Lacan pas sans le corpsPar Jean-Jacques Moscovitz
Tel l’artiste, Lacan savait faire. Il savait avancer
un point de clinique nouveau depuis sa pratique, c’est à dire nommer ce
qui, déjà là avant, ne se savait pas encore. Voilà la dette envers Lacan que
j’ai à dire ici. De sa pratique[1],
lui seul en répondait comme chacun d'entre nous répond de la sienne, une fois
praticien. C‘est pourquoi je ne l’aborderais qu’à travers quelques échanges
parmi tous ceux que j’ai eus avec lui, et qui, précisément, sont toujours
présents et actifs en moi dans l’élaboration sur les liens entre la fonction
paternelle et le désir-du psychanalyste.Formé à l'Institut de psychanalyse de la rue St Jacques[2],
me voilà un jour de 1971 rue de Lille pour rencontrer Lacan à son cabinet, afin
d’entrer à l'Ecole freudienne de Paris. Déjà psychanalyste, j’étais en effet,
vivement interrogé par des termes de son enseignement tels que « discours
analytique », « désir du psychanalyste »,
« ponctuation » de la séance… Au point d’entreprendre un travail avec
lui. C’est ce qui m’a montré combien la pratique de Lacan est une
pratique du transfert, voire d’un excès de transfert.Serait-ce là son style, avec ce quelque
chose qui s'en déduit : l'ambiance
qu'il savait créer
et entretenir telle que l’énoncé
"vous me l'avez dit aujourd'hui" aura pour conséquence de lui parler
de ma pratique d'analyste. De le situer avec son accord en place d'analyste de
"contrôle".La pratique participe du fait que "l'analyste
ne saurait s'autoriser que de lui-même". Voilà une assertion de Lacan qui
est l'évidence même, ce qui n'empêche en rien d'en parler avec un autre praticien.
Car il n'y a pas de méta-pratique, contrairement à ce que maintient
l’opposition pratique/théorie. Cela s’éclaire mieux par des notions autrement
nouées entre elles, celles de pratique, de clinique, d’éthique.Dire sur la pratique c'est rendre compte de son
effectuation dans une cure, au plan de la théorie et surtout au plan clinique.
En fait, ce dire a un nom : c’est cela la clinique, le séminaire de
Lacan en serait le paradigme maximal. La clinique est, selon moi, un savoir
commun pour au moins deux psychanalystes voire plusieurs pendant un
certain temps. Avec Lacan ce savoir commun l’est pour beaucoup plus que deux,
et depuis longtemps. Il ne l’a pas toujours été, il l’est aujourd’hui par de
nombreuses approches différentes.Du coup posons que la clinique est analogue à
la pratique, comme l'écho l'est pour une voix, l'éthique est d'en
reconnaître l'écart. Soit de donner cadre à ce qu’il se passe chez
l'analyste pris dans la pratique, celle de la coupure dans les paroles de l'analysant, soit ce par quoi se représentent
les mouvements de sa libido, de sa jouissance, de sa souffrance propres à sa
névrose.L’éthique au sens de Lacan est le fait de nommer, ce
qui est un acte, c’est l’acte de couper (dans) cette jouissance, d’en faire
surgir un trait, celui de la coupure. Ce trait est une lettre, elle n’a pas de
sens par elle même. Mais elle organise, fait lest au discours de
l’analysant. Ethique, celle de la lettre, du trait, du trait de la coupure. La
lettre n’attendait pas la coupure qui la ferait surgir. Mais l’une et
l’autre sont les deux faces de l’acte propre à la pratique du discours
analytique, lettre coté analysant, coupure coté analyste. Ce qui n’est pas sans
effets sur les deux partenaires pendant la marche d’une analyse, dans la séance
mais aussi en son dehors.ActeActe donc, qui, se déprenant d’une parole trop prise
dans le sens, fait passer le sujet qui parle à la possibilité d'en produire un dire
propice pour intégrer ses symptômes en son discours conscient. C’est un dire
prometteur d’interprétations. C’est cela qui convoque et invoque le praticien.Ainsi Lacan dans Radiophonie III[3]
avance-t-il: « c'est de la coupure dans la jouissance que se produit le
