayer ne serait-ce que pour donner l’exemple…
Courage : Force morale ; fait d’agir malgré les difficultés, énergie dans l’action. Force devant le danger ou la souffrance. S’oppose à lâcheté.
Pour ceux qui ne savent pas et ceux qui auraient si vite oublié.
Si cette missive vous parle, merci de la partager.
AVANT-PROPOS DE JEAN-JACQUES MOSCOVITZ :
Les Violons du Bal de 1974 est un film qui a sa place au Regard qui Bat, activité de Psychanalyse Actuelle fondée en 1987 après la sortie de Shoah de Claude Lanzmann en 1985. Apparaît ainsi une anticipation du passé dans le présent où nous sommes aujourd’hui et nous remercions vivement David Drach de nous permettre de voir à nouveau ce film en 2024. Un double sens du temps y inscrit l’enfance comme acteur principal.
Par sa caméra si présente dans le film, dont le réalisateur Michel Drach a le secret, se produit un apaisement malgré l’actuel où nous sommes depuis le 7 octobre 2023 avec la violence d’une mise hors Monde du juif comme mot, comme signifiant, comme Sujet, comme figure de la liberté de penser. Peut-être s’agirait-t-il de dire par ce film à tous ceux qui sont dans la passion et la haine que ce serait peut-être pas mal d’être comme un peu juif de temps en temps, surtout pour les intellectuels de gauche français qui ont perdu leur lucidité et dont font partie beaucoup trop de Psychanalystes…
AVANT-PROPOS DE LAURENCE CROIX :
Après les censures scandaleuses qu’a subi Polanski depuis son Dreyfus, c’est au tour d’un autre grand réalisateur, Michel Drach, d’être condamné au silence dans nos médias lors de la restauration de ce très grand film. Aucune casserole d’abus sexuel pourtant pour lui. Il ne fait pas meilleur d’être juif en France au XXI siècle qu’il y a un siècle …
Un film, qui traite de la condition juive en 40, dans les yeux et la mémoire d’un enfant Michel Drach, joué par son fils, David, et qui, en ce sens au moins, s’inscrit aussi d’abord en tant que témoignage comme dans Balade à Cracovie (Polanski), Jeux interdits, Au revoir les enfants, … Il témoigne en particulier de ce décalage entre la vie infantile et celle des adultes, le quotidien et la persécution, la fiction et la réalité, mais tous les plans s’entrecroisent, se chevauchent, se superposent et se confondent. Ici la transmission se passe tout en tendresse, et en famille aussi !
Bravo au Regard qui bat d’oser non seulement s’attaquer au Réel, mais de mettre en Lumière ce film qu’il faut absolument voir ou revoir.
« Mais qui s’intéresse encore aux enfants » ? « Le passé c’est fini » clame un producteur pour introduire le spectateur. Ce film qui a été sélectionné pour représenter la France au Festival de Cannes, où Marie-José Nat s’est vue décerner le Prix d'Interprétation Féminine, nous parle du passé, de notre présent et de l’avenir, de l’innocence et de la cruauté, … Marie-José Nat bouleversante de beauté et de justesse s’y demande aussi : « Qu’est-ce qu’il en dit le docteur Freud ? ».
2024
SAMEDI 13 OCTOBRE
Cinéma Les 3 Luxembourg
Le Roman de Jim
Un film d'Arnaud Larrieu et Jean-Marie Larrieu
SYNOPSIS :
Aymeric retrouve Florence, une ancienne collègue de travail, au hasard d’une soirée à Saint-Claude dans le Haut-Jura. Elle est enceinte de six mois et célibataire. Quand Jim nait, Aymeric est là. Ils passent de belles années ensemble, jusqu'au jour où Christophe, le père naturel de Jim, débarque... Ça pourrait être le début d’un mélo, c’est aussi le début d’une odyssée de la paternité.
Avant-propos de SIMONE WIENER :
Les frères Larrieu nous avait enchanté avec Tralala, comédie chantante, insolite, loufoque et pleine de poésie qui se passait entre Montparnasse et Lourdes. Leur nouveau film, « Le roman de Jim » d’après le livre de Pierric Bailly (P.O. L. 2021) change de style, de région et de registre, mais le talent et la sensibilité sont toujours au rendez-vous.
Nous nous retrouvons dans les montagnes du Haut Jura et dans une histoire qui relève de la sphère privée, de la famille et des liens de filiations. On est entraîné dans le récit d’un parcours de vie intime mais sans ostentation, de façon ténue, retenue. Et c’est peut-être cette manière délicate, sans insistance, presque oblique qui fait que ce film parvient à nous toucher jusqu’aux larmes. (Prévoir des mouchoirs).
Le récit est parfaitement rythmé par des scansions temporelles régulières qui accentuent la dimension de destin. Les clichés qu’Aymeric, passionné de photo, prend régulièrement contribuent à cette temporalité cinématographique. Et cela n’empêche pas le film d’aborder des questions profondes au sujet de la maternité, des liens de filiations, du temps, de la transmission. Il le fait toujours avec finesse sans chercher de coupables ou donner des réponses.
L’histoire est celle d’un chemin de vie particulier avec ce qu’il y a de tragique dans l’inéluctable et l’irréparable. Il s’agit d’Aymeric (joué par Karim Leklou, excellent) natif de Saint- Claude et dont nous suivons le destin à partir de son jeune âge, les années 1990 jusqu’à nos jours. Aymeric est un jeune homme un peu banal, attachant, bon camarade qui se laisse porter par le désir des autres. C’est ainsi qu’il est entraîné dans un cambriolage qui le fait passer par la prison.
A sa sortie, il croise une ancienne amie libre et joyeuse Florence, (Laetitia Dosh) enceinte de 6 mois avec laquelle il a une histoire d’amour qui le remet en mouvement. Elle souhaite qu’il s’occupe de son fils. Là aussi il est pris dans le désir de l’autre, mais il s’y engage. Et à cet endroit, il se passe quelque chose qui va au-delà. Il s’épanouit avec cet enfant avec lequel se noue une relation paternelle et complice.
On dirait qu’il a trouvé dans cette fonction quelque chose qui le réalise. Pourtant quand cet enfant va lui être retiré, Aymeric ne va pas se battre. La passivité de sa réaction lui sera retournée plus tard.
Le film aborde des questions comme celle de ce qui distingue un père d’un géniteur, sur la fonction du prénom et du nom. Si le géniteur est absent, quel est le statut de celui qui s’occupe de l’enfant ? Quelle est la fonction de celui qui donne son nom ?
