Un père c'est se poser la question de qu’est ce qu’un père (Ou du père incorporé au sinthome) par J-J. Moscovitz

Date de publication : Mar 17, 2014 5:25:35 PM

Un père c'est se poser la question de qu’est ce qu’un père [1]

(Ou du père incorporé au sinthome)

Par Jean-Jacques Moscovitz

Préambule

Il va s’agir de l’apport réciproque entre père et psychanalyse, lequel des deux abords éclaire au mieux l’autre , comment se rencontrent-ils.

La fonction du père, comme proprement celle de l'articulation dans la parole, produit la substitution d'un signifiant à un autre, cette articulation s'effectue aussi depuis le père par rapport à lui-même. D’où mon titre « Un père c’est se poser la question de savoir qu’est ce qu’un père ».

Question du père par le père lui-même.

C’est là rappeler quelques points sur L’homme Moise et la religion monothéiste comme épopée[2] du refoulement originaire. L'acting out y est défini par Freud comme ceci : les juifs préférèrent tuer un père plutôt que de se remémorer qu’ils en avaient tué déjà un auparavant et encore auparavant…jusqu’à arriver à une béance toute première, un trou. De même avec le terme d’héritage archaïque, déjà cité dans L’interprétation du Rêve en 1900, alors que le texte de Moïse date de 1938 ; ce terme concerne l’héritage des caractères acquis, qui à un moment donné, sont acquis à partir de traces antérieures elles-mêmes encore acquises à partir de traces encore plus antérieures, cela remontant à un vide originaire qui précisément doit le rester, et qui lance l’existence du symbolique, de la parole parlée entre les hommes. Et ces caractères acquis sont de ce savoir que Freud signifie par ce terme que les hommes ont toujours su qu’ils avaient tué un père « auparavant » et encore auparavant, sorte d’acquis de structure qui là aussi se donne comme béance , trou 1ER dans le symbolique.

Et cela a trait à la mort ainsi liée dés le départ à ce qui commence, fait début.

Le texte du Moïse en effet, c’est la genèse du monothéisme selon Freud : le meurtre d’une personne éminente comme Moïse le législateur, qui tué revient sous la forme d’un dieu unique. Lacan parle de trou-théisme, soit selon moi, aussi bien de zéro théisme. C'est-à-dire que n’existe que l'habillage de la structure, l'habillage par le père, de la structure de béance, que ce soit l’Œdipe lui-même, le père primordial, Dieu. C ‘est ce qui explique la frénésie, voire l’émeute qu’a provoqué « le mariage pour tous », où les opposants y voyaient une atteinte des bases célestes de la religion.

1) Le père est coextensif à ce qui fait début. L'insondable de la question de ce qui commence est le propre de l'énigme du père face à ce qui vient à l'existence, énigme si présente qu'aucun sujet, névrosé, analyste, artiste ou porteur d'une autre étiquette ayant trait à l'inconscient au sens de Freud, n"évite, semble-t-il, cumul ou perte de dossiers, documents, textes à propos “ du-père ”. tel mon exposé aujourd’hui. Dossier ouvert ça va de soi.

Du père, donc du partitif marqué du trait d'union ajouté au « du-père » vient faire se révéler la structure de morceau “ de père ”, de 1"ordre du partitif, soit du disjonctif d'avec tout le reste de la parole puisque c ‘est de ce bout de réel, de ce morceau de réel que provient « de la parole ».

Fonction de séparateur, donc séparateur de lui-même, et ainsi morceau de père, c ‘est cela qui fait tenir ensemble ni dispersés., ni confondus, les signifiants phallus, mère, enfant (Cf. le schéma utile en clinique). Ce du-père est toujours en cure , la psychanalyse le soigne, tentative de conjonction logique, par cette fonction de faire tenir ensemble…

Face à la disjonction cette conjonction indiquée dans ce schéma, est-elle abusive dans une équivalence souvent trop évidente entre père et parole, retournement incessant, immédiat, implicite entre Nom du Père et Père du Nom ?Face à quoi l'analyste est invité à se situer et intervenir, ne cessant pas de garder ouvert son dossier père.

