L'hystérie en psychanalyse et le cinéma avec "Augustine" d'Alice Winocour

Par Jean-Jacques Moscovitz -I-

Partons de l’entre désir et jouissance, auxquels s’ajoute l’'amour jamais de trop pour l’hystérique, ni pour « elle », ni pour « il », tout comme dans nos rêves, comme dans des films.

Avançons deux termes pour expliciter ce propos venu de la clinique : celui de recyclage et celui du « 5 sur 5 »...

Recyclage du désir, de l'amour :

Heureusement.

Le « 5 sur 5 » renvoie à la formule du discours de l'hystérique. dans le séminaire de Lacan, L'envers de la psychanalyse[1] :

$ S1

a S2

Là se désigne la chaîne signifiante, où un signifiant S1 représente le sujet $, de sa perte (a), pour tous les autres signifiants S2.

S1 $ a S2

Où le discours hystérique par son fantasme fait un pied de nez au discours du maître.

Par son fantasme, le sujet dans le discours hystérique se veut à l'exact point pour recevoir 5 sur 5 le message de l'Autre placé à l'exacte émergence de ce qu'il dit, pour accueillir sa parole, pour qu'il n'y ait plus de malentendus. C'est évidemment créer du sujet supposé savoir du côté de l'analysant, et créer de la certitude de l’analysant

Le fantasme est celui d'être face à un Autre, un grand A non barré, qui répond (rait) 5 sur 5.

Au plan clinique en effet tel analysant est déçu que son analyste soit silencieux : en fait cela interprète son hystérie. Car il veut être entendu en plein « rapport sexuel ». Soit 5 sur 5. En adéquation avec son fantasme inconscient, ici avec « un chiffre qui se rapprocherait du 5 », dirait l'analysant.

Nous voilà renvoyé au jeu de La Mourre, le Kraps, qui est dans le titre même du séminaire (non publié) de Lacan intitulé L’insu que sait de l’une bévue s’aile à mourre de 1976-77. Où chaque joueur lance ses dés à son tour et crie le chiffre se rapprochant le plus de celui qui va sortir juste après sa mise lancée en criant, les dés étant encore en plein vol. Rapport au réel enfin (presqu’) impeccable…

La levée d'une séance est vécue comme trop courte mais « elle », l’analysante, la reconnaît bénéfique puisque « çà » coupe dans cette ambiance de 5 sur 5.

Parler sa faille

L'hystérie en effet nous convoque, elle convoque la coupure pour faire sujet qui peut alors dire sa faille.

C’est une levée de séance vécue comme castration de la parole. À partir de cette castration, surgissent d'autres mots, soit d'autres positions dans les quatre discours que Lacan définit dans L’Envers de la psychanalyse : le discours de l'hystérique, le discours de l'analyste, le discours universitaire, le discours du maître.

Et d'autres mots surgissent dès lors à une séance après celle d’un homme précédant la sienne, où elle dit qu’ « elle va bien, j'approuve ma séance de l'autre fois, que j'avais jugée plus courte, plus courte que d'habitude... ».

Et je lance « Plus courte …que ». A-t-elle entendue le phonème qui dans notre langue représente le pénis ? Que le lecteur, au nom de Georges Brassens et d’une de ses chansons[2] me le pardonne, j’ose le penser... Et qui évoque la castration primaire toujours sous-jacente à la castration symbolique ?

En même temps, le 5 sur 5 reste en travail encore un peu avec des mots qui sont ceux-là : « des chargeurs de pile pour le recyclage » …de ses désirs, le mot machine lui arrive aussi, tous mots qui sont index de sens à ce moment.

C’est, dit-elle, comme un rêve fait pour renouveler la dimension du désir, « d'un désir tout neuf ». C'est bien la position freudienne où un rêve est l'accomplissement d'un désir insatisfait dans la vie quotidienne. Le renouveler c’est le désir même.

Et temps suivant pour elle, avec l’association entre « chargeur de pile » et « recyclable » c'est de pénétration sexuelle dont il s’agit. Une pénétration sexuelle parfaite où pile est mâle et chargeur femelle, en un rapport sexuel qui soit réussi, sans obstacle, tel que les « signifiants vont par deux dans l'inconscient », ils font, ils sont rapport. (cf. Lacan in L’une bévue s’aille à mourre….)