Qu’est-ce qu’un père ? Celui qui donne son prénom à l’enfant et s’en occupe ? Celui qui lui donne son nom, l’inscrit dans une lignée ? Comment penser et articuler tout cela dans certains destins ?
Le personnage de sa compagne, Florence, n’est pas sans soulever des questions sur le féminin et le maternel. Qu’en est-il d’une femme lorsqu’elle devient mère ? Est-ce un acte de générosité de lui trouver un père ?
Et pour un enfant comment faire avec les mensonges et les faux fuyants des adultes ? Plein de questions qui montrent la complexité des choses ; il n’y a pas de coupables ; il n’y a pas de causalité simple mais des circonstances qui donnent à chaque personnage une amplitude et une vraisemblance.
2024
SAMEDI 29 JUIN
Cinéma Les 3 Luxembourg
Le Déserteur
Un film de Dani Rosenberg
SYNOPSIS :
Shlomi, un soldat israélien de 18 ans, fuit le champ de bataille pour rejoindre sa petite amie à Tel-Aviv. Errant dans une ville à la fois paranoïaque et insouciante, il finit par découvrir que l'armée, à sa recherche, est convaincue qu'il a été kidnappé... Un voyage haletant, une ode à une jeunesse qui se bat contre des idéaux qui ne sont pas les siens.
Réalisateur du Déserteur, Dani Rosenberg a fait de son personnage principal l'incarnation de ses sentiments vis-à-vis de son pays, Israël.
« Il réagit exactement de la manière dont je réagirais, moi, si j'avais du courage. Cette anomalie de la vie israélienne et de ma génération - la volonté de fuir à tout prix notre existence sanglante - a guidé mon projet dès le départ. Je me suis rendu compte qu'en essayant décrire quelque chose sur l'amour, j'ai fini par parler de la solitude. Je voulais évoquer une relation entre un jeune homme et une jeune femme, mais la violence a pris le dessus », explique le cinéaste.
Avant-propos de JEAN-JACQUES MOSCOVITZ :
« …Partons au Canada dit Shlomi à sa si belle Shirih, pour fuir cette vie israélienne si difficile. Oui, mais si l’on ferme les yeux, disent-ils, nous serons toujours à voir israel. Le Déserteur de Dani Rosenberg rappelle le film de Samuel MAOZ , FOX-TROT, où l’armée d’Israël TSAHAL est moquée de façon constructive. Comment Israel sait le faire dans ses films qui dénotent une culture de l’auto critique judeo- hébraïque forte et qui résiste à l’adversité la plus sombre, notamment contre la haine terroriste des juifs par le Hamas lors de la guerre en 2014. Ce film de fiction date d’avant le 7 octobre2023, c’est aussi un film d’amour et qui nous laisse entrevoir la vérité de l’épouvante de ce qui s’est passé le 7 octobre 2023. Il doit servir de leçon à toutes les démocrates modernes comment ne pas user de la haine antisémite en politique, comme c’est le cas en France en ce moment avant les élections législatives . Nous passons ce film pour débattre avec des réalisateurs de la portée cinématographique de ce film où les images foisonnantes créent un discours filmique des plus intéressants pour l’époque alliant l’intime du DÉSIR amoureux à l’aspiration de vivre en paix malgré la guerre… »
2024
DIMANCHE 9 JUIN
Cinéma Les 3 Luxembourg
UNE FAMILLE
Un film de Christine Angot
SYNOPSIS :
L’écrivaine Christine Angot est invitée pour des raisons professionnelles à Strasbourg, où son père a vécu jusqu’à sa mort en 1999. C’est la ville où elle l’a rencontré pour la première fois à treize ans, et où il a commencé à la violer. Sa femme et ses enfants y vivent toujours.
Angot prend une caméra, et frappe aux portes de la famille.
Avant-propos de JEAN-JACQUES MOSCOVITZ :
« …bruits des mots qui crissent sur le papier, ceux de Christine Angot, musique insistante dans son bureau. Ici les lieux parlent, nous disent les mots qui savent combien 3 histoires sont nouées, et la familiale, et l’intime singulière de l’enfant, et la collective avec son grand H, qui lie les gens dans le monde où nous vivons. Le film montre que l’écart des nœuds d’histoires entre eux peuvent se mettre en trop grande, très grave continuité. Voire se rompre. Détruire la loi de transmission entre générations, provoquant fusion, impossibles filiation et séparation, rompre et envahir l’histoire intime, la plus fragile, dont la mémoire reste prisonnière de l’acte d’inceste. Inceste tel que le film soumet spectateurs, Cité, collectif à se positionner face au discours images, aux silences entre les images, images des faits ici dévoilés enfin. Images de mots, des noms portés par les acteurs réels qui sont alors ensemble au présent par l’acte propre à l’art du cinéma. Ainsi, 3 générations sont-elles mises en regard, celle des parents de Christine, celle d’elle-même et de ses proches, et celle de son enfant, sa fille, témoin constructif par sa parole -psychanalytique oui ! - en ce si joli port de Nice, les criques, ‘la mer… qu’on voit danser… le long le long des golfes clairs… »
2024
SAMEDI 27 avril 2024
Cinéma Les 3 Luxembourg
Lettre errante
Un film de Nurith Aviv
SYNOPSIS :
Entièrement dédié à une unique lettre de l’alphabet, la lettre R et ses multiples prononciations, Lettre Errante poursuit le travail d’exploration de la langue de la réalisatrice Nurith Aviv.
Au fil des souvenirs d’enfance de six personnalités chacune de langue maternelle différente, c’est tout un monde qui se déploie autour de la lettre R et qui, de l'intime au politique, soulève des questions de vie et de mort, de filiation, de migration, d’exil, de résistance et aussi de genre
Avant-propos de JEAN-JACQUES MOSCOVITZ :
« …Perjil perçoit-t-on depuis l’espagnol pour persil en haïtien... Bilingues, nous le sommes tous entre les cris, l’écrit et les mots, les syllabes interjetées ici entre un père et son fils qui ne dit pas le R, entre la parole et l’entendu où l’oreille complète le son. Le R ne se prononce pas en haïtien et aussi dans bien d’autres langues.
R, une lettre magnifique comme toutes les autres de l’alphabet. Ici le film met en scène cette lettre-là... Ses errances…Voilà mise en images de cinéma une lettre qui fait coupure dans la langue, c’est pour l’infans qui ne parle pas encore l’apparentement au langage si bien souligné par Lacan, et qui avec Freud est l’insertion de l’enfant dans la parentalité, la transmission entre les générations où les lettres, notamment ce R, si grand qu’il va du côté de Rosh, en hébreu, le début, pour Rho en grec pour l’élan, la vie. Cette attente de pouvoir le dire fait honte, courroux, connivence dans les familles à travers notre si Belle planète Terre bourrée de R en pleine nature. Air, Aite, Erre, Êre. Nurit Aviv nous en fait voir de toutes les couleurs en séquences d’images d’arbres couverts de fleurs.