Car, de fait il est trop rapidement, surtout aujourd'hui, évocateur de la structure, d’un “pur-cristal-structure”, faisant réunion d'une façon trop simpliste entre père et parole, à les confondre dans un avant coup, en un chaos originaire, le tohu-bohu de la Bible, en place de produire l’énigme du lien entre amour et haine s’appuyant su rle fameux narcissisme primaire, au point de remplir de mystères la pratique de la psychanalyse autour d’un tel pur cristal structure irrencontrable.

Au plan clinique ce schéma ici est utile car il montre qu’il s’agit du père symbolique voisinant en dessous de la feuille de papier avec un réel qui est trou vrai , vrai trou dans la structure habillée par du-père œdipien. Soit que du morceau de père fasse trou, donc en lien avec les trois ronds borroméens. C’est ce trou qui exige les trois ronds de ficelle et non l’inverse : les conditions R S I de l’inconscient freudien sont telles que c ‘est via ce trou que la psychanalyse surgit dans le monde .

Réel tel que l’en-dessous de la feuille de papier c’est le féminin qui ne fait pas rapport avec le point père, car entre les deux faces de la feuille, existe son tranchant en plan frontal, existe un impossible à représenter car le tranchant de la feuille de papier est de ce réel .

2) Alors la pratique psychanalytique….

Pratique qui n'en demande pas tant puisque précisément de par la dynamique qui lui est singulière, elle interroge l'advenue à l'existence et les modalités d'application de ce pur-cristal-structure et dont seuls ses avatars sont en perceptibles dans une cure. .

Soit du coup de poser la question de l'imaginaire, la question du corps comme rapport possible au père : question, par exemple, inscrite dans les manuels de psychanalyse à la rubrique “ Figures du père ”.

Un document, pris dans l'art cinématographique, va nous éclairer et poser un tel abord du-père, c'est le Popeye d'Altman. Là sont montrés les effets, comiques certes, de stupidité, de stupéfaction, de stupeur que provoque le signifiant sur le sujet, si l'imaginaire ne vient pas tamponner, contenir les effets du réel en prise directe sur le symbolique. Le signifiant père, comme Nom-du-Père, indique que la place de ce lieu de ce nom est toujours vide. Vide comme l'Autre, comme le ciel l’est de Dieu.

Ainsi Popeye the sailor, dans sa stupeur, face à la réalité du Un séparateur articulant les signifiants ME entre eux , lance-t-il : “ ouk’tépapopa ? - (où n'es-tu pas popa ?).Il trouvera alors son père à sa place dans le lieu, soit un type ficelé attaché au plafond d'une cale de bateau, comme tout le monde. A le penser nulle part, il le trouve enfin partout c'est-à-dire dans le symbolique, réduit à faire rite, idolation du symbole de l'absence, ici marqué du fait de chercher pour ne pas trouver.

Chercher le symbolique pour ne pas trouver le réel et entre il y a l’imaginaire…

Père déficelé et fils se retrouvent, médiation l'un de l'autre, et s'appréhendent miroirs en place de salauds moyens, de flibustiers genre lien social entre analystes, soit avec tout ce qu'il faut pour ne pas être trop dupes, moins stupéfaits par le réel inhérent àla parole.

Stupéfait :là surgit le trauma, par le désir du père, le flagrant délit de père monté en scène par l’hystérique qui par ses symptômes crée son discours dont comme sujet elle ou il est l’agent .

A cette stupéfaction du trauma fait écho la pudeur, et révèle l’aspect pudique propre à la structure du signifiant, soit de se poser manquant. Pudeur entre signifiant et corps. Cette pudeur est en fait du registre de la structure, la marque de l’impossible d'un rapport sexuel. Genre père et féminin de part et d’autre de la feuille de papier du schéma Œdipien.

Notons que citer un film et un film sur la filiation pose la question de l'auteur d'une création qui ne peut faire désirer sinon à son insu, car aucune mesure, aucun calcul ne sauraient imiter l'impossible dans une équivalence sans confusion entre le Un séparateur, disjonctif, et la conjonction, propre au discours de l’hystérique qui en advient et qui jouit de sa place de passeur de la jouissance du père.