Rien de jetable

Il n'y aurait rien de jetable pour elle. Ce serait comme du cochon où tout est bon.

Mais l'être de l'hystérique montre un manque permanent du fait même de la contrainte de jouissance, de la contrainte de plaisir, au point de s'épuiser à renouveler l'amour avec ses « chargeurs recyclables ». Qui sont en fait les rêves.

Du féminin…. ?

Oui, l'hystérique pose la question du désir et de l'amour dans l'inconscient pour les renouveler. Pointe ici l’impossible, qui ne se passe que dans le réel. Seuls effets perceptibles, des mots, et au-delà ce sera déjà la dimension du féminin qui apparait.

Pour l'hystérique, c'est toujours un discours idéal. C'est du pur porc de désir et d'amour sans jouissance. À savoir que la structure du désir y montre de l'insatisfaction. C'est en quoi c'est différent du féminin, qui lui, côté homme ou côté femme, procède d'une infinitude latente du désir en partance vers la jouissance. Précisément, il n'y a pas de rapport sexuel qui s'inscrive dans l'inconscient. L'hystérique en son fantasme, c'est un [Autre] 5 sur 5, un Autre qui serait non-barré, non marqué d'un objet qui serait total et pourtant nous ne sommes pas dans la psychose.

Nous sommes plutôt dans les registres de la sublimation et d'une séduction propres au fantasme pour saisir une réalité qui en fait ne sera jamais qu'indicée à l'espoir de donner à l'autre, son semblable, une jouissance maximale pour en finir avec l’impossible du rapport sexuel. Voilà encore pourquoi c'est différent du féminin...

-II-

Augustine d’Alice Winocour

Prenons l'exemple clinique du film Augustine d’Alice Winocour que nous avons projeté au « Regard qui Bat… »[3]. Où on voit Charcot en place de père, de maître, on sait qu'il recevra de la France un hommage digne d’un chef d’État, puisqu'il lui sera fait des funérailles nationales. Maître préféré de Freud dont il donnera le prénom de Charcot à son fils aîné, Jean-Martin. Dans le film apparaît nettement qu’Augutine fait l'homme, l'hystérique, Augustine, le cas princeps de Charcot, sait le faire.

Elle sait y faire avec l'homme, elle sait le faire pour le ‘fabriquer’ et en même temps elle sait faire comme, pour montrer comment il faut en être un. Peut-être est-ce pourquoi elle s'évade un beau soir de l’hôpital de la Salpetrière, où elle était depuis 8 ans, déguisée en homme, pour devenir citoyen, citoyenne.

Cela ouvre à la question de la métaphore de son époque que l'hystérique transmet sans le savoir. Savoir qu’elle le dit par son corps exposé à l'air du temps qui passe, celui dans lequel nous baignons. Elle incarne notre journal du matin écrit dans l’hypnose de ses heures de rêverie, la nuit.

L'hystérique est la préposée à la communication au collectif, la factrice du message de l'air du temps qu’elle poste dans nos boîtes… à l’être. À nous de les lire pour prendre note quel est-il aujourd'hui…

Rien d'étonnant que l'hystérique ait trait au grand Autre, c'est son enjeu radical, pour toujours en trouver un qui fonctionne de telle façon qu'elle ne soit pas « chatrable ».

Métaphore d’une époque

Rien d'étonnant en effet, que l'hystérique s’inscrive en place de celle qui saurait le savoir ce qu'est l'Autre.

Est-il son lieu d'adresse sans faille ? La métaphore de notre époque, le paradigme, c'est qu'à la fin du XIXe jusqu'à aujourd'hui, c'est bien ceci : qu'en est-il de l'Autre à qui on s'adresse, désormais hors la religion, qu'en est-il dès lors de la parole ? Que l'hystérique exhibe sans plus ou moins le savoir. Cela étant pourtant repéré, relevé par la psychanalyse, le cinéma, le féminisme, certains changements dans l'art et la littérature, dès lors que ces disciplines s'en prennent à la question de définir une rencontre.

