Hommage à Michel Guibal

Date de publication : Mar 13, 2017 11:28:28 AM

Hommage au Monsieur Michel Guibal

Par Huo Datong

J’ai commencé à faire une analyse chez Michel Guibal en septembre 1987. Comme mon français est très mauvais, dans certains cas, je n'arrive pas à trouve le juste mot français pour traduire le caractère chinois au quel que je pense. Il m’a demandé donc d’écrire le caractère sur le papier et d’expliquer la structure de ce caractère chinois et d’expliquer la signification des composants de ce caractère. Mais, dans beaucoup de cas, je ne comprends pas la cause de la construction de ces caractères chinois.

Cela m’a fait honte, parce que j’ai une formation de l’histoire chinoise et j’ai travail, en tant qu’historien, pendant cinq ans au Musée du palais impérial à Beijing. Cela m’a conduit à commencer à étudier l’histoire de l’écriture et sa structure.

Les plus anciens caractères chinois sont les pictogrammes. Ces pictogrammes ont une double fonction. Ils représentent le signifié et aussi le signifiant. C’est-à-dire le pictogramme est aussi le phonogramme.

Par une évolution, les pictogrammes sont devenus les idéophonogrammes. Ils comprennent principalement deux parties dont une partie, qui est idéographique, représente-le signifié et l’autre partie, phonographique, représente le son et le signifiant.

La double structure de l’écriture chinoise peut nous aider à résoudre l’opposition qui se trouve entre la théorie de l’inconscient freudien et celle de l’inconscient lacanien. Car Freud insiste toujours que l’inconscient comporte seulement les représentations de chose, c’est-à-dire les signifiés ; tandis que Lacan pense toujours que l’inconscient est structuré comme un langage, c’est-à-dire l’inconscient comporte seulement les signifiants ou bien les représentations de mot.

Et la double structure de l’écriture chinoise nous conduire à penser que l’inconscient est deux dimensions (si on ajoute l'émotion, il est trois dimensions) dont l’une dimension est la représentation de chose, le signifié, c’est la dimension freudienne, et l’autre, la représentation de mot, le signifiant, c’est la dimension lacanienne.

À partir de l'année 2000, il commence à venir régulièrement à Chengdu pour donner le séminaire ou bien pour organiser le colloque.Il fait aussi venir à Chengdu beaucoup de ses amis(es)psychanalyses français.Il a fait tout ce qu’il est possible pour la diffusion de la psychanalyse en Chine ,pour le développement de la psychanalyse en Chine et pour l'établissement de l' école chinoise de la psychanalyse .

Nous (Centre psychanalytique de Chengdu )comptons construire une tombe qui contient seulement ses effets personnels à Chengdu et publier un numéro spécial de "Étude de la psychanalyse "qui contient tous textes de ses séminaires qu’il a fait à Chengdu.

Je souhaite le plus sincèrement qu'il repose en paix !

Huo Datong - Centre psychanalytique de Chengdu

À Claude Guibal son épouse et leurs enfants et petits-enfants, aux amis de Psychanalyse Actuelle,

Michel Guibal est décédé à Paris ce vendredi matin 10 mars 2017 à la Maison Jeanne Garnier où Il était en "soins palliatifs".

IL ÉTAIT... Michel, Michel... Michel... des points de suspension, tu savais t'en servir. Ils sont à toi maintenant. Avec d'autres, on s'est suivis, toujours proches, jamais complices face à l'adversité du monde et de celle présente dans la psychanalyse surtout. Nous savons grâce à toi de quoi il s'agit désormais. Remonter le sens, le chemin du symptôme... aller contre, contre la masse compacte comme disait Freud...De Michel, sa manière, son originalité, son idée maîtresse c’était quand il le fallait, de désobéir sans détruire. Jamais. Désobéir aux injonctions des maîtres, celles et ceux qui se veulent tels entre psychanalystes. Et entre psychiatres, car venu de la psychiatrie asilaire il avait un lien privilégié à Henri Ey, pour beaucoup notre enseignant, c'était son appui dont tout récemment Il nous avait entretenu abondamment avec son talent de conteur. Ce fut la dernière fois en octobre 2016 qu'il fit son séminaire à la demande de certains d'entre nous. Il est venu à Psychanalyse Actuelle dès le début en 1988. Il voulait participer à cette aventure pour faire entendre comment "l'Europe nazifiée" nous avait abîmés. Et atteint les liens des gens de la parole, de celles et ceux pour qui parler engage. D'où sa critique des institutions analytiques, d'où son intense intérêt pour la passe, soit le passage du privé au public du témoignage d'un praticien qui a en lui l'exigence de dire ce passage à l’analyste. Sans relâche, Il questionne l'hétérogénéité de nos constructions d'associations pour praticiens de la psychanalyse. Ne jamais rester dans l'homogénéité trompeuse et ne pas prendre de risque et dès lors rester ignorants face aux novations de nouveaux venus. Et ce fut l’Inter ! L'INTER-ASSOCIATIF EUROPÉEN DE PSYCHANALYSE. L'I-AEP... Avec de formidables échanges sur le trait d'union entre inter redoublé de ce petit trait d'écrit pour faire vivre et lutter pour que la différence se maintienne et fasse acte de transmission.