Car si la fonction du-père est d'emblée équivalente au pur symbolique de la structure pudique du signifiant, sorte de sans faute du père une fois fait dieu, se posent les questions de l'existence.Soit que le réel du père symbolique tenant ensemble, ni dispersés ni confondus, phallus, mère, enfant, fait que la marque, le manque phallique est garanti, savoir que la psychanalyse ne nous abandonnera pas, mais avec le risque de rester dans le rite du signifiant pur, l'idolation de ce pur-cristal-structure.par manque de prise en compte de l’imaginaire.

Car cela se modère par la fonction de l'imaginaire de la figure du père comme processus dynamique, comme index du réel qui tient seul du fait de la pratique de la psychanalyse, et invite à une sortie du pur tout christ-christ all- de la religion où tout est christ.

3)Comment alors pointer maintenant cette nécessité de l'articulation entre imaginaire et structure ?

Un exemple nous éclaire. Le document est le suivant . “ pourquoi sommes-nous sur la Terre ? - est une question mise en travail par un théologien au colloque “ Confrontations ” de 1982. - Si nous sommes sur la Terre, alors c'est que papa et maman ont eu des rapports sexuels, ont fait l'amour ensemble ”, etc., était alors joliment avancé comme propos.

Il y a là un appel au bon sens, à l'imaginaire, et qui se montre toujours à se dresser vers le haut, vers le religieux. Or cela plafonne vite, sous la forme par exemple d'un cadeau vraiment obtenu du ciel. Or le ciel est vide.

Et cela, la clinique le montre, enclenche la part phobique de l’humain, présente dans toute névrose, puisque la phobie c ‘est le risque que le ciel ne soit plus vide. Les croyants prient que le trou reste trou et la meilleure façon c ‘est de n’en rien savoir.

Ainsi à faire jouer dans cette phrase l'implication logique et la négation, nous aboutirions rapidement à la transparence de la formule, du genre : si nous ne sommes pas sur la terre, c'est qu'alors papa et maman n’ont pas fait l’amour et là surgit le vertige de comment le savoir puisque je ne suis pas sur la Terre. Voilà la question de l’existence.

D'autres documents indiquent la question du père. Ainsi le Congrès de Montréal des langues romanes (Revue française de psychanalyse, n' 5, 1982) avance que la question du père, dans son actualité, est fondamentalement liée à l'éthique de la psychanalyse soit que les éléments en cours dans une cure sont le fait qu’ils ont trait aux propres défaillances inhérentes à la structure qui les sous-tend.

Avec la question des Procréations Médicales Assistées le rapport au père géniteur et au Nom du Père, qui renvoie au thème “ de l'étranger ”, à savoir de poser la différence entre nouveau venu et altérité.

Ou encore les assertions sur l'aplatissement de l'imaginaire du père dans le discours politique : ne sommes-nous pas face au triomphe de l'image télévisée qui gadgétise tout, où le père n’est investi que comme objet réel, dans notre réalité, alors qu'il s'agit simplement de l'idolation de la technique, soit du gadget... et donc du père mis en tension avec ce pur cristal structure que nous sommes amenés à poser pour dé-chosifier le du-père pris dans l’idéal technique.

4) comment en effet poser la question du père coté psychanalyse aujourd'hui ?

Cela permet-il de préciser les conditions symboliques, de discours, de l'expérience psychanalytique ?

Le dossier du-père vérifie-t-il que les conditions de la pratique sont les registres Réel, Imaginaire, Symbolique, et coté Freud sont-elles l’œdipe, le transfert, la castration ? qui sont nos appuis : l’Enseignement de Jacques Lacan et l’Oeuvre de Freud?

Mais si le du-père vient poser aux analystes la question de ce qu'ils font dans la pratique, cette question peut être retournée. En effet, la pratique vérifie-t-elle “ du-père ” ? Le “ du-père - cadré, éclairé par la psychanalyse mieux ou plus qu'ailleurs ? Les conditions de l'expérience psychanalytique sont elles causes ou conséquences de la question du-père ?

Un exemple nous fait avancer.

Il s'agit d'un rire d'enfants assistant au film de Spielberg, E.T., (l'extra-terrestre), survenu quand la plupart des enfants de la salle de spectacle constatent qu'Eliott (le héros du film, c'est déjà littéralement E.T.) s'identifie et sauve un certain extra-terrestre en très grand danger.