Évoquons :« A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu. Dans ce poème de 1971 Arthur Rimbaud parle des voyelles comme Vois Elle … la femme » qui advient toujours.
Le R comme le L sont des lettres nommées liquides, faciles à dire pourtant. Pour le R s’il succède à une consonne occlusive, comme le P, comme prêter, prairie, prêtre…est plus facile à prononcer, paraît-il pour les français qui n’avons pas cette difficulté. Sauf quand quelqu’un ronfle où son souffle comme probablement dans toutes les langues, le R du fond de la gorge se fait entendre, voilà la toute première image du film, en plein chant ! de blé, d’avoir un chat dans la gorge et s’entendent des rheu -rheu-rheu plein écran. Le R si souvent doux une fois éveillé le voilà filmé presque malgré lui... »
2024
Dimanche 17 mars 2024
Cinéma Les 3 Luxembourg
Je ne veux plus y aller maman
Un film d’Antonio Fischetti
SYNOPSIS :
Journaliste à Charlie Hebdo depuis 1997, Antonio Fischetti, présente son film documentaire Je ne veux plus y aller maman. Un projet très personnel dont l’attentat du 7 janvier 2015 a été le déclencheur.
« Je suis journaliste à Charlie Hebdo, et le 7 janvier 2015 j’ai échappé à l’attentat par la grâce d’un concours de circonstances saugrenues. L’onde de choc passée, une introspection s’est imposée à moi pour redonner un sens à ma vie fragmentée par ce drame.
Parmi tous mes camarades assassinés, il y avait Elsa Cayat, la psychanalyste fantasque, qui tenait une rubrique dans le journal. Nous avions même commencé un film ensemble, sous forme d'entretiens. Guidé par les réminiscences de la parole d’Elsa, je revisite mon histoire et les raisons de mon engagement dans Charlie. Mon film est une quête à la fois sensible et décalée, questionnant le pouvoir des images et les ressorts du mot liberté. »
Antonio Fischetti
Avant-propos de JEAN-JACQUES MOSCOVITZ :
« …des mots d’Antonio, sur sa moto, dont les lettres se joignent aux images qui se voient, se lisent, s’entendent, s’écoutent, images aux couleurs si généreuses qu’associées aux voix et aux visages des présents devant la caméra deviennent des tableaux qui, à leur tour, invitent les spectateurs en témoins de Charlie-Hebdo, de l’écho actuel de l’attentat du 7 janvier 2015, et à d’autres attaques du genre humain jusqu’au 7 octobre 2023. Atteinte « non pas au centre mais au cœur »de chacun d’entre nous, là où les mots, malgré le trauma, parviennent à se dire en chaînes de signifiants qui imagent l’origine du monde psychique de chacun « entre sexuel et religion ». Voilà la psychanalyse en actrice principale avec Elsa C., disparue et si présente à l’écran, et Antonio F., Yan D, qui en savent un bout sur le risque de ne pas lâcher sur l’image et les mots, le trait vivant de l’écriture, la parole, l’inconscient, ici au cinéma, et sur « la caricature au cœur du ´ rêve » ( Freud) , qui s’inscrivent, s’écrivent, sont mis en mouvement par la caméra d’Antonio Fischetti… »
2024
Dimanche 21 JANVIER 2024
Cinéma Les 3 Luxembourg
Pour ton mariage
Un film d’Oury Milshtein
SYNOPSIS :
En épousant la fille d’Enrico Macias, je ne me doutais pas que trente ans plus tard je lui en voudrais encore d’avoir transformé nos noces en show démesuré. En revoyant le film du mariage, je réalise que c’est vraiment là que j’ai commencé à « fonder une famille » : deux fils, une séparation, trois filles, une autre séparation, un deuil. Sur la tombe de mon psy, je tente une sorte d’inventaire. Que nous ont légué nos pères et nos mères ? Et moi, que vais-je laisser à mes enfants ?
Oury Milstein
Avant-propos de Lysiane Lamantowicz :
De l'analyste mort au père mort. Entre les deux, il y a ce film, objet cinématographique inclassable ni documentaire ni fiction, construit comme le parcours d'une analyse, fait de fragments passés éclairés ou obscurcis par le regard du réalisateur. Parcours de meurtre du père et de réconciliation car comme dit Pierre Dac « il faut tuer le père mais on ne doit pas piétiner son cadavre ». Parcours qui comme l'analyse permet d'être un peu moins ignorant de ce qui fait son symptôme. Parcours qui va de la mascarade à la vérité, de l'arrachement à l'emprise maternelle à l'infime possibilité de devenir père, en passant par l'épreuve la plus cruelle qui soit, celle de la mort de son enfant. Car ce film, ce désir de film est aussi un hommage à la mémoire de Leah quand les mots n'y peuvent suffire et que les images viennent pallier au défaut de mémoire Parcours de construction, reconstruction pour échapper à la fascination, la tentation de la jouissance destructive comme cet artiste rencontré et filmé en Israël qui détruit ses œuvres. Parcours qui témoigne de la trace, de l'empreinte de la Shoah transcendée par la possibilité d'aimer, de créer et de transmettre ou au moins d'essayer.
2023
Dimanche 17 décembre 2023
Cinéma Les 3 Luxembourg
Le Ravissement
Un film d’Iris Kaltenbäck
SYNOPSIS :
Comment la vie de Lydia, sage-femme très investie dans son travail, a-t-elle déraillé ? Est-ce sa rupture amoureuse, la grossesse de sa meilleure amie Salomé, ou la rencontre de Milos, un possible nouvel amour ? Lydia s’enferme dans une spirale de mensonges et leur vie à tous bascule....
Avant-propos de Simone Wiener :
« Le titre de ce film, le ravissement joue sur la polysémie entre rapt et extase et fait une référence voulue par la réalisatrice Iris Kaltenbeck, au Ravissement de Lol V. Stein, roman de Marguerite Duras. Le film met en jeu une forme d’abandon et de déréliction d’une femme qui la conduit à une dérive, mais s’arrête là l’association avec le destin de Lol V. Stein.