Et ce fut la CHINE, sa rencontre avec Huo Datong à Chengdu, où Il se rend de très nombreuses fois pour transmettre la psychanalyse à la Freud et à la Lacan. Sans s'illustrer d'un quelconque esprit de conquête dont on est abreuvé en France dans la communauté des psys. Il y part la première fois avec dans sa valise le film SHOAH de Lanzmann qui est un des appuis de Psychanalyse Actuelle. Il le montre. C’est la rencontre immédiate sur la destructivité en acte en Chine. Et qui évoque tellement celle de l'Europe que le travail de transmission devient réciproque. Preuve en est : Michel Guibal désigne passeur Huo Datong son analysant. Voilà l'Intelligence de la position de Michel où il agit son savoir d'analyste pour ouvrir de nouvelles voies pour transmettre nos enjeux de praticiens de l’inconscient. Il était aussi fin cuisinier de mets de son coin de France qu'il aimait tant, le Gers le pays de ses parents, d'où il tirait sans bruits sa force de vivre.

Michel tu nous quittes, mon ami, mon grand ami ...

Jean-Jacques Moscovitz

J’ai rencontré Michel Guibal il y a très longtemps et j’ai trouvé un Maître , oui, j’ai été pendant toutes ses années son élève , j’ai été fidèle à tous ses séminaires,  semaine après semaine , émerveillée par son érudition, pas toujours sur la psychanalyse mais sur des savants théologiens du moyen-âge , sur des sages chinois et aussi sur des petites questions minuscules , une phrase ,un mot, d’un séminaire de Lacan dont il parlait pendant plusieurs séances, mettant Lacan au niveau de ces sages chinois ou des théologiens .Il cherchait des vieux livres dans les librairies du quartier latin. On disait qu’il se levait très tôt pour lire et travailler sur ses documents. Il échangeait longuement avec Henri Fontana sur tel ou tel point de la pensée d’un obscur penseur (pour nous) du corpus chrétien. Cette construction de la pensée et du langage m’a permis de m’assurer et de comprendre, ce qui est pour les humains le « monde" qui nous entoure et nous fait vivre dans la culture, dans l’histoire, dans la sublimation. Il a été un passeur. Il nous a transmis l’obligation éthique d’en faire autant et de poursuivre sur ce chemin.

Maria Landau

Alors Michel s'en est allé...

Tristesse de ne plus traîner à ses côtés en devisant jusqu'au café, en sortant des débats et séminaires, jouer ensemble avec pétillance et tendresse aux plaisirs de l'esprit et au cocasse des situations. Longtemps je t'ai côtoyé en silence sur les bancs du "Cheminaire " de Lucien Kokh, où je te remarquais en sandales par tous les temps, avant qu'on se retrouve atteler à Psychanalyse Actuelle autour des mêmes enjeux, toi réel aventurier de la parole, qui nous convia à t'accompagner en Chine pour y poser les premières pierres de la pratique de la psychanalyse, et du premier groupe d'analystes chinois, qui se chercha avec toi et nous lors de ce premier colloque, un nom qui les représente. Tu y as initié la création de cette trame collective, de transmission de l'esprit de la psychanalyse ; moment historique très émouvant pour moi.

De retour à Paris ni une ni deux, tu œuvres pour faire entrer l'association chinoise de Chengdu à l'Inter- associatif européen de psychanalyse ! ne craignant pas de semer le trouble.