sujet ».Clinique-pratique-éthique est ainsi à entendre en un triple registre :1) la pratique : celui de l'effectuation
de ce qui se passe lors d'une cure. 2) la clinique :
d'en dire à quelqu’un ou à plusieurs son efficience après coup.3) éthique : d’en repérer l’écart, soit
celui entre le dedans et le dehors de la cure.Encore faut-il le faire, là même où Lacan se place
précisément entre dedans/dehors de la séance. Au point que je parle de sa
pratique dominée par le transfert, voire par un excès de transfert.Dedans/dehors de la cure.Avec ces trois termes ainsi noués, la limite
dedans/dehors de la cure est déplacée, articulée tout autrement et prend le pas
sur le couple pratique-théorie, qui rendait bien distincts dedans et dehors,
comme si la pratique était hors monde, au delà du temps qui passe.Non, il n'y a pas de méta-pratique, d’au delà
d’elle, mais il y a du savoir psychanalytique.Comme il le dit [4],
deux positions du savoir se désignent ici : « savoir référentiel »
d’une part, celui des livres, de donner matière et étude à son expérience
d’analyste depuis sa pratique, voilà la clinique ; et d’autre part,
le « savoir textuel » propre à la pratique elle-même, le texte
dit dans le présent de la séance par l'analysant, par un dire analysant. Et
l’éthique est de discerner ces deux versants du savoir psychanalytique.Référence
ici, le lecteur l’aura reconnu, aux questions de formation de l’analyste où
l’articulation pratique-éthique-clinique a pour effets de maintenir sans
cesse sur la brèche les opérateurs d'une pratique, celle de la psychanalyse.Que la pratique de Lacan soit sous le sceau du
transfert veut dire aussi bien au niveau de la cure que du contrôle, que dans
la vie quotidienne, et aussi dans le lien social au sein de l'Ecole Freudienne
de Paris, ou dans un train allant vers Strasbourg… où toute l’Ecole se déplaçait
pour un Congrès, ce dont je parlerais plus loin. Trois
rencontres avec Lacan…Trois occurrences cliniques ici à dire, à partir
de trois rencontres:1) à Ste-Anne, la première rencontre, dans la salle
de garde des internes en mai 1968,2) le Congrès de l'Ecole Freudienne sur l’Acting
out en 1975 à Strasbourg, et3) et une phrase parmi d’autres ici
celle-là : « vous me l’avez dit aujourd’hui », signant un
début de travail sur le désir de l’analyste dans son rapport à la question du
père.Ainsi la rencontre à Sainte-Anne que j'ai faite avec
lui fin 1968 dans la salle de garde des internes, a lieu le jour de
l'inauguration de la nouvelle bibliothèque de l’hôpital, quelqu'un fait un
discours d’ouverture totalement inaudible, tout le monde palabre, s'agite,
je suis assis au fond de la salle, à côté de Lacan que je ne connais pas, je le
tutoie comme c’est l’usage en salle de garde pour lui dire "tu vas voir,
quand ce sera fini on va applaudir comme si de rien n’était", on rigole,
on papote, comme tout le monde.Trois ans après, en 1971, je décide de faire un
travail auprès de lui et en cours du premier entretien, il me dit très
calmement "c'est très énergique ce que vous me dites". Rires,
surprise de lui comme de moi, de moi comme de lui, c'est là comme une parole
d'enfant, et ce point de réel-là qui fait retour depuis la voix inaudible
jusqu'à celle qui a lieu entre nous deux, dans une condensation de la
voix en objet, objet déduit de lui à moi dans un tel aller-retour.Voilà ce que du trait de découpe du réel, de par son
écoute, revient en paroles, exemple inaugural ici du style de Lacan, de
cette ambiance qu’il savait si bien produire… En créant comme un tout est
possible, en jouxtant avec la limite où le virtuel prend aussi sa place, il
introduisait cette dimension de semblant, par quoi survenait une
multitude de sens sur ce qui se passait sans jamais clore l’ensemble par un
sens fini, mais au contraire de tourner autour d’un point de réel, autour
de l’effectuation de ce qui se passait dans la réalité sans jamais la cerner
une fois pour toutes.Le tiroir…Ici le dedans dehors de la séance est