L’histoire est celle de Lydia, jeune femme sans famille, qui s’appuie pour l’essentiel, sur l’amitié qui, depuis l’enfance, l’attache à Salomé (Nina Meurisse), petite sœur qu’elle s’est choisie. De son côté, Salomé vit en couple, mais est toujours disponible pour Lydia, sa confidente. La première, en toute logique, à qui Salomé annonce attendre un enfant. Cet enfant va naître comme s’il était celui de ces deux femmes. C’est ainsi l’Histoire d’une sororité, d’amour et de la dérive d’une femme qui ne se sent désirable pour l’homme qu’elle a rencontré que d’être mère. Après le travail, Lydia se déplace dans la ville, dans une sorte d’errance. Une nouvelle rencontre se fera avec un homme Milos (Alexis Manenti, excellent) qui lui redonne vie. C’est lui le narrateur de cette histoire. Croisements de regards, amours perdus et nécessité de l’enfant.
Le film montre ainsi comment l’enfant vient sceller l’amour entre deux femmes, ce d’autant que l’une est sage-femme et accouche son amie dont elle sauve le bébé d’une défaillance néonatale. Cet enfant, devient ainsi celui qu’elle lui a donné, mais aussi celui qui lui manque pour séduire l’homme qu’elle a rencontré.
Le film d’Iris Kaltenbeck trouve son propre fil pour suivre le chemin de cette passion. Le Ravissement procède par petites touches, anticipant par les regards, les silences et les déambulations, un enchaînement qui mène à une catastrophe autour d’un bébé ravissant.
C’est deux désirs d’enfant pour un seul bébé, un parcours de pertes et d’amours qui avance de manière inéluctable vers une issue tragique, dans une course, comme À bout de souffle. »
2023
Dimanche 19 novembre 2023
Cinéma Les 3 Luxembourg
Evolution
de du réalisateur hongrois Kornel MUNDRUCZO et de la scénariste hongroise Kata WEBER
Projection suivie d'une rencontre-débat en présence de Emile Rafowicz, psychanalyste
SYNOPSIS :
D’un souvenir fantasmé de la Seconde Guerre Mondiale au Berlin contemporain, Evolution suit trois générations d’une famille marquée par l'Histoire. La douleur d’Eva, l’enfant miraculée des camps, se transmet à sa fille Lena, puis à son petit-fils, Jonas. Jusqu’à ce que celui-ci brise, d’un geste d’amour, la mécanique du traumatisme.
Avant-propos :
« …D’immenses nattes, de cheveux épaisses, encastrées dans un mur, des cheveux de femmes sont le 1 er plan séquence… Trois plans s’enchaînent. Au tout 1er le spectateur reste sidéré par l’intensité de sa construction du réel : trois hommes, 3 soldats soviétiques lavent avec force cet obscur réel, une probable chambre à gaz. Des cheveux de femmes en quantité, sortent des embrasures. Des cris sourds et aigus d’enfants jaillissent comme du centre de la Terre, une petite fille vivante, effrayée apparaît. Née de l’horreur de la Shoah…
Suivent deux autres séquences, la petite fille devenue grand- mère est en dialogue tendu avec sa fille. On comprend qu’il s’agit d’échanges portant sur des documents qui sont en lien direct avec sa judéité et sa déportation par l’Etat hongrois. Cette femme a un fils, le voilà jeune adolescent, Jonas est son nom, avec lequel elle compte partir loin de l’histoire de la Shoah. Elle dit aspirer à vivre une autre vie. L’ambiance évoque le symbolique dans la Bible, où Jonas est ce prophète qui doit annoncer aux habitants de la ville de Ninive leur punition au vu de leurs péchés.
Berlin est le dernier plan séquence. La mère de Jonas semble vouloir « refaire » sa vie et Jonas, en prises imaginaires avec les affres de son adolescence, se pose de multiples questions sur la vie, la mort, les liens fraternels et amoureux, l’empreinte laissée au plus intime de son être par l’Histoire faite d’atrocités et de destruction de l’humain.
EVOLUTION met le spectateur face au traumatisme de la Shoah à travers ces trois générations. Evolution de notre société face au traumatisme d’un réel insistant qui chemine et s’immisce lui aussi avec/dans le quotidien de chacun d’entre nous. AUJOURD’HUI. Ce bébé du début du film nous renvoie à notre naissance au monde et à notre indélébile et indéfectible marquage par cette histoire que le 7 octobre 2023 est venue nous « rappeler » la réactualiser à travers le monde entier. Le film pose aussi la question de notre responsabilité à témoigner de la traversée de la plaie laissée en nous depuis lors… »
Avant-propos établi par Emile RAFOWICZ avec JJ Moscovitz
2023
Dimanche 1er octobre 2023, à 20h
Cinéma Les 3 Luxembourg
Promenade à Cracovie
de Mateusz Kudla et Anna Kokoszka-Romer
Projection suivie d'une rencontre-débat en présence de Sabine Prokhoris, philosophe et psychanalyste (Cf son texte à propos de Promenade à Cracovie dans « Positif », revue mensuelle de cinéma n°749-750, juillet-aout 2023)
SYNOPSIS :
Ce documentaire suit Roman Polanski dans la ville où il a vécu enfant, en compagnie de son ami de toujours, le photographe Ryszard Horowitz, survivant de la Shoah, qu'il a rencontré dans le ghetto de Cracovie pendant la Seconde Guerre mondiale. Ensemble, ils arpentent les rues et confrontent leurs souvenirs…
Avant-propos de Jean-Jacques Moscovitz :
«… Niusia, sœur d’ Horowitz, cache 100 dollars dans sa brosse à cheveux. Là, le spectateur est déjà dans la période communiste en Pologne, après le nazisme, où surgit un « rhaver Stalin », ami en hébreu, que le rabbin chante pour nommer avec ferveur le grand camarade. Rires de nos deux compères qui nous font partager toute l’amitié depuis leur enfance encore bien actuelle.
Ils sont aujourd’hui adultes devenus d’immenses artistes. Le temps passé s’est arrêté, il n’a pas bougé, ici il se conjugue au présent. Comme les images de cinéma nous le disent. Tout comme l’Eglise de Marienka, immuable et montrée dans le détail. Les détails de leurs liens sont pleins de rires, de vie, de sérieux, Cracovie est à quelques km d’Auschwitz, et près de Platzow, le camp refuge des Juifs de Schindler où Horowitz a été sauvé de l’horreur.
Leur récit n’est ni amer, ni vengeur, ni victime. Le visage profond de Roman est en gros plan quand il dit que sa mère est envoyée « directement au gaz ». Elle qui lui donnait cette affreuse huile de foie de morue pour le faire mieux grandir. Leurs paroles en polonais sont mises en scène, en récit, émaillées de vues sur des objets, en images de Cinéma.