Le rire, qui prédomine donc chez les enfants bien plus que chez les adultes présents dans la salle de spectacle, survient quand cette présence est révélée comme semblable en place de semblant. E.T. en place de semblant autorise, de ce signe fait avec un doigt bizarrement pénien traversant tout l’écran , la relation de prochain à prochain fondée sur l'égalité face à la parole comme porteuse de significations.

Enfants et E.T. sont en égalité face au semblant qui les tient vivants désirants .

Place est faite à la parole dans l'échange de ceux qui se reconnaissent semblables et qui sont pourtant très dissemblables quant à l'image réelle. Le rire signe ce pacte avec cette face monstre de l'animal-père accédant à la parole, au symbolique, à l’apprivoisement du père totem.

Là, E.T. est comme le criquet pèlerin décrit par Lacan à propos du stade du miroir : venu de sa maison, il doit y retourner. Eliott et E.T. sont pareils, de même grégarité. Comme Popeye père et fils. Du miroir les tient :les lettres E et T sont les initiales de Eliott….

Mais ce E.T. c’est aussi le radicalement étranger. Venu d’une autre planète que la Terre où nous sommes parce que papa et maman ont fait boum boum…

Surgit alors l'envers de la question : “ d'où viennent les enfants ? ”, sous la forme de“ où va un père ? ” A la mort, dit Freud. Est ce là ce qui lui a fait faire son analyse , et nous depuis et devenir psychanalyste.

La fin du récit se marque du départ où est dit à Eliott : “ je suis toujours avec toi ”, soit de l’altérité et de l’étranger sont en toi. Nemen mensh le plus loin et le plus roche, le plus secourable et le plus source d’effroi. Question père c ‘est que le père se sait père mais depuis qui ? d’où mon titre sous forme d’une redondance de structure.

Mais auparavant dans le film, il est nécessairement mort. Il y a là le du-père qui vient à s'enfouir dans la mort comme question, comme pur symbolique.

Cela est bien marqué, féeriquement, puisque Eliott. redonne vie à E.T., vie au sens du désir, puisque le signe de la résurrection est qu'une fleur fanée revive.

Signe que E.T. est mort, qu'il est en place de père, et qu'il le sait, pour une fois, contrairement à ce que Freud nous apprend dans son rêve fameux qu'un “ père était mort et qu'il ne le savait pas... ” qu’il était père et/ou qu’il était mort….

L’homme aux Rats, lui, résout cela par ses sentences et contraintes pour effacer les traces des traces de ses inhibitions, symptômes et angoisses, pour attendre, comme Hamlet, que le spectre du père archi-mort lui dise sa jouissance, d’où pour notre obsessionnel hyper doué de se masturber comme de cette issue… à sa pulsion sexuelle

Et « ET » lettres en français de la conjonction, c'est alors là le départ vers son - home - et la déclaration d'amour du fils au père, père enfoui dans l'inconscient du sujet, oublié sous la forme d'un dieu stellaire, cosmique. (Oublié =Déclin du complexe d’œdipe au sens de Freud).Ainsi, sorte d'animal à abattre au départ, trace d'altérité ensuite, E.T. vient à être imaginarisé sous la forme de cette figure de père avec laquelle un pacte s'est conclu : le rire d'enfants assistant au spectacle en témoigne. Figure à forme de grenouille, de cochon, c'est aussi un symbole U.S. très singulier, une automobile avec un énorme feu clignotant à la place du cœur, à allure fœtale.

Entre le moi et l'inconscient, c’est là où le fils se situe comme médiation de la parole, Eliott et Popeye payent ainsi leur dette en renvoyant cette parole au père, qui évidemment s'en empare comme tout le reste.

En effet, au plan dit imaginaire, le père, dans la réalité d'Eliott, a quitté sa famille, il est absent, parti au Mexique avec Sally, sa belle. Cette absence réalisée du père, est exigée pour la marche du récit, du scénario. C’est là sa jouissance, e c’est la cause du récit qui en est fait et implique qu’Eliott s'invente E.T. en place de père de substitution.