L'hystérie vient nous dire qu’elle veut trouver un maître sur qui régner. Régner en tant qu’elle, l'hystérique, lui dit comment en être un, d'homme, tout en étant en train d'en changer sans cesse. L'hystérique à la fin du XIXe - comme peut-être aujourd'hui- exhibe ce modèle dans le discours dominant propre à la métaphore d’une époque. À l’époque de Charcot, c’était la « fable neurologique » comme le dit Foucault....

-III-

Charcot en est l’exemple patent, majeur, voire le « pratiquant ». Où l’hystérique de fait dit l'impérialisme médical, anti-elle, anti-hystérique. Charcot le reconnaît. Il reconnaît que l'hystérique est dans un carrefour épistémologique, politique, idéologique, de l'idéologie de masse qui est en train de nous arriver par les déferlantes des totalitarismes qui attaquent cette dimension du grand Autre en train de devenir le paradigme de notre époque actuelle.

Mais elle, l'hystérique, dit quelque chose que Freud entend, après Charcot et mieux que lui, à savoir le sexuel comme soubassement à la parole, par rapport au grand Autre. Cette espèce de couple thérapeutique, médecin-malade, Charcot-Augustine, nous montre une jouissance de maître, une jouissance de père, infinie.

Mais en fait, cette jouissance de l'Autre, son enjeu ici n'est que conscient, or l'objet du désir de l'hystérique se soutient d'une autre dimension.

C'est dans Dora de Freud que cela se montre. Si Freud sait prendre en quelque sorte la place du père dans le transfert comme la place de Monsieur K., il ne peut pas prendre la place de Madame K. Il ne peut que tomber dans un « désarroi profond » dira-t-il en 1923, tant qu'il n'a pas découvert cette dimension de « gynécophilie des jeunes filles », face consciente de la dimension homosexuelle féminine inconsciente propre à l’advenue du féminin. Non pas de pratique homosexuelle mais d'identification à « du » savoir sur la jouissance féminine.

Dora de Freud

Mais cela n'est pas présent dans le film d'Alice Winocour. Il n'y a pas cette dimension de « l'homosexuelle ». Lacan la décrit dans son « Intervention sur le transfert » : trois scansions, trois moments suspensifs, trois variations, trois changements de la vérité dans les discours. Freud en place de père encore une fois, et en place de Monsieur K, mais pas de Madame K, pas en place de la dimension homosexuelle féminine. Un de ces trois suspens désigné par Lacan n'a pas lieu et qui pourtant est tangentiellement là, dans la cure que fait Dora auprès de Freud pendant 3 mois.

Le désir de l'hystérique consiste en cette recharge de batterie, ce recyclage, même et surtout si l'impuissance du père de Dora par exemple est à prendre en compte dans la dimension d'un Autre non barré. Dora « parle » ses symptômes qui sont ceux de son père. De fait elle le parle, lui son père. Le « parler » ce qu'il lui manque. Je dis bien elle le parle. Elle le parle comme on parle une langue. Elle parle son père pour nous dire à tous l’amour qu’elle lui porte, et nous dire la faille des pères. Elle lui parle comme si c'était une langue. Car le père est langage. Et c’est la voie du lien à la mère plus profond dans l’inconscient

Désir de l'hystérique

Le désir de l'hystérique est que le père jouisse le plus possible même si cela s'accompagne pour Dora de mouvements et de motions pulsionnels de vengeance vis-à-vis de tous les partenaires du quadrille dont elle fait partie. Elle, Madame K, Monsieur K et son père.

Cette jouissance à l'infini se voit dans le film et repose sur le sexuel au sens de Freud et non sur une érotique agie. Que tout soit sexuel au sens de Freud y est bien montré en effet. Par exemple, quand Augustine est absolument courroucée, et se réfugie dans sa chambre, elle ne veut plus manger, dès lors que son amant de cœur, son médecin, le Dr Charcot, est parti pendant plusieurs jours sans le lui dire. Il rentre en pleine nuit dans le service qu’il dirige. II va dans sa chambre, il demande pourquoi elle n'a pas mangé, et il lui donne de la soupe, froide d'ailleurs, mais l'équipe de cinéma de Winocour a très bien compris comment il fallait vivre cette scène-là et les autres également, comme étant des scènes fantasmatiques au sens hystérique, avec ce soubassement du sexuel « à fleur de peau » en tant que désir et non son accomplissement. Lui donner de la soupe, c'est comme une fellation. Voilà ce qui est dit lors du débat avec Winocour, la réalisatrice du film. Cette façon d’Augustine de prendre la cuillère dans sa bouche l’évoque.