L’appareil photo dans leurs mains, la table de montage, la baignoire qui sert de chambre noire. Leu parapluie qu’ils ne quittent jamais. Jusqu’à la fin du film où ils s’ouvrent comme pour les unir à jamais en une si belle séquence de cinéma, en acte, où le cinéma est lui-même acteur. Tout comme leurs objets ici réinventés, ré-habités en images par Anna Kokoszka-Romer et Mateusz Kudla, les metteurs en scènes qui effectuent une direction d’acteurs de ces objets, qui redeviennent alors partie vivante des deux amis. Le petit ciseau pour le maquillage, mais aussi les photos de famille, et aussi les images d’archives, elles-mêmes filmant des déportés derrière les barbelés du camp d’extermination si près du ghetto d’où s’est faufilé Roman Polanski, du fait de son génie pour se retrouver grâce à une famille de paysans polonais, Juste des Nations, dans sa vie, ses exils, sa magnifique créativité. Sourcée depuis son enfance à Cracovie… Où pour nos deux artistes, leur corps, leur mémoire, leur parole se nouent pour chacun d’eux à chacun de leurs parents, de leurs proches dont bon nombre ont disparu dans la Shoah.
La puissance, la beauté, l’exigence de la parentalité du fait de leur culture juive laïque enrobent nos deux héros dans une complicité sans pareille qui les inscrit pour nous, spectateurs, dans des moments ineffaçables... ».
2023
Dimanche 18 Juin 2023, à 20h
Cinéma Les 3 Luxembourg
Un vivant qui passe
de Claude Lanzmann
« Un film sur l’antisémitisme ordinaire, un film sur la difficulté d’être témoin de l’Histoire quand on a été victime de son propre aveuglement. »
Paul Fontaines, Les Inrocks
SYNOPSIS :
Un Vivant Qui Passe, est un film réalisé à partir d’un entretien en 1979 entre Claude Lanzmann et Maurice Rossel délégué du comité international de la Croix-Rouge, qui en juin 1944 visita le ghetto modèle d’Eichman : Theresienstadt. Dans son rapport de visite, Rossel qualifie les conditions du camp de "satisfaisantes". Le portrait d’un témoin rare de la Shoah : ni victime ni bourreau mais vivant de passage entre les morts.
Avant-propos de Claude Lanzmann:
J’ai réalisé Un vivant qui passe à partir d'un entretien que Maurice Rossel m'avait accordé en 1979, alors que je tournais Shoah. Pour des raisons de longueur et d'architecture, j'avais renoncé à traiter frontalement dans mon film le sujet extraordinaire de Theresienstadt, à la fois central et latéral dans le déroulement et la genèse de la destruction des Juifs d'Europe. On sait que Theresienstadt, ville forteresse située à soixante kilomètres au nord-est de Prague, avait été élue par les nazis pour être le site de ce que Adolf Eichmann lui-même appelait un « ghetto modèle », un ghetto pour la montre. Vidée de ses habitants tchèques, elle accueillit, de novembre 1941 à avril 1945, ceux qu'on appelait les « Prominenten », intégrés depuis longtemps à la société allemande, qui n'avaient pas réussi à émigrer ou qui, trop vieux pour recommencer leur vie, avaient renoncé à le faire, voulant se croire protégés par leur statut même (anciens combattants décorés de la Première Guerre mondiale, grands médecins, grands avocats, hauts fonctionnaires et hommes politiques de l'Allemagne pré-hitlérienne, représentants des organisations juives, artistes, intellectuels, etc.) et à qui il était difficile de faire subir immédiatement le « traitement spécial » administré aux Juifs de Pologne, des pays Baltes et d'Union soviétique. Arrivèrent aussi à Theresienstadt en 1943 et 1944 un petit nombre de Juifs du Danemark qui n'étaient pas parvenus à s'échapper vers la Suède, de Hollande, du Luxembourg, de Slovaquie, de Hongrie, de Pologne et même de France.
La vérité est que ce « ghetto modèle » était un lieu de transit, première ou dernière étape, comme on voudra, d'un voyage vers la mort qui a conduit la plupart de ceux qui y ont séjourné vers les chambres à gaz d'Auschwitz, de Sobibor, de Belzec ou de Treblinka, quelquefois après un détour par les ghettos de Pologne, de Biélorussie ou de la Baltique qui, eux, n'étaient pas « modèles ».
On dispose de statistiques très précises sur le nombre des trains et l'identité des victimes. Les conditions réelles d'existence à Theresienstadt étaient effroyables : la majorité des Juifs, hommes et femmes concentrés là-bas, étaient très âgés et croupissaient de misère, de promiscuité et de malnutrition dans le surpeuplement des casernes de la forteresse. À Theresienstadt comme ailleurs, les nazis trompaient et volaient ceux qu'ils se préparaient à tuer : c'est ainsi que la Gestapo de Francfort proposait à des vieilles femmes crédules de cette ville, avant leur déportation pour Theresienstadt, le choix entre un appartement ensoleillé et un autre exposé au nord, les contraignant à payer d'avance le loyer de logements fantômes.
Les Juifs ne furent pas les seuls à être trompés : ghetto « pour la montre » ou encore ghetto « Potemkine » (la légende veut que le prince Grigori Aleksandrovitch Potemkine ait fait construire des villages factices le long de la route que devait emprunter Catherine II, impératrice de Russie, à l'occasion d'une visite en Ukraine et en Crimée, territoires nouvellement annexés), Theresienstadt devait être montré et le fut.
À la tête d'une délégation du CICR (Comité International de la Croix-Rouge), Maurice Rossel inspecta le ghetto en juin 1944, avec l'assentiment des autorités allemandes.
Je remercie Maurice Rossel de m'avoir autorisé à utiliser aujourd'hui l'interview qu'il m'avait accordée en 1979.
« Maintenant octogénaire, m'a-t-il écrit, je ne me souviens plus très bien de l'homme que j'étais alors. Je me crois plus sage ou plus fou, et c'est la même chose. Soyez charitable, ne me rendez pas trop ridicule. »
Je n'ai pas cherché à le faire.