Ça touche à l’exil certes réel de ET mais surtout à l’exil interne d’Eliott, celui inhérent à la structure de béance , au trou irrencontrable mais non sans effet. On est exilé de sa structure, de ce pur cristal structure et dont ses avatars….seuls sont perceptibles. Notamment par le corps de du-père à l’ allure de ce qui commence : un fœtus….

CORPS

Sur le plan du réel, c'est par ce moyen-là, rêve, fantasme, que le réel du corps du père est interrogé, et il est interrogé par le sadisme des savants médecins qui prennent E.T. comme proie de leur désir de savoir et révèlent que cet étranger est en exclusion comme Autre radical, différent même de l'étrangeté et qu'ils doivent le faire rentrer dans leur ordre symbolique. Ainsi un flic ne va-t-il pas dire que cela fait une éternité, dix ans, qu'il attend lui aussi E.T. Par la même, ô combien, surgit le souhait de la rencontre avec l'Autre quand il s'agit de la question du père...

5)Avec ce document-là, maintenant peut être abordé le rapport entre pratique de la psychanalyse et le père comme question.

Pour cela on l’a vu c’est le rapport du père a la mort, savoir l'enfouissement de la question du-père dans celle de la mort. Cette fonction du père 1ERabsentiife’ la mort dans l’inconscient .

C’est le renversement de la question « d'où viennent les enfants ” en « où va un Père », « à la mort ». Et qui pose la question suivante : comment commencent la névrose, l'inconscient, la parole ? où le mot “ comme disait Aragon, est le plus beau mot de la langue française, car il évoque précisément l'existence même de la métaphore.

Cette antécédence première, de pure logique, du comment ça commence, est propre à la fonction de substitution de la métaphore paternelle dans I'Œdipe au sens structural.

Un exemple de ce qu'on appelle - fête des pères - nous éclaire en effet : un enfant écrit à son père, à l'occasion de cette fête, que le seul cadeau qu'il puisse lui faire est de lui écrire qu'il existe une fête des pères, soit qu'il y ait de l'existence!Cette existence s'écrit par exemple : «il était une fois » qui se répète et où se pose, d'une part, la première symbolisation de la mère articulant sa présence et son corps et donc celui de l'enfant; et d'autre part, l'absence du père en ce père primordial, propre à sa mort articulée précisément à l’idéalité, ce pour quoi il n'existe plus aucun au-delà.

Cet au delà c'est le dieu des philosophes, qui se situerait toujours au ciel, et pour Freud il est ramené sur la Terre, et il s'appelle le père primordial. Fonction radicalement autre, d'être lien disjonctif, particulier à ce Un séparateur, signifiant de l'articulation signifiante comme telle.

Cette identification participe à la transmission d'Eros comme instinct, part d'immortalité de la libido, part du rapport entre vivant et signifiant.

Oui , la libido est immortelle, puisque elle se transmet à travers les générations, mais si la médiation de la parole de fils à fils, de sujet à sujet, c’est inscrire l'articulation signifiante comme possible, cela ne peut l'être que grâce à ce que Freud intitule “ repas totémique ”, un maximum de libido s’y déploie sous la forme de la dévoration du père primordial dit père de la horde.

Or Il me semble que la pulsion orale n'est là intéressée pour Freud que comme opérateur permettant la mise en place d'une métaphore, celle précisément de l'antécédence la plus antécédente qui soit. Ce serait là l’habillage qui convient au stade psychique le plus archaïque : l’oral…

Car cette identification primordiale au père, nommée Einverleibung/incorporation par Freud est celle du d'être à être . Elle est telle que nulle clinique ne peut la rendre perceptible, qu'elle n'est pas pulsionnelle. Elle évoque le corps en morceau distribué sous la forme d'un lien d'amour au père, mais qui précisément occupe la place d'un signifiant, celui du lien premier au signifiant de l'articulation, signifiant qui ne produit aucun sujet, car nulle subjectivité ne peut en témoigner, de cette incorporation-là.

Cela ouvre la nécessité de la topologie puisqu'elle procède de la supposition comme telle : d'un sujet d'avant toute question du sujet, comme autre lieu avec sa logique : topo-logie, qui ouvre la question de l'être du sujet en tant que manque premier dans la parole, manque premier en rapport avec cette absence radicale du-père, au départ. Absence signifie sa mort par le meurtre symbolique comme l’indiquent les termes d’acting out et d’héritage archaïque.