bousculé, largement. Cette façon de tenir compte du réel est très importante et
s'associe pour moi à un événement qui était celui du tiroir. Pendant ces
premières séances où je « nous » parle de ma pratique, Lacan ouvrait des tiroirs, les retournait,
des fiches en tombaient. Transfert aidant, s’il faisait un tel
« nettoyage »–le faisait-il pour tout le monde ?- cela avait
trait, pensai-je, à mon passage de l'Institut de Psychanalyse de Paris à
l'Ecole freudienne de Paris, passage qui, en tout cas, était loin d’être chose
facile.Il en savait quelque chose, cela se sait, ne
serait-ce que par les violences et la haine directe dont témoignent les textes
sur les Scissions d’avec I’IPA de 1953/63 entre lui et ceux qui étaient ses
alliés. Et dont les effets aujourd’hui durent encore malgré quelque
rapprochement, tant les enjeux et les différences éthico-pratiques étaient
intenses… Ces fiches qu’il jetait à terre, étaient-ce des archives ? signe
qu’en place d’analyste, il me montrait, c’était mon idée, que je devais aussi
me déprendre quelque peu de mes années de formation à l’Institut de
psychanalyse ? que son éthique l’empêchait de me le dire directement à ce moment-là ?Un jour d’ailleurs ce sera dit et par lui et par
moi. Mais entre temps, il me proposera une rencontre avec trois autres
analystes de l'Ecole freudienne. Elle eut lieu et j’ai pu ainsi parler de ce
passage d’une institution psychanalytique à une autre, et entrevoir à quoi ce
changement tenait. Etait-ce tournant du transfert sur la psychanalyse ? de
rendre public un moment privé, de l’ordre d’un moment de passe ? ou
simplement, moi-même nouveau venu, de me faire de la place, car en 1971, « partir »
de l'IPA pour s’inscrire à l'Ecole freudienne, était fort rare ?Cette prévalence chez Lacan du transfert comme lien
à autrui m’apparaît très essentielle, car c’est tenir un quelque chose
du réel, une anse sur le réel. Ce point de hors sens que le plus souvent l’on
ne veut ni repérer ni même supposer. Au point que ce réel tenait Lacan et dans
sa pratique et probablement aussi bien dans sa vie. Et cela jusqu'à la fin, en
1980-81. En effet :« Venez
le 5 janvier ».Fin 1979, je vais comme d’habitude à la
« présentation de malades », je n'avais plus de rendez-vous avec lui
depuis un certain temps. Lacan souffrait trop de sa maladie physique et j’avais
décidé de ne plus allé à son cabinet rue de Lille car cette souffrance
montrait, selon moi, qu'il valait mieux qu’il se soigne… Que sa famille
s’occupe de lui.Or ce jour-là, après la séance de « présentation
de malade » nous sommes lui et moi sur le perron du pavillon Magnan à
Ste Anne. Eh bien le transfert prenait toujours le pas dans notre lien…Lui demandant comment il allait, il me dit :
« venez le 5 janvier », me regardant avec une intensité que je ne lui
connaissais pas et que je retrouverais les 2 à 3 fois où je le reverrai après,
notamment lors d’une réunion publique où très silencieux, ne prenant plus la
parole, se mouvant très difficilement, visiblement absent à ce qui se passait,
je suis allé le saluer. Même regard.Nous sommes vers octobre 1979, ce "Venez le 5
janvier" : c ‘est le 5 janvier 1980,
ce jour-là il annonce la Dissolution de son Ecole..Strasbourg,
salle TivoliRevenons en arrière, en 1975, où les choses étaient
loin d’en être là, à Strasbourg, au Congrès de l'EFP sur l'Acting out.
Après une longue préparation très minutieuse, nous sommes très nombreux, la
manifestation dure quatre jours, je dois parler à 15h15 salle Tivoli au Palais
des Congrès. Dix fois ou plus dans les semaines précédentes, Lacan, tenant
compte de l’émotion dans laquelle une telle prestation me mettait, me répétait
"Tivoli 15h15 ?!"… le jour arrive et, au moment d'entrer, il est
là avec moi pour m’accompagner. Et André Rondepierre, un des initiateurs du
Congrès, de lancer "monsieur ça démarre !". Et Lacan de