Claude Lanzmann
2023
DIMANCHE 21 mai 2023 à 20h
Cinéma Les 3 Luxembourg
Sur l’Adamant
Un film de de Nicolas Philibert
Projection suivie d'une rencontre-débat en présence du réalisateur
SYNOPSIS :
L’Adamant est un Centre de Jour unique en son genre : c’est un bâtiment flottant. Édifié sur la Seine, en plein cœur de Paris, il accueille des adultes souffrant de troubles psychiques, leur offrant un cadre de soins qui les structure dans le temps et l’espace, les aide à renouer avec le monde, à retrouver un peu d’élan. L’équipe qui l’anime est de celles qui tentent de résister autant qu’elles peuvent au délabrement et à la déshumanisation de la psychiatrie. Ce film nous invite à monter à son bord pour aller à la rencontre des patients et soignants qui en inventent jour après jour le quotidien. .
SUR L’ADAMANT, Avant-propos de JJ Moscovitz :
… « Heureux moments de se choisir comme spectateur grâce à la caméra de Nicolas Philibert, elle nous laisse une immense liberté de découvrir et d’être avec chacun des personnages une fois en images, que ce soit Frederic P., son harmonium, sa voix, ses mots Just Open The Doors, quand il se dit lui-même tout en poème, comme Marc N. avec sa lancée musicale Personne N’est Parfait… ou encore François et son extrait de Behalf of Telephone . Et d’être aussi avec Muriel, et ses réparties si promptes, ses angoisses et ses demandes d’amour, et avec Catherine et son désir de transmettre son désir de danser. L’avancée du film montre des séquences qui nous placent dans un progrès pour nous retrouver face à face avec un écart créatif vers l’autre, l’autre comme sujet, et cela par des petits gains progressifs et humanisants pour nous tous, gains sur le réel de la douleur morale (le psy dira psychique).
Le spectateur perçoit les personnages devenir de plus en plus acteurs. Et ce sur fonds de cet acteur majeur, ce Centre de jour lui-même où séjournent des personnes reprenant en main leur être dès lors en moindre perdition. Allusion ici au si beau film Le moindre geste (1971) de Fernand Deligny, lui-même cité dans le générique de fin ici : « surtout, n’oubliez pas les trous. S’il n’y a pas de trous, où voulez-vous que les images se posent, par où voulez-vous qu’elles arrivent ».
Le trou, l’écart promettent l’écoute entre les présents convoquant des espaces singuliers. Tous les praticiens le vivent auprès de ceux qu’ils accueillent. Pour les soignants et soignés le difficile inhérent à de telles rencontres créent du vrai dans la parole.
Ici déjà le nom de L’Adamant innove du lien à l’autre par sa richesse polysémique et polyphonique… Le bateau, la péniche à quai de Seine, et son nom aussi, ne sont-ils pas les acteurs principaux du film… ? »
2023
DIMANCHE 16 AVRIL 2023 à 20h
Cinéma Les 3 Luxembourg
(Dés)espoirs de paix
Un film de Daniel Friedmann
Projection suivie d'une rencontre-débat en présence du réalisateur
SYNOPSIS :
Film réalisé à partir de mon inquiétude devant l’absence de solution au conflit israélo-palestinien.
« Sur les paroles d’un chant traditionnel qui scande l’affrontement des pulsions de vie et de mort dans l’Histoire universelle, j’arpente Israël et les territoires palestiniens et demande à mes interlocuteurs “Comment comprenez- vous cette impasse et ces guerres répétées alors que selon les sondages, il y a depuis nombre d’années au sein de chaque peuple, une majorité, au moins relative, pour une solution à deux États ?“.
Avant-propos de JJ Moscovitz :
Elie Barnavi, un des interlocuteurs dans le film, presque à la fin, résume la situation actuelle, en 2023, alors que le tournage du film a lieu en 2018 : si rien ne change, ce sera la mort de la démocratie du fait des idéologies, aujourd’hui messianiques. L’acteur principal est Had Gadyia, l’agneau, une chanson chantée à Pessah. Dans le film elle est le lien unissant réalisateur, spectateurs et intervenants. Qui se rendent à l’évidence de ceci : pourvu que demain soit au moins comme aujourd’hui. Tant les tensions en Israël et en Palestine s’agitent, s’aggravent, s’apaisent. Chanson dite cumulative, Had Gadiya reprend à chaque vers, tous les vers antécédents. Effet de temps qui inscrit le temps précèdent pour remonter en allant aussi vers le futur et vers le moment de l’origine. Pessah, un des commencements du peuple juif, ici. Et le présent alors ? « C’est un instant qui a de la chance » énoncent les rabbins... Pourvu que demain reste comme aujourd’hui… le film renvoie à l’ouvrage remarquable de l’historien Georges. Bensoussan : Les origines du conflit israélo-arabe (1870-1950). Le film de Daniel Friedman signe que le cinéma c’est l’art du temps. Dans ces allers
et retours du temps, Des-Espoirs de paix inscrit l’impossible, la Paix ne cesse pas de ne pas se signer, elle ne cesse pas de ne pas s’écrire, et quand elle s’écrit, alors parce qu’écrite, quand elle est possible enfin, elle s’effacerait , elle devient contingente, ça vire à des attentats et actes de guerre, à d’autres poignées de mains éminentes en jurant qu’il est fortement nécessaire d’espérer afin que demain oui les demains cumulés comme dans Had Gadiya, ne sont pas pires qu’aujourd’hui. »
2023
DIMANCHE 19 MARS 2023 à 20h
Cinéma Les 3 Luxembourg
FRACTURE
Un film d’Alain TASMA
Projection suivie d'une rencontre-débat en présence du réalisateur Alain TASMA
Débat animé par : Jean-Jacques Moscovitz, Laura Kofler, Simone Wiener, Lysiane Lamantowicz, Hélène Godefroy, Françoise Moscovitz, Daniel Friedman…
SYNOPSIS :
Anna Kagan, une jeune professeure d’histoire-géographie, est affectée à un poste de remplaçante dans un collège réputé difficile à Certigny, une banlieue où les difficultés s’accumulent : HLM, trafic de drogue, conflits entre bandes et policiers, pauvreté et chômage. Elle doit faire face à des élèves difficiles, dont la plupart se replient dans des communautés issues de l’immigration. C’est une nouvelle vie qui commence pour cette jeune enseignante, soutenue et encouragée par sa famille. Elle ne tarde pas à remarquer le jeune Lakdar Abdane, élève sage et encourageant contrairement à ses camarades et possédant un don pour le dessin, dont il est désireux d’en faire son projet d’avenir. Mais Lakdar perd l’usage de la main droite à la suite d’une fracture mal soignée, et est alors contraint de réapprendre à écrire de la main gauche. Dans l’incapacité de dessiner, il voit ses rêves partir en fumée et sombre dans le désespoir. Il cesse d’aller en cours. Commence alors pour lui la descente aux enfers.