 N'est-ce pas cela qui a pu faire parler de pessimisme ou d'athéisme chez Freud?Le monothéisme de son “ Moise » , ne signifie-t-il pas l'inexistence de Dieu, d'où la nécessité de son écriture sous la forme de ce Un séparateur, qui indique que s'il y en avait vraiment Un, alors chacun en aurait un et nous serions tous polythéistes...

La topologie permettrait-elle alors de faire procéder la psychanalyse plus du côté de la science dont elle serait dans le cortège, plutôt que dans l'ordre du mythe ou de la religion?Adossée à la religion elle marche avec la science.

L'inconscient ainsi ne se définirait-il pas comme la lieu d’une trace absente dont la marque absentifie la mort dans l’inconscient, la mort du père, et ce manque premier fonde cette trace même .

Absentiifie la mort dans l’inconscient.

A savoir qu'à partir de cette identification toute primordiale et des deux autres (trait unaire dans la dialectique phallique de l'avoir ou de l'être, et identification hystérique de désir à désir) s'agence la fonction phallique qui est l'assumation par le sujet i

Précisons cette1ere identification , c ‘est la béance du père primordial, trouthéisme, qui lance la supposition de l'antécédence de cette toute première identification au père incorporé, frappée de son échancrure primordiale. Et qui va alors persister dans tout signifiant quel qu'il soit, une fois l'organisation du moi achevée. C'est cela que Jacques Lacan, selon moi, appelle sinthome par rapport au symptôme, du fait de l'acte de nomination du symptôme qui de morbide chez le névrosé devient indice de la proximité la plus proche du pur cristal structure.

De cette antécédence, s’instaure le signifiant comme élément constitutif du discours, du fantasme du sujet. C’est un acte de nomination de la structure pour un sujet singulier, voilà la fonction du signifiant du nom du père.

C’est à dire que par cette antécédence, il y aurait équivalence entre les sexes face à ce point de béance 1ere, point qui se transporte au niveau des autres identifications. Pour les quidam bonhommes et bonne femmes, le sinthome de l'homme va-t-il être “ la femme ” sans symétrie du coté femme.

Et coté femme ce sinthome a des démêlés avec ce qui fait plutôt “ ratage ”.

Mon hypothèse est alors la suivante : il y aurait une identification quatrième formée de l'ensemble du nouage des trois identifications de Freud. Osons l'appeler identification à la structure articulée à ce manque premier où le père primordial serait en opposition non symétrique mais polaire au symptôme. Symptôme qui pour l'analyste devient sinthome et s'équivaut à ce qui s’instaure comme fin d’une analyse et ouvre alors à la pratique de la psychanalyse.

Sinthome est de savoir que la pratique de l'analyse implique pour l'analyste, qu'il le veuille ou non, de se retrouver en position de complémentation non homogène au symptôme du névrosé. Savoir y faire avec son sinthome en fin de cure c’est savoir distinguer sinthome et structure, soit faire repérage du sinthome pour l’analysant.

Je reprends : par cette identification première au père idéal mort qui initie les autres identifications, et les traverse, surgit le fait que tout signifiant véhiculera cette initiation première à ne pouvoir se signifier lui-même, frappé qu'il est de cette échancrure inaugurale. Ainsi le sujet va-t-il répondre à ce qui le marque par ce dont le signifiant manque.

Et si la pratique de la psychanalyse s'équivaut à la pratique du sujet comme sujet de l'inconscient, il faut de l'analyste en fonction pour en repérer les effets. Mais cette perte initiale comme cause de l'inconscient n'est pas l'objet petit a, mais de l'ordre de l'apulsionnel, soit comme l'incorporation elle-même.

Car la fonction sinthome du père est apulsionnelle du fait du ratage dans la répétition de la rencontre avec le réel. Ainsi comprenons-nous, une citation de Lacan : : “ le père en tant que père, c'est-a-dire nul être conscient (Séminaire Les fondements de la psychanalyse, p. 58). Ni inconscient donc… ouktepapopa

Voilà comment il me semble pouvoir articuler la fonction du père à la pratique de la psychanalyse, pratique à repérer dans une dynamique, à réinventer sans cesse car liée à la fonction de l'imaginaire comme j'ai essayé de le montrer avec la figure exenplifiée du père dans E. T.