On peut dire Michel, que tu étais "un passeur "au sens où on en parle dans le milieu du jazz, pour un musicien qui ouvre une autre voix.

Tu vas nous manquer si souvent.

Barbara Didier-Hazan

"Tu ne parles pas le français, je ne parle pas le chinois" alors causons !

Vous dites "malaise dans la civilisation" Michel Guibal dit Détresse dans la civilisation, et avec votre malaise vous ne le tirerez pas dans votre gouffre de déni et de maquillage des enjeux de toute psychanalyse singulière.

Oui Michel, détresse, et Détresse aussi du corps (et pas malaise dans le corps). Mais avec toi le souffle de l'esprit a tenu et ne s’est pas fait engloutir. Tenu jusqu'à l 'ultime "bout du bout du monde".

Michel instaure des décalages : détresse-malaise, corps-esprit, là où ils ont LIEU D'ÊTRE. Ce lieu d'être entre le parleur et l 'entendeur, un ESPACE-CHANCE pour une parole OSÉE afin de s'extirper du chaos crée par les connivences, les bientendus, le bon sens commun. Pour Guibal c'est non une fois pour toutes aux électrochocs maquillés en fée électrique, pas si loin d'une chaise électrique homéopathique.

Michel et son sourire de bienvenue à l 'Égaré, à l’hérétique, à qui entend des voix. Ses protocoles hors norme, invraisemblables, me faisaient rire et il aimait ce rire qui était pour lui la preuve de ne pas être tout à fait barjot. Simplement il tenait par-dessus tout à SE SURPRENDRE lui-même encore et toujours. C'est ainsi, cet homme n'avait PAS PEUR de lui. Faire de la vie une épopée, ouvrir ouvrir ouvrir, cela avec toi n'était pas une chimère. Ce bout du bout du monde que tu chantais hier en un duo inouï avec Henri Fontana, c 'est ce que tu proposais à chaque rencontre. Ta grande délicatesse nous facilitait le parcours. Évidemment les conformistes les conseils de l 'ordre, les experts et les tristes sires n'étaient pas à la fête !

Adieu Michel Guibal.

Éric Didier

Ici des extraits de l'article de Pierre Haski paru en mai 2004 dans Libération : "En Chine, le divan n'est plus un rêve"

Pour Michel Guibal, par Élisabeth Roudinesco

L'Hommage à Michel Guibal sur le site Lacan et le monde chinois

En 1980, la Dissolution ayant été «décrétée»par«Un Seul», les Psychanalystes qui n’ont pas rejoint JA Miller et la Cause Freudienne- devenue Ecole de la Cause, créent une « Association » temporaire, «Entre TEMPS» Co-dirigée par M. Monnet et S. Ginestet .Celle-ci un  local est loué à qui veut faire séminaire et essentiellement édite 1« Bulletin » où ils peuvent continuer à transmettre leur travail.

Cet « Entre Temps « qui « aurait fait son temps » se dissout en Septembre 1982..

Certains désignés (humoristiquement voire ironiquement) comme «comité occulte» créent, alors, une Association selon le modèle idéal voulu par Michel Guibal : une Fédération -dite alors « Fédération des Ateliers de Psychanalyse»: Fédération de 3 Collectifs : 

A-) Le Collectif des Evénements Psychanalyse(C E P ): les Cofondateurs sont et seront de 8 à 9 ( F Hofstein, R.Zygouris, P. Lévy, P. Delaunay, L. Mélèse, H Yankélévitch, D. YanKélévitch ...et Michel GUIBAL.... Ce Collectif prend l’initiative de Colloques , à 1 rythme intense (1 à 2 par an ), les exposés et débats sont publiés dans la collection dite

«L’ Imparfait»(clin d’œil de l’histoire à venir:le n°2 ,réplique au n° 1 l’Étranger, porte en page de couverture des idéogrammes chinois !!!)

: B) Le Collectif de rédaction d’un Journal « Espaces »dont chaque numéro propose 1 thème de réflexion (cf« Le Monde Intérieur »de 1987 le dernier N° ?)

:C) Le Collectif « Ateliers de Psychanalyse », le seul qui se maintiendra (protégé par le statut d’Association Loi 1901 ?) et gardera le nom initial

Chacun de ces 3 collectifs était indépendants ,statutairement parlant, mais...le Signifiant »Dissolution » poursuit son « travail » en sous- oeuvre...(dissolution du C.E.P et d’ESPACES)

Michel GUIBAL démissionne du C.E.P. et rejoint "Psychanalyse Actuelle" , non sans avoir tenté une « fédération » des Associations Psychanalytiques (françaises ?) ayant pour nom « Passerelle».