Avant-propos de JJ Moscovitz :
… « Sa main est « tombée », elle est tombée dans l’escalier, depuis elle joue, elle est acteur, objet acteur, trait qui signe le singulier, le héros, son discours, sa conduite. Cet objet-acteur a son image qui traverse tout l’écran, tout le film, Il s’appelle Fracture, c’est son nom…En médecine, on dit « solution de continuité », pour faire lien entre les deux bouts d’os brisés, et assurer la suite vers la guérison.
Ici pas de guérison et dès lors trauma psychique, rage, révolte, attentat… Les copains : « Montre, fais voir, montre là nous. Ah ça a l’air d’une griffe ». C’est le désir qui est gravement brisé, le héros est privé de ce désir, son choix de dessiner sous le coup du trauma, sa main l’abandonne.., l’acte de dessiner si vivant chez Lakdar est impossible et nous montre, pourtant qu’il se poursuit en négatif. En désir de rage. Privé de sa main d’artiste futur, il nous place face à une rupture :
FRACTURE met en scène le discord entre intime et collectif, le collectif politico-social du 9.3.
Ça fait lien et non lien entre lui et lui, nous et nous, chacun et chacun, tous en plein troubles sans fin du 9-3. Dans l’actuel en France de l’Education Nationale. Territoires perdus de la République. De l’assassinat de Samuel Paty… »
FÉVRIER 2023
DIMANCHE 19 FÉVRIER 2023 à 20h
Cinéma Les 3 Luxembourg
LES AMANDIERS
Un film de Valeria Bruni TedeschiPROJECTION SUIVIE D'UNE RENCONTRE-DÉBAT AVEC VALERIA BRUNI TEDESCHI
Débat animé par : Jean-Jacques Moscovitz, Laura Kofler, Simone Wiener, Lysiane Lamantowicz, Hélène Godefroy…
SYNOPSIS :
Fin des années 80, Stella, Etienne, Adèle et toute la troupe ont vingt ans. Ils passent le concours d’entrée de la célèbre école créée par Patrice Chéreau et Pierre Romans au théâtre des Amandiers de Nanterre. Lancés à pleine vitesse dans la vie, la passion, le jeu, l’amour, ensemble ils vont vivre le tournant de leur vie mais aussi leurs premières grandes tragédies.
LES AMANDIERS, avant-propos :
« …ÉTIENNE, son visage et ses mots, si proches du visage du spectateur, énonce son désir d’attraper le bras d’un quidam dans la rue comme pour s’en approprier, en faire son prochain, un soir de présence de son être accroché à un autre. Un être créé comme au théâtre de Tchekhov. Comme, oui, ce plus beau mot de la langue française, selon Aragon. Et de toute langue où la métaphore de l’être-au-monde exige l’art. Ici du cinéma. La psychanalyse, selon moi, est là invitée, convoquée : Freud se le dit à lui-même dès le début de son œuvre-art où il écrit son désir d’exister comme une sorte de « chose », où le prochain en soi au plus profond, s’inscrit et a pour nom la Mère. Étienne nous le crie, son propos est très précisément mis en images : de n’aimer que sa mère plus que lui-même et que tout autre. STELLA, il l’aime à en jouir à mort. Va -t’elle le sortir de ce monde-mère sans limite, dont le père est dissous, au point où vie et mort se confondent. La caméra ici rend le spectateur témoin de cette recherche dans et par l’amour d’un prochain, d’un bout d’être que Stella incarne et désire mettre au monde.
Les AMANDIERS, film à voir et à revoir, à aimer…à étudier… »
JJMOSCOVITZ
NOVEMBRE 2022
DIMANCHE 27 NOVEMBRE 2022 à 20h
Cinéma Les 3 Luxembourg
PROJECTION SUIVIE D'UNE RENCONTRE-DÉBAT AVEC LUC DARDENNE
débat animé par : Jean-Jacques Moscovitz, Simone Wiener, Laura Kofler, Lysiane Lamantowicz, Françoise Moscovitz, …
synopsis : Aujourd’hui en Belgique, un jeune garçon et une adolescente venus seuls d’Afrique opposent leur invincible amitié aux difficiles conditions de leur exil.
l’avant-propos de Jean-Jacques Moscovitz : … « Sans papiers mais non sans désir, Lokita se tape la tête contre les murs tant les charges qu’elle subit, l’obligent à être tel un objet de consommation, comme un smartphone si présent dans le film, cette sorte d’objet acteur, sur lequel il suffit d’appuyer, pour obtenir de Lokita ses services. Son argent, son corps de jeune femme, et même son regard . Seule sa propre crise d’angoisse lui rend un temps vécu par elle.Tout comme la rencontre désirée et reconstituée avec son frère … TORI, il est né en 2011, le seul à l’orphelinat à être né en 2011. Donc c’est lui le frère tant aimé.Tous deux s’inventent leur subjectivité dans leur exil, de migrants. Esclaves modernes. Exil que chacun d’entre nous a pour centre, comme lieu exilé du domaine conscient, comme vide, celui de l’inconscient, celui subjectif excentré aussi, il nous attire vers lui. Et quand un exil géographique réel a lieu, alors l’exil subjectif doit se réinventer. D’où les fulgurances d’intelligence magnifiques de la mise en scène. Pour détourner les obstacles qui, franchit, n’arrêtent pas de faire désirer la vie. Le désir de vivre ici fait vivre, malgré la soumission à des nantis peu recommandables. Qui nourrissent à foison l’inhumanité si fréquente aujourd’hui à la condition humaine … Bravo aux frères Dardenne. »OCTOBRE 2022
DIMANCHE 2 OCTOBRE 2022 à 20h
Cinéma Les 3 Luxembourg
Projection suivie d’une rencontre - débat avec Céline Devaux