La figure du père précisément comme facette du fantasme montre le non-réprésetitable de la structure en cause dans la pratique et pourtant nécessite sa supposition, qui est celle du réel, réel qui par la pratique se trouve impliqué.

Cela a des conséquences au niveau de la pratique, soit de l'interprétation psychanalytique.

6) L'interprétation en effet s'articule à ce point de rencontre entre symptôme et père/sinthome, définis plus haut.Et elle implique de la part de l'analyste un silence, celui de ses pulsions, identique à celui de l'incorporation du père, et qui produit une désintrication des différents temps des circuits pulsionnels.

Savoir que l'analyste ne peut en aucune manière accorder de privilège à tel ou tel circuit pulsionnel plutôt qu'à un autre, ou à tel ou tel objet petit a plutôt qu'à un autre, sinon au risque de grever la cure d'une manière irrémédiable.Il est en effet en place de semblant d'objet petit a et non objet petit a proprement dit.

Ainsi « L’Homme aux loups », avec l'incident du brillant sur le nez, vision hallucinée d’une scène originaire insrite au milieu de sa figure…. Vue dans le miroir comme celle de son père genre Popeye

Cela renvoie à l’acte de Freud vis à vis de l’Homme aux Loups : de porter l'interprétation sur la fin de la cure par une date anticipée à la fin du processus lui-même, sorte de scène primitive placée dans le futur, en place de ré-édition d'une scène primitive supposée dans le passé.

En 1923, l'épisode de la verrue sur le nez chez l'Homme aux loups (cf. sa mère revenant de Russie avec une tache sur son visage, le visage de Freud lui-même malade à cette date) va se marquer par une insurrection de l'objet petit a montrant que Freud n'avait pu désigner le regard comme objet petit a malgré ses travaux, aussi bien sur la scène primitive que sur les pulsions exhibitionnistes voyeuristes de sa Métapsychologie, en 1915.

Précisément le fait que l'articulation père-sinthome n'a pas pu être inscrite (car subissant la forclusion) vient spécifier que Freud a privilégié, malgré lui, un circuit pulsionnel, le regard, un objet, l'objet petit a comme regard, sans le savoir.

C'est là la confirmation que l'interprétation ne peut s'appuyer que sur cette articulation père-sinthome comme j'ai essayé de la définir. Or c'est cela qui n'a pu avoir lieu dans le cas de l'Homme aux Loups.

A savoir que la pratique s'équivaut à l'inscription des conditions symboliques de la pratique elle-même.

Conditions qui sont inhérentes à la position de la part du psychanalyste (comme fonction) d'être le lieu d'un silence des pulsions, silence équivalent à celui de la structure pur cristal idéal. La position est proprement liée à la désintrication des différents objets petit a : ce que nous pourrions appeler incorporation de la fonction analyste elle-même.

Ainsi l'interprétation vient-elle à se distinguer de la symbolisation, de la nomination, distinction ici à peine ébauchée, et qui nécessite la passe soit , en particulier, une articulation de son analyse personnelle à l'expérience de la pratique de la psychanalyse par l'analyste, soit celui qui en a l'exercice. La nomination analyste, par exemple, dépasse sa fonction de désignation d’être un opérateur, mais révèle que cet « opérateur » est en place de signifiant produit par la pratique elle-même, c’est un forçage symbolique, érigeant tel concept, tel mot, tel mouvement, etc... au rang de signifiant, soit ayant pour effet de placer sans cesse l'analyste face à sa position de sujet de sa division, c’est la question persistante de la re-nomination de l'analyste du fait de sa pratique où se déploie sa fonction de “ ne s'autoriser que de lui-même ».

Voilà père et pratique liés ? de l’un vers l’autre et vice versa ?

Jean-Jacques Moscovitz

[1] Exposé à Espace le mars 2014 , en coïncidence avec la journée mondiale de la femme, 

[2]  ce tete fait suite au travail sur l’Epopéedu refeoulement originaire, Cf blog psychanalyse actuelle https://sites.google.com/site/psychanalyseactuel/le-blog/lemoiesedefreudetlareligionmonotheisteuneepopeedurefoulement