Il n'y a rien de plus évident. De même la boiterie change de côté, au moment où elle peut voir « son » Charcot, et s'appuyer sur lui d'une jambe ou d'une autre.

En même temps, est montrée la technique du « pressoir ovarien » : en pressant les ovaires la maladie hystérique s’estomperait. Notons aussi ce clin d’œil permanent –ce n’est pas un spasme palpébral- durant la moitié du film qu'Augustine fabrique pour faire savoir qu’elle est en train de séduire …en permanence.

Voilà la complaisance somatique dont parle Freud, telle que l'anesthésie peut changer de côté après une chute réelle, voire même cesser complètement, au point qu'augustine n'ait plus mal.

Complaisance somatique

Cette géographie symbolique du corps est remarquable ici.

Deux remarques : quand le corps est pris par un bout, par un coin, cela servira pour de nombreux frayages psychiques ultérieurs, de conversions, à savoir que le nombre de lieux de conversion somatiques sont beaucoup moins nombreux et beaucoup plus fixes que les frayages psychiques chez une hystérique. C'est un des signes pathognomoniques de l’hystérie quand on s’appuie sur le médical plus que sur le psychique, sur le relationnel.

Deuxième remarque : la distribution de la libido a un rapport à l'association libre. Freud dit en effet que « Les associations libres sont la lessive mère de l'inconscient ». C'est là où s’avancerait que tout serait sexuel. L'hystérique serait le lieu, du fait de son corps, où tout est sexué : sexualisable.

Le corps est…. sexe

Dans le film de Winocour, tout est sexuel freudien sauf la dernière scène. Un tout petit peu déplacé quant au scénario. Où effectivement il y a une « baise » au cut de fin du film dont on aurait très bien pu se passer tant le sexuel y est présent tout autrement.

C'est qu'il faut articuler la jouissance à la complaisance somatique par ce qui est de l’ordre de cette lessive mère. Tout est lieu d'une libido en liaison aux associations libres d'idées dites par l'hystérique et les analysants. Freud découvre que l'association libre, la libido et le corps sont partout, pour l'hystérique en tout cas. Encore faut-il le repérer, le reconnaître et l'interpréter.

C'est bien pourquoi on peut arriver à dire que l'hystérique sait tout ce que nous avons à apprendre de l'inconscient mais le point important est qu'il ou elle ne sait pas qu'il le sait et qu'il ne sait pas qu'il le sait à ce point-là. Car il y a le refoulement. C'est pourquoi il faut un analyste pour que le refoulement se lève et que cette dimension du « sexuel partout » puisse apparaître comme faisant discours qui balise la structure telle que langage et corps sont en un lien de complaisance continue.

Deux voies royales vers l’Inconscient

Deux autres remarques encore. Existent deux voies royales pour accéder à l'inconscient : celles de nos deux maîtres. Freud, c'est le noyau sexuel infantile qui se promeut dans le rêve, dit-il. Et pour Lacan, c'est le langage. À savoir, l'inconscient est structuré comme un langage où la voie royale est le lapsus.

Limite du sexuel

La deuxième remarque concerne la deuxième topique. En effet, le principe du plaisir indique que tout est sexuel, tout doit être de l'ordre de la décharge, bien qu'il y ait déjà le principe de déplaisir qui en est la borne régulatrice mais Instinct de mort et Éros sont les notions qui sont nommées par Freud pour découvrir une limite structurelle de nos motions pulsionnelles sexuelles.

L'instinct de Mort, dit Lacan, c'est le silence dans le malentendu du signifiant. Le lien entre Éros et Thanatos, ce serait comme la lessive mère mais où l'instinct de Mort serait le frein d’Éros qui multiplie les liaisons associatives et les investissements libidinaux.