courir comme un dératé entendant la phrase comme un enfant l'entend, c'est à
dire, en usant d’une dé-métaphorisation, soit quittant l’image verbale et
investir l’image motrice, passer de la parole à une dimension du corps. Alors
qu'évidemment personne n'aurait commencé sans lui. Corps, signifiant, réel,
parole, voilà, il y a de cela dans l’ambiance « Lacan ». Où l’effet
de sens laisse place au réel, qui lui s’il « pâtit du signifiant »,
n’en resta pas moins inatteignable."Vous me l'avez dit
aujourd’hui".Cette phrase survient après un long travail dans mes
séances, accompagné de lectures de textes, sur la fonction du père mort. Mon
intervention salle Tivoli 15h15 portait sur L’homme Moïse et la religion
monothéiste où Sigmund Freud en 1938 donne une définition de l’acting
out (remplacer et nier la parole par l’action) dans sa fameuse assertion:
« Les juifs préférèrent renouveler leur acte plutôt que de se remémorer
qu’ils avaient déjà tué un père auparavant ». Et soukève les questions sur
les fondements du sujet, et tout autant ceux d’un texte, de tout texte, et
qui ouvre ainsi aux notions de
l’incorporation/identification, de la métaphore paternelle, de la mort du père
par son meurtre symbolique, du signifiant du Nom du Père et ainsi à la prise de
conscience dans le Moi de l’existence de la mort …… Le corps, la voix, le père.Quelques six mois après mon exposé à Strasbourg, je
me retrouve devant la porte de la rue de Lille. Un rêve : devant moi
surgit la présence d’une draperie avec ses initiales J.L. autour du
porche de la porte de chez lui… Les funérailles de Lacan ! alors que bien
sûr ce n’était pas le cas.On s’explique tous les deux, et ayant
travaillé cela avec lui un certain temps, finalement il me lance dans tous les
sens qu'on peut accorder à ce propos : « Vou’mm’lâvèdi-ôjourd’hui… »
A entendre avec un accent d'avant-guerre, parigot, à la Guitry, Arléty et autres…Enoncé qui, à première vue, ne signifiait rien
d’autre que le bon sens commun genre « on va pas traîner des années
là-dessus ».Eh bien là non, cela n’a pas été plus prégnant que
tous les autres sens... Et pour ce qui me concerne ces termes, dégageant un
réel au delà du sens, m’ont beaucoup fait élaborer depuis.Une telle ponctuation fut dite sur le ton de
"Tivoli 15h15" ou du « c’est très énergique ce que vous me
dites », ou d'autres fois encore, mais toujours avec le fait que le corps
n’y était pas absent.L’aspect divisant/divisé de la voix, qui, dans notre
échange ici se constitue dans l’entre-deux, entre sa voix et la mienne, et de
façon si présente au point que je me suis demandé s'il avait entendu quelque
chose d’autre que du bruit…Là surgit cette dimension du virtuel, du semblant,
là où le réel se loge, ex-siste, est repérable : objet déduit entre
deux personnes, « cette voussure, cette bosse qui sert à repriser »
la maille du tissu en train d’être reprisé, Soit de questionner avec Lacan son
rapport au désir-du psychanalyste dans
cette ambiance, ce virtuel propre à la limite sens/non
sens, m’a fait produire ce travail sur L’homme Moîse… de Freud. Edité en
1938 en partie à Vienne, ce texte sera publié en allemand et en totalité en
1940, après la mort de son auteur en 1939 à Londres, où il était parti en exil
avec sa famille du fait du nazisme.Là sont liés mort et corps du père, où leur
statut sont quelques uns des problèmes
cruciaux de la psychanalyse aujourd’hui.C’est là un abord de nos jours qui ne cesse de
s’étendre, c’est l’un des enjeux de l’actuel de la psychanalyse.Une telle pratique où le corps est ainsi
présent, aurait-elle empêché, cela a été dit en son temps vers les années 1970,
un terrorisme à la française contrairement aux trois puissances totalitaires de
l’Axe type bande à Bader en Allemagne,, Brigades rouges en Italie,
Armée rouge japonaise, comme suite aux avatars de cette place du
refoulement originaire liée comme je viens de le montrer à la question père.