NB: dernier message écrit de Michel Guibal (à CG): «La bonne nouvelle est que chaque Un a la même structure que la nature ou que dieu, que nous avons tout en nous pour être parfaitement heureux » (25/12/2016)

Catherine Guillaume

Je savais que cela devait arriver. Je suis très touché par la mort de Michel Guibal. Ce fut pour moi l’une de mes rencontres à l’Inter, qui participait à ce que je me rende à ces coordinations avec une attente que quelque chose se passe. À chaque fois qu’il prenait la parole, cela faisait événement, cela me déplaçait, m’ouvrait à de l’in-entendu. Et puis son style, toujours à lever un lièvre, malicieux avec son regard brillant. Son éthique, sa rigueur aussi, quelqu’un en qui j’avais confiance à-priori … et à postériori aussi ! Un homme honnête assurément.

Cela faisait un moment qu’il me manquait à l’Inter et qu’en même temps quelque chose de lui me poussait à maintenir une valeur à ce que je disais, à ne pas céder sur son désir d’analyste. Il était de ces figures marquantes qui m’accompagnent d’une certaine façon. Bref, quelqu’un qui m’aura marqué et continuera par sa présence.

L’annonce de sa mort me rend triste. Bon courage à ses collègues de Psychanalyse Actuelle et à ses proches.

Radjou Soundaramourty

A ce tantôt, Michel ?

Tu ne te laisses pas quitter comme ça toi, prince Yoda, maître en école buissonnière et sonneur de cloches de la torpeur dogmatique.

Père outre-maître et outremer, dodelines-tu du chef avec malice pour faire accueil à la part nomade des gens ?

Où es-tu allé chercher tous ces ailleurs que tu nous a donnés pour ouvrir les fenêtre au plaisir de penser ?

Et ce flair redoutable qui te rendait si vif à saisir nos émotions ? Ainsi quand tu m’as dit, parlant de Michel Hessel à lui même de ton lit d’hôpital : « celui-là il fait rire tout le monde, mais il rigole pas toujours ».

Tu as porté si haut la vérité qu’on n’achète pas plus l’amour d’un enfant que celui de Dieu !!! D’où nous ramènes tu cela ? Est-ce que c’est parce que tu es né plusieurs fois ? Tu as ramené d’Orient graphies et accents qui ouvrent à la glisse de l’enfance. Or qui ouvre glisse brise-glace.

Amour bougon et vanité cul par dessus tête : idées au gramme et clins d’œil au kilo.

Michel ! Michel ! Tu boutes et tu boîtes la disgrâce hors de l’âme… ça fait de l’air. Merci d’être dans mon cœur.

Michel Hessel

Caro Michel, Gentilissimo Guibal, Grazie, grazie per essermi stato amico e ultimo supervisore, mi hai concesso due incontri dove ci siamo visti nel tuo studio che era la tua struttura analitica e etica. Grazie ancora per averti conosciuto e per essermi stato di orientamento. Con molto affetto

Callegari Giovanni

C'est avec une très grande tristesse que nous, membres du GEPG, avons appris la mort de Michel Guibal, pour tout ceux de notre association, et ils sont nombreux, qui avaient eu la chance de croiser sa route à l'I-AEP ou ailleurs, il représentait une force vive de la psychanalyse, ouvert au monde, à ses bruits, il savait nous alerter, nous faire sortir du ronronnement, de nos petites habitudes, il nous délogeait avec humour souvent mais aussi avec une rudesse nécessaire, nous poussait à nous remettre toujours et toujours à la tâche. Il nous manquera beaucoup mais nous essayerons de garder, chacun comme il le pourra, du mouvement dans notre travail avec cette rigueur éthique qui le caractérisait, auprès de nos analysants et de nos collègues. 

Nous te chargeons, cher Jean-Jacques, de transmettre à sa femme, ses enfants, petits-enfants, à tous les membres de Psychanalyse Actuelle, ainsi qu’à ses nombreux amis, ce message et le témoignage de notre profonde amitié.