débat animé par : Jean-Jacques Moscovitz, Fred Siksou, Lysiane Lamantowicz, Laura Kofler, Simone Wiener, Françoise Moscovitz, Annie Staricky…synopsis : Tout le monde a toujours aimé Jeanne. Aujourd’hui, elle se déteste. Surendettée, elle doit se rendre à Lisbonne et mettre en vente l’appartement de sa mère disparue un an auparavant. À l’aéroport elle tombe sur Jean, un ancien camarade de lycée fantasque et quelque peu envahissant.l’avant-propos de Jean-Jacques Moscovitz : … Elle l’appelle enfin de son nom : Jean ! Et lui, il l’appelle : Jeanne, de son nom …L’amour jouxte au cœur de la douleur. Pour Jeanne c’est un deuil intra familial très récent et une catastrophe politique et professionnelle. Lisbonne, le port industriel. C’est leur lieu de leur déclaration d’amour. Mais en plein vacarme du monde, Nausicaa ne sauve pas, le projet de Jeanne Mayer qui tombe à l’eau…Le miracle de la protection de notre merveilleuse Terre Mère contre l’effet de serre est au fond des mers. Jean et Jeanne se nomment comme dans la bible. Pour exister dans les mots, les leurs, les traits signifiants de leurs pensées intimes. Ces traits ici sont dessinés, illustrations animées par la créatrice du film, Céline Devaux. Par de tels traits parlants, parlés, les images redoublent de présence. Sortie intacte du passé infantile, une réserve d’amour de tous pour Jeanne crée du désir chez chacune, chacun. Oui les vocables dépression, hôpital, névrose, souffrance psychotique, psychanalyse, balisent le vécu du spectateur pour accueillir une hypothèse, actrice principale du film, celle de l’amour. Chacune, chacun redécouvre son désir de parole de mieux en mieux. Qui parle offre de l’amour, qui écoute en reçoit. Les bogs, les achoppements toujours là forcent à vivre. Les silences des couleurs enchaînent les mots pour les rendre instants sur fonds de vrais moments subjectivants. Le spectateur est invité à regarder les héros s’entre-naître par un travail de deuil face à l’angoisse et l’adversité intimes de chacun. Leçon de rencontre, de désir d’aimer pour nous tous »...AVRIL 2022
LUNDI 18 AVRIL 2022 à 20h
Cinéma Les 3 Luxembourg
Un film de Arnaud Desplechin
Projection suivie d’une rencontre - débat avec Arnaud Desplechin
débat animé par : Jean-Jacques Moscovitz, Fred Siksou, Lysiane Lamantowicz, Laura Kofler, Simone Wiener, Françoise Moscovitz…synopsis : Adaptation du roman Tromperie ("Deception" ) de Philip Roth (1994)Londres - 1987. Philip est un écrivain américain célèbre exilé à Londres. Sa maîtresse vient régulièrement le retrouver dans son bureau, qui est le refuge des deux amants. Ils y font l’amour, se disputent, se retrouvent et parlent des heures durant ; des femmes qui jalonnent sa vie, de sexe, d’antisémitisme, de littérature, et de fidélité à soi-même… l’avant-propos de Jean-Jacques Moscovitz : …« Hello love, my old friend, I´ve come to talk with you again… ». (in Sound of silence)Savoir y faire, cela va sans dire, Tromperie lie adultères et des amants, là où la rencontre accueille l’amour dans la jouissance captant les désirs. Arnaud Desplechin par la lumière de l’amour filme les pourquois éternels des amants . L’encre de Philip Roth nous offre les comments qui font lieu longtemps après quand l’amour s’en est allé. Hello love, es-tu le maître du jeu de l'État amoureux où les amants croient le tenir? En vain. Le joli corps tout entier de l’héroïne le sait. Oui elle, elle le sait: l’amour et le savoir sur l’amour font fusion ou rupture. Yeux fermés, elle, l’actuelle pour toujours, décrit exactement chaque détail de tous les détails de la petite pièce sans lit mais avec « un tapis de plastique pour exercices lombaires et adultères ». Des questions plein les livres et les images, pleins de détails sur les juifs et Israël. Hello, love ! une seule fois ok ou game over? L’actuelle va-t-elle retenir ces lieux du réel de l’amour en cours? Oui, mille fois oui, ça fait traces, dans son ventre, il y aurait « comme une boule », un risque grave, de maladie … Déjà parti ailleurs, love laisse-t-il des traces , l’ancienne maîtresse de New-York n’a plus que ce « ça-là » à lui offrir, l’hôpital. Ennui de Philip… pour qui l’amour ne cesse pas de s'écrire, et aussi pour tous de se filmer, se chanter: Hello l’amour ne me quitte pas, « Et le temps perdu À savoir comment Oublier ces heures Qui tuaient parfois À coups de pourquoi Le cœur du bonheur » (Jacques Brel)Love et ses « Voluptueux péchés de la chair. Sous son joug. Irrésistiblement emportée » n’ont rien d’une « tomographie de l’aine au coeur…» Si l’amour fait trace dès son arrivée, l’orgasme ne s’inscrit pas dans le corps cérébral. Et appelle répétitions. L’ailleurs, hello love ! …février 2022
Dimanche 20 février 2022 à 20h
Cinéma Les 3 Luxembourg
Un film de Martine Dugowson
France 1994 - 2h8mn - Copie 35mm
Projection suivie d’une rencontre débat avec Martine Dugowson
débat animé par : Jean-Jacques Moscovitz, Fred Siksou, Lysiane Lamantowicz, Laura Kofler, Simone Wiener, Françoise Moscovitz…synopsis : Deux filles naissent le 15 avril 1958 dans le même hôpital. Mina est myope et porte des lunettes dès l'âge de cinq ans. Ethel sera grosse jusqu'à la fin de son adolescence et sa mère lui interdit d'épouser un goy. Alors âgées de dix ans, timides et complexées, les deux filles se rencontrent sur un banc à Montmartre. Elles deviennent amies. À seize ans, elles sont toujours sur ce banc à parler de la vie, des gens et de l'amour. À trente ans, elles n'en peuvent plus de se ressembler et de parler de leur vie…l’avant-propos de Jean-Jacques Moscovitz :
« … Paroles mots regard à regardVérité inscriteLiens immensesAu présent dans la villenovembre 2021
Dimanche 14 novembre 2021 à 20H30
Cinéma Les 3 Luxembourg
Un film de Mathieu Amalric
Projection suivie d’une rencontre débat avec Mathieu Amalric
Avril 2021
Dimanche 18 avril 2021 à 19H
En visioconférence Zoom
Février 2021
Dimanche 7 février 2021 à 19H
En visioconférence Zoom
un film de Pascal Kané - France 2001
mars 2020
Dimanche 8 mars 2020
En Avant-Première
un film de François Margolin - France 2000
Projection suivie d'une rencontre-débat avec François Margolin
débat animé par : Jean-Jacques Moscovitz, Fred Siksou, Simone Wiener, Françoise Moscovitz...Février 2020
Cinéma Beau Regard
Dimanche 2 février 2020
un film de Pierre Goetschel - France 2019
Projection suivie d'un débat avec Pierre Goetschel
débat animé par : Jean-Jacques Moscovitz, Simone Wiener, Fred Siksou, Michel Gad Wolkowicz...En présence d'Elie Buzyn, auteur de "J'avais 15 ans, vivre, survivre, revivre " éditions Alisio