Soit ici à leurs fautes et les crimes immenses non dits
« suffisamment » surtout à un niveau intime là où au niveau
collectif, dans ces pays, de telles violences ont eu lieu entre 1933-45…Corps et père, corps et discours.La pratique de Lacan était très corporelle,
il travaillait comme un sculpteur, au couteau, comme on le disait au café Les
deux magots, où l’on se retrouvait parfois nombreux, après les séances
auprès de lui…Le dedans/dehors avec Lacan et sa pratique avait de
multiples façons de jouer sa partie. La limite corporelle entre les deux se
perçoit dans la levée de séance, telle qu’une séance levée c'est du corps qui
bouge, pour le moins. Un tel rappel du corps, du corps vivant non disparu, est
à signaler ici avec ce qui s’est passé dans l’Histoire."Vous me l'avez dit…" a été une façon
d'affirmer que l'expérience psychanalytique a trait à l'inconscient, qui, comme
il le dit, « ne laisse aucune de nos actions hors de son champ »[5]C’est en quoi les ouvrages de Lacan ne sont pas une
œuvre uniquement, mais bien une école de l'inconscient. Ponctuer une
séance n’est pas une oeuvre, le nom de Lacan non plus. Comment une cure a lieu
implique le terme de désir, du désir de l’analyste.La séance non fixée d'avance par sa durée, elle vaut
pour elle-même à chaque fois, a été pour moi un remaniement complet,
notamment cela diminuait la dimension de rite. Je sais que ce n’est pas sans
critique possible, au point d’avoir nommé la pratique de Lacan la
pratique de la non-séance…Dans une telle ambiance à la Lacan encore un point :
il n'employait pas, me semble-t-il, le mot parce que, pour lui
l'articulation se faisait du côté de la parole de l'analysant. Pas de parce
que est inhérent au non fini du discours et signe qu’aucun sens ne peut le
clore une fois pour toutes. Du manque…Ce manque-là est un reste, il instaure la dimension
du déchet présent en toute parole, apparu en surbrillance après 1945 sur la
scène psychanalytique. Comme appui nécessaire essentiel aujourd'hui au plan de
la clinique actuelle où est si prévalent la brisure de l'étayage du Moi, à quoi
nous avons à faire régulièrement.Brisure telle que dans cette confrontation proposée
par certains de donner trop prise de la psychanalyse dans le commerce culturel
plutôt que dans la pratique analytqiue. Prise notamment dans le couple
politique/médias, et tout autant entre psychothérapie et psychanalyse,
alors que comme praticiens les analystes ont à
tenir compte de cette rupture d'étayage, qu’ils savent retrouver dans la
texture des demandes qu’ils reçoivent aujourd’hui.Ert cela contre ce nouveau fétiche ayant pour
nom celui de psychanalyse académiqueCela fait écho à la rupture de civilisation, et donc
au complexe d’Œdipe actuel, où une telle rupture s’inscrit plutôt mal. N’est-ce
pas ce qui implique instamment cette position de semblant que
Lacan promouvait, où il excellait à y produire cette ambiance
d’incertitude du sens et de certitude au moment où a lieu l’acte. Ce terme de
semblant devenu nécessaire pour ce quelque chose de l’Histoire qui fait retour
dans les cures, d'une façon prégnante aujourd’hui,Tant Lacan, tel l’artiste qui ne sait pas vraiment
ce qu’il transmettait dans son geste, se retrouvait témoin qui produit une
contemporanéité de la rupture de civilisation dans l’actuel… Où nous sommes. Ici je tiens à citer au lecteur le livre "Le savoir-déporté. Camps, Histoire, Psychanalyse", d’ Anne-Lise Stern, elle-même déportée devenue psychanalyste (coll poche Le point 2007).Une telle
présence vocale parlante & un son impact politique évident.Comme par exemple d’identifier Lacan à toute la
chose freudienne comme le font
certains groupements de psy. D’où la haine envers lui. Coup de chance,
cela a servi ! Cela a servi que Lacan soit en place de paratonnerre de la
haine de la psychanalyse, soit d'écarter toute reconnaissance administrative de
de notre pratique par les pouvoirs publics. Ce qui n’est pas sans nous évoquer
nos tribulations actuelles avec certains amendements de loi (dits de la santé)
très captieux… Voire captivants pour certains d’entre nous, alors que ce temps
où rien de tout cela ne nous charmait ainsi est à regretter …Aujourd'hui encore, trente ans après sa mort, on
identifie Lacan à un lieu qui saurait là où le réel bouge…Comment ne pas confondre transfert sur la psychanalyse et transfert sur Lacan, sur son nom, il serait utile de ne jamais l’oublier pour se laisser atteindre par l'actuel du temps qui passe… Afin d’en entendre le passage dans le discours analytique. Jean-Jacques Moscovitz Membre fondateur en 1986 de Psychanalyse Actuelle - Membre d’Espace Analytique Parmi les ouvrages parus « Hypothèse Amour » (essai sur l’intime et le politique), Ed.Calman Lévy 2001. « D’où viennent les parents, la psychanalyse depuis la Shoah » Ed Penta l’Harmattan 2007
[1] Texte issu en partie d’un
exposé fait sur l’invitation de M.Safouan en 2004 et publié dans l’ouvrage collectif
« Travailler avec Lacan » Ed. Aubier Paris 2008.[2] Aujourd’hui cet Institut fait partie
intégrante de la Société psychanalytique de Paris elle-même membre de l’IPA
(International Psychoanalytic Association) fondée par Freud et ses premiers
élèves.[3] Ed. du Seuil, Scilicet
n°4 Paris[4] In texte sur « Le
psychanalyste de l’Ecole », in livret de l’annuaire de L’école freudienne
de 1975.
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