Anne-Marie Anchisi pour le GEPG

Nous sommes très touchés pour cette disparition. Nous nous souvenons les jours avec lui à l’Inter et ici à Turin.

Nous lui remercions pour la grand questionnement que il a introduit dans nos rencontres.

Toutes nos condoléances.

Annalisa Zacchetti, Stefania Guido, Giovanni Callegari, Franco Quesito

Oui, Michel Guibal nous manquera. Il était, pour moi, l'homme du mot d'esprit, toujours prompt, dans nos rencontres, à faire exister l'inconscient.

Tristesses.

Valérie Marchand

À sa famille, chers collègues, chers membres de Psychanalyse Actuelle

Nous avons été touchées par l'annonce de cette triste nouvelle. Il nous a fallu un temps pour accuser le coup et parler de ce que Michel a pu nous apporter lors de nos rencontres à l'Inter.

Sa présence attentive, les questionnements qu'il introduisait "mine de rien" ne l'étaient jamais au hasard, pour faire avancer les débats. Il savait nous communiquer son expérience d'analyste et de la vie en général. A notre dernière rencontre à la coordination de novembre, il a abordé avec un tact et une simplicité remarquable une question très délicate : celle de sa propre mort dans le travail avec les patients. Nous n'entendrons plus sa petite phrase : "Alors, Les Antilles, comment ça va chez vous ?". Elle nous manquera.

Josiane Desroses. Marie-José Corentin-Vigon

à Claude Guibal 

Chère Claude,

Je crois que je suis le dernier de IAEP pour te faire mes condoléances, mais surement pas d’autant moins sincères. Pas de paroles pour cette perte annoncée, et autant crainte. Il y a peu de temps, en sentant venir ce nuage noir, je voulais absolument être sujet de sa transmission directe dans le fameux face-à-face à ‘La Rotonde’, qui a échoué, mais que toi tu as sauvé. C’était une mémorable soirée que je n’oublie pas, comme on ne peut pas oublier tous ces moments fructueux de ses interventions, dont je me rappelle particulièrement son insistance sur le ‘Kairos’, qui était au début du changement et de la nouvelle vie de l’IAEP. Chère Claude, je pense à toi, et je me joins au cœur des délégués de l’IAEP pour chanter les louanges de ce qu’il a signifié pour notre Inter…

À bientôt,

Leo Ruelens 

Toutes mes condoléances et le témoignage de ma sympathie pour ceux qui ont travaillé et aimé Michel Guibal à l'inter.

Pour moi aussi ce fut une belle rencontre.

Jacques Aubry

Je suis touché par cette disparition .J’ai eu des moments importants avec lui.

Il m’a autant apporté de réponses que de questions…et de l’inattendu

Merci à ceux qui ont envoyé des photos, cela apaise un peu.

 

Pierre Smet

Merci pour ces photos et particulièrement celle ci qui me rappelle comment j'ai rencontré Michel Guibal lors d'une de mes rencontres avec Psychanalyse Actuelle et avec Jean Jacques. C'était il y a des années...

Ainsi Michel s'en va avec cette élégance qu'il a toujours eu. Cette élégance de la pensée, de l'allure aussi, qui ne cède sur rien d'essentiel pour lui dans son engagement dans la psychanalyse. Un style...

Je suis si triste de sa disparition et aussi, j'ose le dire, soulagée pour lui qu'il ne souffre plus.

Nos échanges avant et après mon voyage en Chine m'ont permis de re-découvrir cette élégance et cette acuité qui me manquent, qui nous manquent déjà...

J'adresse à ses proches à l'Inter toute mon affection.

Simone Molina

La mort de Michel Guibal me plonge dans une profonde tristesse.

Anne Santagostini

Toutes mes condoléances aussi de la part de notre association EBP/BSP. Ce décès de Michel, même qu’on devrait s’y attendre, ne peut que nous faire beaucoup de peine. Il laisse un grand vide dans l’Inter pour ces prises de position mais dans ces rencontres ‘I-aep’ c’était aussi un compagnon très chaleureux qui manquera énormément. 

Amicalement,

Karel Lambers

Merci Michel de ta façon inhabituelle, très directe et subversive, de parler. Tu t'embarrassais peu de ce qui est convenu, de ce qui est conventionnel et éteint, au sujet de la psychanalyse. Tu pouvais donc encore étonner avec tes créations de pensée. Merci aussi de ton regard et de tous tes mots chaleureux, qui disaient le plaisir à travailler et penser ensemble, à Psychanalyse actuelle, à l'inter-associatif, au cinéma, dans les cafés. Merci d'avoir été si vif et si vivant, malgré la maladie. Triste...