-IV-

Métaphore de notre actuel

Discours de l'hystérique, advenu dans notre monde « scientifique » en 1900 avec le sexuel infantile, montre que les lieux du corps nous parlent et la parlent. Il suffit de l'écouter. Mais 1920 voit la nécessité de faire surgir un frein - car Éros avait un peu trop amorcé ses propres résistances- surgit un frein pour refaire jaillir un Éros qui marche, qui soit limite au « tout est sexuel » selon Freud ou « tout est langage » selon Lacan.

Le silence c'est l'existence d'un vide dans les mots mis en chaîne signifiante et ouvrant au processus du sens dans son rapport au réel.

Dans Malaise dans la civilisation de 1929, de Freud nous dit que le bonheur chez l'humain ne peut surgir par le sexuel. Quelque chose l'empêche. C’est prendre en compte les événements politiques majeurs du début du XXe, 1914, 1933 avec le nazisme, 1940, 41... 44, 45, avec la Shoah, et le fameux discours d'Einstein et de Freud en 1933 à la Société des Nations qui montre qu'ils sont au bout de la possibilité de penser ce qu'il va se passer.

« Éros et Thanatos », c'est en quelque sorte une image de la flamme contre le frein et du frein contre la flamme entre 1940 et 45. L'énergie de l'instinct de mort est raptée par Éros pour produire une rupture de l'histoire, une rupture de civilisation. Le rapport entre Kultur Uberiich et Éros : à un moment çà craque.

En effet quand une motion pulsionnelle, dit Freud dans Malaise dans la civilisation fonctionne pour essayer d'entamer le surmoi, le surmoi s'empare de l'énergie de la motion pulsionnelle pour se renforcer et ainsi de suite jusqu'au jour où cela se fait au dépens de la motion pulsionnelle et dès lors le surmoi se dissout, craque. C'est à dire que l'inertie propre à l'instinct de Mort a été battue en brèche, a été contrecarrée par Éros de façon beaucoup plus effective que ce que l'on veut croire. Rajoutons ce que dit Freud: dans l'univers il y avait le règne de l'inanimé et dès lors que l'animé surgit, l'inanimé va continuer son chemin dans l'animé et c'est ce conflit Éros-Thanatos devant lequel nous sommes placés et où l'hystérique nous convoque.

L'hystérique montre la métaphore de notre temps, l'air du temps, sans savoir ce qu'elle fait et cela crée une chaîne entre sexuel, signifiant, valeur jouissante du signifiant, réel. Cela étant à élaborer pour savoir comment l'hystérique dans cette ère implique qu'il y ait un discours, qui fasse qu'elle se soumette toujours au discours dominant d'aujourd'hui qui définirait le paradigme de notre époque soit ce rapport à l'Autre, à épingler, et qui dès qu'il est apparu a aussitôt été attaqué par les totalitarismes.

Ainsi l’hystérique par son fantasme questionne la jouissance du père, et le sujet qui en en acceptant la signifiance réclame un Autre sans faille qui réponde 5/5 à son désir sans aucun malentendu. Le corps en prend le relais dans une complaisance somatique qui enseigne à l’analyste ce qu’est l’inconscient. À lui de ne pas s’y laisser enlacer dans un idéal du féminin à quoi l’hystérique s’emploie à ses dépens en se prenant pour LA femme (avec une barre sur le LA), car l’hystérique pour la psychanalyse instaure un questionnement sur la métaphore de notre actuel, où le lieu de l’Autre peut enfin devenir non religieux et nous placer devant notre responsabilité en tant que sujet de l’inconscient.

Jean-Jacques Moscovitz

Paris Automne 2013

[1] L’Envers de la psychanalyse, édition du Seuil Paris 1970

[2] Quand Margot dégrafait son corsage/Pour donner la gougoutte à son chat/Tous les gars, tous les gars du village/Étaient là, la la la la la la/Étaient là, la la la la la/ Et Margot qu´était simple et très sage/Présumait qu´c´était/pour voir son chat/Qu´tous les gars, tous les gars du village/Étaient là, la la la la la la/Étaient là, la la la la la

[3] Augustine a été projeté en novembre 2012 à la Pagode en présence d’Alice Winocour. le film est sorti en mai 2012, présenté par « Le Regard qui bat… » : http://www.psychanalyseactuelle.com/le-regard-qui-bat/les-archives-du-regard-qui-bat