Jeanne-Claire Adida

À Claude Guibal, ses enfants et nos amis de Psychanalyse Actuelle,

Nous avons été bouleversés par la nouvelle du deuil qui vous frappe si douloureusement. La disparition de Michel laissera un grand vide dans nos cœurs. Bien que nous n'ayons pas connu Michel aussi personnellement que beaucoup parmi vous, en tant qu'un des fondateurs de l'Inter il nous a légué quelque chose qui a eu une influence permanente sur le fonctionnement de notre association. En ceci, nous avons eu une vraie rencontre avec Michel.

Permettez-nous de vous exprimer notre profonde sympathie et nos plus sincères condoléances.

Dries Roelandts, David Schrans, Jean-Pierre Van Eeckhout au nom du Gezelschap voor Psychoanalyse en Psychotherapie

à Claude Guibal

Chère Claude,

J’ai appris avec vive douleur le décès de Michel par Zhang Tao, lors d’un dîner impromptu avec celui-ci, à Paris le samedi dernier.

Comme mû par un pressentiment, juste après la sortie de la coordination I-AEP du 5 février dernier, il me fallait impérativement rendre visite à Michel à La Maison médicale. C’est ainsi que nous nous y sommes rencontrés, à trois. J’estime avoir eu la très grande chance de pouvoir lui faire Adieu, et ce après notre long entretien en ta présence que je n’oublierai jamais. Ce qui m’a frappé, c’est qu’il dit qu’il s’intéressait pour la première fois à l’intégralité des discours faits par les hommes politiques en campagne électorale française actuelle. Cela nous montre bien son souci quant à la politique au sens noble, et non politicienne, en cours. Et en particulier à l’état d’une « Europe nazifiée », comme l’a mentionné Jean-Jacques Moscovitz dans son message en hommage à Michel.

Je me souviens d’une réunion fébrile et agitée à l’Inter, à l'issue de laquelle chacun des délégués devait voter « oui » ou « non » avec justification raisonnée pour la décision de l’Inter de se constituer association Loi 1901.

J’avais voté « non » initialement, ce qui avait levé un certain tollé parmi les partisans du « oui ». Mon idée était et persiste à être, c’est que toute « institution » (institution entendue au sens de l’établissement, selon Jean Oury, par exemple, pour ne citer que lui) contrevient à la psychanalyse. À moins que ce soit une « institution », chère à Oury qui ne cessait de l’élaborer et de la travailler concrètement, sans relâche, au sein de la clinique de La Borde.

En clair, cette institution-là se doit à être ré-inventée à tout instant. Sinon, comme l’a déjà mis en garde Lacan, la psychanalyse sera enterrée. (D’ailleurs, comme je l’ai énoncé - lors de mon bref exposé « devenir psychanalyste-itinéraire » toujours au pied-levé au séminaire I-AEP, organisé par Sotto La Mole à Ravenne en mai 2013 - comme mot de la fin : « Ce qu’il faudrait réinventer en psychanalyse, je propose que ce soit plutôt le dispositif même d’ « être ensemble » des psychanalystes. Sinon, nous serons bel et bien les fossoyeurs même de la psychanalyse. » (Cfr. « Devenir psychanalyste…et le rester », Ed. ETS 2014, p.157).) Et puis, virement de bord de ma part, quand j’avais voté « oui ». Ce, précisément à la suite de l’arrivée de Michel qui avait argumenté pour un « oui ».

Quelqu’un avait même pointé, en rigolade, ma « déclaration d’amour » publique envers Michel (alors qu’il n’y était pas encore), dans ma décision de voter « oui » enfin. Oui, je l’ai fait, parce que c’était Michel.

Par après, il avait à plusieurs reprises émis quelque réserve, voire réticence, toujours à demi-mot, par rapport à ce qui s’est tramé dans le fonctionnement effectif de l’I-AEP nouvellement institué.

Je lui dois une grosse chandelle quant à la découverte de la Chine, par la psychanalyse interposée, grâce précisément à son ex-analysant qu’est Huo Datong, devenu le fondateur de la première institution lacanienne en Chine.

À Cheng Du, tous les participants chinois aux colloques organisés par ce dernier (j’y étais en 2010 et en 2012) le prenaient, selon mon avis, pour le Maître, alors qu’il avait fait tout, sauf un maître, en particulier, dans ses prises de paroles, toujours extra-ordinairement singulières, soit durant les colloques, soit dans des moments informels avec ceux-là. 

Ce que je retiens de Michel, déjà lors de la toute première fois en 2006 quand nous, délégués d’Acte Psychanalytiques, nous nous rendions à Paris pour poser notre demande d’admission à l’Inter, c’était son insistance sur l’Inter, sur le trait d’union, à ne pas entendre comme « international », à ne pas prendre l’I-AEP comme une supra-association. C’est justement cela même qui m’avait marqué et m’intéresse au plus haut point. Le précieux legs que je reçois de Michel, c’est bien ce trait là. Michel, je t'en suis profondément reconnaissant. Mais aussi pour tout le reste..., trop long pour pouvoir être énuméré ici.

Chère Claude, je ne sais que te dire dans un moment pareil. Je te demande simplement de croire en ma profonde sympathie ainsi que de mon souhait de partage, si c’était possible, de votre douleur, à toi et à tes proches.

À la très prochaine fois,

Lê 

Joseph-Lê Ta Van

à Claude Guibal 

Claude,

Pourrions-nous partager un peu de ta douleur ? Michel nous manque.

Il restera pour moi une étoile, un guide pour une rigueur éthique, sans concession.

Que de délicieux moments partagés avec lui, son regard interrogatif, son ouverture, son accueil à l'autre.

Un beau papillon de la psychanalyse s'est envolé.

Mes collègues des CCAF me sont associés à partager ta peine en ces jours bien difficiles.

Martine Lesbats-Aimedieu

Cher Michel,

À l’heure qu’il est, quatre jours après l’annonce de ton décès, et alors que tu t’achemines, en ton dernier voyage, au pays de tes ancêtres, vers un repos (Requiem, n’est-ce pas) tellement mérité, je m’aperçois, dans tous les hommages que t’adressent jour après jour les amis et les collègues, que personne ne relève à quel point tu n’as jamais eu peur ni de dire ni, au besoin, de faire. A fortiori, donc, de mourir.

Comme tu sais, à notre époque, cela n’est vraiment plus de mise, et tout ce qui peut être tu, vaut mieux que ce qui pourrait être dit, surtout s’il s’agit des choses ayant trait à ce qui nous concerne de si près pourtant : la mort, et ce qui permet d’affirmer la vie jusque dans la mort : le sexe donc.

Tu auras tout fait justement pour que nous sortions de cette pusillanimité boudeuse où Lacan a laissé les psychanalystes qui, croyant se réclamer de son héritage, nettoient son Séminaire jusqu’à l’os des mathèmes et restent, ne se parlant donc plus vraiment, encore complètement dispersés et divisés, en ne cessant d’exacerber entre eux les inimitiés et le manque d’égards ?

Comment peuvent-ils ne pas voir que l’Inter-Associatif que nous avons fondé ensemble à l’époque où tu étais encore à la Fédération des Ateliers et où Psychanalyse actuelle n’avait pas vu le jour, que c’était précisément pour surmonter la profonde inimitié qui sévissait encore entre nous, que nous avons pensé devoir farouchement lutter contre une certaine sauvagerie et le profond manque d’élégance où nous étions plongés par le cynique « Diviser pour régner » dont nous étions les victimes trop peu averties, ou pire, consentantes ?

C’est à cette exquise politesse, à cette humaine déférence, dont Lacan était par ailleurs tout à fait capable avec ses intimes, que tu as formé ton monde et retransmis une certaine exigence éthique à l’inter-associatif, avec ta gouaille si particulière et tout l’humour de ton innée gentillesse, je voudrais ici le rappeler d’abord.

Mais je voudrais surtout insister sur le fait que cela n’a pas cessé d’être un vrai combat et que, si tu as enfin pu mériter le repos, c’est à l’issue d’une vie entière de lutte contre la chiennerie de la vie certes, comme pour nous tous, mais d’abord, exemplairement, contre la maladie, mais aussi contre l’incompréhension entre les hommes et les femmes, contre l’impudence des nantis – et il y en avait parmi nous des flopées ! – envers les moins bien lotis, contre le dogmatisme des cliniciens de la structure envers les mal aimés qui avaient cru devoir sortir de leurs gonds ou péter des plombs afin de se faire entendre, enfin et surtout contre les bien assis dans leur fauteuil de psychanalystes, indifférents en matière de politique et remarquablement oublieux des horreurs des camps.

Quel immense combattant tu auras été ! Et quelle énorme capacité de colère rentrée tu pouvais développer ou réserver pour qu’elle éclate à bon escient le moment (bien) venu. Comme les enfants qui n’oublient jamais une injustice qu’ils ont subie, je voudrais saisir l’occasion que me donne ta mort pour souligner à quel point tu auras su te montrer fidèle, et en théorie et en amitié (c’était presque du même ordre pour toi…). Je ne t’ai jamais vu, comme tant d’autres autour de nous, retourner ta veste ou revenir sur un parti pris.

J’en veux pour exemple ce point de désaccord que nous avions à propos de la désignation des passeurs, qui te faisait penser que l’analyste qui nommait son analysant était un donneur, au pire sens de ce mot. Et force m’est de reconnaître que pour mener à bien une alliance entre mon association et la tienne, à propos d’une passe que nous voulions depuis si longtemps inter-associative, j’ai bien dû accepter de faire changer nos statuts et d’admettre qu’y figure l’option que le passant pouvait aussi bien désigner lui-même ses passeurs, ce qui était la seule possibilité admissible à tes yeux.

Je dois avouer que l’étranger que je continue de me croire en France n’a pas voulu te suivre dans ton odyssée chinoise. Comment te le dire ? Cette civilisation si ancienne me paraissait être le comble du non-exotique et, tant qu’à devoir partir pour exporter la psychanalyse dans un ailleurs qui ne la connaîtrait pas, je préférais encore me rendre dans un pays où le fascisme l’avait rayée de la carte, pour essayer de voir comment elle pourrait renaître : tu le sais, en Espagne, mais aussi en Allemagne ou en Italie, il y a encore un vrai combat à mener.

Peut-être allais-tu en Chine, aussi et d’abord, pour greffer la psychanalyse sur les blessures mêmes dont avait pâti un pays à peine sorti d’une soi-disant « révolution culturelle », qui avait taillé dans le vif aux racines mêmes de l’humain.

Mais je pense que tu y as aussi trouvé un accueil qui te reposait un peu du combat, devenu presque trop insipide à tes yeux, à mener en France même contre des psychanalystes se montrant de moins en moins pas-clercs, comme je propose de traduire le lien de Freud, donc peu clairs et pactisant ainsi ouvertement avec les forces de la réaction capitaliste, si nécessiteuse de psychothérapie, ou avec le conformisme technologique qui demande des résultats immédiats et visiblement lisibles.

Et puis la sagesse et la médecine chinoise sont elles-mêmes parvenues, d’abord à prolonger ta vie même, avec je ne sais quelle horrible et mirifique décoction, mais surtout à rendre ton intelligence, déjà si aiguë, encore plus subtile, se frottant comme elle a dû le faire aux délicatesses et joies ardues de la calligraphie et des idéogrammes.

Je ne doute pas que tes textes seront sans doute d’abord traduits en cette langue, réservant ta pensée à l’avenir qui se dessine là-bas et au sel de leur intelligence, avant même de paraître dans la langue et la terre de tes aïeux : quelle jolie révérence tu nous fais là, à nous autres qui ne t’avons sans doute pas assez mérité.

Mais nous sommes encore quelques-uns qui peuvent savoir qu’ils n’ont pas oublié quelle leçon tu voulais nous transmettre et qui tiendront à cœur de poursuivre ce travail qui ne voulait pas faire œuvre, pour rester au plus près de ceux, les fous, qui vivent dans l’absence de cette œuvre même.

Au revoir, Michel.

Jacques Nassif

Douleur de vivre dans un corps,

qu'un jour parvient à nous quitter.

Qu'est-ce qui reste alors?

des mots imbibés de vérité subtile,

le regard avisé,

reflétant la chaleur de la pensée.

Ton sourire franc conviait la proximité.

Tu te savais aimé,

sagesse d'une présence,

qui ne mourra pas.

Quel bonheur Michel de t'avoir rencontré!

Lucía Ibáñez Márquez

Œdipe en Chine